vendredi 15 octobre 2010

Le noyau

Une plénière qui réunit les cadres de l'entreprise. Le patron qui vient expliquer la démarche dans laquelle il souhaite que s'engage la structure.  Les regards de l'assemblée : tout un poème ! Le silence alentour : assez épais, chargé. On perçoit de la fatigue, comme une usure, en même temps que le désir d'y croire quand même un peu. Chez quelques uns. Encore. Certains n'y croient plus. D'autres sont prêts à jeter l'éponge. Je perçois la goutte d'eau. Chez certains, ce sera celle de trop, chez d'autres une de plus, chez d'autres encore une épopée à venir.
En attendant, il y a ceux qui ne comprennent rien, ceux qui qui semblent effrayés, ceux qui sourient d'un air entendu, ceux qui haussent les yeux au ciel, ceux qui baissent les yeux pour les rentrer dans leurs chaussures, ceux qui boivent les paroles et qui s'y voient déjà. Ceux à qui ça parle. Et ceux à qui ça ne parle pas, mais alors pas du tout.

Un travail collectif s'engage dans la foulée. Par groupes, on réfléchit à la proposition. On évoque ce qui va faire frein, ce qui sera condition de réussite. On parle argent, temps de travail, organisation, travaux en cours. Pour certains, c'est clair : l'initiative va se rajouter aux autres. Toujours plus.
Pour d'autres, c'est un bon moyen pour se booster autrement. Faire pareil en différent. En mieux.
La démarche proposée est inédite. Elle va demander de travailler différemment. Elle n'est pas dans les formats habituels. Du tout. Le patron a dit que ça prendrait du temps, qu'il faudrait prendre ce temps, que construire avec les autres, ça demande ce temps, ça impose d'ouvrir les yeux et les oreilles. Grands. En ces temps fermés, recroquevillés, quelque chose d'utopique dans le propos. Décalé, assurément. La frontière n'est pas loin. Est-il visionnaire ? Dépassé ? Instants de solitude pour le parterre. Chacun dans son guidon. Face à un choix. La porte est ouverte. La franchir ? Ne la franchir pas ?
C'est en soi une réforme.
Personnellement, elle me plaît bien cette aventure qui s'annonce. Son côté décalé, simple. Elle me séduit d'autant que sa simplicité, coltinée au contexte, devient une immense complexité. Des défis à relever.
Je sais combien il est difficile de bouger une organisation. Ca ne m'en donne que plus d'appétit. Pour que ça marche.  Parce que c'est bon de tenter. Mieux que se réfugier dans l'acide et l'amer. Faire, mieux que ne rien faire. Mieux que ne pas faire. Peut-être plus encore de nos jours. Faire, sans tourner autour du pot. Oser, tenter, essayer, expérimenter. Les verbes du premier groupe ont la cote.
On verra bien, semble-t-il dire à tous ces gens qui semblent penser on verra mal.

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