Vivre s'apprend...

Refonder l'humanisme, Armen Tarpinian - s'appuyant sur la Psychologie de la motivation, théorie fondée par Paul Diel.

Extraits :
C'est avant tout à l'école, dans la formation de tous les personnels de l'institution et dans celle des élèves, que la formation aux compétences psychosociales devrait devenir la norme. On comprend fortement combien il est urgent de développer la compréhension de soi et d'autrui, le respect de la différence, nécessaires à la vie démocratique ; d'intégrer des outils de la médiation et de la résolution des conflits selon des pratiques éprouvées et validées.
 "travaillons donc à bien penser, voilà le principe de la morale" 
 Pascal. 
"Peu pensent" Valéry.

... Ne pas laisser l'intelligence et l'harmonisation du monde intérieur au seul profit de la connaissance et de la maitrise du monde extérirur, ce qui conduit à l'impasse où nous sommes. Il nous faut apprendre à développer la clairvoyance introspective sur les motivations profondes et contradictoires qui nous animent.
La capacité de dialoguer implique le dépassement de l'égocentrisme naturel qui porte chacun à vouloir se poser en exemple de ce qu'il faut penser et être. Elle implique l'intelligence d'abandonner toute attitude dogmatique : condition pour que la confrontation des idées et des personnes ne conduise pas à des affrontements.

La polémique peut à l'occasion y trouver sa place, à condition qu'elle vise à secouer les torpeurs des idées toutes faites, non à humilier les personnes. Mais, la pratique du dialogue implique la capacité d'entendre objectivement ce que dit l'autre, de vérifier auprès de lui que nous l'avons compris.

Face au sens de la vie et à la tâche commune : devenir autonome, libre et solidaire, responsable du développement de ses propres potentialités et du devenir de la collectivité.

L'homme n'est pas maitre des conditions dans lesquelles la vie le place. Certes sa capacité d'agir, si elle est bien réfléchie, bien motivée, peut lui permettre d'influer sur certaines de ces conditions mais son désir de bonheur ne saurait s'appuyer sur la seule mise en oeuvre de changements extérieurs. nous savons ce qu'il peut en coûter d'espérer trop aveuglément en "des lendemains qui chantent".

Connaitre le monde pour le changer et se connaitre pour se changer et rendre plus claires et satisfaisantes nos actions et nos interactions constituent un couple de fonctions qu'il n'est pas viable de dissocier.
C'est pourquoi la maturation de la fonction introspective reste au cœur du processus qui conduit l'être humain vers son humanité.

L'universel n'est pas ce qui efface les différences mais ce qui les dépasse et les englobe.
L'introspection reste l'instrument essentiel de notre recherche de satisfaction et de joie.
C'est par voie introspective que nous pouvons prendre conscience et nous défaire peu à peu des identités d'emprunt et des conditionnements aliénants nous venant de notre enfance et de la culturedans laquelle nous avons baigné, afin de mieux devenir ce que nous sommes.

La lucidité et l'amour de soi-même et de l'autre ne sont-ils pas les critères essentiels que chaque être humain peut se donner comme signes d'une meilleure évolution par rapport à lui-même - et non de supériorité sur autrui ?

L'être humain est l'animal qui doit penser sa vie.
L'être humain ne vit plus dans l'immédiateté de la réaction-réflexe, ni dans la sécurité des réponses instinctives. L'écart qui se crée entre les désirs représentés, imaginés, et la réalité en font un être de réflexion où s'inscrit, au plus profond, son sentiment de responsabilité. La réflexion psychologiquement comprise, désigne l'effort que l'être humain doit accomplir pour mettre en ordre ses désirs dont les objets et les objectifs sont susceptibles d'être amplifiés imaginativement et surchargés d'angoisse. D'où l'exigence naturelle d'attention intérieure : d'introspection.

La sagesse implique à la fois la prévoyance de l'intellect logique qui calcule les conditions de réalisabilité des désirs, et la clairvoyance introspective qui apaise l'affectivité excessive des désirs, pour mieux aboutir à leur réalisation sensée ou à leur sublimation passagère ou définitive : la patience, ou l'acceptation de l'inchangeable.

Changer et accepter : c'est dès l'enfance que ces deux fonctions se développent ou se contrecarrent, c'est pourquoi l'éducation reste l'activité qui détermine toutes les autres.
Le bonheur est dans la question.
La certitude n'est bonne qui visitée par le doute.
La sagesse, "sagement" comprise, peut être définie comme la meilleure des passions. N'est-elle pas ce qui peut conduire à plus de lucidité, de courage et de joie de vivre ?

L'introspection ("Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers") est un impératif de la vie et de son évolution, une contrainte intérieure du besoin de sens, une condition individuelle et collective de viabilité.
Les enseignants sont sélectionnés sur leurs savoirs et non sur leurs compétences psychosociales, sur leur QR, quotient relationnel.

La crise de l'autorité est le symptôme le plus sensible et visible de la crise actuelle de l'école, qui appelle un véritable effort de la pensée capable de régénérer une autorité qui ne soit ni autoritarisme ni laxisme.
Stigmatiser la personne à travers l'erreur, faire de l'erreur la "faute, c'est inhiber le dynamisme de la pensée.
"Être déprimé, ce n'est pas être triste ni pessimiste du fait de conditions de vie difficiles, c'est être prisonnier d'une manière pathologique de penser et d'agir"
Wildocher et Hardy.

n'aime bien autrui que si je sais bien m'aimer ; je ne m'aime bien que si je sais bien aimer autrui. Ce sont là deux signes de bonne maturation psychoaffective.
On le sait, l'homme, d'animal instinctif il lui faut devenir animal réflexif ; c'est là sa difficulté et sa responsabilité. C'est par cette tâche de développer l'humain en lui-même que tout individu, homme ou femme, blanc, jaune ou noir, vaut en dignité vitale un autre.

"L'humanité souffre d'une immense carence introspective"
Jung.

Les quatre catégories de la fausse motivation : vanité, culpabilitée exaltée ou refoulée, accusation haineuse, sentimentalité idéalisante)

"Le XXème siècle a accumulé tant de connaissances sur l'univers intérieur, qu'on ne peut que s'étonner et déplorer que cela serve si peu"
André Bourguignon.

L'art d'aider, n'est rien d'autre que l'effort de mettre en actes la fraternité.
"Tu n'es pas responsable de ce que la vie a fait de toi, mais tu es responsable de ce que tu fais de ce que la vie a fait de toi !"
Sartre.

L'homme reste le jouet de ses motivations tant qu'il n'en saisit pas les racines et le sens.