Comprendre l'autre, c'est parfois n'absolument rien comprendre. Mais sentir. Et accepter.
Reconnaître.
Alors que le "différent" devient suspect, je me suis rappelé de cette anecdote. Elle invite à deux choses : prendre le temps de parler avec cet autre et laisser sa parole faire écho avec des choses que nous vivons.
Le chemin est alors déjà bien tracé.
Ce jeune homme avait dans les 20 ans, à l'époque. Né en France de parents lusitaniens. Français là-bas, Portugais ici.
Au terme de ses études, après quelques petits boulots, tout autant appelé par un pays qu'ayant le sentiment d'être tout de même un peu rejeté par l'autre, tout de moins pas totalement accepté, il décida d'aller vivre là où ses parents étaient nés, d'où ils étaient partis, où ils revenaient chaque été et pour les fêtes de famille. Il avait trouvé un boulot. Il piaffait de se coltiner ses racines au quotidien. Rêvait d'y construire un avenir.
Deux ou trois ans se sont écoulés.
Il est revenu en France.
J'ai appris, m'avait-il dit, que quoi que je fasse, quoi que je pense, je ne serai ni d'ici ni de là. Mon pays, c'est la ville où je suis né, où j'ai grandi, finalement. Mon pays, c'est ma vie.
Émotion. Respect.
C'était à prévoir, non ?
RépondreSupprimerComme quoi, il faut se méfier du sentiment s'il n'est pas validé par la raison. Et sentir sans comprendre, ce n'est faire que la moitié du chemin.
Cette idée, que dans cette situation, on est étranger ici et là, est trop souvent présentée comme un handicap ou un déséquilibre, un manque de "racines" solides. Et c'est pourtant tout le contraire. Je dis cela sans vous faire le coup de "la richesse des doubles cultures" que je laisse aux spécialistes des bons sentiments. Non, la force est dans l'inconfort, le questionnement permanent l'objectivité obligatoire, la nouveauté plutôt que la répétition, l'ouverture d'esprit automatique. Cela permet de construire soi-même le chemin sur lequel on va marcher. Une autre vision ne ferait que faire souffrir inutilement ; réservons-la aux buveurs de verres à moitié vides qui jamais ne seront désaltérés.
Le comprendre avant l'expérimentation, c'est toujours mieux.
(je sais de quoi je parle bien sûr, sinon je ne me permettrais pas)
Je pense que pour certaines personnes, l'expérimentation est nécessaire, justement. Plus que nécessaire, même : indispensable.
RépondreSupprimerPour se frotter au réel.
Je sais que tu penses cela. Et tu es loin d'être le seul.
RépondreSupprimerMoi, je pense que ces personnes-là peuvent apprendre à n'en avoir plus besoin ; cela leur fera gagner du temps, ce qui n'est pas primordial, mais surtout de l'énergie, ce qui est essentiel pour bien voir Demain.
l'expérimentation n'est pas du temps perdu! elle fait avancer! et je sais de quoi je parle sinon je ne me permettrais pas non plus...
RépondreSupprimerje crois même que l'expérimentation, c'est... vivre. Se forger de l'expérience, se faire son chemin. De la vie, quoi ;-)
RépondreSupprimerJ'ai avancé par ma propre expérience, réfléchie, plutôt que par les conseils qui m'étaient donnés qui m'auraient évité certains déboires.
RépondreSupprimerQuant à la double culture, handicap ou le contraire, je pense objectivement que cela dépend de mon interlocuteur... parfois c'est l'un, d'autres c'est l'autre mais cela je l'assume complètement.
C'est vraiment l'époque : chacun comprend ce qu'il veut ou intéreprète et se convainc que ce qu'il a compris est ce qui a voulu être dit.
RépondreSupprimerJe n'ai rien contre l'expérimentation et ne parlons pas de l'expérience qui n'est pas la même chose. J'ai seulement dit, pour le dire autrement, que si on peut éviter de se manger des murs pour apprendre ou comprendre quelque chose, et on peut l'éviter, c'est toujours mieux.