vendredi 17 septembre 2010

Pleurent-ils la nuit, ces objets relégués ?

- Ben, demande l'ami. Ou tu as mis tes CD ?
Nous sommes à la maison. J'ai peine à montrer du doigt le disque dur externe qui me sert désormais de discothèque. Derrière moi, en lieu et place des susdits, ce sont des livres qui ont pris place. C'est bien. Ils apportent une chaleur, une présence habitée.
Nous nous sommes rendus au fond de la maison, et je lui montrai du doigt la commode dans laquelle les CD ont été rangés.

Doigt discret, presque en forme de mot d'excuses. Car ce faisant, je mesurais comme mon environnement musical avait sacrément évolué au fil des ans. Jusqu'à n'être plus visible après avoir été omniprésent.
Je me souvins des 45 et des 33 tours de mes parents et de mes frères.
Je me souvins de mes cassettes, de mes premiers 33 T. Il y en au quoi, au final ? 200 ? Eux sont dans une caisse au grenier.
Je me souvins des CD, ensuite. Successeurs des précédents. Il y en a quoi, au total ? Dans les 6 - 700 ? Dans leur commode, ils ont l'air de simplement attendre. De rejoindre le grenier, peut-être. Je ne sais pas. Ils se sont peut-être faits une raison.
Retour dans la pièce. Les bouquins donnent envie de plonger dans les jaquettes. Ils sont visuellement occasion d'échanger sur le sujet. Présence. Les disques absents ne favorisent plus cela. Et regarder un disque dur externe, fut-il bourré à craqué, ça ne vous incite guère à voir ce que vous aimeriez entendre ou découvrir.
Ca s'aspetise, tout ça, je me disais. Ca se compacte. Ca se minimalise. Je n'ai jamais eu autant de musiques, pourtant, et ça n'a jamais pris si peu de place. Ce satané disque dur, aussi pratique soit-il, c'est un peu comme planquer des bouts de soi. Les reléguer dans des meubles, ces bouts de soi. Voire les laisser croupir au grenier. Pleurent-ils la nuit d'être ainsi passés du statut d'objet désirés, couvés du regard, à objets non oubliés mais délaissés, inutilisés, là, témoins d'eux-mêmes ?

3 commentaires:

  1. Moi je trouve ça plutôt bien que tout se "minimalise". Je n'ai jamais pensé que les objets, même ceux auxquels je peux tenir, comme les livres, sont un bout de moi. Et les montrer ou les voir, m'intéresse peu.
    Ce qui est moi ou un bout de moi, c'est le regard dans une conversation en tête à tête, ce sont les mots qui sont dits à ce moment-là, qui s'impriment chez l'un ou l'autre, ou qui ne s'impriment pas. Pas d'interprétation possible, pas de tricherie, pas de contenu et contenant, c'est du pur.
    Mais je m'égare.
    J'ai souvent pensé que l'idéal de la pièce principale d'un appartement serait de pouvoir installer ces grandes armoires murales qu'on voit dans les pharmacies avec des tiroirs longs comme la gueule du loup de Tex Avery. On ne verrait qu'un mur blanc et en fonction des usages on tirerait une table, un lit, un bureau, un rangement etc. et on refermerait tout de suite. Le minimalisme presque total. En tous cas, tout caché au maximum, car la vérité et l'humain sont ailleurs.

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  2. Oui, ben souvent je pense que quand quelqu'un décède, on range ses affaires et on trouve ses photos, ses écrits, ses lettres, ses papiers, etc... Dans un futur très proche, il n'en restera qu'un disque dur...et ça c'est dur!

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  3. Je suis loin de tout çà...
    Même que je trouve que les (mes) photos sont plus belles sur papier.
    Et que dire des livres, suis-je à part, je trouve sensuel de les toucher les feuilleter.
    La technologie va trop vite pour moi, je prends ce qui m'intéresse, et délaisse le reste.

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