La question du "jeune" (sans en faire une catégorie sociale siouplaît) est de celles qui me taraudent.
Depuis longtemps. Pas seulement depuis que j'ai des enfants. J'y ai toujours été sensible, probablement parce qu'il y a quelque chose qui ne colle pas. Elle ne coule pas de source, cette place. Quelque chose qui ne bouge pas. Qui n'évolue pas bien. Et ça ne me semble pas être bon signe. Je ne trouve pas la parade, à dire vrai. Je ne sais ni ne sens ce qu'il faudrait faire. Résultat : je suis de ceux qui "plaignent" la jeunesse, qui en viendraient presque à s'excuser de ne pas en faire plus pour elle, de ne pas faire mieux.
Peut-on parfois se dire qu'on n'est pas à la hauteur ?
Oui, très certainement.
Parfois, je me dis qu'on ne mérite pas les jeunes, que c'est difficile, ce qu'on leur inflige.
Ne lisez pas de la culpabilité, dans ces quelques lignes. C'est pas ça. Lisons plutôt l'ouverture d'une réflexion, le désir de penser quelque chose, avec des mots qui viennent péniblement. Poussivement.
Mon vécu explique bien sûr cela.
Longtemps, dans le cercle familial, j'avais l'impression que le jeune était chiant, devait vivre à côté, pensait faut, était souci. Il devait être, mais alors le plus silencieusement possible, pour ne pas dire le plus religieusement possible.Ô, il avait une place, le jeune, mais c'était plus en tant que jeune qu'en tant que personne.
Mes 16 - 20 ans ont été marqués du sceau de l'engagement associatif. Le jeune que j'étais et ses copains se muèrent en "empêcheurs de vivre au village en rond". Nous étions suspects, tolérés mais du bout des lèvres et des yeux. Bruyants, drogués, menteurs, voleurs. Nous en rions. Nous nous en énervions. Nous étions porteurs malgré nous de cette manière de voir.
Mes 20 - 30 ans et l'entrée dans la vie active m'ont montré comme tout cela continuait. Le jeune avait droit de cité, c'est sûr, mais dans un coin, sans faire de vagues, si possible sans idées, si possible aussi sans remise en cause de quoi que ce soit.
Ces dernières années, je suis souvent refroidi par le fait que le "jeune" continue d'être peu reconnu, chair à canon.
Vision partiale ? Oui, sans doute un peu. Vision partielle ? Aussi.
N'empêche, je me faisais la remarque tout à l'heure en lisant ce billet : les savoir être professionnels, une priorité des recruteurs sous-estimée par les jeunes, notre société impose durement sa loi à ces jeunes, comme s'il y avait un couvercle par-dessus la marmite.
Les derniers événements montrent comme la peur du jeune est intacte.
Je la perçois comme le signe d'une société en mauvaise santé dans sa tête. Trop de gens, entre égoïsme et orgueil, protègent leurs acquis, veillent jalousement sur le pré-carré, sans profondeur de champ. Ca nivelle par le bas et c'est dommage.
http://inventerre.canalblog.com/archives/2010/10/25/19420650.html
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