dimanche 19 septembre 2010

Gustave le disait

Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen.
Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir.
L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons.
Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme.
Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète.
Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère.
Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton.


Gustave Flaubert, Lettre à George Sand.

Source : La revue des ressources.

2 commentaires:

  1. Leny le disait : http://www.youtube.com/watch?v=wV0pCS8fvhs

    Léo le disait : http://www.youtube.com/watch?v=eJPtNpYUYPQ

    Daniel le disait : http://www.dailymotion.com/video/x1a4ym_daniel-guichard-le-gitan_music

    Mais gérer un pays, c'est autre chose.

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  2. Je le dis: je les ai aimés dans mon enfance, ces romanichels, ces bohémiens, et chaque année j'attendais le retour de Philoména, ma meilleure copine d'école... Qu'est-elle devenue?... Fait-elle l'objet d'expulsion?...Je la revois faisant tournoyer ses longues jupes colorées qui faisaient envie...J'entends encore ces guitares qui jouaient dans la nuit...

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