Quelle mouche m'a piquée! Quelle idée cette histoire de photos de nuit! Et encore, la raison a été la plus forte, au début il était question de faire non stop crépuscule aube!
Tout ça pour une expo!
J'ai la pression, JE DOIS avoir un thème, un sujet à exposer en novembre prochain. Comble de la catastrophe, ces photos accueilleront le visiteur dès son arrivée dans la grande salle de l'Europe à Menton.
Je réveille donc mon homme qui doit me servir de soutien, de garde du corps et de compagnon de galère.
Tel un zombie il déambule dans l'appartement, au radar, en caleçon. Son parcours est rodé pourtant à cette heure ci les gestes sont tellement moins assurés. Café, cigare, salle de bain.
S'il vous plaît, pas de commentaire sur le cigare... c'est déjà assez difficile comme ça à supporter!
4h45, nous entrons dans la voiture;
La veille j'ai bien pris soin de préparer mes affaires, pourtant avant de partir, j'hésite encore à prendre le D60 monté avec le 55-200, celui qui fut mon meilleur allié lors de notre voyage en Inde.... Je suis ingrate, je le renie à présent. Grave erreur! Je m'en rendrai compte que plus tard quand le jour sera enfin levé.
A cette heure ci, bien peu de monde sur la route. Il parait que la nuit, c'est fait pour dormir! Je me mets à les envier tous ceux qui pensent comme ça!
Trouver une place est chose facile, la promenade des anglais nous offre ses places payantes.
Il fait 19 degrés. Nous nous sommes couverts.
5h05, nous sommes garés. je découvre avec étonnement que nous ne sommes pas les premiers. Les antiquaires qui prennent leur quartier hebdomadaire le lundi sont déjà affairés à monter leur stand. Je savais que je les retrouverai ici, mais je ne pensais pas si tôt. C'est un peu eux que je venais voir!
Nous nous enfonçons rapidement dans le vieux Nice, guidés par le bruit des jets d'eau. Les employés de la mairie manient avec vigueur leur lance, les sols sont détrempés et offrent un rendu qui semble assez intéressant pour mon appareil. Je mitraille à tout va. Le labyrinthe du quartier nous révèle sans cesse de nouveaux aspects. A vrai dire, très peu de badauds! Les noctambules sont couchés depuis déjà quelques heures tandis que les lèves tôt ne font qu'émerger de leur sommeil.
J'essaye d'être discrète et de ne pas trop déranger le travail des gens de la voirie, mais je me sens un peu comme une intrus dans ces rues sombres que seuls les réverbères éclairent régulièrement.
Le ciel est encore bien noir mais bientôt il virera, il faut faire vite pour capter des images.
J'étais très enthousiaste la veille, les jours précédents, je le suis bien moins à présent. L'exercice de nuit est difficile.
Je prends conscience de mon manque de technique, et j'ai envie de tout laisser tomber. Alors j'y crois encore. nous remontons une bonne partie du vieux Nice, traversons les rues susceptibles d'être les plus empruntées, car ce sont bien des gens que je cherche....
Je scrute régulièrement le ciel, le jour devrait se lever bientôt.
Nous retournons voir les antiquaires. Déjà, ils sont plus nombreux et chacun a pris ses marques. A vrai dire, je ne regarde pas les objets, je cherche les ambiances, les attitudes.
Nous optons pour un café et un pain au chocolat dans un bar. Le serveur traîne et je m'impatiente, le ciel s'éclaircit, j'ai envie d'aller voir ce que ça peut bien donner sur la mer.
Nous déjeunons à toute allure et partons sur la Promenade des Anglais. C'est beau. Le ciel est bleu. Est-ce ça l'heure bleu, cette fameuse période dans la journée où il fait encore (ou presque) nuit et le ciel bleu superbe?
Ici ça semble s'éveiller tranquillement, les joggeurs font leur apparition, quelques vélos aussi. Nous sourions à la vue d'une superbe blonde, échassière moulée dans une brassière blanche découvrant un ventre extra plat, en mini short transparent assorti, accompagnée d'un homme (peu fière), faisant leur jogging. Sincèrement, ce qui nous fait le plus rire, c'est le torticolis de l'homme qui les croise, juste sous nos yeux. Voyant qu'il est repéré, il nous gratifie d'un large sourire et fait mine d'essuyer la sueur qui perle sur son front. C'est un appel au viol!
Le thermique du matin nous offre une petite brise fraîche mais ça ne semble nullement déranger les premiers baigneurs du matin, un homme qui médite, assis sur les galets, en tailleur face à la Méditérannée, une SDF qui remballe sont camps de la nuit contre la palissade d'une plage privée.
Nous zigzaguons entre la vielle ville et la mer....
Ca y'est la ville s'éveille réellement à présent, les chineurs sont sur le pied de guerre, aux étalages des brocanteurs, les boulangeries ouvrent.
Et pendant tout ce temps je vise, je cadre, je règle.. mais rien n'y fait, la magie n'opère pas. Je ne tiens visiblement pas mon sujet.
Mon mari m'abandonne pour retourner sur un banc face à la mer.
je ne veux pas m'avouer vaincue alors, j'y retourne, encore une dernière fois. Il est 8h. Le soleil est monté assez haut pour dépasser la colline du Château et plonger ses rayons sur le marché.... Il me reste encore quelques photos à faire.. peut être que là...
Je réalise que mon zoom me manque..... je n'avais pensé qu'aux basses lumières (où le D60 aurait été un peu léger). je nvais pas pensé à tous ces petits objets et les gestes et mimiques des visiteurs....
Et je retrouve un copain d'adolescence, je me doutais bien le rencontrer ici. Il s'occupe des marchés et des emplacements. Lui se lever à cette heure ci, c'est son lot quotidien. Comme à chaque rencontre, tous les deux ou trois ans, nous échangeons sur les mêmes choses, les enfants, la vie, le boulot, le passé.
Mais il est encore plus bavard que moi. Je regarde ma montre, il est 8h30.
Tandis que le vieux Nice vie enfin pleinement, il est temps pour nous de rentrer.
Je rejoins mon mari. Je suis un peu déçue, il me sourit.
J'aime sa patience et son abnégation.
Nous aurons eu au moins la satisfaction de partager le lever du jour.... et ces beaux instants de calme.
Comme à priori je n'en ferai pas une expo, je partage avec vous
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IL EST 5 HEURES, NICE S'ÉVEILLE |
Si des yeux experts passent par là, qu'ils me disent ce qu'ils en pensent. Peut être suis-je trop critique avec moi même, peut être qu'il y a moyen d'en faire quelque chose?