Encouragements

J'aime mon métier. J'aime comment je le fais. J'aime dire que j'ai de la chance. Parce que je sais que je suis allée la chercher.
Quelque part, je m'accomplis et je me dis que ce n'est pas le fruit du hasard.
Ne cherchez pas dans ce billet un quelconque désir d'auto-promotion. Là n'est pas le propos.
Ce billet pour encourager celles et ceux qui galèrent dans leur boulot, ou qui galèrent pour en trouver un.
Il y a de la lumière, regardez bien !
Je suis désolé de parler de cela en ce jour de grève, mais j'entends tellement autour de moi que ça va pas, que ceci  que cela, que j'éprouve une envie joufflue de témoigner qu'il est des gens qui sont contents d'aller bosser, qui aiment ce qu'ils font, qui se retrouvent dans ce qu'ils réalisent. Des gens qui sont capables de prendre les plus et les moins d'un boulot, d'en accepter les uns et les autres, sans rire aux éclats nie chialer comme des madeleines.
Je suis pour tout dire comme pas mal de rescapés. Plutôt épaté par la tournure des événements. C'est que je me retrouve pile poil dans ce qui me faisait horreur lorsqu'à 20 ans, je disais surtout pas une vie avec sa petite auto, sa petite maison, ses deux gosses, sa routine. J'ai bien sûr réalisé tout cela :-)
Je l'aime, ma routine.
Si j'exprime aujourd'hui ce bien être, c'est parce que je me suis rendu compte il y a peu que j'allais prochainement "fêter" mes dix années de présence dans la même structure. Et aussi que cela fait 22 ans que je suis dans la vie active. Se sentir frais me semble de bonne augure pour les 22 prochaines années.
Bon, j'ai plus la même énergie, pas toujours joyeusement au boulot je me rends, mais globalement, ça va et ça me va. Je pourrais gagner plus, ailleurs, je pourrais plein de choses mais j'ai assez vite choisi de ne pas être dans ce futur espérant permanent, préférant construire un maintenant le plus solide possible, et surtout, le plus en phase possible avec ce que je suis. Je participe de la vie collective avec cette sensation d'être à ma place.
D'ailleurs, ces dix années, ces 22 années, n'ont pas toujours été simples, loin de là. Elles n'ont pas toujours été faciles.
Ce dont je suis fier, c'est que jamais je n'ai lâché une certaine déontologie. Jamais je ne suis entré dans des guerres internes. Jamais je n'ai manqué d'humanité. J'ai changé trois fois de métier, j'ai connu cinq ou six employeurs. J'ai toujours choisi de prendre le temps, de construire, de faire confiance à ma force de travail et s'il m'a fallu parfois me protéger, et parfois me défendre, jamais je ne me suis "imposé" par des coups tordus. Jamais je n'ai profité de situations.
Franchement, je trouve ça chouette. J'y vois un encouragement pour celles et ceux qui doutent.
Oui, on peut bosser avec une certaine éthique, défendre des valeurs, suivre au long cours une ligne.
Cela requiert de la persévérance, évidemment. De la patience, aussi. De la pédagogie souvent. Beaucoup de remises en question. Pas mal d'adaptation d'autant que ça bouge beaucoup plus qu'on ne le croit dans les collectivités. Régulièrement, vous devez remettre l'ouvrage sur le métier parce que de nouveaux collègues débarquent, de nouveaux chefs amènent leurs conceptions, etc.
Mais le jeu en vaut la chandelle. Surtout si comme moi, vous ne jouez pas.