lundi 29 août 2011

IL EST 5H, NICE SE RÉVEILLE

Il est 4h, le réveil sonne.... je suis bien tentée de l'éteindre.
Quelle mouche m'a piquée! Quelle idée cette histoire de photos de nuit! Et encore, la raison a été la plus forte, au début il était question de faire non stop crépuscule aube!
Tout ça pour une expo!
J'ai la pression, JE DOIS avoir un thème, un sujet à exposer en novembre prochain. Comble de la catastrophe, ces photos accueilleront le visiteur dès son arrivée dans la grande salle de l'Europe à Menton.
Je réveille donc mon homme qui doit me servir de soutien, de garde du corps et de compagnon de galère.
Tel un zombie il déambule dans l'appartement, au radar, en caleçon. Son parcours est rodé pourtant à cette heure ci les gestes sont tellement moins assurés. Café, cigare, salle de bain.
S'il vous plaît, pas de commentaire sur le cigare... c'est déjà assez difficile comme ça à supporter!
4h45, nous entrons dans la voiture;
La veille j'ai bien pris soin de préparer mes affaires, pourtant avant de partir, j'hésite encore à prendre le D60 monté avec le 55-200, celui qui fut mon meilleur allié lors de notre voyage en Inde.... Je suis ingrate, je le renie à présent. Grave erreur! Je m'en rendrai compte que plus tard quand le jour sera enfin levé.
A cette heure ci, bien peu de monde sur la route. Il parait que la nuit, c'est fait pour dormir! Je me mets à les envier tous ceux qui pensent comme ça!
Trouver une place est chose facile, la promenade des anglais nous offre ses places payantes.
Il fait 19 degrés. Nous nous sommes couverts.
5h05, nous sommes garés. je découvre avec étonnement que nous ne sommes pas les premiers. Les antiquaires qui prennent leur quartier hebdomadaire le lundi sont déjà affairés à monter leur stand. Je savais que je les retrouverai ici, mais je ne pensais pas si tôt. C'est un peu eux que je venais voir!
Nous nous enfonçons rapidement dans le vieux Nice, guidés par le bruit des jets d'eau. Les employés de la mairie manient avec vigueur leur lance, les sols sont détrempés et offrent un rendu qui semble assez intéressant pour mon appareil. Je mitraille à tout va. Le labyrinthe du quartier nous révèle sans cesse de nouveaux aspects. A vrai dire, très peu de badauds! Les noctambules sont couchés depuis déjà quelques heures tandis que les lèves tôt ne font qu'émerger de leur sommeil.
J'essaye d'être discrète et de ne pas trop déranger le travail des gens de la voirie, mais je me sens un peu comme une intrus dans ces rues sombres que seuls les réverbères éclairent régulièrement.
Le ciel est encore bien noir mais bientôt il virera, il faut faire vite pour capter des images.
J'étais très enthousiaste la veille, les jours précédents, je le suis bien moins à présent. L'exercice de nuit est difficile.
Je prends conscience de mon manque de technique, et j'ai envie de tout laisser tomber. Alors j'y crois encore. nous remontons une bonne partie du vieux Nice, traversons les rues susceptibles d'être les plus empruntées, car ce sont bien des gens que je cherche....
Je scrute régulièrement le ciel, le jour devrait se lever bientôt.
Nous retournons voir les antiquaires. Déjà, ils sont plus nombreux et chacun a pris ses marques. A vrai dire, je ne regarde pas les objets, je cherche les ambiances, les attitudes.
Nous optons pour un café et un pain au chocolat dans un bar. Le serveur traîne et je m'impatiente, le ciel s'éclaircit, j'ai envie d'aller voir ce que ça peut bien donner sur la mer.
Nous déjeunons à toute allure et partons sur la Promenade des Anglais. C'est beau. Le ciel est bleu. Est-ce ça l'heure bleu, cette fameuse période dans la journée où il fait encore (ou presque) nuit et le ciel bleu superbe?
Ici ça semble s'éveiller tranquillement, les joggeurs font leur apparition, quelques vélos aussi. Nous sourions à la vue d'une superbe blonde, échassière moulée dans une brassière blanche découvrant un ventre extra plat, en mini short transparent assorti, accompagnée d'un homme (peu fière), faisant leur jogging. Sincèrement, ce qui nous fait le plus rire, c'est le torticolis de l'homme qui les croise, juste sous nos yeux. Voyant qu'il est repéré, il nous gratifie d'un large sourire et fait mine d'essuyer la sueur qui perle sur son front. C'est un appel au viol!
Le thermique du matin nous offre une petite brise fraîche mais ça ne semble nullement déranger les premiers baigneurs du matin, un homme qui médite, assis sur les galets, en tailleur face à la Méditérannée, une SDF qui remballe sont camps de la nuit contre la palissade d'une plage privée.
Nous zigzaguons entre la vielle ville et la mer....
Ca y'est la ville s'éveille réellement à présent, les chineurs sont sur le pied de guerre, aux étalages des brocanteurs, les boulangeries ouvrent.
Et pendant tout ce temps je vise, je cadre, je règle.. mais rien n'y fait, la magie n'opère pas. Je ne tiens visiblement pas mon sujet.
Mon mari m'abandonne pour retourner sur un banc face à la mer.
je ne veux pas m'avouer vaincue alors, j'y retourne, encore une dernière fois. Il est 8h. Le soleil est monté assez haut pour dépasser la colline du Château et plonger ses rayons sur le marché.... Il me reste encore quelques photos à faire.. peut être que là...
Je réalise que mon zoom me manque..... je n'avais pensé qu'aux basses lumières (où le D60 aurait été un peu léger). je nvais pas pensé à tous ces petits objets et les gestes et mimiques des visiteurs....
Et je retrouve un copain d'adolescence, je me doutais bien le rencontrer ici. Il s'occupe des marchés et des emplacements. Lui se lever à cette heure ci, c'est son lot quotidien. Comme à chaque rencontre, tous les deux ou trois ans, nous échangeons sur les mêmes choses, les enfants, la vie, le boulot, le passé.
Mais il est encore plus bavard que moi. Je regarde ma montre, il est 8h30.
Tandis que le vieux Nice vie enfin pleinement, il est temps pour nous de rentrer.
Je rejoins mon mari. Je suis un peu déçue, il me sourit.
J'aime sa patience et son abnégation.
Nous aurons eu au moins la satisfaction de partager le lever du jour.... et ces beaux instants de calme.


Comme à priori je n'en ferai pas une expo, je partage avec vous
IL EST 5 HEURES, NICE S'ÉVEILLE

Si des yeux experts passent par là, qu'ils me disent ce qu'ils en pensent. Peut être suis-je trop critique avec moi même, peut être qu'il y a moyen d'en faire quelque chose?

15 commentaires:

  1. Je laisserai les experts donner leur avis, mais celui de l'amateur que je suis est plutôt bon. J'aime beaucoup, surtout les premières.
    La nuit c'est fait pour dormir, mais tu as bien fait de sortir.
    Aucun commentaire sur le cigare.

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  2. Merci Claudio pour ton avis.
    Ca me manque parfois le partage de mes photos, l'avis des autres.
    Lorsque je parlais d'experts, je voulais parler de personnes s'intéressant à la photo, amateur ou expert.
    Soumis tout à l'heure à mon père, il semble assez d'accord avec toi, y trouve de l'intérêt.
    J'ai jusqu'à fin octobre pour me fixer....

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  3. "Ca me manque parfois le partage de mes photos, l'avis des autres."
    MAIS c'est absolument indispensable de mon point de vue Barbara.
    Le photographe aura ses coups de cœur, sera content ou pas de son travail mais il manquera la vision de l’Autre (et je mets volontairement le A en majuscule !)
    Et je vais plus loin, ce n’est pas sur Internet que la vision photographique s’exprime mais en papier mat ou glacé et en agrandissement.
    C’est dans une salle (petite ou grande, prestigieuse ou plus intime) que la magie du partage s’exerce réellement mais aussi que la critique ne sera pas de complaisance. Ton Papa, je sais s’y connaît en photos mais lui et tes proches auront toujours un cadre de référence basé sur l’affectif. A Menton et ailleurs, c’est différent, on montre « son travail ».
    J’en viens à tes photos de Nice. Il faudra que je les revoie mais j’ai vu de belles choses , surtout dans celles des rues de la vielle ville au début . Mais l’ensemble (trop de clichés sans doute) est inégal et c’est là qu’intervient LA sélection des clichés. Là encore la préparation d’une expo permet de s’exercer à ce « terrible » exercice. Et là encore, c’est l’Autre qui va nous aider.
    Pour conclure ce commentaire à chaud, j’ai aimé ton récit, vu de très belles photos mais ne te suis pas dans cette dévalorisation …(les « au moins ») qui serait lié au matériel ou à d’autres considération… J’aurais préféré que nous dises « je vais revenir et persévérer dans cette thématique ».
    Je t’embrasse en espérant que ma franchise ne t’apparaîtra pas déplaisante.
    Elle se veut constructive et puis je ne suis pas inquiet pour ce que je vais voir en pénétrant dans le palais de l’Europe en novembre.

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  4. Cher Louis-Paul, si je m'adresse ici c'est que je sais que la langue de bois n'est pas dans vos habitudes à tous! Sinon, j'irais les montrer sur Facebook où tout mon réseaux d'amis peut bien me passer la pommade!
    Tu parles de cet exercice qui consiste à faire une sélection... C'est là mon grand problème, faire cette sélection! Je suis bien consciente de la quantité tue la qualité.
    Je vais peut être faire imprimer une partie de ces photos, ne serait-ce qu'en 10x15 ou 13x18 pour me rendre compte. Après, peut être trouverai-je matière et l'envie d'approfondir.
    Malheureusement il faudra que je trouve un autre créneau horaire, sans doute le début de la nuit et son milieu (un samedi soir par exemple). Je sais que dans cette partie, jusqu'à 2h, ça bouge bien plus. Et les sujets sont aussi très intéressants.
    Bises!
    Merci encore pour ta franchise!

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  5. Evidemment, moi aussi j'ai aimé les photos.
    Et pas mal voyagé rien qu'avec la narration !
    Mais c'est sûr que pour une expo, ça le fait pas complètement ;-)
    En fait, j'ai été surpris que le sujet ne devienne pas les brocanteurs. Sûrement qu'il y avait là du geste, de l'oeil, des scènes sympas, non ?

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  6. Votre franchise a tous me touche vraiment. Chacun a sa manière son message.
    Ayant montré ces photos a Maxime, il a eu le meme discours que vous. Pas matière a une expo.... Mais pourquoi de lui je l'ai bien moins pris, ayant deja eu vos avis ds le meme sens? Je ne sais pas.
    Toujours est il qu'hier, apres son coup de fil j'en était presque a déposer l'appareil et faire une croix dessus. Le style "je suis nulle, je n'ariverai jamais a rien".
    Il est vrai que je me suis retrouvée parachutée ds ce monde de l'expo alors que je n'y avais jamais pensé.... C'est le hasard un peu mais meme si le partage c'est mon truc, je ne pense pas avoir cette prestance pour exposer. Ce fut une belle expérience .... Mais la c'est presque une obligation... Et c'est dans ces conditions que généralement on réussit le moins bien ce que l'on entreprend.

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  7. Ou alors c'est l'inverse.
    L'obligation peut booster la création...

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  8. Alors il faut se mettre dans la position de la contrainte que l'on s'impose soi-même.
    Je ne vais pas exposer parce que je suis obligée. Je vais exposer pour me permettre d'évoluer.
    Elle est pas mal la Barbara de début décembre qui regarde la Barbara de l'expo qui pense à ses photos de nuit d'août. Tu la vois toi ?

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  9. j'ose: (je peux me tromper) : Et si c'était une thérapie....

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  10. Alors là, les deux, je ne vous suis pas... Claudio, je ne comprends pas ce que tu veux imaginer? Cette nouvelle Barbara qui est-elle?
    Et Louis Paul, parle moi de cette thérapie.....
    Veux tu dire, allez ENFIN au bout des choses.. arrêter de tout commencer et de rien finir?
    Tu m'a cerné! ;-)

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  11. Barbara, tu parles d'obligation. Et cela peut te freiner si je comprends bien.
    Il ne s'agit pas d'une nouvelle Barbara. Il s'agit de se mettre volontairement dans l'état d'esprit de celle qui se contraint elle-même plutôt que de recevoir une contrainte extérieure. Se contraindre soi-même dans le but d'évoluer et pas d'exposer.
    Regarder aujourd'hui, mentalement Barbara de décembre en train de regarder la Barbara de l'expo qui, elle, pense à ses premières photos du Vieux Nice d'août.
    C'est pas compliqué quand même ;-)

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  12. Si c'est une thérapie? Mais tu as écrit ta propre réponse; du moins une des réponses...
    Le constat est bien mais ne suffit pas.
    Mais cette longue note et ce qui suit dans les échanges t'amène à approfonir. L'acte fondateur a été posé il me semble, continue. Bises.

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  13. N'étant pas photographe, je ne me permettrai aucun jugement.
    En revanche, le texte accompagné de ses clichés m'a beaucoup plue. J'ai vécu le moment et apprécié la balade. J'ai aussi beaucoup aimé certaines photos avec, effectivement, ce magnifique bleu outremer d'environ 6 heures du matin, certaines associations de couleurs (comme les gilets fluos des types de la voirie et le bleu du ciel et de la mer), des visages (les deux mémés qui discutent dans la ruelle), etc...
    Si jamais cela ne devait pas faire une expo, je suis ravie d'avoir pu en profiter tout-de-même. Merci !

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  14. Belle balade matinale dans une ville que j'aime. J'ai reconnu pratiquement tous les coins de rues et places. J'ai une nette préférence pour les clichés couleurs, du moins dans ce reportage. Belle série qui me donnerait presque envie de me lever plus tôt qu'à mon habitude...

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