Soit un tiers de la population mondiale ! lu sur LePost !
Ma télé est éteinte, c’est grave Docteur ? P’têt besoin d’un psy…
Je savais qu'il ferait chaud. Je savais qu'il y aurait beaucoup de monde. Je savais que je n'étais pas dans ma meilleure forme physique. J'avais juste oublié l'essentiel : J'étais dans une forme psychologique lamentable.
Et comme c'est l'essentiel de mon moteur, la suite était prévisible. Je ne l'ai pas intégré à sa juste valeur.
J'ai compté sur un peu d'expérience pour compenser le manque de pêche, ça n'a pas suffit.
Résultat : Je me suis pris le mur, censé arriver au 30ème kilomètre, au... lisez bien, au 14ème kilomètre. Le vide absolu, plus de jambes, plus de tête, plus d'énergie, rien. Scotché sur place. Et il reste 28 kilomètres. J'ai beau faire les fonds de tiroirs de ressources, de techniques de remotivation, de sursauts d'orgueil et de pensées positives, c'est le vide pour de bon.
Les encouragements et l'attente de mon compagnon de course n'y feront rien. Au 17ème, je décide de le perdre pour lui laisser le champ libre (il finira 35 minutes avant moi). La décision d'abandonner fut prise dix fois : à la prochaine station de métro, non à la prochaine, allez, la prochaine peut-être ?
Je passe au 29ème avec plus d'une demi-heure de retard. C'est là où ma famille m'attend. Je m'arrête, m'assieds sur le trottoir et affirme que c'est fini, je ne repars plus... nous rentrons ensemble.
Mon fils, le plus âgé et le moins sportif des deux, enlève sa veste et me convint de repartir avec lui. Il fera les 13 kilomètres restants avec moi, en alternant marche et course. Lui, qui, la veille, avait souffert dans la sortie de vingt minutes que nous avions faite ensemble.
Sans lui, l'échec aurait été cuisant. Avec lui, j'ai fini. Le tee-shirt "Finisher" et la médaille lui reviennent.
J'ai donc terminé ma course en 5h 35' 26", plus d'une heure quinze au-delà de mon objectif. Pour un sixième marathon, c'est pitoyable.
Le pire dans cette expérience, c'est de s'être vu toucher le fond à ce point. Moi qui suis censé remonter le moral des troupes, révéler les ressources insoupçonnées, et militer pour le "Tout est possible", je me suis retrouvé "minable" comme disent les plus jeunes que moi.
Car s'entendre se dire "Allez je me couche là, par terre, et je meurs !", ce n'est pas rien.
Moins dramatique, j'ai bien pensé à Jospin, en décidant de me retirer définitivement de la vie sportive. Mais, pas bête, je ne l'ai pas annoncé.
Prochain Marathon : Nice-Cannes 20 novembre 2011. A domicile, je suis meilleur.