mardi 31 août 2010

Laurent Fignon

Laurent Fignon s'en est donc allé ce mardi.

Je le savais malade.Comme beaucoup, il affrontait la situation avec infiniment de grandeur. Le genre je regarde les choses en face, sans complaisance. Quelques uns l'auront sûrement entendu cet été, puisqu'il a commenté le dernier Tour de France.
J'aimais ce champion atypique, qui n'avait pas la langue dans sa poche, ce qui fait toujours du bien dans ces sports de haut niveau ou l'omerta est souvent de mise.
J'avais apprécié sa "prise de pouvoir" au sein du peloton, alors qu'on sortait des années Hinault. Sa "guerre" avec Greg Lemond l'américain valait son pesant de cacahuètes.
Il avait aussi beaucoup entrepris et fait pour son sport une fois que l'heure de la retraite sportive avait sonné.
Reste le doute. Sa maladie, le cancer, est-elle liée à des produits ingurgités ? Dans son ouvrage intitulé «Nous étions jeunes et insouciants», l'ancien champion avait reconnu la prise d'amphétamines et de cortisone durant sa carrière de coureur, mais n'avait pas établi un lien direct avec la maladie.

Six reprise m'était contée

Une journée, six personnes.
Six personnes, six approches.
L est déjà prête à prendre sa carte au syndicat. Elle vitupère. Elle travaille en sous-main. Les réunions se succèdent.
G alterne bonne humeur et grognements. Il est gentil puis désagréable.
I est restée cachée dans son bureau toute la journée.
CM évoque son trouble. Elle a esquissé quelques pas en vue d'une mutation qui la rapprocherait de ses ouailles, ses responsables de service lui ont proposé un arrangement. Elle ne sait plus trop comment s'appelle son chat. A est à quelques jours de prendre un congé sans soldes. Elle est là mais n'est pas là, dit-elle. La tête ailleurs.
Y est à fond dans son boulot. Elle a le nez qui coule, la gorge douloureuse.
Par grappes, à deux, trois, quatre, ou cinq, ils échangent tout au long de la journée. Partagent. Certains se veulent sur le départ, d'autres évoquent des envies, des projets, d'autres encore s'inquiètent, critiquent.
Six manières de reprendre le boulot après la longue très estivale.

dimanche 29 août 2010

Minas

Assez vieux pour avoir subi le génocide arménien, Minas avait débarqué à Marseille comme beaucoup d'exilés. Nombre de ses compatriotes y avaient posé leurs valises pour toujours. Lui avait filé tout de suite vers la capitale. "C'est tout de suite ou jamais" s'était-il dit.
Rue La Bruyère. 9ème arrondissement. Une chambre de bonne au cinquième étage, c'est un palais pour les sans toit. Mais ce palais pour deux amoureux en paix se transforma en cagibi à l'arrivée des deux rejetons. Deux filles. Les deux yeux de Minas. Pour la vie.
Tant pis, le cagibi fut tapissé d'amour, meublé de générosité, décoré de cœur et de simplicité. Et, vingt-cinq ans plus tard, la carrée était toujours occupée par deux jeunes femmes actives modernes et leurs parents courbés, typés et au regard divinement lumineux.
C'est à cette époque que je connus l'endroit. La proximité des lieux de débauche de la capitale n'avait eu aucun effet sur la bonne éducation des deux princesses de Minas. Et les conditions matérielles de leur quotidien, non plus. Question de devoir et de dignité.
Minas m'a dit "La vie est belle". Son œil vif avait dû déceler un coup de blues chez ce jeune homme timide. C'est tout. Il dit "La vie est belle" et sa graine était plantée. Pour toujours.

De bonne guerre ?

Je découvre par petites lampées le site des renseignements généreux. Il fourmille de liens et de réflexions utiles à qui cherche à mettre un peu de sens dans le désordre actuel. Quoi que certains préconisent aussi le désordre, de lui pouvant naître d'autres équilibres.
Parmi les articles, l'un d'eux me semble croiser une réflexion que pas mal de gens conduisent.
Il pose l'idée du besoin de visions positives. Et, en opposition, pointe tout en l'expliquant le fort sentiment d'impuissance qui règne. L'auteur, Nathalie Dom, note en particulier la faiblesse de la contestation. C'est une observation que je me fais régulièrement : ça grogne dans son coin, mais ça soupire. Et j'ai souvent l'impression que les gens "prennent" sur eux, subissent, dérivent, implosent plus qu'ils n'explosent, ou s'ils explosent, c'est de l'intérieur.

Médias à part

En ce temps là, il existait aussi des médias qui sortaient des sentiers battus. Le net n'existait pas. L'ordinateur se frayait à peine un chemin.
A l'aube de mes vingt printemps, j'ai eu le bonheur de pouvoir fréquenter Actuel, L'autre journal ou d'autres, sans oublier la tentative de Libération de lancer un hebdomadaire "magazine" fleurant bon la créativité, le regard décalé, l'écriture. Des revues comme De l'Air ou plus récemment XXI, Le Tigre, Causeur en sont certainement les dignes rejetons.
Bon, soyons clairs : je ne captais pas tout, je ne lisais pas tout, mais il se dégageait de ces revues un vent de fraîcheur, un côté qui ose, et cela me plaisait d'autant qu'étant en début de carrière, je multipliais les références puisqu'on m'avait donné un excellent conseil : pour bien écrire, il faut beaucoup observer et beaucoup lire.
Alors pensez que j'ai aimé lire sur l'excellent site l'annuaire des idées tout un sujet sur les années 80 et Actuel.
Pas de nostalgie, plutôt l'impression d'avoir eu de la chance de connaître ça.
Au passage, cette anecdote : quelques années après qu'Actuel ait fermé boutique, j'étais dans un magasin de village. Il vendait de tout, y compris des journaux. Parmi eux, que vois-je ? Un actuel. Putain, je me dis, génial, ça repart, ils refont un numéro ! Je m'empresse de saisir le numéro, lui trouve un air de déjà vu, et pour cause : c'était le dernier numéro, il était là toujours en vente. N'avait pas trouvé preneur. Tout un symbole.
(un lien si la presse underground vous intéresse, cliquer là)

Bord de mère

Parfois, j'achète des livres "au titre". Comme une main et des yeux invisibles qui vous conduiraient vers la promesse d'univers. "Au titre", ou "à la première page". Quelque chose, parfois juste un détail, qui fait rencontre et donne envie de prolonger.
Bord de Mer, de Véronique Olmi, émarge dans cette catégorie.
J'ai acheté ce bouquin il y a quelques années. Je viens de le lire.
Et ça bouleverse !
Bord de Mer est un huis clos. Un one woman huis clos, même. Puisqu'on est tout le temps dans la tête d'une maman. Elle élève seule ses deux enfants, Kevin et Stan. Elle n'a pas le sous. Elle se cogne à ses émotions plus souvent qu'à son tour.
C'est la première fois qu'elle part comme ça avec eux.
L'écriture est âpre, les idées parfois violentes.
On fait le voyage, on ne sait pas de quelle mer il s'agit, ni dans quelle ville au juste on débarque. On suit pas à pas cette maman qui voit ses enfants grandir, qui le sent s'éloigner, qui s'agrippe et en même temps leur lâche la main. On se balade dans la peur maternelle et l'on se surprend à hocher du bonnet, se disant, ah oui, vu comme ça. Une bonne mère, c'est quoi ? Fascinant.
De ces bouquins où la fiction dit mieux le réel encore.
On peut lire un extrait du bouquin et une critique ici, sur le blog en noir et bleu.

samedi 28 août 2010

Illustres inconnus

L'étonnant site L'annuel des idées fait de chaque jour un jour particulier. Unique.
Il le consacre en effet à une cause. La décrète. Elle devient prioritaire ce jour-là.
Ainsi, ce samedi, c'est la journée des illustres inconnus.
Récemment, nous avons connu la journée de la direction assistée, du complexe d'infériorité, ou encore la journée du monde sans échec. Ce ne sont que quelques exemples.
J'aime bien, cette idée de la journée des illustres inconnus.
Nous avons tous dans notre entourage un illustre inconnu.
Aussi je vous propose d'y réfléchir et d'évoquer le vôtre dans les commentaires.
Ce sera l'occasion de saluer comme il se doit ces personnes !

Gestes verts

Je ne sais plus avec quel pote nous parlions de cela il y a quelques temps.
En gros, nous étions sur deux lignes opposées (ce qui facilite l'échange reconnaissons-le !).
Evoquions le devenir de la planète.
Et les gestes verts, les économies d'énergie, le développement durable.
Un sujet auquel je suis attaché, notamment parce qu'il me semble à même de pouvoir redonner un peu d'humanité (et d'humilité) dans nos vies et nos actions.
Lui estimait que c'était de la connerie, les petits gestes du quotidien.
C'est pas là que ça se passe, il disait. C'est du pipi dans l'eau. C'est au niveau des états, des grosses industries. Qu'ils montrent l'exemple !
Je lui opposais une question de conscience, de principe. Je lui disais qu'agir à son échelle, c'était aussi croire en la force du petit qui grossit, grossit, grossit. Un vague relent d'union qui ferait la force. Agir dans son jardin, c'est cultiver et se donner la chance d'irriguer alentour, faire toile, faire réseau. Et j'assénais mon argument massue : c'est du bon sens, rien de plus. Une manière de moins gaspiller et de consommer juste.
Il haussa les épaules. Connaissant visiblement le discours par coeur. Qu'ils se prennent en main, je suivrai !
Comme personne n'avait vraiment tort, et comme nous n'avions pas envie non plus de nous fâcher pour si peu :-), nous en sommes restés là.
En attendant, j'ai bien aimé lire cet article dans Terra Economica (on peut le consulter en cliquant ici).

vendredi 27 août 2010

C'est la rentrée des marronniers

Les cartables vont-ils encore être trop lourds cette année ? Et les marronniers dégoulinants ?
L'information nous fera-t-elle du copié-collé dans le caniveau ? Et les résolutions seront-elles jumelles de leurs aînées, page blanche puis lettres mortes ?
Les septembre se suivent et se ressemblent comme gouttes d'eau d'automne. Une ride de plus au front de nos cerveaux et quelques neurones en moins, mais le chemin des écoliers reste chemin tout tracé.
Pendules égreneuses de temps conventionnel entre barrières confortables et rassurantes, vous semblez décompter plutôt qu'avancer. Combien reste-t-il ? En mois, en jours, en minutes, en secondes ? C'est la course en arrière d'une vie bien cadrée, statut, diplôme et photo d'identité bien encadrés. Dans le rang, dans le temps, tous bien alignés.
Septembre comme janvier, lignes de départs répétées d'envols avortés. Pères Noël grimés asséchés. Illusions affichées. Désillusions programmées.
Balles neuves et cahier neuf pour temps morne et récurrence. Rastignacs fanfarons pour conventions et immobilisme.
Les cartables seront encore trop lourds cette année. Et les marronniers dégoulinants.

jeudi 26 août 2010

Un événement, trois regards

Dans le sud de la France. Monsieur et madame débarquent. Trois paires d'yeux ont suivi l'événement et vous le racontent, chacun avec sa perception de l'instant. Ci-dessous casque d'or par Claudio, la poire à l'olive par Didier et la chaise en plastique de Marie Lapoire par Ugo. Bonne dégustation !

mercredi 25 août 2010

Donnez moi de nouvelles données

En lisant cet article sur la sécurisation des données "privées" sur Google, article qui fait échos aux nombreuses digressions sur le sujet il y a quelques mois à propos de Facebook, m'est venue cette réflexion : c'est assez incroyable quand même cette phobie de la protection de ses données alors même que les gens n'hésitent pas à jeter en pâture sur des sites et des blogs.
Je me suis personnellement fait une religion de cette affaire : à partir du moment où on émet, où on diffuse, où on se raconte, où on se filme, où on se met en image(s), on prends et donc on accepte le "risque" que des données de soi circulent.
Ensuite, ben on se responsabilise. Tout simplement. On choisit ce que l'on diffuse, et de par le fait, ce que l'on ne diffuse pas. En conscience.
Mais c'est peut-être là que le bât blesse. Cette question de la responsabilisation, de la conscience. Les gens, je trouve, aiment tellement jeter un jour ce qu'ils ont adoré la veille... Egalement à lire un article sur le sujet dans l'un des blogs du monde diplomatique (google et la neutralité du réseau).

Fin du monde

Vu à la télé un excellent film des frères Larrieu.
Les derniers jours du monde, ça s'appelle.
Un long métrage qui invite à suivre les tribulations d'un type qui s'appelle Robinson.
Qui invite surtout à vivre cette question : et moi, qu'est-ce que je ferais si c'était la fin du monde ? Si l'humanité se mettait à claquer et si c'était le chaos ?

mardi 24 août 2010

Ca se réveille

Dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Dominique Villepin vient de le faire, dans Le Parisien-Aujourd'hui en France. Et j'applaudis, m'étonnant quand même que ça vienne de lui. Enfin, m'étonnant que ça ne vienne pas d'autres. Quoi que. Certains l'ont dit, mais ça n'a pas eu le même retentissement. Jospin, par exemple. Mais qui l'écoute encore ?
De la honte sur notre drapeau, dit l'ancien premier ministre, condamnant la politique "sécuritaire" du gouvernement. Visage méconnaissable de la patrie des droits de l'homme, il ajoute.
La presse étrangère, qui n'y va pas avec des pincettes pour qualifier notre hexagone, s'y est mise aussi.
Tant mieux.

Monticules & bouts de montagne

C'est quand même vrai qu'il y a des noms pour tout.
Dans ma petite tête d'autodidacte de l'expression, je m'étais amusé à appeler ça le syndrome de la table d'hôte. Ces dernières années, à plusieurs reprises, j'ai en effet eu des conversations avec des amis qui rêvaient de tout planter et d'aller ouvrir quelque part une table d'hôte, ou un gîte, ou un camping. J'avais noté que ça leur prenait au sortir des congés d'été. Avec le retour au quotidien, en douceur, ou au burin.
Déniché sur le site de sciences humaines quelques liens intéressants, qui participent de la réflexion (pour celles et ceux qui ne choisissent pas la posture de l'autruche). Ils croisent ces échanges. Pas d'âge : j'ai eu des trentenaires, des quadras, des quinquas et des presque sexas. C'est visiblement dans l'air du temps :-) Deux liens en particulier, celui de la guerre contre soi (lire ici) et celui du comment changer, couper la montagne en morceaux (cliquer là).
Ailleurs, on nomme cette affaire le syndrome post-vacances. J'en ai trouvé trace ici. Le genre qui met presque de l'eau aux moulins de ceux qui préfèrent ne jamais prendre de vacances et de ceux qui ont opté pour être toujours en vacances. Personnellement, j'ai tendance à le trouver plutôt sain, ce syndrome. Bien sûr, il est cafard. Bien sûr, il fait penser à ces angoisses qui nous chopaient à l'époque, alors que le grand corridor de l'été conduisait à l'inéluctable rentrée scolaire. Mais à la fois, il est temps de regard, possibilité de se bouger, de faire le point, de mettre en place des choses. Bref, de mettre à profit pour peu qu'on en ait la force et l'énergie, quelques changements, quelques évolutions. Par les temps qui courent, ce n'est pas mal du tout !

lundi 23 août 2010

Le bouchon

Le bouchon est une étrange chose.
Il a mis ses habits d'escargot et il suit le ruban de bitume presque l'aveuglette. Des connivences pourraient se nouer. Des milliers de regards continuent cependant de fixer l'horizon. En attendant, c'est un défilé de voitures, de marques, de tailles de pneus, le tout émaillé de quelques visages qui se tournent ou se détournent.
En rangs serrés, des milliers de vies se croisent là et il ne restera pas grand chose.

L'erreur de parcours

Une apparence un peu légère, des blagues à cent balles déblatérées parfois comme des tirs de mitraillettes,  autant de protections invisibles.
Un air de légèreté, comme un masque.
Au bout du deuxième ou troisième soir, au détour d'une conversation anodine, quelques mots qui tombent, presque invisibles, comme noyés dans le déluge et bien au sec néanmoins.
Ô moi, je suis l'accident de parcours.

Quelques lectures

Sur le net, il y a le plaisir de la tournée des blogs et des sites. Ci-dessous quelques liens. Vous êtes invités à les suivre... :-)
- Les chômeurs ces malappris, chez Noisette sociale.
- le complexe du fumiste et L'invention du monde, chez Agnès.
- Une nouvelle écolière et un parfum, chez Helena.
- Un regard sur Haïti, du côté de chez Trader.
- La rencontre de gens du voyage, chez Yann Savidan.
- Côté foot, sur le blog La Maison du Faucon.
- Un bel essai sur Perpignan, de vers chez et par Tiphaine.
- Une zapette sur le blog des pas perdus.
- 7 signes qu'un patron va échouer, sur le site urgence leadership.

jeudi 19 août 2010

Tu penses trop et pas assez

(...) Or mon esprit me joua mille coups tordus qui m'empêchèrent d'atteindre mon but, m'offrant toujours une bonne raison de différer l'entraînement, la fatigue, les maux de ventre, une douleur au coude, un coup de blues, une remarque qui m'avait déplu, une blessure reçue en combattant. Plus je persistais dans mon idée (...), plus j'apparaissais incapable d'accomplir ma volonté ; celle-ci s'avérait faible, minorataire, dominée par des instances plus puissantes qu'elle, mes humeurs, ma déprime, ma lassitude, mes limites physiques. Ma volonté ne dirigeait pas le navire, elle restait un marin enfermé dans la cale dont personne n'écoutait les avis. (...)

L'état second

Les événements s'étaient succédés, les uns après les autres, comme si les jours se croquaient comme un millefeuille, feuille à feuille. Lent chapelet de déboires poissards. Entrez, c'est ouvert, lui avait susurré l'état second. Il était entré, un peu curieux, un peu aux abois, se disant pourquoi pas. Il lui collait maintenant à la peau, l'état. Un goutte à goutte d'ondes négatives.
Benjamin s'évertuait à donner sens à l'expression sauver la face et sûrement que par moments, il y croyait lui-même. Ce n'est pas si mal, un monde inventé, en lieu et place de l'actuel, il se disait. Mais les piles comme vidées ne disaient pas ce qu'il sauvait au juste. Ni même s'il sauvait effectivement quelque chose.

jeudi 12 août 2010

Les apéros dans le collimateur

Beaucoup aimé lire dans Libération le Rebond proposé par un philosophe sur les apéros géants.
J'aime quand ces intellectuels nous apportent avec leur regard, mettant en mots des trucs qu'on ressent confusément, ou élargissant le propos.
Là, en l'occurrence Jean-Jacques Delfour qui signe le texte. Son blog est là. Tout l'article est à lire en cliquant ici. Ci-après quelques extraits pour les pressés ;-)

mercredi 11 août 2010

Tu veux ma photo

C'est le genre d'intiatives que j'aime bien. En plus, les Trois-Moutiers, c'est un nom familier pour moi, un village transit, par lequel nous passions lorsque nous allions des Deux-Sèvres à la Lorraine et vice versa. Bon, elles ont leur côté démago. Mais à la fois, elles participent de quelque chose. Il y a quelques années, un des miens copains avait ça dans son village.
Ce fut l'occasion de faire poser les gens en famille devant chez eux, sur le pas de leur porte. Et prétexte, ensuite, 1) à organiser une fête autour du poster et 2) à ramener quelques sous pour l'association, le poster étant vendu, judicieusement à quelques encablures des fêtes de fin d'année. Malin. Le fond et la forme.
Dans un autre genre, ça m'a rappelé le témoignage d'un type croisé il y a quelques années en Ardèche. Il venait avec son épouse de quitter une ville et s'était posé dans un hameau paumé dans une montagne. Photographe, il avait entreprise de prendre en photo tous les habitants de la vallée, et d'organiser une expo dans une vieille grange, histoire d'inviter les uns et les autres et ainsi de créer du lien. Ça participe d'un travail de mémoire, aussi. L'utilisation de la photo fixe en effet ces gens à un instant T. Idéal pour les archéologues du futur. Et puis comment ne pas croire qu'il y aussi dans ce genre d'approches le désir de mettre en visages et donc en humain des cités et des lieux de vie ?

mardi 10 août 2010

Du côté des oreilles

Un petit point musical :-)
Mes envies du moment me conduisent d'une part à découvrir à la fois Helene Grimaud, Glenn Gould et Sergei Rachmaninoff. Et d'autres part à entendre des picotements qui me mènent à Thierry "Titi" Robin, Francis Cabrel et Cali. Les deux premiers, en me disant, ça fait longtemps les gars qu'on ne s'est pas croisé. Le troisième pour mieux connaître.
Sinon, au gré des moments et des hasards des lectures aléatoires en bagnole ou sur PC, des découvertes ou des confirmations, du style Arno, Bedouin Soundclash, Carolina Chocolate Drops, Chapelier Fou, Deportivo, Dhafer Youssef, Emily Jane White, Fink, Gogol Bordello, la BO de Into the Wild, Jack the Ripper, La Maison Tellier, Lhasa, Robert Plant, Moriarty, Eiffel, Pigalle, Rodrigo Y Gabriela, Seasick Steeve, Sophie Hunger, Stephan Eicher, Tonino Carotone, Tony Joe White, Woven Hand, Xavier Rudd, Zaz.
Et les indispensables, donc toujours dans le coin : Thiéfaine-Bashung-Manset-Nits-Noir Désir-JJ Cale-Tarmac.

Le chiffon rouge et l'inertie

Dans la vie démocratique locale, il est de bon ton, lorsqu'un élu a des mandats qui le conduisent aussi au parlement (député ou sénateur), de pointer les contorsions et les contradictions. Il leur est souvent reproché, par exemple, de dénoncer ici ce qu'ils votent là ou de mettre en oeuvre là ce qu'ils dénoncent ici. Pour un peu, on en viendrait à les prendre pour des schizophrènes, des indélicats du bulbe, des gens de mauvaise foi.
A bien y réfléchir, deux choses.
1) C'est un peu logique il me semble que des "lois", qui sont sensées concerner l'intérêt général, se choquent parfois à des réalités locales particulières. On ne demande pas aux "gouvernants" de faire le grand écart, alors, mais d'expliquer leur choix si besoin, et comment ils l'ont fait, ce choix. Problème : souvent, ils ne le font pas, ou pas directement, laissant "pourrir" si besoin, échafaudant des stratégies, sans oublier des "opposants" qui en rajoutent.
2) C'est visiblement dans la nature humaine, ou tout du moins française, que de clamer là ce qu'on va finalement dénoncer ici, voire le refuser. Et que l'on ne va pas faire ici ce que l'on fait là, préférant dire ou se taire.
Je me faisais cette réflexion suite à un sujet qui traîne dans l'info locale depuis quelques semaines.
Une ancienne caserne a été reconvertie en camp pendant la seconde guerre mondiale, puis en prison. Dans un fort état de délabrement, elle sera fermée en 2017.
Fort bien, on se dit, en songeant aux conditions de vie des prisonniers. Bonne décision. D'autant que le plan national prévoit des constructions neuves. A l'échelle du pays, grosso modo, il y aura plus de places et des établissements moins pourris.
Eh bien localement, ça gueule. Ca milite. Ca exige qu'une nouvelle prison soit construite dans le secteur. Ca dit l'emploi, ça fait des liens avec des boites qui ont fermé la guerre, ça agite le chiffon rouge.
C'est trop souvent comme ça, quand on y pense.
On veut que ça bouge, mais pas près de chez soi.
Je me disais, d'ailleurs, quand une boite s'installe, quand un truc qui marche vient, c'est assez rare qu'on entende gueuler. Je m'étonne toujours qu'on n'accepte pas plus les phénomènes de balanciers qui font que ça s'en va et que ça revient, que ça vient et que ça s'en va. 
Je repense à mon élu du début de billet et je me dis que tout citoyen fait un peu la même chose que lui.
Faites ce que je dis sauf si ce n'est pas dans mon intérêt. Quant à l'intérêt général, je suis pour mais si je dois en subir les conséquences je suis contre. On dénonce l'inertie. On devrait plutôt évoquer le manque de vision. Peut-être pour ça que d'aucun trouvent que c'est peu visible, tout cela. Les yeux fermés, on voit moins bien.

lundi 9 août 2010

"Être une heure, une heure seulement..."

C'est dur d'être gentil et bien élevé. Croyez-en ma longue expérience. Je ne me lance pas des fleurs, je vous livre les épines de mon âme.
Parfois quelques évènements me font regretter d'avoir à porter ces caractéristiques comme des fardeaux. Et je me mets à rêver d'être une heure, une heure seulement...

Le tourisme médical

Le grand bonheur d'avoir des enfants apporte un plus dans les vacances.
Presque chaque fois, quels que soient les lieux où vous allez, que ce soient vos mômes ou ceux de vos amis, il y a du tourisme médical qui s'en mêle.
Nous avions commencé fort la première année où nous sommes partis avec notre fils alors âgé de deux ans. Il s'était littéralement explosé une dent contre les WC dans un camping. Nous n'avions pas encore monté la tente. D'ailleurs, nous la dressâmes point : nous sommes allés directement aux urgences. C'était à Vesoul. Puis deux jours après, alors que nous étions en route vers le sud de la France, ce fut un médecin des environs de la Tour du Pin que nous avons découvert. Sur place dans le sud, nous n'en sommes pas restés là. Un médecin, un cabinet médical pour des prises de sang et pour finir, un oculiste. Divers diagnostics avaient charpenté le séjour.
Par la suite, il n'est pas beaucoup de séjours où nous ne sommes pas allés chez un médecin ou dans une pharmacie pour des bobos divers. Divers dispositifs expérimentés, du médecin de garde à la venue de docteurs en passant par les pompiers.
Cette année, nous avons définitivement gagné nos galons de citoyens Bellilois, comprenez d'habitants de Belle-Ile-en-Mer. Nous connaissions deux médecins, nous en connaissons un troisième. Et surtout, nous sommes enfin allés à "l'hôpital" de l'île, disons plutôt le poste de premiers soins. Un vrai bonheur que de pénétrer cet établissement dont on se demandait chaque année à quoi donc il ressemblait.
C'est mon fils aîné qui a permis l'inauguration. La faute à une chute de rocher et à un rattrapage sur la main. Résultat : entorse du petit doigt.

Paroles entrevues

Un très bel échange à au moins dix mains et cinq têtes a eu lieu sur ce blog samedi. Suite à la mise en ligne du billet mots entrebus, voici les paroles entrevues . Je ne résiste pas au plaisir de vous mettre sous l'oeil quelques unes des phrases qui ont été proposées par les uns et les autres. C'est totalement subjectif bien sûr. Merci et bravo pour cet excellent échange à Helena, Barbara, Ludivine, Mcb et Claudio.
- Je crois qu'on peut être dans la lucidité sans passer par des trucs qui détruisent.
- Notre société fait des icônes de gens qui se détruisent et je pense que ça nous fait du mal. Tout ça c'est de l'aveu de faiblesse.
- Je crois à l'exemplarité. Et elle va dans les deux sens. C'est parfois l'exemple de ce qui est mauvais qui fait qu'on ne reproduit pas ce mauvais.
- J'ai connu des gens ayant eu une ligne de conduite exemplaire toute leur vie et qui arrivés à la soixantaine regarde en arrière et se disent : une vie exemplaire, ok, mais pourquoi? Pas de fantaisie, du linéaire, du normal.... J'ai pas vécu.
- Je pense que les ivresses aliènent la liberté.
- L'éducation passe par la communication, et dans notre rôle de parent, l'exemple de l'écoute et de l'ouverture a son importance.
- Donner un avis contraire ce n'est pas juger! On est tous confronté à nos démons intérieurs et on a tous différents moyens pour les faire taire ou les apprivoiser...
- Les comportements dont nous parlons et pas seulement ceux à risques, aussi les festifs, les légers etc. etc. ne sont que des ersatz de bonheur. Et si ersatz il y a c'est qu'on avoue ne pas avoir accès à l'original. Ce que je regrette c'est que souvent on ne croit pas que c'est possible de vivre bien sans "récréations".
- Tout le temps qu'on passe à s'amuser, on ne le passe pas à apprendre, donner, construire, aimer, se cultiver, réfléchir. S'amuser, c'est égoïste. Quand vous lisez des maximes de grands sages vous êtes tous d'accord. Dès qu'il s'agit d'appliquer, y'a moins de monde, c'est bizarre.
- On peut apprendre en s'amusant, aimer en s'amusant, réfléchir en s'amusant, s'amuser n'est pas se perdre c'est parfois juste mettre un peu de ludique et de légèreté dans des choses très sérieuses!
- Le stress est devenu un commerce et un cercle vicieux; on fait des activités qui stressent et on en invente d'autres pour évacuer le stress. Au lieu d'anticiper et d'éviter le stress. C'est possible. et c'est toujours mieux de préparer que de réparer. La légèreté doit être une récompense, un cadeau, pas un cache-misère, un déguisement.
- Ce n'est pas si facile pour tous, et que parfois il faut une sacré dose de courage et de ténacité pour y arriver... La légèreté, ce n'est pas l'oubli de soi, la légèreté et la grâce ne peuvent être déguisements ni produites , elles arrivent quand on a atteint cet équilibre qui est une équation intime de chacun avec soi-même.
- Je comprends que certains puissent péter les plombs, se droguer, boire, fumer etc. Mais je soutiens que cela doit s'arrêter à la compréhension, sinon c'est avaliser la chose et la croire inévitable. c'est l'histoire des erreurs : on a droit à l'erreur ; il faut juste la nommer comme telle, et tenter de ne pas la rendre récurrente.
- Ce qui pouvait, selon moi, être valable avant 68 (pour faire vite) dans une société que l'on a connue conservatrice, oppressante et fermée ne se justifie pas aujourd'hui, dans une société ouverte et moderne et malheureusement parfois trop permissive.

dimanche 8 août 2010

Ma journée au parc des princes

Ils sont entrés dans ce monde avec l'avidité des gens pressés de tout expérimenter. Enfin, presque tout. Pas trop ce qui fiche les jetons, quand même. Pas trop les jetons, disons. Invisible barrière entre ce que l'on ose et ce que l'on n'ose pas tout à fait.
Le voyage en voiture vers le paradis du jour fut l'occasion d'ultimes répétitions, plan en main. Il est des sources intarissables. Manger la vie prend du sens. Elle s'abreuve de cette eau-là. Et justement : il a fait un temps magnifique.
Nous irons là, et puis là, et puis là aussi. Celle-là, tu connais ? C'est bien ? Celle-ci, elle fait peur ? L'adrénaline se déguste les yeux brillants. Europa Park nous voilà !

samedi 7 août 2010

Les fils rouges dans la tête

C'est toujours excitant et troublant à la fois, de reconnaitre ces moments où quel que soient le sujet évoqué, la situation rencontrée ou l'évènement invité, on y cherche un dénominateur commun. On croit que la Providence nous a présenté des déclencheurs d'idées à agglomérer ou des énigmes-invites à chercher du sens. A bien y réfléchir, c'est nous même qui avons tendance à faire coller l'idée-phare ou la question du moment, celle qui hante, qui travaille, à tout ce qui se présente.
On aimerait trouver le mot unique qui s'appliquerait à tout, l'aphorisme couteau suisse, la philosophie rassembleuse et universelle.
Comme le jour où on cherchait comment malgré les doutes, les souffrances, les montagnes russes et les déceptions, on pouvait se persuader que plus jamais on ne connaitrait la désespérance. On avait cherché du côté des forces originelles, des ressources qu'on avait mis en nous et on avait fini par dire "Quand on a eu de l'Amour et une Éducation, plus rien ne peut nous arriver"
Une autre fois, c'était à la souffrance qu'on avait réglé son compte en une phrase "La souffrance fait partie de la vie, il faut l'accepter" et déjà ça faisait moins mal.
De trucs en astuces, on a fini par classer, répertorier et avoir une boite à outils fournie et efficace.

Jours de fête

Le parc d'attractions est une étrange chose.
Du jeu en grand et en beau servi pour un plateau.
Pour les enfants.
Pour les vieux, c'est différent. On pense thunes, parce que ça coûte cher, ces endroits. On pense files d'attentes, parce qu'on va pas être tout seul à se rendre sur site. On pense ceci, cela. Moins drôle !
Je regardais mes enfants consulter le site internet de Europa Park, où nous nous rendons ce samedi, et voyant leurs yeux briller, voyant leurs plans sur la comète, je repensais... aux fêtes foraines de mon jeune temps.
Le gamin que j'étais n'a pas vraiment connu les parcs d'attraction. Trop vieux ;-) Son bonheur à lui, c'était la fête du village.Je l'attendais, celle-là !

vendredi 6 août 2010

Mots entrebus

Depuis quelques jours, Libération consacre sa page portrait à une série. Des femmes et des hommes estampillés "antidiktats" s'épanchent, ici contre le fait d'avoir des enfants, là pour leX4, plus loin pour la clope. C'est assez réjouissant. Ca tranche.
Un des portraits qui a retenu mon attention, c'est celui de Laurent Lèguevaque. On peut en prendre connaissance en cliquant ici.
Cet homme "leveur de coude" vient de publier une Lettre à son fils lui expliquant les excellentes raisons qu'il aura de boire.
Une démarche qui en amusera certains, en offusquera d'autres.

Sécurité : info ou manipulation ?

On est tenté par la colère, sur le coup.
A la fois l'étonnement, et le pas si étonné que ça. Bien possible que les gens pensent ainsi....
La France a peur et le dit dans un sondage publié aujourd'hui par le Figaro.
La France apprécierait les mesures sécuritaires annoncées par le gouvernement.
Moi, qui suis plutôt réservé face au sondage, je me demande juste si les résultats auraient été les mêmes en posant les questions autrement.
On imagine bien la scène.
Question 1. Bonjour monsieur, bonjour madame, je vous sonde, êtes vous très favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou très opposé à (etc). Euh, favorable.
Question 2. êtes vous très favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou très opposé à (etc). Euh, plutôt favorable.
Et ainsi de suite.
Si les choses avaient été présentées comme suit, ne croyez-vous pas que les résultats auraient été inversés ?
Êtes vous très très opposé, plutôt opposé, plutôt favorable, très favorable à (etc). Euh, plutôt opposé...

Mon mois de juillet

Dans le grand livre de l'été qui s'écrit chaque année, le passage de juillet à août me fait toujours penser à un grand chapitre qui se termine par un autre qui commence. C'est l'ensemble qui fera l'histoire. Voici en mode rétro les grandes lignes de ce premier chapitre.

jeudi 5 août 2010

L'autonomie, idéal occidental ?

Ca s'appelle la théorie de l'attachement.
Parents, éducateurs d'enfants, gens intéressés par les relations : ceci est pour vous !
La revue sciences humaines publie un texte sur le sujet. Pour en prendre connaissance, cliquer ici.
Et pour animer les commentaires, suggérer échange sur cette question, cette réponse que m'a adressé une collègue après que je lui aies transmis le doc :
Cet article est un bon résumé de ce que nous apporte cette théorie de l’attachement, son histoire déjà ancienne. Il a l’intérêt aussi de donner quelques critiques et limites. Nous sommes des êtres de relation et selon les psychanalystes notre histoire commencerait même déjà avant la naissance et ne serait pas que fait de ce qui s’observe en laboratoire.... La question de l’autonomie comme idéal n’est aussi qu’une caractéristique sociologique propre à notre époque et peut-être à notre culture occidentale.

Scanie, Suède, ça le fait !

Ô, ce sont deux exemples, deux petits exemples de rien du tout.
Mais ils en disent long, je trouve. Ils me plaisent bien, en tout cas.
Des sacs de couchage, la liberté de camper.
Une amie à nous est allée passer quelques jours de vacances en Suède. Dans une région où elle a pu se balader dans des forêts tranquilles. Qu'elle ne fut pas sa surprise d'apprendre qu'ici, on pouvait camper où on voulait "à condition de laisser l'endroit propre". Et qu'elle ne fut pas son étonnement lorsqu'elle aperçu une sorte de gîte. Ouvert, le gîte. Avec des sacs de couchage à l'intérieur. Au cas où des gens soient surpris par une averse, la nuit, le froid et puissent dormir.
Ca fait du bien, ces informations. Ca sent la confiance, la simplicité. Ca sent aussi le collectif qui prend soin de l'individu, et pour une fois, on se prend à imaginer un monde où l'individu ne serait pas toujours en train de niquer le collectif.
Cerise sur le gâteau : au fil de ses photos, la copine nous faisait un immense plaisir. La région où elle est allée, c'est la Scanie. Et c'est en Scanie que se déroulent les aventures de Kurt Wallander, héros des polars de Hennig Mankell. Un rêve de voir à quoi ça pourrait ressembler "pour de vrai" réalisé !
Mon idée d'aller là-bas en camping car a pris de l'épaisseur. Me reste plus qu'à trouver le camping car :-)

L'homme qui voulait vivre sa vie

Dans la série voilà un bouquin qui m'a scotché, je vous cite celui-ci : L'homme qui voulait vivre sa vie. C'est signé Douglas Kennedy.
C'est le genre de roman qui vous transporte, le genre d'écrivain qui vous embarque.
Et c'est bon de se laisser prendre la main et d'être conduit, y compris dans des contrées que de prime abord, vous n'auriez pas arpenté.

mercredi 4 août 2010

Laurence et Lydia

Elle s'appelle Laurence. Mais se fait appeler Lydia. C'est comme ça qu'elle l'a dit "Je m'appelle Laurence, mais je me fais appeler Lydia" Alors, appelons-la Laurence.
C'est sur une plage, comme en consultation, qu'elle livra sa vie sans qu'on ne lui demande rien. Elle n'était pas heureuse. Elle n'avait pas fait l'amour depuis deux ans, n'avait sans doute jamais connu l'orgasme, enfin, n'en était pas sûre.
C'était le père qui s'était chargé, quelques décennies plus tôt, de casser le ressort, d'essorer l'enfance, de couper les ailes, d'éteindre les envies. Les filles, ça file droit et ça fait. Ça ne cause pas et ça pense pas. Si on ne les étouffe pas à la naissance, c'est seulement parce que ça peut servir. Servir le père et servir la demi-douzaine de frangins. La mère est muette ou le fait croire. En tous cas, elle ne bronche pas.
Et, plus tard, c'est le mari qui paya.
Le mari, aux dires de la dame, la délaissait, préférait son vélo et son ordinateur. C'était fini. Elle était invisible.
Laurence était donc victime. Du début à la fin.

Un peu facile, Madame.
Deux heures plus tard, la baigneuse allait mieux. Épaules remontées, elle reprenait confiance. Le changement était bien engagé.
Deux jours plus tard, les échanges furent plus précis et après la phase réconfort, il convenait d'entrer dans l'analyse.
Et, comme souvent, les oreilles des Laurence se font sourdes à ce stade. Trouver des raisons à l'attitude du père, se demander si le mari ne pouvait revendiquer sa part de victimisation ou expliquer que ses propres comportements pouvaient être à l'origine de la situation actuelle, tout cela était irrecevable.
Seuls importaient les compliments, ceux qui faisaient redresser les épaules.

Et ce qui aurait pu être un nouveau départ prenait les contours d'un nouveau cauchemar.
On lui avait rechargé les batteries et cela lui suffisait. Travailler sur la structure, sur le durable, c'était trop difficile. Alors, Laurence s'emballa. Page blanche. Elle crut au Père Noël.
Erreur fatale. Le futile n'accouche que de la récurrence et la chute n'est que plus terrible.

Aux abords de la même plage, l'été bien engagé, on revit passer une Laurence qui ressemblait plus à une Lydia. Faussement affirmée, elle cheminait robe légère et provocante, maquillage extravagant, cigarette de néo-fumeuse, elle était sur la pente de la décadence et se croyait dans l'ascension.
Inutile de le lui dire, elle vous prendrait pour son geôlier, pour son fossoyeur.

Un travail thérapeutique superficiel ou inachevé est pire que pas de travail du tout.

Le vert progresse

Une info en passant, lue dans La Croix (tout l'article est là) : Le secteur de l’environnement a peu connu la crise. Selon le rapport de la commission des comptes et de l’économie de l’environnement sur l’année 2008 que vient de publier le ministère de l’écologie, le volume des dépenses liées aux activités de protection de l’environnement a représenté 44 milliards d’euros en 2008. Ces dépenses ont été prises en charge à 37 % par les entreprises, à 36 % par les administrations publiques et à 27 % par les ménages. L'impression que tout le monde s'y met.
Protection de l'air, lutte contre le bruit, gestion des déchets, biodiversité sont concernés. Côté emplois, ils sont au nombre de 405 000. Les offres d’emploi ont augmenté en moyenne de 12,8 % par an en dix ans. C'est en priorité dans le secteurs des eaux usées et des déchets que ça se passe, puis dans celui des énergies renouvelables (50 400 emplois). Arrivent enfin les secteurs de la rénovation et de l’isolation thermique des bâtiments et des nombreuses nouvelles filières de recyclage des déchets.

La bouffe à fond les gamelles

Longtemps, je n'en ai rien eu à battre. Je militais, même. Ils inventeraient une pilule qui permettrait de bouffer, je la prendrais ! aimais-je dire. J'avais tellement l'impression de perdre mon temps dans ces repas, qu'ils soient ou non à rallonge, ou non à plusieurs, que j'étais quasi devenu anti-bouffe. J'avais tendance de toutes façons à bouffer n'importe quoi n'importe quand. Je faisais régulièrement mon difficile, n'étant pas un aventurier du palais. J'aime avancer en terrain connu.
Cependant, j'ai toujours aimé les "bouffes" entre amis, en famille. Celles avec plusieurs convives, quoi. Longtemps, je ne me suis pas soucié du contenu de l'assiette. Je m'en battais l'aile. Voire c'était le côté chiant du truc. Pour moi, l'heure était à la parole échangée, aux regards connivents, aux explications, aux éclats de rires. De l'humanité en table. On fait le monde, on refait le monde, on se touche des yeux, on se partage ce qu'on est, on se donne, on se prend. On est ensemble. On est réunis.
Ces dernières années, j'ai commencé à évoluer sur mes bases, notant que le contenu de l'assiette avait lui aussi son importance. Observant qu'il fait causer, et de plus en plus. Qualité des produits, provenance des denrées, idées de recettes, propositions de métissages, plaisirs pris, on parle même jardin, des fois. Et confitures. Et bocaux.
Tout cela a à voir avec la convivialité. Et tout cela permet aussi à chacun de se dire, finalement. Un peu comme une personne, passionnée d'oenologie, se révélerait en parlant du breuvage. Un peu comme en racontant ses goûts musicaux, cinématographiques ou littéraires, on parle de soi.
La "bouffe" est un sujet à la mode. Je pense qu'il est mieux qu'une tendance. Car il est un état d'esprit. On y dit quoi, si l'on tend l'oreille ? On dit la vie, on dit la santé, on dit la créativité, on dit le refus d'une société du plastique et du yaourt qui fait 6 000 kilomètres, on dit la solidarité, on dit le moment présent, on dit la curiosité, on dit la passion, on dit le temps de vivre, on dit le naturel de préférence au chimique, on dit le corps et la beauté, on dit sa culture, son origine, ses envies.
Longtemps, cela m'a gavé tout cela. J'y puise de plus en plus satisfaction.
Mieux : on peut aussi beaucoup partager en préparant à plusieurs les plats. Les séances de pluches valent leur pesant d'humanité.

mardi 3 août 2010

La route ça rapporte

Un article intéressant sur Rue 89. Il est consacré aux autoroutes. Et au projet d'en construire de nouveaux (19 projets et près de 900 bornes en plus, ça va pas arranger les choses du côté des quatre roues et notamment des camions). Une décision prise par nos gouvernants qui n'a pas manqué de m'étonner alors qu'on préconise de moins se cogner la bagnole en ces temps de Grenelle et de "développement durable".
La décision, qui vise à se cogner encore plus de rubans bitumeux, semblait d'autant plus décalée que la France est, paraît-il, déjà suréquipée en la matière de route avec, ai-je appris, 11 042 kilomètres d'autoroutes, 20 000 kilomètres de nationales, 377 984 kilomètres de départementales et 630 000 kilomètres de routes communales et de rues.
L'explication avancée à ce "projet" serait simple, selon le site internet : les sociétés qui gèrent les autoroutes vont pouvoir augmenter leurs bénéficies, qui se chiffrent en millions d'euros. Ces sociétés n'investissent pas dans les infrastructures. Elles gèrent le "fonctionnement".
Tout savoir en cliquant là.

lundi 2 août 2010

L'énergie de l'océan

C'est une question que je me posais en regarder la mer se fracasser contre les rochers. Pas moyen d'utiliser cette force ?
L'écume tonique, la vague tonitruante, les gerbes d'eau généreuses. Purée, quelle énergie !
Avec les moyens techniques dont on dispose, et un peu de bon sens, on doit bien réussir à en faire quelque chose, je me disais. Sans savoir qu'au Danemark, on a déjà bien avancé sur la question. Sans savoir qu'en France, on pensait bien sûr à tout cela mais avec scepticisme.
En ces temps où les matières premières fossiles nous demandent de la créativité énergétique, histoire de revenir à des fondamentaux qui nous rappellent que le soleil et le vent sont nos amis et que nous ferions bien de nous souvenir de leur vitalité à durée indéterminée, l'énergie de l'océan vaut sans doute son pesant d'autonomie. Des éoliennes de mer, certes. Mais aussi sous marines. Ca turbine là-dedans !
Un article intéressant à lire ici si le sujet vous intéresse.

De la pierre et du vert

Ils ont pris un énième départ et on a envie de leur claquer une bise sur le bec.
Ils ont tout remis en chantier et, ensemble, se sont engagés dans un nouveau projet. Une nouvelle existence. Ils ont deux enfants. Le "grand" vient d'accéder à la majorité. La petite a réussi sa première année de collège.
Le padré a "profité" de" la conjoncture pour soulager son employeur et négocier un licenciement. Se soulager en passant et enfiler un troisième ou quatrième costume professionnel. Il était allé au bout d'un chemin.
Il a ensuite mis un profit la période "chômée" pour ne pas chômer, justement, mais pour organiser le projet. Lui donner corps, forme, assise.
D'un côté le volet social, tout à créer, plein d'informations à collecter, des agréments à obtenir.
De l'autre côté l'immobilier, les travaux, les banques. Le projet s'articule, s'appuie sur une maison.
De la pierre et du vert.
La madré aussi a "profité" de la conjoncture pour en finir avec les deux ou trois contrats à durée déterminée qui lui faisaient temps plein et centaines de kilomètres en voiture. Elle s'est résolument engagée dans l'aventure, leur énième aventure professionnelle, peut-être celle de l'aboutissement.
Ils ont beaucoup cogité. Ils ont mis en place. Ils ont créé ce que l'on appelle un "lieu de vie".
C'est là que des familles accueillent un, deux, trois, quatre jeunes "protégés" par la société, manière de dire qu'ils ne le sont pas par leurs géniteurs.
Elles essaient non de réparer ce que la "vie" a cabossé, voire cassé, mais d'apporter d'autres repères à ces jeunes qui en sont dépourvus.
Samedi, L... est arrivé. 9 ans.
Il a désormais un toit, un environnement, des "conditions de vie" qui, la possibilité de vivre avec des adultes et d'autres enfants "différemment". Souhaitons-lui une jolie rampe de lancement.
De la pierre. Et du vert. Une assise. De l'espérance.

dimanche 1 août 2010

La revanche des humbles ?

Qu'elle fait plaisir cette équipe de France d'athlétisme !
Pas seulement pour ses résultats en ces championnats d'Europe de Barcelone, mais surtout pour cette fraicheur et cette modestie qui nous fait rêver à des temps qui auraient changé.
Ne retenons pas la comparaison et la proximité avec nos bleus footballeurs, ce serait trop facile et caricatural.
Demandons-nous si, ENFIN, ce ne serait pas l'heure de la récompense pour les humbles et les travailleurs.
Ne citons que Myriam Soumaré. L'avez-vous vu, sentie, ressentie ? Toute entière à sa joie et à sa performance. Toute d'humanité faite. Nous nous roulions par terre avec elle, chantions la Marseillaise à nous foutre la chair de poule, traversions les couloirs de ses pensées et la simplicité de son cœur.
Je m'emballe ? Je m'envole ? Peut-être. Mais ce moment-là était de la Fraternité pure.
C'est beau.
Pas le genre à sautiller pour mettre un sponsor dans l'écran de télé. Pas le genre à jouer les stars la puéricultrice de Sarcelles. Quel contraste avec la cohorte des prétentieux dans ce sport ou dans un autre !

La revanche des humbles ? Souhaitons-le. Qu'on comprenne enfin que la foi et le travail, ça paye. Qu'on comprenne enfin qu'il faut aider à la confiance plutôt qu'à la hargne, au dépassement de soi plutôt qu'à l'écrasement de l'autre. Qu'on comprenne enfin que la générosité nous grandit.
Au diable le vernis et les apparences, le bling-bling et les postures, les euphories temporaires et déguisements de circonstance.
Du fond, du long terme, de la générosité et de la fraternité. (Méfions-nous des fraternités royalement et prétentieusement clamées tout de même. La discrétion en ce domaine aussi est de rigueur).

La joie d'un sportif qui voit en 20 secondes, en un saut, en un lancer la récompense de tant d'heures de travail est incomparable.
(Toutes proportions gardées, je sais, que même si je courais un jour 100 marathons, rien ne me donnera dans cette épreuve, la satisfaction du franchissement de la ligne d'arrivée du premier)

J'ajoute, pour me faire croire que peut-être l'heure est venue, que, dans les susdits championnats, quelques prétentieux ont raté leurs coups. Et bien.
Si ça c'est pas une preuve !

Mystère infernal

Cette femme, les corps de huit enfants...
Je ne sais pas si ce qui me terrifie le plus, dans ces "affaires", avec cette curieuse sensation qu'elles se multiplient (mais peut-être qu'on les sait davantage), c'est la capacité à cacher des grossesses et à tuer ensuite les nouveaux nés ou si c'est l'absence totale de prise de conscience des drames qui se "nouent", la violence "psychologique" qui se drape.
Parce que quand même, pour donner la mort a autant d'enfants, il faut au préalable avoir donné la vie, et encore au préalable, être tombée enceinte.Quelque chose de glacial.
Peut-être aussi parce que je ne peux m'empêcher de me dire qu'ailleurs, à cet instant, d'autres familles vivent sans le savoir ces horreurs. Que d'autres enfants. Que d'autres jardins et d'autres congélateurs.
On peut lire une tentative de décryptage ici.

C'est dimanche, à table !

La vie à deux, ce ne sont pas des déclarations fracassantes mais des mini-choses, des attentions portées à l'autre. La cuisine est une des choses les plus fortes qui soient car c'est autour d'elle qu'on se rencontre. Et puis, manger ou préparer un repas, c'est célébrer la création. C'est prendre un aliment, le préparer, le présenter d'une certaine façon et ainsi lui donner un statut, une âme.


Ici, le propos est religieux au sens d'ôter les aspérités - tout ce qui fait peur, menace, rend malade - afin qu'on se sente bien et que l'on puisse reprendre le contrôle de sa vie à travers un bien essentiel : l'alimentation.

Les sociétés sont régies par le principe du damier. Les lois ne sont pas les mêmes dans les cases blanches que dans les cases noires. Dans ces dernières, vous pouvez toujours hurler, on ne vous entend jamais.


Les barbares ne vivent qu'avec les vivants. Les gens civilisés vivent avec les morts, à condition que ceux-ci puissent vivre. Quand je cite tel ou tel auteur, à ma manière, je les fais vivre ; je suis leur porte-parole.

Jean-Philippe Derenne, médecin passionné de nutrition. Extraits de "Le goût des autres", 
une interview parue dans Le Monde du 30 juillet.
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