J'avais retardé mon heure de coucher pour regarder ce reportage.
C'est comme ça de nos jours. La qualité télévisuelle se mérite.
Bien m'en a pris.
Je redoutais de me coltiner un énième documentaire qui, consacré à l'école, parlerait en creux, fouterait le bourdon, ou baignant dans un elixir improbable, me serrerait la bidoche.
Il n'en a rien été. Au contraire. C'est le coeur, qui a été touché. Agréablement surpris de surcroît par le sentiment de regarder un vrai document journalistique et pas une propagande quelconque.
D'abord, le tableau dressé n'est pas rose. Du tout.
Ensuite, pour autant, le tableau présenté n'est pas morose. Du tout. On détecte ici et là des parcelles de possibles, notamment parce que l'on est sur le fond. On touche quelque part à l'essentiel. On se dit qu'il ne manque peut-être pas grand chose. Et c'est énorme en ces temps où l'on nous ferait croire que tout est manque, que ces manques sont énormes.
En fait, on capte ce que l'on sait déjà mais que l'on ne sait plus. On voit ce que l'on ne voit plus. On sent ce que l'on ne renifle plus, nos tarins essoufflés, aseptisés, broyés par la pensée commune et des raccourcis dont on se surprend presque à se débarrasser et dont on se surprend aussi à être porteurs. On ne le savait pas. On ne pensait pas que ce fut à ce point là.
La tâche est immense. Ce reportage m'a rappelé quelle avait de la noblesse dans l'âme.
Âme d'enfants. Mais aussi âmes d'adultes qui s'y prennent comme ils peuvent. Parfois mal. Parfois bien.
Mais la caméra, campée à hauteur de regards, de profs, puis d'élèves, a su capter un je ne sais quoi qui m'a fait comprendre à quel point il était important de l'aimer, cette école, de la protéger, comme un trésor qu'on aurait sous les yeux et qu'on ne verrait plus, ou plus très bien.
Oui, c'est difficile, l'école. Pour tout le monde. Embarqués dans la même aventure, élèves, enseignants, parents. J'ai écrit aventure. Pas galère.
Oui, c'est frustrant, l'école. Pour tout le monde. C'est rude, âpre, chacun cherche quelque chose et ne le trouve pas forcément.
Pendant deux heures, on suit des profs, des élèves. On est dans leurs godasses et dans leurs yeux, surtout. Ils transmettent plein de choses, ces yeux.
On a envie de l'aimer, cette école. On a envie de la soutenir, d'abord, et de lui griffer ainsi son bulletin de notes : doit mieux faire.
On a envie, aussi, surtout, d'aller chercher les députés, un à un, de leur dire : mesdames, messieurs, cessez la politique du doigt sur le pantalon selon que vous êtes de gauche et de droite, regardez au fond de votre âme s'il en reste des parcelles pas trop rognées, inspirez, respirez et en conscience, prenez la seule décision valable. Choisissez d'enfin investir dans cette école que vous empêchez de fonctionner. Donnez lui de l'air, à cette école. Arrêtez d'en faire un coût. Et ensemble, faisons-en un projet. De société. Mettons nous ensemble dans la préservation et la protection de cet écrin qu'on ne voit plus comme tel et qui pourtant...
Je n'ai pas spécialement pensé à mes mômes, en regardant ce documentaire. J'ai pensé à tous les mômes. J'ai souhaité mieux, pour eux. Tellement mieux. Sans me demander si nous en étions capables. Sans me dire si c'était possible.
Vouloir, c'est pouvoir.
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