En regardant l'autre jour à la télévision juin 1940 le grand chaos, j'ai bien sûr pensé à mon père et à mon grand-père. Et par procuration aux pères et aux grands-pères. J'ai également baladé en moi des questions comme lorsque je regardais l'année dernière la série Un village français.
J'aurais vécu à cette époque-là, j'aurais dû faire avec ces situations, comment je me serais comporté ? Qu'est-ce que j'aurais fait ?
Selon les jours, je me dis que j'aurais été un juste, un courageux, ou alors un pleutre, un lâche. Je ne sais pas si j'aurais été capable de regarder ma mort en face, voire de la provoquer, au nom d'une conscience, ou de principes. Quelque part, je l'espère.
La promenade des interrogations, par effet miroir, m'a aussi conduit à maintenant. Je sursaute forcément quand tel personnage de la fiction ou telle personne évoquée par le documentaire a mon âge. Ou quand des mômes ont celui des miens. Un autre film, indicible celui-là, se fait alors jour. Il se projette en même temps que l'autre, sans mots, sans images, juste des idées qui cheminent, des pensées qui débarquent. Notre monde aujourd'hui, notre société, face à cet hier dont nous sommes les enfants. Quelque chose d'évidemment troublant qu'il convient, je pense, de le laisser nous troubler.
Nous connaissons tous le fameux savoir d'où l'on vient.
Ces documentaires, ces films, nous y aident.
Je me dis que c'est aussi cela, le service public.
Il n'est d'ailleurs point besoin, là, de porter de jugement.
Prendre les images, les sons, les mots, les pensées, les laisser cheminer en soi, pour se construire encore et encore.
Se dire, par exemple, que la paix est à construire chaque jour. Que la guerre nous pend au nez si l'on n'y fait pas attention. Se dire, aussi, que la paix à tout prix peut manquer d'autant de discernement que la guerre à tout prix.
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