La Philia

[source : l'encyclopédie de l'Agora]
Choisir la philia comme fondement d’une politique, c’est donner raison à Aristote pour qui l’homme est un animal naturellement sociable, contre Hobbes pour qui l’homme est un loup pour l’homme. (...) C’est le règne de la méfiance, par opposition à celui de l’amitié.
Choisir la philia c’est s’engager à faire le nécessaire pour que les personnes handicapées, les malades mentaux et leur famille reçoivent le soutien dont ils ont besoin. Notre honneur en tant que membres d’une société moderne est en cause. (...)
Choisir la philia c’est aussi choisir d’accorder la primauté dans l’État et dans le marché à l’accomplissement des personnes. (...). Qui donc n’a pas eu l’occasion de s’émerveiller des résultats obtenus par une équipe d’êtres libres et amis les uns des autres travaillant à leur rythme et en réseau à une oeuvre qui a un sens?
Choisir la philia c’est inviter les États et les entreprises à accorder plus d’importance à la confiance. (...)
Choisir la philia c’est s’engager à substituer l’humanité des choix amicaux à la rectitude des choix bureaucratiques. (...)
Choisir la philia c’est inviter les syndicats et les associations patronales à subordonner la communauté de ressemblance à la communauté de solidarité.(...) La communauté de solidarité est celle qui réunit toutes les personnes, si différentes soient-elles, vivant dans un même lieu. Plutôt que de s’enraciner dans le milieu où vivent leurs employés, les patrons préfèrent souvent se réfugier dans les beaux quartiers et cherchent la compagnie de leurs homologues plutôt que celle de leurs voisins. La mondialisation aura aggravé ce problème. Les employés à leur tour se rapprochent de leurs semblables, ce qui contribue à dissoudre les communautés de solidarité. C’est l’une des causes de la solitude de bien des gens. (...=
Choisir la philia c’est miser sur les réseaux naturels (...).
Choisir la philia c’est inviter les gens à organiser leur temps privé de façon à ce qu’il y ait place pour le dialogue et la réflexion sur le sens de la vie. (...)
Choisir la philia c’est veiller à ce que la règle de droit ne nuise pas à la vie sociale(...). (J.D)

[source : blog Impressions et expressions]

Bien avant Jésus, Aristote, le brillant disciple de Platon (lui-même disciple de Socrate, ndlr), avait déjà fait évoluer la notion d'amour. Pour lui, l'amour n'est pas que désir. Il peut aussi se manifester dans l'amitié qui permet à des êtres humains de se réjouir ensemble dans un partage réciproque. Cet amour d'amitié, qu'il nomme philia, pour le distinguer d'eros, Aristote n'hésite pas à affirmer qu'il constitue, avec la contemplation divine, la plus noble activité de l'homme, celle qui lui permet d'être véritablement heureux (Ethique à Nicomaque). Cette conception ne supprime en rien la vision socratique, mais la complète: sans aller jusqu'à la contemplation divine, l'amour humain peut s'épanouir dans le plaisir et la joie; il n'est plus seulement une pulsion, un désir fondamentalement ambivalent, ni toujours un manque ou une insatisfaction. Aristote fait ainsi de l'amour une expérience joyeuse et une vertu. Frédéric Lenoir.
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