Un reportage sur La Poste, l'autre soir, à la télévision.
Il évoque tout autant la bascule du service public vers le service marchand que la suppression de postes qui ne dit pas son nom. Assurément un signe des temps, décliné à l'envi. Un air de déjà vu, donc, et cette sensation curieuse que tentation est grande de banaliser. De s'habituer. Ce qui, convenons-en, n'est pas très bon signe. Ce qui, convenons-en également, semble relever d'une forme de matraquage médiatique. A la longue, on pourrait y voir une stratégie, que les récentes annonces de suppressions de postes dans l'éducation nationale (couplées aux rapports qui ne cessent de s'amonceler sur les rythmes scolaires) ne manquent pas d'alimenter.
L'air de rien, au fil des temps, on s'habitue donc à ces reportages et à ces images qui font tout autant hurler les silences et que taire les discours.
C'est d'ailleurs souvent la caméra cachée qui prend le taureau par les cornes, qui nous dit je vais tout vous dévoiler sinon on ne s'en sortira pas. Cortège de notes de services tombées du camion, vies qui basculent, médocs, arrêts maladies, syndicalistes, petits directeurs main devant la caméra, grandes directions abonnées absentes...
Ce que l'on se toujours pleine face, du coup, par delà les images et les commentaires, c'est le sentiment d'un humanité qui disparaît sous la pression d'un rouleau compresseur. Froid, le rouleau. L'homme, alors, semble devenir un frêle récif, une bien pâle embarcation, pour ne pas dire de la chair à canon.
Les guerres, lorsqu'elles empruntent au terrorisme, ont quelque chose d'indicible.
On ne sait pas, au juste, ce qui se détruit. On a du mal, du coup, à valider. Table rase, chaises vides, terre brûlée : on ne voit pas trop ce qui se construit. Sûrement même que notre petit doigt nous dit que justement, il ne se construit rien. Rien de bon.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire