Lorsqu'elle est partie, je suis resté longtemps. Debout, comme ça, ballant, balloté, dans la cuisine. Yeux en accents circonflexes. Circonspects. Puis assis, les mains vides, les coudes en trop, avais-je ne serait-ce qu'un pull sur moi ? Des mouches voletaient sans aucun doute. La nappe collait aux poignets.
Je ne sais pas combien de temps s'est éclipsé de la sorte, ni comment je me suis retrouvé le nez dehors, à inspirer le léger vent que chatouillait un coin de soleil fugace. Chambranle.
L'air était frais. L'air était sec.
Je me suis ébouriffé des épaules aux pieds et c'est sans doute ce jour-là, à ce moment là, que j'ai recommencé à respirer de l'avant.
Ô, je ne me la raconte pas, la suite me le confirmera au centuple : on ne quitte pas l'horreur à la manière dont on se prend un coup de pied au pantalon, où l'on vide cul sec un verre d'alcool fort, où l'on chasse le moustique indigent qui vous empêche de dormir. Non, bien sûr, ce n'est pas comme cela que ça fonctionne et je ne peux pas dire que l'horreur n'est pas revenu, par la suite. Au contraire.
Martine avait salement déconné. Partout, je lisais l'incompréhension. Dans les journaux, dans les regards des gens, au tribunal, dans la rue, en voiture, devant mon miroir. Plusieurs fois j'ai eu envie de me taillader la peau avec ce rasoir, de rougir la mousse.
Lorsqu'elle est partie de la maison, lorsque je suis allé dehors, j'ai compris. La vie continue. Terriblement. Tout simplement. Toujours.
Source d'inspiration
Un article du Monde, intitulé La vie retrouvée des Courjault. Anecdote stupéfiante. Un matin de novembre 2006 – quatre mois après sa découverte deux cadavres de bébés dans le congélateur de son appartement à Séoul, un mois après que son épouse Véronique eut avoué les infanticides de ces enfants nés en 2002 et 2003 en Corée, ainsi que celui d'un nouveau-né mis au monde clandestinement en 1999 en France – une jeune femme vient frapper à la porte de la maison où Jean-Louis Courjault est revenu vivre, dans le village de Souvigny-de-Touraine (Indre-et-Loire), à 9 kilomètres d'Amboise.
Médaille d'or : Les coudes en trop
RépondreSupprimerMédaille d'argent : Un coup de pied au pantalon
Médaille de bronze : La nappe collait aux poignets