Il y a une pub pour un fournisseur internet, elle évoque le même mot en lui donnant plusieurs sens. C'est rudement bien fait. Parmi ces mots, il y a claque. Une voix dit : Une claque, des images suivent. Puis d'autres images, et la voix dit, une claque.
Une claque, c'est ce que je me suis pris l'autre soir en regardant sur France 3 un documentaire diffusé un peu en amont de l'appel du 18 juin. Titre : Juin 1940, le grand chaos. Un pays, la France, se disloque. Les femmes et les hommes fuient face à la guerre. C'est l'exode. Une claque.
Comment ne pas penser à aujourd'hui en regardant défiler cet hier ?
Comment ne pas sursauter à l'évocation de telle ou telle personne ?
Certaines images sont crues. Le commentaire en rajoute un peu dans le pathos, mais il fait le métier. On se sent bizarre face à cette tranche de l'histoire qui n'est distante de nous que de quelques dizaine d'années et qui dans le même temps semble si éloignée. Rien connu de tout cela.
Comment ne pas noter que pendant ce temps-là, TF1 diffuse du foot et M6 s'apprête à présenter une émission sur les français et le sexe ?
Bien aimé lire sur Teleobs cette critique de Louis Morice, dont voici quelques extraits :
(...) Avec le film de Christophe Weber, on entre dans la grande Histoire par la petite porte. Et l'histoire que le documentariste nous raconte, c'est un peu la nôtre, celle que se remémorent nos grands-parents, nourrissant les déjeuners dominicaux de leurs anecdotes. Le réalisateur suit fidèlement la chronologie de ce terrible mois de juin, retraçant l'avancée allemande sur fond de destructions et de tueries. Plutôt que de longer la route toute tracée des livres au programme, il emprunte les chemins détournés. Le visage du Général s'estompe pour laisser la place à celui d'anonymes. De juin 1940, tout le monde a en tête les images de la population française qui se déverse sur les routes. Dans la mémoire collective, l'exode, ce sont ces interminables files de civils chargés de tout ce qu'ils ont pu emporter, ces autos bondées, ces charrettes surchargées, ces marcheurs épuisés. Même les corbillards servent à fuir l'avancée allemande. Mais qui se souvient que l'exode, ce sont aussi 90 000 enfants disparus ? (...) L'exode n'est plus seulement une marée humaine, ce sont des visages d'enfants séparés de leurs familles, les appels désespérés de parents sans nouvelles. Juin 1940, c'est aussi l'engagement de quelque 200 000 « soldats indigènes ». Plus de 20 000 d'entre eux seront tués au cours de ce même mois. Les autres seront traqués jusqu'à la fin de la guerre par les nazis. Leur destin oublié forme en fait le fil conducteur du documentaire. (...)
Sur les chemins de traverse, Christophe Weber croise le destin des oubliés d'une société en déroute. Ici, ce sont les pensionnaires des asiles d'aliénés errant sur les routes... Plus loin, ce sont des taulards transférés des prisons fermées. Certains s'échappent, refont leur vie, et pas toujours pour le meilleur, à l'instar d'Henri Chamberlin, petit malfrat devenu grand collabo... Il y a aussi cet hôpital évacué, où le médecin fait euthanasier les malades qu'il juge intransportables...
Petites histoires de la grande Histoire, un récit qui rend toute son émotion à une froide mais indispensable leçon de mémoire. (...)
On peut aussi en savoir plus en cliquant ici. Et là.
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