Mourir ne me réjouit pas. Je peux même dire qu'elle me fait peur la faucheuse. Je me dis que je suis jeune, que j'ai des enfants encore petits, alors c'est trop tôt. Mais bon, après je me dirais que je n'ai plus d'enfant à la maison alors ce serait trop con de mourir déjà, puis après je me dirais que j'ai des petits-enfants à gâter alors ce serait trop dommage de partir déjà, et puis après...
Lors de ma formation en géronto, nous avons eu une journée entière consacrée à la mort. Tout y est passé, le point de vue psychologique, spirituel, ethnologique, médical, plus la visite d'une unité de soins palliatifs. Il y avait un parti pris de l'université pour des intervenants anti-euthanasie. Or, sur les bancs il y avait des professionnels de la gérontologie et la gériatrie, mais aussi des humains ayant des expériences douloureuses et qui se prononçaient pour l'euthanasie. Les débats n'étaient pas enflammées mais ils étaient lourds, chargés d'une émotion palpable. La journée fut riche et fatigante.
Je n'avais pas d'avis tranché. Disons que je faisais plutôt partie du groupe des pro-euthanasie. A la fin de la journée, bien chamboulée par une journée haute en couleur noire, j'étais toujours plutôt pour mais plus nuancée. Nuancée n'est pas le bon terme mais on fera avec celui-là.
Auparavant, je pensais comme le plus grand nombre préférer mourir dans mon sommeil. Hopla, ni vu ni connu !
Aujourd'hui, je ne veux surtout plus de cela. Non que je me réjouisse d'une fin longue, faite de souffrances atroces. Mais, je crois comme il est dit dans cet article du Monde, que l'approche de la fin est une expérience spirituelle majeure et un travail psychique de grande ampleur dans la vie d'un être humain. Cette expérience je veux la vivre. Les derniers fragments d'un long voyage de Christiane Singer avaient à l'époque fini de me convaincre. Et puis, je ne voudrais pas mourir ni vu ni connu, je voudrais avoir le temps de dire au revoir aux miens.
Et vous, comment envisagez-vous votre propre finitude ?
J'ai cherché et relu un vieux billet de blog de 2007 : http://claudiogene.canalblog.com/archives/2007/09/28/index.html
RépondreSupprimerToujours d'accord avec la réponse, je le recopie ici :
"je voudrais mourir
quand je serai sec, plus d'huile dans les gonds
quand coudes, genoux et cerveau grinceront
je voudrais mourir
quand j'aurai tout donné, veines asséchées, carafe vidée
je voudrais mourir
lyophilisé
quand je tiendrai dans un bac à légumes
je voudrais mourir
aspiré par un siphon, plus qu'emporté par un typhon
je voudrais mourir
au soleil peau et os
je voudrais mourir
recyclé au maximum, sans rien garder
je voudrais mourir
après avoir servi et resservi, cuit et recuit, vide et vidé
je voudrais mourir
hiver quand tout meurt, couché comme mort, conscient de ma peur,
je voudrais mourir
quand dans la mer je saurai lire
quand de ma mort je pourrai rire
je voudrais mourir
... aimé"
Que voilà un propos d'actualité !
RépondreSupprimerUne phrase du médecin "Ce n'est pas l'ordre des choses". En effet, bien mourir dans l'ordre devrait être celui de l'âge. Mon père 93 ans, une santé et une tête de fer, ma petite fille vient d'avoir 5 ans. On parle de mort au delà de 90, mais quand on est jeune ?
Puis un autre questionnement, "Que pense celui qui va mourir?" Ce serait l'image qu'il laissera de son vivant.
Autant de questions présentes dont les réponses toujours au conditionnel sont une vrai richesse quand on les vit.
Toutefois, on s'accroche "Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir". L'accident, la brutalité d'une disparition sont selon moi une finalité néfaste.
Préparer de son vivant la suite se fait au quotidien, quand on ne pense pas à la mort.
Il y a eu un film récent sur ce sujet, une fiction que je n'ai pas voulu voir dont j'ai évité de lire les commentaires ... Ils seraient une ode à la vie.
La réalité c'est tellement mieux .
Allez donc lire là :
RépondreSupprimerhttp://www.pauljorion.com/blog/?p=22975
La mort est lente !
http://www.youtube.com/watch?v=RIgl2DioD7U
RépondreSupprimerMon illustration musicale du matin
Je voudrais te remercier Ludivine pour avoir oser ce billet; c'est un sujet pas facile et tu l'aborde avec beaucoup d'intelligence, en parlant simplement de ta propre évolution de pensée sur ce thème.
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