vendredi 26 novembre 2010

L'Audrey à la plume

Un extrait de la tribune signée Audrey Pulvar, journaliste, dans le Libération du jour.

Par toi-même. Par toi et personne d’autre, ma fille. Te réaliser. Réussir ta vie par tes combats et peut-être quelques victoires. Ne compter sur personne pour la faire à ta place. Viatique. Héritage d’une grand-mère maternelle partie de rien, sans personne, au tout début d’un XXe siècle plein de fureurs et de cris. Une négrillonne, le terme de l’époque, sans instruction, ni argent, ni aucune de ces ressources si précieuses pour construire une vie, mais dotée d’une détermination consciente cependant qu’à l’ampleur insoupçonnée à s’arracher, s’extirper du malheur tout tracé. Une énergie qui lui permit de modeler à elle seule façon de dynastie sans possessions ni membres illustres mais dont chacun, et surtout chacune, va - dépositaire d’une puissance inaliénable, transmise de génération en génération. Tranquille assurance de la nécessité de s’approprier sa vie, le seul bien qui nous restera jamais. C’est ce legs qui a déterminé chacun de mes choix personnels et professionnels, chaque rupture, aussi, et fonde ce que je crois pouvoir aujourd’hui appeler un parcours. Chemin heurté mais toujours droit. Nids-de-poule, ronces, oasis, menaces et tempêtes : l’indépendance coûte cher. Il n’est pourtant de prix que je ne consente un jour à payer pour elle.
Féministe assumée, revendiquée et prosélyte. Dans la société matriarcale d’où je viens, la question ne se pose même pas. Ce qui m’arrive aujourd’hui ne pouvait donc que faire bondir l’animale sauvage que je demeurerai jusqu’à mon dernier souffle. (...)
Non, je ne vis pas dans une bulle, indifférente à la critique ou au questionnement. Oui, je sais que ma vie de personne publique suppose une rectitude privée permanente. Oui, concrètement, aimer un responsable politique n’est pas la configuration la plus simple à gérer pour une journaliste politique. J’ai cru pouvoir être jugée sur pièces… A tort.
Propriétaire de ma vie, de mes pensées et choix. Ainsi me suis-je construite. Avec l’aide d’autres, mais sans avoir rien volé de tout ce que j’ai conquis. Considérée à mon corps défendant comme une manière d’étendard pour tous et toutes les nous autres que je rencontre parfois. Exclus de toutes couleurs et-ou origines sociales. C’est à eux que je m’adresse aujourd’hui. Nous autres, non destinés à la vie que nous avons choisie. Marqués du sceau de déterminismes ineptes, mais porteurs de cet inaliénable désir d’échapper à la dépossession de soi. Humains, debout. Intacts.

9 commentaires:

  1. JE DÉTESTE ce genre d'envolée.
    Misérabiliste, nombriliste, pseudo-sociale, catégorielle, victimaire, horrible prétention de ceux qui se seraient battus pour réussir, les humbles qui se sont faits tous seuls, les sauveurs de leur dignité malgré les grands méchants qu'ont rien fait qu'à les embêter.
    C'est violent et j'assume le terme, c'est vulgaire.
    "Creuse ton sillon et ferme ta gueule" c'est tout ce que ça déclenche comme réaction chez moi.

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  2. Et dire que moi, gentiment, j'ai aimé l'écriture :-)
    Cela toucherait-il chez toi une corde sensible ?

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  3. Ça rejoint le côté tiers-mondiste des champions du bon sentiment. On aime valoriser le sans-papier face au comptable, l'Afrique face à l'Occident, la terre cuite face au plastique et le terroir face à l'Internet. C'est agaçant ! Y'a des Noirs plus cons que des Blancs et des sans-papiers imbuvables, des bouffeurs de bio cons comme la lune et des patrons adorables, des miséreux prétentieux et des riches très humbles...

    Ce que ça touche chez moi ?
    Il y a longtemps, j'avais publié un modeste recueil de poésie. Un ami de la famille m'avait pris à part pour me dire qu'il fallait que je profite de mon statut de famille modeste, d'immigré Italien, de non-diplômé pour "réussir". Quel connard ! La misère en bandoulière et la nationalité comme médaille, ça ressemble à la vengeance comme étendard. J'étais jeune et pourtant je savais déjà que c'était d'une vulgarité sans nom ces conseils d'arriviste et de prétentieux.
    Moi, on m'avait éduqué dans la discrétion, la modestie et l'abnégation. Et j'en suis bien heureux.

    Du coup ça me fait penser à ça : http://claudiogene.canalblog.com/archives/2007/01/25/index.html

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  4. C'est très mauvais et ultra nombriliste.
    "Mais, euh !!!" ferait le même effet.

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  5. Ben on n'a plus qu'à supprimer, éradiquer que dis-je, tout ce qui relève du témoignage.
    Et tant qu'à faire, tout ce qui prend la plume.

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  6. Enfin, on juge sur la forme ou sur le fond ici? Ce débat sur le style d'Audrey Pulvar, je m'en fous, ce qui m'intéresse c'est se savoir s'il est normal que quelqu'un (une) subisse une atteinte à l'exercice de sa profession parce qu'il est avec machin ou machine.

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  7. On va bien trouver quelque part quelqu'un pour dire que c'est normal si machin est de Droite et anormal si machin est de Gauche.
    Ceci dit, l'intéressée n'a pas attendu qu'on connaisse ses fréquentations pour nous servir son esprit partisan sans nuances. Et ça ne me plait pas. C'est mon côté démocrate.

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  8. Tu sais bien LP que partir sur la forme permet d'occulter le fond... :-)
    On s'en fout, Claudio, que quelqu'un quelque part ramène ça à gauche, à droite, au centre. C'est hors sujet.
    Cinq choses dans cet écrit m'ont interpellées :
    la manière dont elle écrit
    la situation qu'elle révèle.
    Ces femmes qui doivent ceci parce que leur mari cela.
    La couleur de peau, qui impose à ceux qui ne sont pas blancs.
    J'aurais préféré que d'elle même elle puisse éventuellement prendre sa décision. En toute intégrité.
    J'aimerais une France plus tranquille. Moins conne.

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  9. Ben moi je trouvais que ça démarrait plutôt bien : bats toi! ne compte que sur toi même; la solution est en toi, ne compte sur personne; j'adhère à ces idées: après j'ai du mal à m'y retrouver dans le développement et dans vos commentaires...

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