mardi 10 août 2010

Le chiffon rouge et l'inertie

Dans la vie démocratique locale, il est de bon ton, lorsqu'un élu a des mandats qui le conduisent aussi au parlement (député ou sénateur), de pointer les contorsions et les contradictions. Il leur est souvent reproché, par exemple, de dénoncer ici ce qu'ils votent là ou de mettre en oeuvre là ce qu'ils dénoncent ici. Pour un peu, on en viendrait à les prendre pour des schizophrènes, des indélicats du bulbe, des gens de mauvaise foi.
A bien y réfléchir, deux choses.
1) C'est un peu logique il me semble que des "lois", qui sont sensées concerner l'intérêt général, se choquent parfois à des réalités locales particulières. On ne demande pas aux "gouvernants" de faire le grand écart, alors, mais d'expliquer leur choix si besoin, et comment ils l'ont fait, ce choix. Problème : souvent, ils ne le font pas, ou pas directement, laissant "pourrir" si besoin, échafaudant des stratégies, sans oublier des "opposants" qui en rajoutent.
2) C'est visiblement dans la nature humaine, ou tout du moins française, que de clamer là ce qu'on va finalement dénoncer ici, voire le refuser. Et que l'on ne va pas faire ici ce que l'on fait là, préférant dire ou se taire.
Je me faisais cette réflexion suite à un sujet qui traîne dans l'info locale depuis quelques semaines.
Une ancienne caserne a été reconvertie en camp pendant la seconde guerre mondiale, puis en prison. Dans un fort état de délabrement, elle sera fermée en 2017.
Fort bien, on se dit, en songeant aux conditions de vie des prisonniers. Bonne décision. D'autant que le plan national prévoit des constructions neuves. A l'échelle du pays, grosso modo, il y aura plus de places et des établissements moins pourris.
Eh bien localement, ça gueule. Ca milite. Ca exige qu'une nouvelle prison soit construite dans le secteur. Ca dit l'emploi, ça fait des liens avec des boites qui ont fermé la guerre, ça agite le chiffon rouge.
C'est trop souvent comme ça, quand on y pense.
On veut que ça bouge, mais pas près de chez soi.
Je me disais, d'ailleurs, quand une boite s'installe, quand un truc qui marche vient, c'est assez rare qu'on entende gueuler. Je m'étonne toujours qu'on n'accepte pas plus les phénomènes de balanciers qui font que ça s'en va et que ça revient, que ça vient et que ça s'en va. 
Je repense à mon élu du début de billet et je me dis que tout citoyen fait un peu la même chose que lui.
Faites ce que je dis sauf si ce n'est pas dans mon intérêt. Quant à l'intérêt général, je suis pour mais si je dois en subir les conséquences je suis contre. On dénonce l'inertie. On devrait plutôt évoquer le manque de vision. Peut-être pour ça que d'aucun trouvent que c'est peu visible, tout cela. Les yeux fermés, on voit moins bien.

1 commentaire:

  1. On est pour des terrains pour les gens du voyage mais pas derrière son jardin. L'usine d'incinération est nécessaire mais dans la commune voisine etc...
    J'ai peur de lire une certaine fatalité dans ce billet. Je crois qu'on peut faire autrement... à titre personnel en donnant rendre-vous un peu plus souvent à sa conscience.
    Je relève :
    2. La jolie interrogation entre nature humaine et nature française.
    1. Le mot sensé venu prendre la place de censé ; ça fait sens.

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