Le concert, le festival

J'aime les concerts. Les festivals.
Et pourtant, je n'y vais plus beaucoup. Quasiment jamais, en fait.
J'en ai mangé, pourtant. Terme choisi : pour moi, un concert, un festival, c'est de la nourriture(s). Je sais, je sais... ça rime avec biture.
Selon les artistes, un concert, un festival, c'est manger des mots, dévorer des musiciens, déguster des sons, des ambiances. Les partager.

Un concert, un festival, ça se vit avec d'autres. On échange des sourires ou pas. On vit un moment. La cerise sur le gâteau, la friandise du coeur, c'est lorsque la connivence, l'alchimie s'installent et que les artistes sur scène ne font qu'un avec les spectateurs dans la salle.
Communion ? Oui, il y a un peu de cela. Je vais théoriquement à des concerts, des festivals comme pour une messe. Je m'habille bien. J'y pense avant. Parfois je révise. C'est sérieux, un concert. Ca coûte cher, en plus. Sens en éveils.
J'aime les concerts, les festivals. Et pourtant, je n'y vais plus vraiment.
Je n'aime pas trop ce que c'est devenu. Parfois de grosses machines sans âme. Ou alors de petits trucs sans volume. Du son très fort. Des lumières qui pètent. Mais surtout, c'est trop rangé à mon goût dans le rayon "faire la fête". Sur commande. Tel jour à telle heure.
Un concert où on se trémousse pour finir en sueur serait un bon concert, me dit-on.
Un concert où on est assis et où on écouterait serait de la merde, m'explique-t-on.
Faut que ça ait la pèche, la gniac, que ça dégouline, que les tubes soient entonnés en choeur. Sinon c'est tiède.
Tant pis si on voit rien, me dit-on. Faut du monde partout, que ça grouille, qu'on plonge dans la masse, qu'on soit collés les uns aux autres, des inconnus, pas grave
Du mal à me fondre dans ce paysage.
Un concert devrait me nettoyer et quand je rentre, je me sens pas très propre. Pourtant, je suis bon public. J'arrive à extraire des moments de grâce de ce bordel organisé et assez commercial.
Alors je vais moins aux concerts, aux festivals. Je ferme les yeux. Je suis heureux de ceux que j'ai vécus. Les futurs ratés ne me manquent pas.