dimanche 4 mars 2012

V !!!



HFT.

Un portrait ici.

Une réaction de fan depuis toujours là. Une autre ici.

L'interview récemment publiée par Télérama, sur l'air du "Je suis un chanteur engagé mais je n'engage que moi" et du "Je suis l'ado qui ne veut pas mourir idiot". C'est là. Quelques moceaux choisis ci-dessous.

J'essaie d'assommer les mots... pour trouver le silence. L'avalanche de mots, c'est mon côté oral. C'est ce que j'aime chez Céline, chez le Rimbaud d'Une saison en enfer, chez Lautréamont ou Miller, la littérature beat. Tous ces gens qui vomissent les mots. Ma nature, c'est l'oralité. J'aime mâcher, cracher, j'ai été alcoolique, j'ai sucé mon pouce enfant jusqu'à très tard, j'aime les poitrines des femmes, les lèvres, la bouche... D'où cette rafale de mots qui sort dès que je chante. C'est un vrai plaisir infantile.
Du coup, on ne comprend pas tout à vos textes...
Mais c'est une volonté ! Je veux du mystère. Comme les zones d'ombre chez Bergman. Il faut laisser deviner ou imaginer des choses. La télé, c'est le contraire : elle veut tout montrer, tout décortiquer. On n'en est même plus à la vie privée, on en est à la vie intime maintenant. On est en train de tuer l'imaginaire ! J'aime les avalanches de mots parce que, justement, on n'en comprend qu'un sur deux et qu'il faut, du coup, réécouter. Ferré, je peux encore l'écouter et découvrir des choses nouvelles.
Vous êtes un chanteur engagé ?
Je suis un chanteur engagé, mais je n'engage que moi ! Je sais à peu près où me situer, quoi voter, mais ça ne regarde personne. L'artistique et le politique, ça ne peut pas aller ensemble.
Mais vous avez des énervements ?
Les infos, la télé sont invivables. Je ne supporte pas la vulgarité des hommes politiques. Tout est ramené à des petites phrases sans intérêt. On n'en a rien à foutre, il faut avoir l'esprit plus large, ne pas s'arrêter à un mot. Il nous faudrait un Churchill ou un de Gaulle, des gens de cette stature... Des types qui nous élèvent. En ce moment, c'est le contraire. Aujourd'hui, tout est orienté vers le bas. Comme si on avait décidé que 65 % des Français avaient un QI de 65 et que tout devait se situer à ce niveau-là. En chanson, ça donne des paroles de plus en plus terribles. C'est pour cela que j'en rajoute en compliquant mes textes, en les truffant de citations, de références, de grec, de latin, pour tirer un peu dans l'autre sens. Le titre de mon dernier album, Suppléments de mensonge, vient du Gai Savoir, de Nietzsche, qui lui était pour l'Ubermensch... Là, on est underdog !
Comment entretient-on un esprit adolescent tout en mûrissant ?
L'adolescent, c'est le rebelle naïf. Quand je réagis face à tout ce qui nous entraîne vers le bas, je suis l'ado qui en veut plus, qui ne veut pas mourir idiot. Je ne sais rien, je sors de l'enfance. L'humanité vient de très loin, j'ai besoin de savoir d'où. C'est un désir dévorant d'en savoir plus, d'être curieux.
(...)
Aujourd'hui, j'habite au milieu de la forêt et je mets la radio le matin, juste pour vérifier que le monde existe encore autour de moi. Je regarde les chevreuils passer, je leur parle et je suis bien. Je me sens apaisé quand je suis seul. Je ne m'ennuie pas, alors que la vie sociale me fatigue. La solitude est souvent connotée de façon négative. Chez moi, c'est tout le contraire, elle est immensément riche et synonyme d'épanouissement.
(...)
Peut-on dire de vous, qui appréciez Nietzsche, que « ce qui ne vous a pas tué vous a rendu plus fort » ?
C'est plutôt « lève-toi ou crève ». Il y a toujours ce besoin d'aller au-delà, même si on sait qu'on va en chier, à l'intuition. En entrant dans la société, on a tendance à remplacer l'intuition par des règles. En devenant artiste, j'ai choisi de la conserver. On peut aussi appeler ça les larmes, ces choses qui nous dirigent, un peu floues, qui viennent soit de nos vies d'ange ou d'animal, plutôt d'animal, d'ailleurs. Quand je pars, je ne sais pas où je vais, mais je mets le cap plein nord. Pour mes chansons, c'est pareil.

[Propos recueillis par Hugo Cassavetti et Olivier Milot /Télérama n° 3241]

8 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Dans Métro:
    "HFT", comme l'appellent les connaisseurs, a bâti sa carrière sans l'aide des médias, loin du star-system, mais il n'en vend pas moins ses disques en quantité substantielle, à 120.000 exemplaires pour le dernier opus récompensé aux Victoires, et il draine un public fidèle à chacun de ses concerts, remplissant sans mal les plus grandes salles. Gageons qu'avec cette visibilité nouvelle, il faudra s'y prendre un peu plus tôt pour acheter les places…

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    1. Je suis toujours épaté que l'on ramène HFT à cela, sans jamais finalement parler de son oeuvre.
      Tant de gens qui le suivent depuis tant d'années, ça doit bien vouloir dire quelque chose !

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  3. Réaction de mon homme content : Aaaaahh ben il était temps !

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  4. LP, qu'est-ce-que tu fais chez les quarantenaires ? ;-)

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  5. J'ai un frère Claudio! Et j'aime les "j'eunes" de "c'tâge" là.

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