C'est toujours excitant et troublant à la fois, de reconnaitre ces moments où quel que soient le sujet évoqué, la situation rencontrée ou l'évènement invité, on y cherche un dénominateur commun. On croit que la Providence nous a présenté des déclencheurs d'idées à agglomérer ou des énigmes-invites à chercher du sens. A bien y réfléchir, c'est nous même qui avons tendance à faire coller l'idée-phare ou la question du moment, celle qui hante, qui travaille, à tout ce qui se présente.
On aimerait trouver le mot unique qui s'appliquerait à tout, l'aphorisme couteau suisse, la philosophie rassembleuse et universelle.
Comme le jour où on cherchait comment malgré les doutes, les souffrances, les montagnes russes et les déceptions, on pouvait se persuader que plus jamais on ne connaitrait la désespérance. On avait cherché du côté des forces originelles, des ressources qu'on avait mis en nous et on avait fini par dire "Quand on a eu de l'Amour et une Éducation, plus rien ne peut nous arriver"
Une autre fois, c'était à la souffrance qu'on avait réglé son compte en une phrase "La souffrance fait partie de la vie, il faut l'accepter" et déjà ça faisait moins mal.
De trucs en astuces, on a fini par classer, répertorier et avoir une boite à outils fournie et efficace.
En ce moment la question qui chemine, le fil rouge qui se faufile dans les couloirs de ma tête, celui qui voudrait tout contaminer, tout ramener à lui et qui se voudrait réponse, c'est la Culture Générale.
C'était dans l'une des dernières interviews de Philippe Noiret que l'acteur déplorait, attristé et fataliste, la médiocrité du niveau général de culture. En effet, c'est un fléau sans nom.
Entendez-vous ces discours autour de vous ? Toutes ces paroles vides envolées, des opinions sur des choses qu'on est absolument incapable de démontrer, d'analyser, d'argumenter. Du creux désespérant, du sentiment en guise d'explication et du ressenti en lieu et place de la compréhension. C'est d'une tristesse, mon bon monsieur !
Mais qu'est ce qui empêche de chercher, d'apprendre, de se renseigner, de s'informer, de poser des questions ? Cette paresse intellectuelle est la pire de toutes, elle endort les cerveaux, ces mêmes cerveaux qui se plaindront un jour d'être manipulés ou endormis par je ne sais quelle entité supérieure et malfaisante.
Les bouquins, c'est pas fait pour les chiens ! Et qu'on ne vienne pas me dire que tout est culture. Tout n'est pas culture. La culture ce n'est pas une question de goût, c'est une question d'ouverture ou pas au palier supérieur.
De l'apprentissage à l'information, de la connaissance à l'exploration, de la réflexion à l'expérimentation, de la curiosité à la formation... Il y a de quoi trouver à s'occuper un certain temps quand même.
Elle est belle cette culture. Elle fait pousser les ailes, se redresser la colonne, bien se planter les pieds. Elle permet d'être à l'aise avec soi, de s'estimer.
Je ressens toujours un malaise lorsque je vois quelqu'un s'enfoncer dans l'erreur parce qu'il est allé se fourrer dans une affaire qu'il ne maitrise pas. Je pense à chaque fois aux analphabètes qui ont oublié leurs lunettes. J'ai envie de courir pour empêcher la noyade, comme on sort un fraichement baptisé du bathysphère, d'un coup.
C'est pourtant simple de n'avancer que ce qu'on connait, d'être soi plutôt que montrer. C'est facile d'être humble. Piano, piano. Le travail d'abord. L'expression après.
Alors ça dure toute la vie ces fils rouges dans la tête ? Jamais, on chope la bobine ? C'est souvent quand on apprend un nouveau mot, une nouvelle notion, un nouveau courant philosophique que le truc traîne partout où le regard se pose. Et hop, le mot se répète contre les vitres du bus.
RépondreSupprimerD'ailleurs, pour recoller à ton 2eme sujet. Ne serait-ce pas par crainte+fainéantise+impatience que celui qui découvre un nouveau sujet (une nouvelle cour sur laquelle les autres s'amusent depuis déjà quelques temps) ne souhaite pas s'informer plus en profondeur et préfère argumenter en fonction de son ressenti à lui : zone qu'il maîtrise déjà. Tu vois ce que je veux dire ? Plutôt que de faire étalage de son ignorance, le paresseux analyse par son biais perso, celui de l'émotion.
Autant la fainéantise et l'impatience ont peu d'excuses, mais la crainte... La peur du ridicule, ça se défend non ?
Non ?
Je la trouve charmante la peur du ridicule, moi.
Je comprends très bien la peur du ridicule et je la trouve même bonne copine.
RépondreSupprimerMais la peur du ridicule devrait pousser à se taire ou parler moins vite ou apprendre avant de l'ouvrir, pas à faire semblant ; car là le retour peut faire encore plus mal.
Je connais quelqu'un, très mauvais lecteur, (il a sûrement mal appris à lire) qui a une lecture du monde très judicieuse. Comme les petits enfants qui ne savent pas lire, il voit et entend des choses que, moi qui sait lire ne voit et n'entend plus.
RépondreSupprimerSon analyse ne se fait que par l'intellignece de ses sens, et je suis toujours très étonnée par ses explications. Sa lecture du monde est justement originale. Quand, passée la peur du ridicule, (car manque de culture au sens où nous l'entendons) il se met à expliquer, et je suis à chaque fois bigrement surprise de la justesse de ses propos. Moi qui dévore pourtant des tas de bouquins et qui ai accès à des tas d'infos de totues sortes, je me réfère à son jugement et même écoute ses conseils...
Cette "pauvreté culturelle" vient sans doute du confort. Voilà ce que je me suis dit en lisant ce billet. Le confort qui fait qu'on n'a pas à aller chercher ceci, cela, tout tombe tout cuit dans le bec. Ou si ça ne tombe pas, "on" va attendre, ça finira bien par arriver.
RépondreSupprimerIl en découle une forme d'oisiveté. Une somnolence. Un laisser aller.
Il faudrait se défaire de l'orgueil, aussi. Tellement de gens font mine de SAVOIR. Quitte à dire n'importe quoi. Ou pire, à mentir. Savoir n'est pas connaître. La connaissance a trop été érigée au rang de savoir, de type encyclopédique. Ce n'est pas la même chose, et le type dont parle Mcb en est l'illustration.
Un billet qui renvoie aussi à la notion d'intelligence. Combien de gens maintenant font le raccourci : tu as des bonnes notes à l'école, tu as des diplômes DONC tu es intelligent. Tu n'as pas de bonnes notes, pas de diplômes, DONC tu n'es pas intelligent.
C'est redoutable et ça fait des décennies d'arnaque, ça.
Côté professionnel, on a d'ailleurs maintenant le pendant avec les formations. Tu es formé, donc tu es compétent. Tu n'es pas compétent, tu manques de formation.
Quelle erreur ! Et quelle manque de place laissé à la créativité, à l'apprentissage au sens de patience, au bon sens, à l'intelligence pratique...
Un lien peut-être en rapport avec le sujet, peut-être pas ;-)
http://www.wolton.cnrs.fr/FR/dwcompil/glossaire/culture.html
1) pardon pour mes fautes d'orthographe! il est temps que je retourne à l'école....
RépondreSupprimer2) La curiosité : c'est pour moi, une très grande qualité! Je pense que c'est elle qui permet la progression dans la culture; pas seulement dans les livres; mais quand on sait lire, on devrait s'en servir, c'est une chance!
Vous avez complètement raison bien sûr... comme moi.
RépondreSupprimerJe chemine, fils rouges, entrebus, entrevus :
RépondreSupprimerPour rendre les enfants libres,
rendons-les curieux!