mercredi 17 novembre 2010

La saison du melon

Cela fait quelques mois déjà que c'est dans l'air. Je l'ai vu autour de moi, des connaissances, des amis même et plus loin jusqu'aux élites et dans tous les milieux.
Oh, je n'ai rien découvert, mais, éternel optimiste, je crois toujours que chaque seconde qui passe est la première de temps plus sains et plus purs. Lorsqu'un arrêt sur images me renvoie à la dure réalité, je n'en suis même plus affecté. L'habitude ou l'expérience ont chassé l'amertume et la déception. N'y voyons aucune résignation ou fatalisme, car demain, je le sais, je repartirai à l'assaut, porté par mes espoirs, par ma foi et sans doute par mes illusions.
Il est des périodes, et nous en vivons une, où les prises de consciences, les discours, les échanges, confortent un peu plus et où le geyser du "cette fois-ci c'est la bonne !" s'invite plus souvent et a des couleurs plus vives, plus vraies, plus crédibles même.

Chaque esprit, un tant soit peu éveillé, aspire à plus d'Humanisme et, si on se dépêche avant que le mot ne soit complètement galvaudé, on pourra y ranger toutes les vertus du monde. Finis les conflits, l'égoïsme, le chacun pour soi, la prétention, la frime et la loi du plus fort. Désormais, on parlera de collectif, d'humilité, de modestie, de partage, de don et de pardon. Mais, on les attendra des autres.
Car, mes antennes me disent que c'est la saison du melon.
Sous couvert, de "reconnaissance", d'affirmation et autres mots passe-partout (qui souvent ne restent que mots) on a gonflé les égos pour répondre à la frustration.
Dites à la laide qu'elle est belle et elle se prend pour Vénus. Osez un compliment et voilà que l'avachie se gonfle à l'hélium. Reconnaissez un peu de talent et c'est le génie qui répond. Relevez l'image à la juste valeur et c'est la démesure qui s'enfle comme grenouille.
Le monde de la vitesse et du temporel est alimenté par ceux qui veulent passer du noir au blanc dans la minute, de l'ombre à la lumière sans faire un pas d'effort. Du coup, ils se brûlent les ailes en sprintant du rien à l'exagéré et se prennent tous les bâtons sur le retour en basculant de l'éteint aux feux de la rampe.
On a envie de leur crier : "Mais pour qui vous prenez-vous ?" Mais ce serait les renvoyer à leurs premières amours faites de manque de confiance. Ils y retournont tous seuls, le moment venu, une fois le vernis passé et le public lassé.
N'oublions pas que Prudence et Tempérance sont vertus cardinales.

8 commentaires:

  1. Je n'ai pas su lire le sens du mot melon ici.
    Possible d'avoir un décodeur ?
    En quoi c'est la saison du melon ?
    Qu'est-ce que ça veut dire, saison du melon ?

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  2. Oui c'est ça. C'est la grosse tête. La saison ? pour montrer que les exemples se multipliaient ces temps-ci. Ca commence par les chevilles qui enflent et ça finit par la grosse tête.
    Alors, comme je disais je l'ai vu chez des amis même et je n'en parlais pas. Celui qui a fait déborder le vase et accocher du billet, c'est Hervé Morin. Non mais pour qui il se prend celui-là. Ministre c'était déjà hautement improbable, maintenant monsieur veut se présenter aux présidentielles. Son air de foutre du monde m'horripile.

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  3. Tu as DES AMIS qui ont la grosse tête?!...ça alors! Hervé Morin est un des tes amis?!...ça alors! Je n'en reviens pas!

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  4. Que les "gouvernants" (je mets toujours des guillemets parce qu'ils ne gouvernent pas tant que ça) aient la grosse tête, voilà qui ne m'étonne pas spécialement et surtout qui me laisse froid.
    Que le syndrôme du melon gagne les "tranches inférieures" jusque chez nos amis, par contre, ça me touche mais je ne ressens pas ça comme ça.
    Ce que je ressens, par contre, dans ma proximité, c'est que que certaines personnes finissent effectivement par devenir moins aimables.
    L'égo malmené apporte tout un flot de réactions et d'attitudes.
    Est-ce pour autant la grosse tête ?
    Je n'en mettrais pas ma main au feu.
    De la tête lourde, éventuellement. Du repli sur soi, surtout.
    Des gens se la pètent ? C'est souvent plus triste que joyeux, plus pathétique que porteur d'espoir, plus inquiétant que motivant.
    Je me dis d'ailleurs qu'il y a lien entre ce que l'on évoque là et la vague de suicides dont on entend parler.
    Ces "grosses têtes" ne sont-elles pas des tours d'ivoire ? Du déni ?

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  5. Laissons tomber les gouvernants et restons donc, c'est plus intéressant parce que plus "touchant";
    Oui, bien sûr, ça relève de la fausse affirmation. "J'me la pète parce que finalement quelqu'un a découvert que je n'étais pas si mauvais et... (c'est là que ça devient incompréhensible) si je ne suis pas si mauvais c'est que je suis exceptionnel". Le curseur était dans le négatif et le voilà qu'il galope dans l'excessif et au lieu d'en profiter pour rassembler ressources et énergie à comprendre et à se construire, on fonce à toute allure vers l'illusion, qui un jour ou l'autre renverra le curseur à la ligne ou pire encore.
    Et c'est en effet, le manque de confiance individuel très répandu, donc forcément aussi à proximité, qui crée la chose. Alimentés par des pseudos-boosters et des images censées être positives, l'élu se croit l'Elu et n'a plus qu'à changer de chapeau.
    Le bénéfice du premier coup de pouce est vite consummé et se retourne ensuite pour devenir contre-productif. Et parfois même, tout le cheminement se répète et devient récurrence : manque de confiance - prétention - manque de confiance - prétention etc. Voilà pourquoi je parlais de prudence et de tempérance. Qui veut voyager loin ménage sa monture, disait Montaigne.

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  6. Je n'ai pas la même lecture de la trajectoire que tu décris. J'ai plutôt l'impression que ça oscille tout le temps et que ça passe d'un extrême à l'autre parfois sans transition. "Je suis une buse", "je suis exceptionnel", "je suis une buse", "je suis exceptionnel".
    C'est signe d'un profond désarroi face à ce soi inconnu que ne cessent d'être les gens à force de skier sur les pentes du "moi" et du "plaisir", lire ici "satisfaction par la consommation".
    Que ça rejoigne le melon coule presque de source : le coeur en berne, ça monte au cerveau...
    Peut-être ajouter à cela le poids des deuils pas faits, mal faits. + l'impatience et les chimères qui laissent penser qu'on va ceci et cela.
    Depuis que je suis dans la vie active, un truc me fascine : le nombre de gens pour qui "ça ne va pas", le nombre de fois où ils évoquent l'herbe plus verte, un changement, un truc, un machin et au final, rien ne bouge.
    D'où le billet ci-dessus, quelque part ;-)

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  7. Me concernant, c'est avoir la tête comme une montgolfière. C'était plutôt facile, car je gonflais souvent mes ballons à air chaud, j'étais sérieux avec mes jouets !

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