vendredi 2 décembre 2011
Solange
vendredi 26 août 2011
C’est encore le mois d’août
Ils sont reposés, l’habit est décontracté, chacun semble encore dans ses rêves de la nuit passée. Le silence n’est pas rompu par des voitures qui doivent être ailleurs sur les routes de France.
Je fais quelques pas et malgré moi pose mes pas sur la piste cyclable. Gring gring , juste le temps de me pousser pour voir passer - le mollet alerte- une silhouette connue. Monsieur le Maire est déjà loin…. Tiens, la fille sans bas nylon traverse la route, le bus ne devrait pas tarder.
Un coup d’œil sur les panneaux « déco » me confirment que ce temps hors du temps ne va pas durer : « C’est la rentrée » est-il écrit sur la publicité !
Sans doute mais ici, nous n’en aurons que lundi le ressenti
Voilà, quelques minutes ont suffit pour passer de Cagnes aux portes de Nice par l’ex nationale 7. Confortablement assis, j’ai rédigé sur un post-it ces quelques lignes et en ai oublié mon livre de poche. Bachelard attendra ce soir pour me livrer quelques secrets de sa philosophie et je peux profiter d’ "eau et de rêves" ,encore un peu en traversant le Var.
J’ai le temps, même les débriefes du matin sont décalés….
C’est encore, pour peu de temps le mois d’août dans la ville.
jeudi 14 juillet 2011
Elles étaient de ces femmes...
mardi 28 juin 2011
PASSAGE PROTÉGÉ

Ils ont.. oh, bien plus que moi, bien plus que vous, bien plus que 80 ans et sont toujours là. Lui c'est Claude, elle c'est ...elle... Je réalise que je ne connais pas son prénom.
Ils habitent leur 3 pièces coquet dans un immeubles des années 70.
Le matin, ils peuvent accueillir le soleil qui se lève sur la mer, et vérifier la ponctualité des trains. Ce n'est pas au choix, c'est un package : vue mer + vue rails.
La mer, ils l'apprécient même si la tente jaune est souvent baissée à l'arrivée des beaux jours.
Vue du haut, on la devine un peu usée, passée, mais toujours prête à protéger des rayons et de la chaleur quand ces derniers entrent de plein fouet dans leur chez eux rustique aux pièces un peu petites.
Petites mais c'est suffisant quand on à cet âge.
Jadis il y eut un chien qui habitait ce premier étage.
A l'heure où les films se finissaient, à l'heure ou j'allais récupérer mon linge dans le sèche linge, je voyais Claude sortir le toutou et rejoindre ses copains, ceux à qui la corvée du pipi incombait. J'imagine que Madame, elle, se préparait à se mettre au lit. Nous les femmes nous sommes toujours plus longues, le cérémonial du coucher prend toujours beaucoup plus de temps, alors Madame prenait de l'avance, pour que l'arrivée soit synchro...
Dès le printemps, si vous vous premeniez du côté du port, à coup sur vous croisiez Claude et sa dame entrain de siroter un verre à l'ombre d'un parasol. Lui un peu rustre, elle le "Bonjour Madame" toujours poli, souriant.
Il y eut bien des fois ou je me suis dit en rencontrant Claude, l'air renfrogné et le bonjour du bout des lèvres "Il a encore apprécié la crise de la petite... On a quand même la chance d'avoir des voisins sympas".
Claude, un brin sourdingue, vint pourtant un lendemain de fête s'excuser d'avoir frappé au plafond pour nous faire taire.. Il avait été excédé.
Pour le coup, c'est nous qui avions été sourds. Ses coups de balais, jamais nous ne les avons entendus.. pourtant il était tout penaud..et c'est en grand Prince, que d'un geste de la main, mon homme lui fit comprendre qu'on ne lui en tiendrait pas rigueur "Va je ne te hais point..."
Sale jeunes que nous étions.
Au 1er étage, ils prenaient toujours l'ascenseur mais quand nous arrivions ensemble devant la porte de l'élévateur, Madame me disait "Allez y, vous êtes chargée, et puis vous êtes au deuxième, et puis on a tout notre temps, on est à la retraite..".
Sa voix a lui est bourrue, sa voix à elle est chevrotante... Sous ses rides fines de peau très pale, on devine une beauté jadis bien réelle.
Sa carrure à lui est athlétique, tandis qu'elle est petite et menue, toujours bien mise, joliment coiffée....
Mais tout ça c'était avant, avant qu'un beau jour, ils décident de traverser sur un passage protégé, ce même jour où un motard semble pressé et oublie que comme son nom l'indique, les traits blancs sur la route sont là pour protéger le piéton.
C'est Claude qui va tout prendre pour protéger sa dame... Elle, ne serait plus là si...
Les semaines de convalescence succèdent aux jours interminables d'hôpital.
Madame prend toujours l'ascenseur, mais seule. Le chien n'est plus là. Son sourire est déjà moins flagrant. Sa voix est moins enjouée et sans doute plus chevrotante. Encore plus.
Et puis Claude rentre un beau jour. Claude est l'ombre de lui même. Cet ancien prof de sport est décharné, maigre. La canne prend la relève du déambulateur . Il se renfrogne de plus en plus. Lui arracher un sourire, est devenu mission impossible. La TV est de plus en plus forte et de plus en plus allumée. Du matin au soir.
La sortie journalière s'est considérablement raccourcie. Dans le meilleur des cas, c'est la place, quand ce n'est pas un tour sur le parking.. "Par ce que le docteur a dit qu'il fallait marcher".
Depuis la mort de la centenaire, ils sont sans conteste les plus vieux de l'immeuble.
A l'époque, les croiser dans les escaliers ou dans l'entrée, c'était prendre le risque de s'entendre dire "Ah, la petite elle n'était pas contente ce matin"...Honteux, juste un oui inaudible la tête baissée, c'était notre réponse... depuis l'accident, c'est l'angoisse de le voir dépérir un peu plus chaque jour.
Comme un malheur n'arrive jamais seul, l'autre jour c'est Madame qui est partie en ambulance. Claude est resté seul, puis son fils de 60 ans passé, vieux garçon gendarme (de cause à effet?) est venu passer du temps avec son père.
Oh, c'est rien des problèmes de vieux, la santé qui fout le camp....Ca c'est ce que Claude dit. C'est une tumeur au cerveau, ça c'est ce qu'en disent les médecins, et le fils.
Mais il vaut mieux que Claude l'ignore. Ca n'arrangerait pas les choses.
La télé hurle toujours, mais plus d'éclats de voix, ils ne s'engueulent plus. Avec qui voudriez vous qu'il s'engueule ce pauvre Claude, avec son fils?
Et puis ce soir, il est 18h30, le linge m'attend dans la machine, il attend le transfère vers le sèche linge. Je me penche au balcon et je vois sa grand silhouette toute voûtée, sa casquette sur la tête. D'une main il tient sa canne, de l'autre.. ça ressemble à une housse de boules de pétanques... Mais je doute... pourtant.
Soudain j'entends cette voix chevrotante, familière "Allez, profite...".
Ca vient de dessous. Il se tourne et me regarde. Son regard est dur, presque accusateur. ET puis "ouh ouh, là, c'est moi.. allez, profite bien, amuse toi et ne t'inquiète pas, je vais bien".
Son regard ne s'est pas adouci, mais il l'a a du la voir, celle qui vient de lui parler. Il tourne les épaules et reprend son chemin. Il semble si vulnérable à présent.
J'ai un noeud dans la gorge.
Elle est rentrée, mais pour combien de temps?
Claude semble vraiment très fatigué.
Sa voix a elle est calme et rassurante, à la façon d'une mère qui parlerait à son enfant.
Son pas à lui est hésitant, mal assuré... Il s'éloigne. Je le vois disparaître à travers les feuillages des arbres touffus du boulevard.
Toute une vie à partager, à s'aimer, à se querelle, à vivre quoi! Et arriver comme ça, sur la fin.. à devoir se cacher des choses, pour tenir, pour protéger.
Une vie qui bascule, sur un passage protégé.. qu'elle ironie ......et c'est le début de la fin....
mercredi 20 avril 2011
La dame aux Haribo
vendredi 25 mars 2011
La fille aux bas-crayon

Elle pouvait pas attendre le bus ailleurs celle-là ? La voilà à me narguer sans me faire face. Je sens bien qu'elle prend plaisir à me montrer ses jambes de dos. Je vois bien qu'elle se moque de mes quatre-vingt-dix berges. Oh, elle n'a rien inventé avec ses coutures pour flatter ses gambettes. J'ai eu les mêmes moi aussi. Mais bien moins cher, ma p'tite. Un coup de crayon de haut en bas et l'effet était le même, le plaisir du stratagème en plus.
Aujourd'hui, ses jambes à elle sont plus proches de mes béquilles que de mes boursouflures et vergetures. "Le temps efface tout" me disait ma mère. Tu parles ! Des belles conneries tout ça, oui. Mais, j'ai encore ma tête et c'est pas une pimbèche à l'imper court qui va m'impressionner.
N'empêche, elle me fout en rogne à réveiller le passé.
C'était la Marcelle qui me dessinait les traits au crayon épais. Elle était douée. Toujours droit et sans jamais me chatouiller. Du coup, c'est moi qui récoltais les fruits de son talent. Mais c'est du malheur qu'elle me dessinait.
Klaus craqua vite sur les faux-bas jamais filés. Et la Marguerite ne se fit pas prier pour se laisser effeuiller. Aujourd'hui, je ne suis qu'une vieille tige fanée qui attend le bus pour l'hôpital, mais, à l'époque, j'en ai fait tourner des képis et celui de Klaus était le plus raffiné de tous. Foutue vie ! Et si j'attendais plutôt le bus du cimetière ? Aller simple et plus de souvenirs à vous rebouffer les intestins du cerveau.
Ces bas-crayon m'ont fait plus de mal que de bien. Madame Klaus et le débarquement des alliés eurent raison de mes plaisirs furtifs et coupables. Je me retrouvai un matin ensoleillé, Place des Victoires sur une chaise de paille, honteuse, vaincue, et rasée. La foule criait de joie au sacrifice. Les moutons se vengeaient, c'était leur tour de tondre. Quelques crachats plus tard, je tombai au sol, prise d'un dégoût des humains, définitif.
Je sus le lendemain, que j'étais grosse d'une petite batârde que j'élevai sans aimer. Jamais. Elle partit le jour de ses 21 ans vers un ailleurs et elle eut bien raison. J'étais horrible.
Alors c'est pas cette garce à talons hauts qui va m'amadouer, je suis une teigne et je le resterai. Ca se trouve, c'est ma petite fille cette grue. Ferait mieux de s'habiller autrement si elle veut pas qu'un beau salopard lui foute sa vie en l'air en pas plus de temps que celui d'une galipette.
Fait chier la vie ! Ah si j'avais pu gommer le coup de crayon de la Marcelle ! Mais, impossible, c'est la mort qui efface tout, j'vous l'dis moi. Y'a qu'à attendre ; ça vient pas toujours vite, mais ça viendra. Pendant ce temps-là, faudra se farcir des laboureuses de poisse qui attendent le bus en vous tournant le dos. Un petit coup de volant vers le trottoir, ce serait beaucoup vous demander, Monsieur le chauffeur ?
(Photo d'illustration : Louis-Paul Fallot)
jeudi 10 mars 2011
A vos ordres ! La dictature de l'excellence.
Comme souvent, Madame a eu le dernier mot. C'est bien connu et mal admis par la gente masculine. Dans son fort intérieur l'homme sait que Madame dispose, décide, choisit et oriente la vie de la maisonnée. Mais attention entre mâles, on n'en pipe mot. Faut pas déconner quand même ! Combien d'hommes ayant épousé une autre femme que la leur, auraient eue une vie radicalement différente de leur vie actuelle. Combien auraient été bourreaux de travail et sont fonctionnaires pépères, combien auraient eu un chien et ont 4 enfants, combien iraient aux sports d'hiver et vont à la mer, combien auraient une grosse Mercedes et ont un monospace, combien ne prendraient pas de vacances et y sont contraints, combien se la joueraient routards et baroudent dans leur salon.
lundi 7 février 2011
Mémoire
Des miettes qui jonchent son sol, dont on ne sait pas toujours que faire, dont on s'accommode parfois, et qui curieusement résistent avec force à l'aspirateur.
On ne les voit pas.
D'autres fois, elles sont incrustées dans le parquet.
Elles sont là.
dimanche 2 janvier 2011
Le billet de 18 h 20
J'aimerais d'abord l'adresser à mes proches, leur dire combien je les aime, leur dire comme je suis conscient, souvent, de ne pas assez le dire et de ne pas suffisamment le montrer. Qu'ils sachent que je travaille pour briser autant que faire se peut l'armure, car il est des armures, ce n'est pas parce qu'on les porte qu'on les aime. Qu'on les revendique. Il est des habits dont on met plus de temps que prévu à se débarrasser. Je m'y emploie, je vous le promets.
J'aimerais ensuite adresser cette lettre à vous, internautes qui passez par là, habitués ou simplement de passage. Pour vous remercier, d'abord. Mais aussi pour vous enguirlander un tantinet. Vous remercier de passer, de vous arrêter, de relayer. Ce n'est pas évident tellement le flux de sollicitations sur le net ne rend pas toujours navigable le surf. Vous enguirlander, aussi, de ne pas toujours suffisamment oser l'expression.
On n'a pas toujours des choses à dire, c'est clair. Mais on n'ose pas toujours s'exprimer, et ça, c'est dommage. Moins bien. Moins satisfaisant. Essayez, doucement, d'abord, avec plus d'assurance, ensuite. Vous verrez. Ca ne fait pas mal et c'est bon de partager, de donner de soi, d'en prendre le risque.
Je fais le pari que dans votre vie de tous les jours, ça vous aidera aussi.
J'aimerais également adresser une partie de cette lettre à toutes celles et ceux qui ne sont pas bien dans leurs vies. J'en connais. J'imagine qu'il en est d'autres. Ô, je ne vous ferai pas de discours. Je ne vous engagerai pas à utiliser telle ou telle recette. Non. Je voudrais simplement vous encourager. Vous proposer d'entendre aussi les petites voix qui vous font rêver, pleurer, rire, vibrer. Vous dire que vous n'êtes pas seuls. Vous dire que ce n'est pas forcément fatalité, cette vie-là. Des choses peuvent bouger, ce sera sans doute moins difficile que ce que vous croyez, il vous faudra juste vous en convaincre, vous, d'abord. Le reste suivra, je vous en fiche mon billet. Je sais que vous êtes nombreux à ne pas toujours pouvoir accepter les choses telles qu'elles sont, et je ne vous donnerai pas tort, parce qu'entre deux, c'est sûr, on préfère e qui est moins laid, moins rude, moins souffrant. Mais si en terme de fonctionnement, cela peut avoir son sens et même son utilité, en terme d'investissement, ce n'est pas forcément de bonne augure.Pensez-y, un peu.
J'aimerais enfin adresser cette lettre à ceux qui, à des degrés divers, sont censés diriger. Des pays, des ministères, des collectivités, des entreprises, des associations. Ainsi qu'à ceux qui sont censés informer. J'écris censés parce que c'est souvent assez insensé, ce que vous donnez à voir, à entendre, à comprendre. Je me permets juste un conseil, ce n'est pas grand chose, vous verrez :
Gens de pouvoir, pouvez ! Gens de médias, médiatisez !
Mais de grâce, de grâce, arrêtez de vous penser au-dessus, arrêtez, aussi, de fuir vos responsabilités, arrêtez de penser à vous d'abord. Vous ne nous ferez jamais croire que le votre monde est le monde, que votre réalité est la réalité. Pensez peut-être un plus à demain comme une chance, aux femmes et aux hommes comme des richesses, aux jeunes, aux anciens, aux différents comme des cadeaux. Pensez aussi davantage à la nature non comme une matière qu'on adapte à nos désirs mais comme une amie à qui l'on doit liberté, égalité, fraternité. Ce n'est pas politesse, que je vous demande là, que je nous demande là, mais intelligence, bon sens.
lundi 13 décembre 2010
Un bon plan
C'est du moins ce qui vint à l'esprit de François lorsqu'il se pencha pour le ramasser. Il lui tendit l'imprimé et répondit à son sourire avant de reprendre son chemin. Un millième de seconde de remords lui fit tourner la tête en arrière. Il n'aurait pas aimé que son attitude sérieuse et détachée passât pour de la goujaterie.
Mais, ce fut le quart de tour de trop.
Le soleil en profita pour éclairer le visage de la dame au moment où les rondes et hautes pommettes trahissaient l'émotion. La parole vint au secours et marmonna un charmant Merci au r effacé.
C'était fini. Le François était pris au piège. Le Français s'éprit de la belle Anglaise.
Il leur fallu combler ce silence épais, gênant et explicite. Il proposa de l'aide. Et le plan touristique devint rendez-vous des yeux. Comme toutes les femmes, elle tourna le plan pour l'orienter dans le sens de la géographie. C'est pas gagné pensa-t-il, c'est international ce truc !
Il baragouina quelques mots scolaires et n'alla pas plus loin que church, way, town et street. Sa maladresse était palpable et peut-être séduisante. Devoir accompli et chamade enfouie, François salua et se promit de filer droit.
Au feu, le petit bonhomme rouge c'était lui, bouillant, figé, tendu. Mais avant qu'il ne devienne vert, il entendit dans son dos, My name is Diana.
Foutu ! Il était foutu.
Obligé d'en voir plus, d'en savoir plus, il détailla la touriste comme on caresse un coucher de soleil, lentement, délicatement. La trentaine avancée, un mufle aurait dit qu'elle était mignonne. La vérité dit qu'elle est très, très belle. La simplicité structurelle et la beauté définitive ne faisaient qu'une ; une puissance que seuls les cœurs purs décèlent. Les autres passent et n'entendent que ce qui sonne creux.
La princesse n'était pas un hasard mais le cadeau de sa vie, sa recherche du Graal s'arrêtait là, sur un trottoir, devant une église. C'est un bon plan pensa-t-il en baissant la tête sur les mains qui tenaient toujours l'objet. Alors, il décida de se rendre. Il lui prit la main sans la lui demander. C'était son jour de naissance.
Un pas sur le passage protégé alors que le petit bonhomme était redevenu rouge valut à François une mort soudaine et heureuse. Les roues du car de touristes britanniques imprimèrent sans effort une histoire d'amour éphémère sur un bitume clouté, place de l'Île-de-Beauté.
L’Anglaise garda sa main dans la sienne quelques secondes, puis décida de prendre le large et le deuil.
lundi 1 novembre 2010
Le nouveau continent
30 ans d'une vie, et puis après-demain qui viendra au petit matin enclencher 30 ans d'une autre vie, peut-être 40 ans, même, qui sait. Après-demain, il en aura terminé et autre chose pourra commencer.
Il dit ne pas s'inquiéter. Il a envie de s'intéresser à tellement de choses !
Il dit vouloir prendre son temps et l'on sent bien que ce temps, ce temps qu'il va pouvoir prendre, ce temps qu'il va pouvoir posséder, croit-il, c'est le luxe qu'il s'offre. Le cadeau qu'il se fait.
Après demain, il met le cap sur un nouvel océan, vers un nouveau continent. Son nom : possible.
Cela fait quelques semaines maintenant qu'il se vautre dans les mille et un sens du mot possible. Il en fait récitation. Ripaille. Les yeux rient. Les dents claquent. Les mains massent. Les pieds piaffent.
Possible : Qui remplit les conditions nécessaires pour être, exister, se produire sans que cela implique une réalisation effective ou que l'on sache si cette réalisation a été, est ou sera effective.
Possible : Qui peut être, exister, se produire; faisable, réalisable. Que l'on peut faire, exécuter, réaliser. Qui répond à ce que l'on en attend; qui est acceptable, convenable, supportable.
Possible : qui existe en puissance; potentiel, virtuel. Qui a quelques chances de se produire ou de se faire sans que l'on sache si et quand cela se produira ou se fera. Qui a des chances d'être ou de devenir tel.
Choses possibles; potentialités, virtualités. Ce qui a quelques chances d'être ou de se produire sans que l'on ait de certitude à ce sujet.
Il se délecte. Il imagine la plume qui voletille dans les airs et qui prend son temps avant de s'installer sur le sol. Il la voit aller de gauche et de droite, en douceur. Il n'est pas sûr qu'elle tombe, d'ailleurs. Elle vole.
Il l'a longtemps aimé ce mot, possible. Il en a fait son quotidien, son continent, son carrefour, son champion. Voilà que après-demain, il sera son avenir. A écrire. En toutes lettres. Enfin ?
samedi 30 octobre 2010
Les doigts d'Amandine
vendredi 29 octobre 2010
La nappe collait aux poignets
Je ne sais pas combien de temps s'est éclipsé de la sorte, ni comment je me suis retrouvé le nez dehors, à inspirer le léger vent que chatouillait un coin de soleil fugace. Chambranle.
L'air était frais. L'air était sec.
Je me suis ébouriffé des épaules aux pieds et c'est sans doute ce jour-là, à ce moment là, que j'ai recommencé à respirer de l'avant.
Ô, je ne me la raconte pas, la suite me le confirmera au centuple : on ne quitte pas l'horreur à la manière dont on se prend un coup de pied au pantalon, où l'on vide cul sec un verre d'alcool fort, où l'on chasse le moustique indigent qui vous empêche de dormir. Non, bien sûr, ce n'est pas comme cela que ça fonctionne et je ne peux pas dire que l'horreur n'est pas revenu, par la suite. Au contraire.
Martine avait salement déconné. Partout, je lisais l'incompréhension. Dans les journaux, dans les regards des gens, au tribunal, dans la rue, en voiture, devant mon miroir. Plusieurs fois j'ai eu envie de me taillader la peau avec ce rasoir, de rougir la mousse.
Lorsqu'elle est partie de la maison, lorsque je suis allé dehors, j'ai compris. La vie continue. Terriblement. Tout simplement. Toujours.
Source d'inspiration
Un article du Monde, intitulé La vie retrouvée des Courjault. Anecdote stupéfiante. Un matin de novembre 2006 – quatre mois après sa découverte deux cadavres de bébés dans le congélateur de son appartement à Séoul, un mois après que son épouse Véronique eut avoué les infanticides de ces enfants nés en 2002 et 2003 en Corée, ainsi que celui d'un nouveau-né mis au monde clandestinement en 1999 en France – une jeune femme vient frapper à la porte de la maison où Jean-Louis Courjault est revenu vivre, dans le village de Souvigny-de-Touraine (Indre-et-Loire), à 9 kilomètres d'Amboise.