lundi 7 mai 2012

Un 6 mai aux airs de oui mais...

Noter cette soirée-là et ne se rappeler que très peu les précédentes. Certaines par choix, l'air n'était pas à la fête. D'autres parce que c'est loin ou parce que j'étais trop jeune.
Noter cette soirée-là et, aux côtés de ses enfants, se dire que dans 31 ans, peut-être, ils se souviendront.
Pour l'occasion, fête à la maison. Plateau repas devant l'écran. Tant pis. Miettes sur le tapis. Demain viendra le temps de l'aspirateur. Chaque chose en son temps.
Eprouver une forme de soulagement à l'annonce du résultat parce que celui qui a gagné fait penser à l'herbe qui est plus verte ailleurs. Se dire que cinq ans se sont écoulés, dix ans en réalité, et qu'ils ont été longs, ces dix ans, ces cinq ans. Il était temps de passer l'aspirateur.
Se dire qu'un peu d'espoir, qu'un peu d'envie dans l'avenir, ça ne fait pas de mal.
Noter qu'ailleurs en Europe, les peuples ont choisi l'extrême droite et éprouver du soulagement que la France n'ait pas (encore) mangé de ce pain-là. Ce pays qui semble parfois avoir du retard serait-il en train d'endosser des habits de précurseur ? Il est plaisant de l'envisager, de l'imaginer et il est réconfortant d'éprouver cette sensation-là. Fierté ? N'exagérons rien. Comme en 2002, le coup est passé tout près. Mais la France qui se choisit un Hollande n'est pas un pays bas. Pour rester dans ce chapitre, noter aussi que la promesse d'une Europe plus conforme à ce que j'en attends pourrait pourquoi pas s'éveiller, en tout cas, les premières réactions mais la bourse dira sûrement le contraire ne sont pas mauvaises.
Sentir au fond de soi une satisfaction toute personnelle liée à la prise de conscience que plein de visages ne feront plus pendant quelques temps l'actualité et les plateaux télévisés. N'aimer pas ces gens-là. D'autres (visages) prendront le relais.
Rester conscient, bien sûr, et ne pas se laisser aller plus que de raison à cette allégresse qui semble aimanter les caméras. Avoir du coup bien en tête tous ces jeunes aperçus hier dans le dédale des reportages, avoir bien en tête leur joie et leur espoir, et en faire une religion, ne pas décevoir, ne pas trop décevoir ces visages-là. S'en faire promesse.
Ce soir-là, ce dimanche 6 mai, devant mon téléviseur, regarder et écouter ce qui dit autour du second tour de l'élection présidentielle. Apprécier que les vainqueurs n'en fassent pas des tonnes et ne virent pas connards. Apprécier aussi que le respect républicain, comme ils disent, fasse office de message. Apprécier que les vaincus n'en fassent pas non plus des kilos.
Noter que les agressifs d'hier le sont moins et que les arrogants de demain ne le sont pas encore.
On sent le souffle du peuple, et c'est sensation suffisamment rare, finalement. Suffisamment morte pour que ce soit moment d'apprécier l'idée. Cela durera ce que cela durera.
Une gueule d'alternative infinitive.

3 commentaires:

  1. Aux lendemains muets des victoires explosives,
    La vie se calme des élans passionnés.
    Le silence reprend sa place dans le quotidien.
    Et les esprits s'éteignent de leurs feux rares.

    Ou la résignation ou bien la certitude ;
    Tant de mots assassins des coeurs illuminés.
    Assassins bien-aimés. Assassins bons-enfants.
    Virages tout en douceur vers un soleil question.

    Paris, le 22 juin 1981.

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  2. Bien aimé ton billet Didier.
    Et juste envie de d’écrire comme à la fin d’un édito (Libé ce jour)
    "(…)Le travail ne fait que commencer et il sera rude, dès demain. Mais aujourd’hui, soyez heureux et vivez pleinement ce joli mois de mai."

    Post: Acte 1 chez « moi », en photo bien sûr ! Belle journée à toutes et tous.

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  3. Toujours aussi bon, Didier !
    Depuis ton billet, c'est la parité dans les ministères. Beau symbole.
    Et à la maison, c'est la parité pour l'aspirateur (1 fois sur 4 pour madame ; je compte les p'tits gars) ?
    La bise à Madame et salutations à Lajeunesse.

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