vendredi 2 juillet 2010

Le jour du vin

A l'époque, gamin, je ne comprenais pas trop. Je voyais plutôt le côté bordel, corvée et ça puait, de surcroit.
Aujourd'hui, il y a de la tendresse. Un sourire amusé. Pas de ces sourires qui se moquent, plutôt de ces sourires qui aiment.
Un jour, mon père décida que pour partie, il mettrait lui-même son vin en bouteilles.
Il acheta par correspondance le breuvage qui fut livré par transporteur. Du Fitou.
Avant, il avait récupéré un peu partout des bouteilles. Il y eut quelques séances de lavage du verre. Ca s'alignait de partout dans la cuisine. Des bouchons furent achetés. Une machine permettant de l'insérer dans la bouteille fut acquise.
Les bouchons tempèrent dans l'eau et du lait fut mis à proximité, pour coller les étiquettes, qui avaient été livrées avec le breuvage.
Un samedi, ce fut la grande opération.

La cuisine, théâtre incontournable, fut mobilisée comme il se doit. Un véritable atelier se mit en place.
La première année, mon père fit venir deux copains à lui. Ils se marrèrent bien, le geste hésitant au début. Quelques erreurs de débutants nappèrent le sol de rouge et explosèrent quelques litrons. Ca se mit à sentir fort dans la pièce, que les quelques autres habitants du lieu se mirent à fuir.
Les compères avaient structuré leur affaire. L'un remplissait, un autre bouchonnait, le troisième alimentait ses compères de vides là et rangeait les pleines ici. Tous goûtaient et commentaient. Les bouteilles s'alignaient, chacun repartirait avec quelques unes, les autres occuperaient un espace non négligeable dans la cave.
En fin de séance, j'eus le droit, alors qu'ils riaient beaucoup, beaucoup trop, trop facilement, facilement pour rien, de badigeonner les étiquettes avec du lait et de les coller. Comme eux, mais pour d'autres raisons, toutes ne furent pas parfaitement droites.
Enfin, il y eu la cire, qui vint parachever le travail.
Les années suivantes, cela devint un rituel. Il y avait à la maison le jour du vin.Je montai en grade, mon père gagna en technicité. J'avais le droit de laver les bouteilles, de mettre les bouchons (très bon pour muscler ses bras), de descendre les bouteilles à la cave, de participer au fastidieux rangement. Le tout nez le plus fermé possible, à cause de l'odeur. La journée du vin était pour moi une corvée. Il n'y avait pas cette ambiance joyeuse de la première. Des années plus tard, je l'ai en mémoire. J'ai oublié mes grognements d'adolescent.

12 commentaires:

  1. Jamais une journée de travail comme ça chez moi.

    Par contre, un ami avait des journées noix. Briser la coquille, éplucher les noix et les porter au moulin pour en extraire l'huile. Mettre en bouteille. Enfants réquisitionnés pour aider à la corvée. J'imagine qu'ado ça devait grogner ferme !

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  2. Et quand on le faisait ! Quelle fête !
    Il y avait la vigne de papa à La Seyne.
    Celle de tonton à Barella .
    Une au bord de mer, l'autre en versant de colline.
    Deux lieux, deux périodes qui s'enchainaient.
    Deux vendanges, tous chez l'un, puis tous chez l'autre.
    ...
    Jusqu'à la dégustation des différences.
    Celui de papa; aigre, acide ... Les cadeaux qu'il en faisait de bon coeur, ceux qui en bénéficiaient de penser sans l'oser dire "Mais il se fout de moi !"
    Celui de tonton, digne d'un vigneron étaient, rouge, rosé, blanc; sec, doux, pétillant.

    Pour papa, le meilleur était le sien bien sûr !

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  3. Il y a un côté "Les vieux de la vieille" de Fallet.

    Chez nous il y avait la "journée de la sauce tomate" : Ma mère passait commande au marché de quelques cageots de tomates. On se les trimballait jusqu'à la maison. Une vraie corvée. Lavage. Ébouillantage. Passage à la machine à broyer. Remplissage des bouteilles, bocaux, tous les récipients hermétiques possibles, avec un petit opercule de papier d'alu sous le bouchon. Puis au fond de la cuisine, on faisait des tas. Il y avait le coin de se qu'on donnait à x et à y et notre coin pour la saison de pasta.
    Ça puait dans toute la maison. Mais là, pendant l'écriture, ça sent vachement bon.

    Il y avait aussi la journée des "essences". Nous ramenions d'Italie des extraits de liqueurs. Puis, une journée d'hiver, on s'y mettait. Alcool, sucre et extraits, tout bien dosé comme écrit sur l'étiquette et les bouteilles de liqueur rejoignaient le bar. L'absurdité c'est qu'on produisait beaucoup plus qu'on consommait. Tous les ans, on jetait les trop vieilles liqueurs et tous les ans on en faisait des nouvelles. Travailler pour travailler... et j'imagine pour sentir l'odeur du pays.

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  4. La journée de la confiture de fraises,
    la journée de la confiture de cerises,
    la journée de la confiture de prunes,
    la journée de la confiture de mirabelles,
    la journée de la gelée de pommes,
    la journée de la gelée de coings,
    la journée des bocaux de cerises,
    la journée des bocaux de mirabelles,
    la journée des bocaux de poires,
    la journée des bocaux de sauce tomate,
    la journée des bocaux d'asperges,
    la journée des bocaux de petits pois,
    la journée des bocaux de haricots verts,
    la journée des bocaux de salsifis,
    la journée des bocaux d'épinards,
    la journée des bocaux de choux,
    la journée des bocaux de foie gras,
    la journée des bocaux de salmis,
    la journée des bocaux de confit,
    et cette lessiveuse à thermomètre qui bouillait sur la cuisinière à bois...quasiment chaque journée...

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  5. Ah ben c'est sûr, si on y va comme ça, y'a de quoi faire.
    Y'avait les journées confitures, les journées on écosse les petits pois, les journées pâtisserie, les journées on désherbe dans le jardin, les journées on fait de la cochonnaille, etc, etc, etc. :-)
    Personnellement, j'aimais assez les confiotes, j'adorais bouffer l'écume !

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  6. Les Lorrains se retrouvent autour des confiotes, ici.

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  7. Mais ces journées formidables et conviviales dans l'effort n'existent plus. Nos enfants ne les connaitront jamais; il ne reste hélas que la journée du supermarché maintenant... Sans nostalgie du c'était mieux avant, je pense quand même que c'est dommage!

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  8. Chez nous, on s'efforce de les faire exister, ou d'en faire exister de nouvelles, parce que les temps changent, c'est une évidence !
    C'est sûr, plein de jeunes ne connaitront pas ça, mais ils connaissent d'autres choses, enfin, je l'espère pour eux.
    Car si l'enfant que j'étais pestais après ces plans foireux de vieux (je vivais cela comme cela), la personne que je suis aujourd'hui sait que ça lui a donné conscience de l'importance de l'effort, du "ce qui se mérite on va le chercher", etc.
    Quant au supermarché, la plupart du temps, j'y vais seul. Décision "pédagogique". J'ai essayé de ne pas leur donner le goût de cette "sortie" de n'en faire pas un temps festif convivial collectif mais de n'en faire que ce que c'est : une corvée pas marrante. Question de dosage, car bien sûr, dans tout cela, des journées confiotes au reste, il y a aussi l'idée que le travail n'est pas une maladie, que faire des choses ensemble ce peut être sympa, que consommer, c'est pas dire je veux ça et payer, etc.

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  9. La corvée du supermarché, j'y emmène quand même un de mes enfants pour qu'il m'aide et ça les gave tous!
    Ils adorent ma confiture de fraises...
    Je file au marché acheter 5 kg et je colle tous les gosses à l'équeutage dès leur réveil!
    Merci Didier de m'avoir donner l'envie et bonne journée

    PS : signer le livre d'or de mon école s'il vous plait, ça donnera une bonne raison à ma hiérarchie de me conforter dans mon poste, 3h de décharge pour ateliers informatiques avec les élèves par semaine) restrictions budgétaires obligent...

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