- Craignez Dieu, tonnait le prêtre, vous êtes noirs, vous êtes sales, le vice pourrit votre peau, les miasmes putrides de votre concupiscence montent jusqu'à moi, de vos mains coule le stupre.
Les braves pères et mères de famille, épuisés par le travail de toute une semaine, propres et endimanchés, raffolaient de la violence du prône ; eux par ailleurs si sages et laborieux, se réjouissaient de penser, une fois par semaine, qu'ils pouvaient être coupables, ou plutôt capables, d'un tel dévergondage. Au fond, ce n'était que dans le temps de la messe qu'ils commettaient le péché de chair, du moins en esprit. Vraiment, c'était là leur homélie préférée.
- Vos yeux sont gonflés de désirs, vos vices y font des poches, et vos peaux sont rougies, tuméfiées, brûlées à force de se frotter les unes contre les autres. Vos intestins saignent. Votre queue brûle. Priez, mes frères, priez et confessez-vous. Il n'y aura de salut que par le repentir. Si votre remords est sincère, peut-être Dieu vous pardonnera-t-il.
"La secte des égoïstes" Eric-Emmanuel Schmitt
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