Je découvre par petites lampées le site des renseignements généreux. Il fourmille de liens et de réflexions utiles à qui cherche à mettre un peu de sens dans le désordre actuel. Quoi que certains préconisent aussi le désordre, de lui pouvant naître d'autres équilibres.
Parmi les articles, l'un d'eux me semble croiser une réflexion que pas mal de gens conduisent.
Il pose l'idée du besoin de visions positives. Et, en opposition, pointe tout en l'expliquant le fort sentiment d'impuissance qui règne. L'auteur, Nathalie Dom, note en particulier la faiblesse de la contestation. C'est une observation que je me fais régulièrement : ça grogne dans son coin, mais ça soupire. Et j'ai souvent l'impression que les gens "prennent" sur eux, subissent, dérivent, implosent plus qu'ils n'explosent, ou s'ils explosent, c'est de l'intérieur.
Dans mon rétro, deux phrases résonnent. Celle que j'entendais gamin et ado. Ce qu'il faudrait disaient les anciens c'est une bonne guerre. Cela m'étonnait. Eux avaient connu la guerre. Qu'ils la réclament me paraissait incongru. Celle que j'entendais ensuite, jeune adulte. Ca va péter, va y avoir une guerre civile. Pas vu !
Je n'avais pas capté que c'étaient en fait plus des incantations que des prévisions. Des pressentiments. Des voeux. L'idée, déjà, que ça filait un mauvais coton. Autour de moi, les gens ont surtout tendance à se replier sur eux, masquant ou croyant masquer ce qui ne va pas. Résultat : lassitude, colère et découragement. Nervosité, aussi. Solitude, bien souvent. On a coutume de dire que les temps sont durs. Nathalie Dom évoque aussi cette dureté. Personnellement, je me demande souvent si ce n'est pas une constante de la condition humaine. Si de tous temps, les temps n'ont pas été durs, avec des duretés différentes, évolutives.
À observer la frénésie consumériste, le succès de l'american way-of-life, la ruée vers les nouveaux gadgets technologiques, l'adhésion au mode de vie capitaliste est massive. Pour autant, cette adhésion est-elle le signe d'un réel épanouissement social ? Nous ne le pensons pas, tant l'organisation actuelle de la société produit de l'angoisse, de la souffrance psychique, et bien peu de personnes heureuses, ajoute l'auteur. Qui tente cette explication : l'immense majorité de la population a perdu espoir dans l'action politique, elle n'imagine plus et ne croit plus à la possibilité de transformer radicalement la société.
C'est vrai que des tronches ne passent plus, que des discours sont devenus inaudibles, que le foisonnement des sources et des infos "tuent" le discours.
Dans un tel contexte, les tendances au repli sur soi sont compréhensibles. Lorsque la société est angoissante, l'avenir inquiétant, l'action collective sans espoir, les soucis professionnels et personnels de plus en plus nombreux, nous nous concentrons fort logiquement et par défaut sur des stratégies individuelles. Nous nous replions sur nous-mêmes et sur le présent. Nous évitons le plus possible les informations et les situations susceptibles de nous bouleverser. Nous essayons dès que nous le pouvons de nous construire des ''petits paradis privés'' par la consommation, l'accès à la propriété, l'aménagement et l'équipement intérieur, la famille, les ami-e-s, les loisirs, la préparation des prochaines vacances, tout un rapport au monde sans cesse attisé par la publicité et les mass-médias.Par un effet de cercle vicieux, cette fuite en avant se renforce d'elle-même écrit Nathalie Dom. Qui évoque quelques pistes pour sortir de l'ornière.
La principale étant, et je la rejoins, LE TEMPS. La durée. La longue haleine. La lutte sera difficile et longue ! Ce constat peut paraître, là encore, extrêmement banal, mais il implique un rapport au temps, aux luttes et à nos vies qui nous semble fondamental. Notre découragement est généralement lié à notre impatience. Nous abordons souvent l'action politique avec un désir de changements rapides, de luttes immédiatement efficaces, surtout quand nous sommes au démarrage de notre engagement.
Moins de critiques, plus de propositions. Moins de certitudes, plus de convictions. A la défiance préférer la confiance. Voilà de bonnes bases.
Le temps. La confiance plutôt que la méfiance. On ne peut qu'adhérer.
RépondreSupprimerMais ce que je vois toujours dans ce genre de constats et les solutions préconisées, c'est encore et toujours cette défiance des "stratégies individuelles" avec le sous-entendu "égoïste" etc. etc.
Mais c'est pourtant là que réside selon LA solution.
Avoir une stratégie individuelle ce peut être aussi avoir une stratégie altruiste et généreuse. Je pense global et j'agis là où j'ai du pouvoir, c'est-à-dire au plus près de moi. L'addition d'actions individuelles saines et positives pourraient s'agglomérer et former une belle vie.
C'est mon dada. Alors parlons moins et agissons. Un grain de sable plus un grain de sable plus un grain de sable ça peut faire une belle plage.
Le problème, c'est pas le sous-entendu "égoiste, etc, etc".
RépondreSupprimerLe problème de celles et ceux qui ont des stratégies individuelles, c'est que peu montrent l'altruisme et la générosité. En tout cas moi dans ma vie, dans mon entourage, je n'ai pas d'exemple qui me fasse croire que stratégie individuelle = altruisme, générosité, etc.
Au contraire.