vendredi 30 septembre 2011

Herbe verte

Je ne l'aime souvent pas, cette ambiance fin de règne qui flotte sur la France. Et sans doute au-delà.
Je me disais, hier, occident oxydé excédé excessif.
Bref, les  pays qui s'autoproclament riches.
Par contre, j'aime les saveurs qui se nichent derrière cette fin de parcours. Parmi elles, cette énergie renouvelable qu'est l'espoir.
Je ne cesse d'être esbaudi par sa densité. Par sa capacité à revenir, et revenir encore.
A faire de nous, finalement, des citoyens patients.
Au fond, on se dit que l'herbe est verte. Toujours.
C'est ce qui nous perd. Et, sûrement, nous sauve, aussi.

mardi 27 septembre 2011

La liste à Framboisine


Blogueurs :Virtuels et si proches et si tous pareils
On ne s'imagine pas au pays des blogs:
et pourtant nous sommes :

sympathique,

en pilou et charentaises,

prosélyte,

gros (-se),

chasseur (-euse),

versatile,

grande gueule,

moustachu (-e),

pétanqueur (-se),

noir (-e),

avare,

végétarien (-enne),

grassouillet (-ette) ),

indifférent (-e)

septique,

odieux (-euse),

voisin (-ne),

dandy cravaté,

blanc (-che)

anachorète,

bigoudis sur la tête,

taciturne,

bosseur,

de parole,

anarchiste,

de droite,

optimiste,

raseur,

engagé,

décontracté(-e)

hâbleur,

Vert,

solitaire,

fox à poils durs,

économe,

chronophage,

classique,

monogame,

versatile,

alpiniste,

peintre,

bon à rien,

baroque,

en pleine forme,

alcoolique,

constipé(-e)

baroudeur,

longiligne,

rouge,

méditatif,

frisé,

amoureux(-se)

joyeux drille,

dispendieux (-euse),

cousin (-ne),

gourmand(-e) ,

anarchiste,

égoïste,

cruciverbiste,

ascète,

convivial (-e),

freudien (-ne),

lacanien (-nne)

à pois,

tonton,

beau et con à la fois,

discret (-ète),

de gauche,

à rayures,

à carreaux,

jaune,

zarbi,

spirituel (-lle),

amoureux (-se),

clarinettiste,

hypochondriaque,

abonné (-e) à Télé 7 Jours,

à Télérama,

à Télé Z,

abonné (e) au gaz,

téléphage,

téléphobe,

aimable,

revenu (-e ) de tout,

lèche bottes,

gourmand (-e)

insatisfait (-e)

croqueur (-euse) de la vie,

maman,

coureur, ( -seuse)

tantine,

pêcheur (-euse),

tête de lard,

tout (-e) petit (-e)

pipe au bec,

râleur (-euse ),

feignant (-e),

aquariophile,

brave,

rabat-joie,

tonton,

chasseur(-se ) alpin (-ne )

misanthrope,

sauteur (-euse) à la perche,

bavard (-e),

vieille fille (vieux gars ),

cinéphile,

fox à poils mous,

romantique,

papa,

entomologiste spécialiste es grillon,

brave bête,

sadique,

détenteur de toutes vérités,

crédule,

carnivore,

marathonien,

carnassier,

taiseux,

rondeau autour des hanches,

les mains dans la vaisselle,

colérique,

divorcé,

maniaque,

organisé,

papa poule,

bénévole,

bon(-ne ) de curé,

syndicaliste,

parisien (-enne ),

pipelet (-te),

cavaleur (-euse),

tantine,

nourrissant chats , hamsters et poissons rouges,

vieux (vieille ),

héritier( -tière)

revanchard (-e) ,

esthète,

masochiste,

feignant,

croyant (-e),

tête de l'art,

nomade,

sale,

pince sans rire,

le fil à la patte,

chauve ,

papy,

pépé,

grand père,

bon papa,

papou,

cycliste,

mamie,

provincial (-le )

mamoune,

redresseur (-euse ) de tort (-d)

moumine,

mémé,

bonne maman,

granny

globetrotter (- teuse)

Marie torchon,

athée,

barbu (-e) ,

mum,

rigolard (-e),

statique,

homme,

despote éclairé,

randonneur,

à voile et à vapeur,

ingénieux (-se)

diabolique,

patient (-e),

dresseur (-se) de puces,

femme,

sédentaire,

agité (-e ) du bocal,

hermaphrodite,

jeune ,

maniaque,

libre comme l'air,

gai (-e),

imberbe,

guilleret (-te),

philatéliste,

gay,

sinistre ,

polisson,

mal bâti (-e),

bossu (-e) ,

enrhumé (-e),

Apollon,

auteur (-e),

dépressif (-ve),

Vénus,

bon (-ne ) à rien ,

bonne à tout faire,

humoriste,

boursicoteur,

Quasimodo,

prêt (-e) à tout,

qui sommes nous ?

Au fond moi, je m'en fous,

*

Vous êtes ma bloguerie

je ne vous imagine pas,

je vous sais.

*

De certains que j'ai rencontrés,

je connais le museau et la frimousse,

d'autres la voix, l'écriture,

de beaucoup la chaleur,

l'amitié.

Vous pouvez faire un copier coller sur votre blog

et cocher les propositions vous correspondant.

Cela risque d'être marrant.


C'était les Blogueurs, par Framboisine…Et vous ?

lundi 19 septembre 2011

Habité

J'ai adoré tomber par hasard sur un site, et tout autant adoré m'y perdre. C'est le genre de balade improbable où l'on se dit que l'on va forcément trouver quelque chose.
C'est ici, le site la maison page.
Et de fait, c'est habité.

DSK, on fait comme si

Je n'ai pas aimé finalement l'intervention de DSK dimanche sur TF1.
Déjà parce que ça a coupé en deux le Canal Football Club et je n'ai pas vu le résumé du match de Nancy à Rennes.
Ensuite parce que cette confession, telle qu'était organisée, orchestrée, avancée, ne me concernait pas.
Autant jeudi, lors du débat sur la primaire, je trouvais que parfois, les prétendants me parlaient, tout du moins parlaient à d'autres, autant là, simulacre, je trouvais que cet homme se parlait avant tout à lui même, et ce faisant, se regardait nous parler de lui. Ce sous l'oeil bienveillant de Claire Chazal.
J'ai regardé en me disant que peut-être il se passerait quelque chose.
J'ai quitté en me disant que ce moment de télé n'en était pas vraiment un.
Me disant qu'il était temps de passer à autre chose.
Il eut pu se lever et quitter le plateau en disant au revoir que c'eut été du pareil au même.
Il ne le fit point et je me surpris à penser que chez ces gens-là, monsieur, madame, etc.
Comme si nous en avions déjà trop lu, vu et entendu.
Comme si c'était bel et bien terminé.
Et je crois que c'est exactement cela qu'il n'est pas venu nous dire pendant que c'était exactement cela qui était en train de se produire.

dimanche 18 septembre 2011

Prime à la primaire

J'ai aimé finalement regarder le débat des primaires PS à la présidentielle de 2012. J'y étais "allé" à reculons. Je m'attendais peut-être, une fois encore, à être déçu. Je ne l'ai pas été.
Parce que j'ai trouvé que cette bande des six redonnait un peu de dignité à la politique. Et quand on part de loin, on peut accepter l'idée de commencer doucement. Car quelque chose a commencé avec ce débat. Il n'est qu'à voir les analyses qui fleurissent depuis.
Ils se tenaient bien, les candidats, ils avaient bossé leur dossier, ils laissaient les autres parler, se lançaient quand c'était leur tour. Presque un côté rafraîchissant. Mieux qu'un grand oral ou une soutenance de thèse.
Ils ne tombaient pas dans les pièges tendus, aussi. Le jeu poil à gratter et un peu puéril des différences. DSK. Et autres choses. Ce qu'ils disaient se tenait debout.
Et puis ça faisait du bien que la gauche ait du temps de parole dans la lucarne. Qu'en plus, ce temps soit posé. Sorte de l'hystérie ambiante.
L'exercice était casse-gueule, pourtant, et n'en déplaise aux esprits chafouins, ils ne se sont pas cassés la gueule.
On sent juste que la route est et sera longue, mais le pays, l'Europe, le Monde sont dans un tel état que l'on ne peut pas non plus trop en demander dans un premier temps.
Les écoutant, je me disais qu'on commençait à sortir de 30 ans d'une confiscation démocratique.
1981 - 2011...
J'ai aimé me dire, à une ou deux reprises, ils donnent une autre image du pays et ça fait du bien.
J'ai trouvé aussi qu'ils donnaient à voir qu'à plusieurs, on est plus fort, ce qui tranche avec le diviser pour mieux régner élevé au rang de savoir vivre ensemble.
Je me fichais de scruter chez l'un, chez l'autre qui serait mon favori.
C'est bon de sortir un peu de ce dans quoi le système nous embarque la plupart du temps.Les élections, trop souvent, sont réduites à une sorte de concours.Genre radio crochet. Tiercé. Finale de foot. Ce n'est pas ça. Les politiques se sont laissés aspirés par cette spirale du bas et nous avec. Peut-être que l'on va enfin en sortir un peu, je continue de croire au par le haut. Là, les idées avaient droit de cité. Et si les uns et les autres avaient bien sûr des cartes à jouer et des rôles à tenir, ce n'est pas ce qui est le plus ressorti. Tant mieux.
Je ne sais pas si le peuple sera sensible à tout cela. Sans doute sont-ils encore très nombreux à être loin de tout ça. Trop loin. Mais moi je l'ai été. C'est un début. Irai-je voter à ces primaires ? Je ne le sais pas encore. Je pensais que non. Mais je crois bien que oui.

Voyage, Art et Partage


Les journées du patrimoine nous invitent au voyage…
Dans son éditorial, Frédéric Mitterrand souligne que l'art de bâtir s'est toujours nourri des imaginaires, des échanges de savoir-faire, des influences de l'ailleurs et du partage des rêves.
Partager des rêves, n’est ce pas ce que nous faisons en publiant nos mots, nos peintures, nos poèmes, nos photos ?
Sur nos blogues, dans nos galeries, sur les réseaux sociaux et autres communautés de La toile, oui, nous partageons.

Dans mes billets et ceux que j’aime lire, l’Art - sous toutes ces formes – est souvent le fil conducteur à mes partages. J’ose même écrire que la création d’une note est aussi un exercice artistique : Par la qualité de notre présentation, le choix de nos illustrations, la mise en exergue d’une citation, la rédaction et la mise en page.
Nous participons aussi à ce grand voyage de l’Art en publiant nos Posts .
"Notre patrimoine, c'est aussi la circulation des corps de métier, du compagnonnage, des ingénieurs, des architectes, des artistes – le voyage, rite d'initiation pour ces derniers et thème d'inspiration inépuisable…" écrit le ministre.
J’ai relu avec grand plaisir –et aussi beaucoup d’émotion à la vue de certaines signatures - les commentaires à une Note rédigée à l’occasion des 25ème Journées du Patrimoine.(
L’Art, la vie . Je reprends son titre pour vous souhaiter de très beaux voyages cette semaine, en sortant dans nos villes, nos villages, dans nos rues et nos musées, et en voyageant sur nos blogues.


PhotosLP Fallot : Palais de Lacoste-Pézenas

lundi 12 septembre 2011

Forteresse

J'ai aimé lire ces derniers jours Forteresse digitale, de Dan Brown.
Une histoire qui montre la puissance des ordinateurs, et leur influence dans nos vies.
Une histoire qui rappelle aussi, une fois encore, ce qui peut advenir quand l'homme faute d'éthiques fiables et de limites posées prend des risques avec sa propre existence.
La mariée est trop belle, le marié trop pur, le dédale des termes informatiques parfois obscur, mais abstraction faite de ces détails, j'ai aimé cette traque où les meurtres ne sont pas témoins de ce après quoi on court mais signes que la traque avance, irrémédiablement.
L'on se retrouve quasiment à haleter, dans l'ombre d'une sensation qui peu à peu se mue en certitude : tout finira (presque) bien.
Quoi que.
Et puis forteresse, c'est un sacré mot, non ? ;-)

dimanche 11 septembre 2011

Tours

Photos montage Wikipedia.
J'étais à la maison.
C'est l'une des rares fois où la télévision est restée allumée aussi longtemps chez moi.
Sans interruption, en fait.
J'étais un papillon de nuit attiré par le lampadaire et je ne cessais d'aller me scratcher contre la vitre.
C'est l'une des rares fois où je l'ai regardée bouche ouverte, la télévision. Stupéfait.
Incapable de mots et de pensées.
Je ne cessais de voir et revoir ces avions percuter les tours, les tours s'effondrer, les gens hurler, tomber, mourir.
Dix ans après, je suis incapable de me souvenir de ce que je ressentais alors.
Peut-être parce que l'on a pas toujours les mots.
Peut-être parce que dans certaines situations, on ressent, on prend, et puis c'est tout.
J'ai juste souvenir d'un moment  hors du temps. Tout se brisait à des milliers de kilomètres de moi et je n'étais dans aucun camp.
Avec le recul, je me dis que sans doute je percevais la fin de quelque chose de l'ordre du planétaire et l'on n'est pas forcément habitué à ressentir au fond de soi des choses de l'ordre du planétaire. Comme si c'était trop grand, trop violent aussi.
L'irruption des avions dans le ciel, l'attaque, la poussière, l'effondrement.
Une violence sans nom, finalement. Mais une violence visible. Et c'est cela qui scotchait. Ce visible. Et cet invisible à la fois.
J'ai souvenir d'un espoir, aussi.
Que cette fin de quelque chose annonce un début. En serve de prélude.
Dix ans se sont écoulés.
Je ne suis pas certain que l'espoir est eut droit de cité bien longtemps.


samedi 10 septembre 2011

Au village sans prétention

J'aime me souvenir de ce qui a véritablement marqué mon entrée en musique.
Jusque là, elle n'était pas spécialement dans mes moeurs. J'étais plutôt branché sport et télé, école et copains, cela me convenait. Au village sans prétention.
Il y avait quelques disques à la maison, mais ça ne tournait pas en boucle non plus. Un piano, aussi, sur lequel un de mes frangins s'était escrimé avant de jeter l'éponge et dont mon père jouait de temps à autres.
Mais là...
Cet après-midi là...
On ne le sait pas sur le moment que sa vie bascule dans quelque chose.
C'est bien après qu'on se dit, ça s'est passé là, à ce moment-là.
On a tous des 11 septembre.

Ce gaillard, frère de ma future belle-soeur, m'a tout simplement offert un sésame. Donne les clés. Passé le témoin en quelque sorte.
Il me fit découvrir le rock. M'apprit à tendre à l'oreille. Parla, s'agita, sortit des disques, et encore des disques. Puis me proposa d'immortaliser tout ça. Il m'enregistra une cassette.
Dessus, les principaux morceaux qu'il souhaitait partager. C'est là que je découvris Dire Straits, Thin Lizzy, Peter Framptom et quelques autres.
La musique entra dans ma vie comme un coup de vent s'engouffre.
La musique et un peu plus... Ce moment de connivence m'apprenait aussi l'idée de la transmission, le désir du partage, avec ses émotions.
Je suis encore aujourd'hui fasciné par la façon dont quelques secondes, quelques minutes peuvent être incroyablement fondatrices.
Et tout aussi fasciné par la place qu'a ensuite prise la musique dans ma vie. Et avec elle, la place qu'a prise le désir de partager, de découvrir.
Ce dimanche-là fut naissance.
De celles qui appellent des premiers pas, l'apprentissage de la parole, l'exercice d'émotions.
A chaque fois que je fais une compilation ou que je parle musique avec quelqu'un, je m'aperçois que je suis juste un enfant de cet instant-là, un enfant qui a grandit, qui a fait son chemin, qui a exploré, découvert, défriché. Et qui, toujours, veille à partager.

vendredi 9 septembre 2011

Raide hot

J'aime bien cette image.
C'est la pochette du dernier album des Red Hot Chili Pepers.
Rôde un côté absurde, saugrenu, voire on se retrouve même à quasiment prier pour que la bestiole ne réussisse pas à ouvrir la gélule, des fois qu'on la contamine. A moins qu'il ne faille sourire, espérer au contraire que la mouche ouvre, qui sait, l'attend un moment incroyable ?
J'aime lorsque les artistes nous convoquent ainsi, ouvrant les portes, donnant à partager, posant là l'idée sans que l'on sache ce qu'au juste eux avaient en tête.
Lecture de l'image, qui vaut comme toutes les lectures. Où l'on est soi face voire dans quelque chose qu'un, qu'une autre a déposé là, pour qu'on en fasse ce que bon nous semble, y crompris même que l'on n'en fasse rien le cas échéant.
Ainsi vont les moments, qui naissent, ou pas.



jeudi 8 septembre 2011

Le caddie sélectif

C'est le caddie à roulettes qui apparait le premier. De ceux qu'on ne fait plus. Un écossais bordeaux, un bordeaux mal vieilli, sale peut-être.
Sa propriétaire suit. De celles qu'on ne fait plus. Elle ne tire pas l'engin, elle le pousse. Allez savoir pourquoi ! Une nostalgie du temps passé, celui des landaux et poussettes ? Nous ne saurons pas.
Jupe plissée mi-mollets, écossais vert, avec la grosse épingle, pour faire joli et distingué. Jupe verte et pourrie à la fois. Au-dessus, le chemisier nylon, écossais rose. Un peu moins passé que le reste mais pas moins dépassé. Le tableau mériterait une photo : Les trois écossais chevauchés attaquent les yeux. Goût de chiottes et vie de merde !
Je lève la tête, je m'attends à des bigoudis, à un foulard à carreaux ou des cheveux teints en bleu. Non, rien de tout ça. Une bonne bouille de mémé sage, calme, tranquille. Une qu'on voudrait de sa famille. Elle a le regard vif et sélectif. Elle ne balaie pas des yeux, elle est à son affaire.
Son affaire, c'est de sortir de son caddie, le verre usagé pour le mettre dans le container approprié. Elle le fait, posément, tranquillement, précautionneusement. Une bouteille de champagne. Une bouteille de sauce tomate. Une bouteille de champagne. Une autre. Une de sauce tomates. Une de champagne. Encore deux sauces...
Joli ! Le spectacle vaut le coup d'oeil.
Je n'ai pas le coeur à lui faire remarquer qu'elle aurait dû ôter les bouchons des sauces tomates.
Je conclue vite que la dame se nourrit exclusivement de pâtes au champagne. C'est attendrissant. J'imagine un hommage au mari parti le premier, une façon de dépenser sa retraite à du plaisir gustatif plutôt qu'à une garde-robe sans intérêt. Du champagne et des pâtes en sauce ! Je m'inviterais bien moi.
Mais...
Mais, tout au fond, après la dernière bouteille, notre "écossaise" sort, surprise, un sachet de fromage râpé tout aplati. Elle le tourne dans tous les sens, puis, comprend qu'elle l'a oublié à son dernier retour de courses. Elle le glisse dans son sac à main et pose délicatement ce dernier dans le caddie. Elle repart, fière sans doute d'avoir fait son devoir de citoyenne éclairée. Peut-être va-t-elle faire le plein de bouteilles au supermarché ? Balles neuves !
Elle ne m'a pas remarqué et ne m'invitera pas. Et c'est tant mieux. Car, mon oeil averti a bien vu que le fromage était un vulgaire gruyère râpé. Manger des pâtes à la sauce tomate avec du champagne, pourquoi pas ! Mais sans Parmigiano, c'est hors de question !

mardi 6 septembre 2011

Je vais bientôt mourir...

Je vais bientôt mourir... Dans 20 ou 30 ans au mieux (allez, 40 si vous voulez), c'est réglé cette histoire.
Je vais bientôt mourir, alors le temps me manque. Mourir avec le sentiment de ne pas avoir commencé, celui de ne pas avoir donné ce que j'avais à donner.
Je vais bientôt mourir, mourir d'une vie au ralenti, à marcher dans les clous, à les écouter confondre vivre et consommer, aimer et calculer, donner et compter, évoluer et accumuler.
Je vais bientôt mourir sans m'être réveillé.
Je vais bientôt mourir dans la cage société, la tête coincée, les mains crispées, sur des barreaux rouillés.
Je vais bientôt mourir, fatigué d'essayer, jour et nuit, 30 heures sur 24, 400 jours par an, muscles tendus, regard concentré, pensée alerte.
Je vais bientôt mourir d'avoir pédalé, pédalé, pédalé sans efficacité. Mourir sans vivre. Mourir de vivre. Mourir de vouloir Vivre, vraiment.
Je vais bientôt mourir. Dans 20 ou 30 ans (allez, 40 si vous voulez) , c'est bouclé cette affaire. Et l'on voudrait que je m'intéresse au vernis, à l'écume, aux feux d'artifices et aux salamalecs. Et l'on voudrait que je course d'escargot, que j'ai des ambitions de boite de conserve. Mais le temps passe, pousse et presse. La cloche du dernier tour a sonné et on voudrait que je ralentisse quand je n'ai fait que m'échauffer.
Ça sent la bière à 20 lieues, à 30 peut-être ( (allez, 40 si vous voulez) et j'attends encore l'heure, pour ne pas bousculer, heurter, choquer. Quatorze jambes fourmillent dans les starting-blocks et je devrais courir à cloche-pied, parce que c'est si vilain de vouloir aller plus vite.
Je vais bientôt mourir. C'est demain, C'est tout près. Tu chauffes. Tu brûles. C'est là. Tends la main, tu touches la terre, ça sent le pissenlit. Tends la main, tu touches le ciel, ça sent le paradis.
Je vais bientôt mourir sans mes bras, sans que mes ailes ne se déploient. 20 ans d'agenda c'est minuscule et on voudrait que je me divertisse, que je reste dans le rang, que j'ordinaire, que je classique, que j'anniversaire, que je continue d'étouffer quand j'attends depuis mille ans d'exploser, de colorer, de colorier, d'enfanter, de faire jouir, de bondir, passionner, aimer, d'éjaculer en couleurs, d'arroser tous les coeurs, de VIVRE merde, VIVRE. Pas plus, pas moins. VIVRE !.. 20 ou 30 ans (Allez, 40 si vous voulez).

lundi 5 septembre 2011

Comme un oeil neuf

J'ai beaucoup aimé lire l'interview de Michel Serres dans Libération du samedi 3 septembre. Un ravissement. Déjà parce que j'ai tout bien compris. Souvent, je décroche de ces textes. Pas là. Ensuite parce que ça fait du bien de lire un érudit qui dit fort bien des choses que je ressens. Car évidemment c'est mieux : le philosophe donne une dimension plus grande à mes pensées, plus forte, en même temps qu'il apaise, quelque part. Donnant de la perspective.
Un prolongement ici.
Un autre là.
Plusieurs de ses phrases en tout cas ont fait mouche. Je les note ici de crainte qu'elles ne s'envolent ;-) Il y en a neuf.
Michel Serres, c'est qui ?

1. Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux grandes révolutions : le passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. La troisième est le passage de l’imprimé aux nouvelles technologies, tout aussi majeure. Chacune de ces révolutions s’est accompagnée de mutations politiques et sociales : lors du passage de l’oral à l’écrit s’est inventée la pédagogie, par exemple. Ce sont des périodes de crise aussi, comme celle que nous vivons aujourd’hui. La finance, la politique, l’école, l’Eglise… Citez-moi un domaine qui ne soit pas en crise ! Il n’y en a pas. Et tout repose sur la tête de Petite Poucette, car les institutions, complètement dépassées, ne suivent plus. Elle doit s’adapter à toute allure, beaucoup plus vite que ses parents et ses grands-parents. C’est une métamorphose !
2. Pour moi, le grand tournant se situe dans les années 1965-1975, avec la coupure paysanne, quand la nature, notre mère, est devenue notre fille. En 1900, 70% de la population française travaillait la terre, ils ne sont plus que 1% aujourd’hui. L’espace vital a changé, et avec lui « l’être au monde », que les philosophes allemands comme Heidegger pensaient immuable.
3. j’ai compris avec le temps, en quarante ans d’enseignement, qu’on ne transmet pas quelque chose, mais soi. C’est le seul conseil que je suis en mesure de donner à mes successeurs et même aux parents : soyez vous-mêmes ! Mais ce n’est pas facile d’être soi-même.
4. Quant à la politique, c’est un grand chantier : il n’y a plus de partis, sinon des machines à faire élire des présidents, et même plus d’idéaux. Au XIXe siècle, on a inventé 1 000 systèmes politiques, des marxistes aux utopistes. Et puis plus rien, c’est bizarre non ? Il est vrai que ces systèmes ont engendré 150 millions de morts, entre le communisme, la Shoah et la bombe atomique, chose que Petite Poucette ne connaîtra pas, et tant mieux pour elle. Je pense profondément que le monde d’aujourd’hui, pour nous, Occidentaux, est meilleur. Mais la politique, on le voit, n’offre plus aucune réponse, elle est fermée pour cause d’inventaire.
5. La seule façon d’aborder les conséquences de tous ces changements, c’est de suspendre son jugement. Les idéalistes voient un progrès, les grognons, une catastrophe. Pour moi, ce n’est ni bien ni mal, ni un progrès ni une catastrophe, c’est la réalité et il faut faire avec. Mais nous, adultes, sommes responsables de l’être nouveau dont je parle, et si je devais le faire, le portrait que je tracerais des adultes ne serait pas flatteur. Petite Poucette, il faut lui accorder beaucoup de bienveillance, car elle entre dans l’ère de l’individu, seul au monde. Pour moi, la solitude est la photographie du monde moderne, pourtant surpeuplé.
6. Petite Poucette n’a rien à inventer, le virtuel est vieux comme le monde ! Ulysse et Don Quichotte étaient virtuels. Madame Bovary faisait l’amour virtuellement, et beaucoup mieux peut-être que la majorité de ses contemporains. Les nouvelles technologies ont accéléré le virtuel mais ne l’ont en aucun cas créé. La vraie nouveauté, c’est l’accès universel aux personnes avec Facebook, aux lieux avec le GPS et Google Earth, aux savoirs avec Wikipédia.
7. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que les nouvelles technologies n’activent pas les mêmes régions du cerveau que les livres. Il évolue, de la même façon qu’il avait révélé des capacités nouvelles lorsqu’on est passé de l’oral à l’écrit. Que foutaient nos neurones avant l’invention de l’écriture ? Les facultés cognitives et imaginatives ne sont pas stables chez l’homme, et c’est très intéressant.
 8. Petite Poucette n’aura pas faim, pas soif, pas froid, sans doute jamais mal, ni même peur de la guerre sous nos latitudes. Et elle vivra cent ans. Comment peut-elle ressembler à ses ancêtres ? Ma génération a été formée pour la souffrance.
9. c’était au nom de la pudeur, et donc de la religion et de la morale, qu’on se cachait. Tout cela n’a plus cours. Je crois aussi que le fait d’être « choisi » lorsqu’on naît, à cause de la contraception, de l’avortement, est capital dans ce nouvel état du corps. Nous naissions à l’aveuglette et dans la douleur, eux sont attendus et entourés de mille soins. Cela ne produit pas les mêmes adultes.

samedi 3 septembre 2011

La tombe d'à côté

J'aime beaucoup lire en ce moment Le mec de la tombe d'à-côté
Voilà un bouquin de bonne compagnie. Frais comme un fruit sucré en plein coeur de la fournaise. Je me dis qu'il peut aussi être chaud comme un feu de cheminée au beau milieu de l'hiver, quand le sol est dur, les arbres nus et que les branches ont du givre au nez.
J'aimerais écrire des bouquins comme ça et je n'ose imaginer le boulot que ça a demandé, cette apparente simplicité dans la narration, cette fluidité des enchaînement.
Les choses sérieuses sont dites légèrement, de manière souriante même parfois.
Les choses plus légères portent d'avantage de gravité.
Beaucoup de finesse pour, il fallait y penser, raconter la vie et l'amour à partir d'une rencontre dans un cimetière.

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