jeudi 8 septembre 2011

Le caddie sélectif

C'est le caddie à roulettes qui apparait le premier. De ceux qu'on ne fait plus. Un écossais bordeaux, un bordeaux mal vieilli, sale peut-être.
Sa propriétaire suit. De celles qu'on ne fait plus. Elle ne tire pas l'engin, elle le pousse. Allez savoir pourquoi ! Une nostalgie du temps passé, celui des landaux et poussettes ? Nous ne saurons pas.
Jupe plissée mi-mollets, écossais vert, avec la grosse épingle, pour faire joli et distingué. Jupe verte et pourrie à la fois. Au-dessus, le chemisier nylon, écossais rose. Un peu moins passé que le reste mais pas moins dépassé. Le tableau mériterait une photo : Les trois écossais chevauchés attaquent les yeux. Goût de chiottes et vie de merde !
Je lève la tête, je m'attends à des bigoudis, à un foulard à carreaux ou des cheveux teints en bleu. Non, rien de tout ça. Une bonne bouille de mémé sage, calme, tranquille. Une qu'on voudrait de sa famille. Elle a le regard vif et sélectif. Elle ne balaie pas des yeux, elle est à son affaire.
Son affaire, c'est de sortir de son caddie, le verre usagé pour le mettre dans le container approprié. Elle le fait, posément, tranquillement, précautionneusement. Une bouteille de champagne. Une bouteille de sauce tomate. Une bouteille de champagne. Une autre. Une de sauce tomates. Une de champagne. Encore deux sauces...
Joli ! Le spectacle vaut le coup d'oeil.
Je n'ai pas le coeur à lui faire remarquer qu'elle aurait dû ôter les bouchons des sauces tomates.
Je conclue vite que la dame se nourrit exclusivement de pâtes au champagne. C'est attendrissant. J'imagine un hommage au mari parti le premier, une façon de dépenser sa retraite à du plaisir gustatif plutôt qu'à une garde-robe sans intérêt. Du champagne et des pâtes en sauce ! Je m'inviterais bien moi.
Mais...
Mais, tout au fond, après la dernière bouteille, notre "écossaise" sort, surprise, un sachet de fromage râpé tout aplati. Elle le tourne dans tous les sens, puis, comprend qu'elle l'a oublié à son dernier retour de courses. Elle le glisse dans son sac à main et pose délicatement ce dernier dans le caddie. Elle repart, fière sans doute d'avoir fait son devoir de citoyenne éclairée. Peut-être va-t-elle faire le plein de bouteilles au supermarché ? Balles neuves !
Elle ne m'a pas remarqué et ne m'invitera pas. Et c'est tant mieux. Car, mon oeil averti a bien vu que le fromage était un vulgaire gruyère râpé. Manger des pâtes à la sauce tomate avec du champagne, pourquoi pas ! Mais sans Parmigiano, c'est hors de question !

2 commentaires:

  1. Ah Claudio !
    Des pâtes à la sauce tomate industrielle, accompagnées de champage et servies par une vieille dame à la bonne bouille, certes, mais toute "encarreautée"...
    Tss, tss, tss, je dis bof !...
    Parle-moi donc de spaghettis al dente avec une bonne sauce tomate mijotée par une vieille dame toute de noire vêtue, et qui roule les airs avec un accent qui sent l'origan et le basilic... Forcément, je te répondrai : cliché !
    Je vais te dire comment je les aime mes pâtes :
    Al dente
    Nature
    Un filet d'huile d'olive (de Contes)
    Du parmesan !
    Et là, je m'envole et... je pense à toi et Jalila, à Christian, à Louis-Paul, à Luc, à vous tous, quoi !!!

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  2. Je pense à toi Béa, ... à vous tous.

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