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mercredi 18 avril 2012

Valeurs partagées



"Mes valeurs

Il n’y a pas de réussite durable en politique qui ne s’appuie sur des valeurs.
La première, c’est la vérité. Sans elle, il n’y a pas d’authentique démocratie.
Sans le sens des réalités, il n’y a pas de politique qui vaille. Je veux rendre au débat public sa dignité. La situation est trop grave pour que nous puissions nous payer de mots. Trop longtemps les Français ont été abusés par des images trompeuses, des rhétoriques faciles, des incantations mensongères. (…)
La deuxième valeur, c’est le mérite. Je dis bien le mérite. La République s’adresse aux talents, aux capacités, au travail qui doivent être récompensés. La société libérale fait l’éloge du risque, mais ses cartes sont truquées. L’égalité des chances, qu’elle proclame à tous vents, est un vain mot. En France, tous en principe sont égaux. Mais désormais certains le sont largement plus que d’autres. Sans cesse les avantages hérités, les réseaux de relations, les privilèges de fortune, faussent le jeu social. Les uns sont favorisés de naissance et les autres sacrifiés pour la même raison. Ma mission sera de rétablir le principe d’égalité sans lequel il n’est pas de république en France.
(…)
La troisième valeur, c’est la solidarité. On nous dit qu’elle coûte trop cher, qu’elle n’est que de l’assistance. Eh bien, je le proclame hautement : dans une République du XXIe siècle, tous ont une égale dignité. Les faibles, les défavorisés, les oubliés doivent être protégés, défendus et promus. Bien sûr, ils doivent fournir leur part d’effort. Les prestations, les aides, les subventions doivent être subordonnées à la responsabilité de ceux qui les reçoivent. Mais la France n’a pas le droit d’abandonner un seul de ses citoyens. (…)"


François Hollande, Changer de destin- Robert  Laffont.

Mes valeurs, extraits des pages 25, 26 et 27.

vendredi 3 février 2012

Les chaussures italiennes




C’est le roman que j’ai aimé lire en 2011. Loin, (très loin) devant les autres.
Je n’ai pu en fin d’année passée écrire le billet que j’aurais aimé partager avec vous.
Aussi, je vous en livre les premières lignes.
En cliquant sur votre moteur de recherche, vous pourriez en savoir plus, mais cela serait dommage. Partir, dans ce roman d’Henning Mankell, ce n’est pas seulement pour les Baltiques mais pénétré page après page les thèmes qui font (où ne font pas) la vie d’un  être.
J’y ai personnellement retrouvé  les thèmes qui me sont chers dans ma démarche de résilience et si j’ajoute que l’écriture est à la fois simple et très belle, je vous aurais peut-être donné envie de lire Les chaussures italiennes

Je me sens toujours plus seul quand il fait froid.
Le froid de l'autre côté de la vitre me rappelle celui
qui émane de mon propre corps. Je suis assailli des
deux côtés. Mais je lutte, contre le froid et contre la
solitude. C'est pourquoi je creuse un trou dans la glace
chaque matin. Si quelqu’un, posté sur les eaux gelées
avec des jumelles, me voyait faire, il me prendrait pour
un fou. Il croirait que je prépare ma mort. Un homme
nu dans le froid glacial, une hache à la main, en train
de creuser un trou ?!
Au fond je l'espère peut être, ce quelqu'un, ombre
noire dans l'immensité blanche qui me verra un jour et
se demandera s'il ne faut pas intervenir avant qu'il ne
soit trop tard. Pour ce qui est de me sauver, en tout cas,
c'est inutile. Je n'ai pas de projet de suicide.

Henning Mankell, Les chaussures italiennes. En poche dans la collection POINTS.


lundi 5 décembre 2011

La jeune fille qui veut le journal d'Anne Franck



C'est pause cigarette au boulot. La collègue  évoque sa nièce. Laquelle a douze ans. Elle raconte comment ce week-end, il fut question des cadeaux de Noël et comment la jeune fille la scotcha en disant qu'elle avait envie d'avoir un livre.
Et pas n'importe quel livre.
Le journal d'Anne Franck.
Voilà qui presque fait plaisir, non ? Notre "jeunesse" comme on dit maintenant dans les médias ne rêverait donc pas uniquement de portables, trucs écrans, bidules vidéo ?
Fichtre !
Cool !
Voilà qui en tout cas fut l'occasion d'évoquer dans la foulée ces livres à l'école étudiés et qui, quelques années après, parfois bien tassées les années, nous ont marqués. Nous marquent encore. Indélébiles.
Et si on jouait ? A nous dire quels bouquins scolaires nous ont marqué à vie ? Bel héritage :-)

mercredi 26 octobre 2011

"La vérité sur ce qui nous motive" (Daniel H. Pink)

"En matière de motivation, la pratique des entreprises n'est pas en phase avec ce que la science nous apprend. Notre système d'exploitation actuel, fondé sur des motivateurs externes (la carotte et le bâton) est inefficace et souvent contre-productif. Il nous faut une nouvelle version, reposant sur trois éléments essentiels : l'autonomie, ou le désir de diriger notre propre vie ; la maîtrise, ou le besoin de progresser dans un domaine important ; et la finalité, ou le fait de travailler pour un objectif plus grand que notre propre personne" (Résumé proposé par l'auteur)

Ce qui m'a semblé intéressant :
  • Chacun d'entre nous a soit un comportement de I (Etat d'esprit et conception de l'existence reposant sur des motivateurs Intrinsèques, c'est-à-dire motivé par un besoin inné de diriger sa propre vie, d'apprendre, de créer et de progresser) soit un comportement X (motivé par des désirs eXtrinsèques, récompenses externes qu'une activité permet d'obtenir plutôt que la satisfaction qu'elle peut procurer). La mauvaise nouvelle c'est qu'on nous traite souvent comme si nous étions tous X. Et la bonne nouvelle c'est que les X peuvent devenir des I.
  • L'effet Sawyer : Tom et ses copains repeignent une palissade. D'une corvée contraignante et récompensée, ils font un jeu pour lequel ils seraient prêts à payer. Epictète disait qu'il fallait désirer ce qu'on avait et j'ajouterais que quand on trouve son plaisir dans son devoir tout va bien.
  • Les différentes expériences originales, toujours concluantes et pourtant difficilement généralisées, concernant l'organisation du travail : Pas de d'horaires, pas de contrôle, télétravail, autonomie élargie, cause éthique et noble comme objectif plutôt que prime etc. etc.
  • Tout ceci est applicable à l'entreprise mais aussi aux services publics comme à sa vie personnelle.
Stimulant ! dit la couverture.
Stimulant ! répond le lecteur.

lundi 24 octobre 2011

Battement d'ailes - Miléna Agus

"[...] il dit que dans la vie nous déployons beaucoup d'efforts pour nous conformer aux idées reçues, qui nous semblent les meilleures parce que la plupart des gens s'y rangent, alors que très souvent nous ferions mieux d'utiliser cette énergie pour changer l'opinion commune, et qu'il faut bien que quelqu'un commence."

"Si nous appelons un arbre "arbre", aussitôt nous ne pensons qu'à ses fruits, et c'est réducteur. Les écrivains comme moi, dit ma tante, sauvent les créatures de ces limitations. Le poète cherche les mots pour redonner à l'arbre cette signification perdue."

lundi 3 octobre 2011

Délicatement

J'ai beaucoup aimé lire La délicatesse.
Un livre joli comme une perle de rosée, je me suis dit après coup.
Qui ne fait pas de mal puis fait du bien. On passe un bon moment. Je n'ai pas regretté, deux soirs durant, d'avoir délaissé dame télé.
Voilà en effet une histoire copine, dans laquelle on entre comme par enchantement, et dans laquelle on reste, content de la retrouver le soir, tout autant happés par le style léger de l'écriture que par l'évolution de ces rencontres.
On y parle de soi, de nous, d'êtres humains qui se construisent et se détruisent, se reconstruisent et se croisent, se découvrent, s'achèvent, au grand dam du règne des apparences.
Et puis ça et là, des traits d'humour, qui ajoutent au paysage.
On se marre, aussi. Il est trop, cet écrivain.
Voici un livre promenade.
Je découvre dans un article de Libération (cliquez ici) que ce type de bouquin, c'est un «page turner», cela se lit sans faim, on ne pensait pas l’aimer, on ne le lâche plus. Il y a les livres qu’on aime tellement qu’on n’a pas envie qu’ils se terminent.

mercredi 17 août 2011

"Marcher, une philosophie"

Louis-Paul et Claudio ont lu le même livre et ont décidé d'en parler sans s'en parler avant :

Louis-Paul : La marche est-elle vraiment le sujet de ce livre ? L’auteur utilise le verbe dans son titre et précise « Marcher, une philosophie ». C’est encore trop réducteur à mon goût! Je dirais que la marche en est le fil conducteur et tout le contraire d’une « méthode ». N’y cherchez pas de conseils ou des itinéraires, non, cherchez-vous plutôt.

Je me livre à ce petit exercice de parler d’un livre sans l’ouvrir, sans en mettre quelques « morceaux choisis » ni même une citation en exergue.
Mais je n’ai aucun mérite, c’est encore quelque chose que j’ai découvert à la lecture de ce (petit) traité qui m’a passionné de la première à la dernière ligne.
Comme si j’étais allé dans un amphithéâtre : Ecouter les meilleurs conférenciers me parler d’histoire, de géographie, de philosophie, d’art, de psychologie, de spiritualité, de poésie. Propos illustrés par de belles tranches de vie. (Nietzsche, Gandhi, Rimbaud, Kant, Thoreau…)

J’évoquerais donc ici plus mon ressenti que d’écrire une critique - fût-elle élogieuse - de ce livre. Que je résumerais par un bien être à sa lecture et la délicieuse sensation d’être de ceux qui l’ont lu. J’y ai aussi trouvé les mots - très précis- de ce que je ressens lorsque mes pas me mènent dans les rues de ma ville ou sur les chemins de Haute Provence.

Par ces temps de doute existentiel, beaucoup se demandent - souvent dans l’immobilisme - s’il est possible et comment, de donner un sens à sa vie. Au slogan « Habille-toi et sors », Frédéric Gros précise « et Marche » !
Agir dans ce qui nous est le plus naturel, laisser l’alchimie du corps et de l’esprit se réaliser pas à pas.
« Marcher, une philosophie », 300 mots ici pour 300 pages qui m’ont ravi.

Claudio : Dix ans après avoir lu "Marcher, méditer" (M. Jourdan/J. Vigne) j'ai plongé avec délectation dans "Marcher, une philosophie" (F. Gros). La filiation est évidente. La structure différente.
La marche comme prière qui unit l'intellect au corps. La marche comme rythme qui remet tout en place, corps et esprit. La marche comme chemin d'harmonie vers la nature.
On entend ici, marche solitaire qui permet une introspection bienveillante, une méditation éclairante.
Cet ouvrage a ceci de particulier qu'il consacre des chapitres à quelques poètes et penseurs, grands adeptes de la marche. De Nietsche à Gandhi, en passant par Rimbaud et Rousseau, l'auteur nous livre leurs escapades et la philosophie qui y est liée. On lit comme une suite de randonnées en charmante compagnie. Un concentré de richesse spirituelle qui vous transporte dans le sac de Rousseau, sur les pas de Nerval, vers des sommets de spiritualité active.
Difficile de choisir des extraits :
"Il n'y a qu'une performance qui compte, l'intensité du ciel, l'éclat des paysages.
Rechercher le vrai, c'est dépasser les apparences. C'est dénoncer les habitudes, les traditions, le quotidien, comme autant de conventions, d'hypocrisies, de mensonges.
L'utile c'est ce qui intensifie une puissance d'agir, augmente une production d'effets, accroît une compétence. L'inutile, le superflu, c'est tout ce qui demeure concédé à l'appréciation des autres et à sa propre vanité. Juste en-dessous de l'utile, il y a le nécessaire. Il est l'irremplaçable, l'incontournable, le non-substituable.
En marchant, on fait ses comptes avec soi-même : on se corrige, on s'interpelle, on s'évalue.
On se voit marcher bientôt, on se tient juste derrière soi, à quelques mètres, et on se suit"

J'ajoute que j'ai découvert Henry Thoreau et j'ai hâte d'approfondir sa connaissance et que l'idée m'apparait plus pressante d'aller refaire le chemin Nietsche, à quelques kilomètres de chez moi.

jeudi 11 août 2011

Appelons-le E.E.Sch.

Tout commença par un bouquin offert par une amie, appelons-la Béa : Oscar et la dame rose.
Un cadeau, ça fait toujours plaisir. Un livre, c'est pour moi, le plus beau des cadeaux. Béa avait, de plus, bien visé, je n'avais jamais rien lu de cet auteur et je salivais par avance de la magnifique découverte, si j'en croyais les éloges de mon amie.
Sauf, que quelques semaines plus tard, après d'énormes efforts, je parvenais à terminer, l'ennuyeuse pièce de théâtre. Epuisé, déçu, et presque honteux, car vu le succès de l'écrit, je devais sans doute être le dernier des débiles pour ne pas avoir su y voir le génie.
J'en fis part sincèrement à mon amie, et lui promis de persévérer en explorant d'autres formes d'écriture.
Le temps passa. Et un jour, un ami, appelons-le Didier, s'avisa de citer sur un blog un extrait de livre très engageant : Le sumo qui ne pouvait pas grossir. Vite, c'était l'occasion, je le commandai. Excellent !
Puis, je me procurai La secte des égoïstes que j'offris à Noël à mon fils, appelons-le Ugo. Dès qu'il en eut fini la lecture, je le dévorai à mon tour.
C'était fait. J'étais client. Plus, fidèle.
Un peu plus tard, un autre ami, appelons-le Antoine, invita les lecteurs de son blog, à lire La Rêveuse d'Ostende. Et dès lors, je n'étais pas seulement client, pas seulement fidèle, je devenais conquis, accroc peut-être.
Des rêveuses d'Ostende, j'en consommerais à tous les repas sans jamais me lasser, j'en suis sûr.
Alors je remercie tous ceux cités ici et en premier lieu l'auteur, appelons-le Eric-Emmanuel Schmitt.

samedi 21 mai 2011

Une question. Ma réponse.

Une question glanée sur un site réseau que je fréquente :

Quel est le livre qui a changé votre vie ?

Le livre qui vous a apporté du réconfort, celui qui vous a ouvert les yeux, celui auquel vous pensez régulièrement, celui dont vous ne pourriez pas vous passer ? Bien-être, développement personnel, philosophie mais bien sûr et pourquoi pas littérature !

Ma réponse :
Je ne crois pas aux "révélations". Je pense que nous sommes le résultat d'alluvions diverses qui déposent chacune un petit quelque chose et que c'est en se retournant qu'on voit le changement. Bref, tout change notre vie.
Aussi quand je décide de répondre à ce type de question, je joue le jeu... à moitié en délivrant plutôt une liste :
- Le Manuel d'Epictète.
- Les Essais de Montaigne.
- L'éloge de la fuite d'Henri Laborit.
- Propos sur le Bonheur d'Alain.
- Vers la plénitude et la joie d'Emmet Fox
- La clé de Cassette et Barbarin.
- La dynamique mentale de Christian Godefroy.
- La vie des maîtres de Spalding.
- Le chemin du bonheur du Dr Victor Pauchet.
- Le hasard n'existe pas de K. O. Schmidt.

Et j'ajoute un film, parce que c'est important, et que ça contredit un peu ce que j'ai dit plus haut à propos de "révélation" ;-) : "Mon oncle d'Amérique" d'Alain Resnais.

vendredi 6 mai 2011

"Être humain" Abraham Maslow

En pleine lecture du dernier et plus abouti des livres de Maslow, je ne résiste pas à vous en parler avant de l'avoir terminé.
Voilà ce que nous dit la quatrième de couverture :
"Au contraire de la plupart des psychologues, qui s'intéressent en priorité aux pathologies, Abraham Maslow a consacré sa vie à comprendre la santé mentale, l'accomplissement de soi, la plénitude. Ce livre, son dernier, est le sommet de son œuvre. Il réunit les résultats de ses recherches et ses intuitions majeures sur les potentialités positives de la nature humaine. Elles le conduisent à s'interroger sur ce que signifie être " complètement humain ". Ce livre déborde le champ traditionnel de la psychologie pour devenir une exploration de la nature humaine. Mêlant recherches, expérimentations et observations, Maslow y traite de biologie, de besoin, de valeur, d'expérience paroxystique (mystique), de créativité, d'éducation, de synergie, d'organisation sociale, de connaissance, de science, de transcendance, de motivation... A travers tous ces aspects de l'humanité, il n'a de cesse de chercher et de montrer le meilleur de l'homme. Pour lui, le psychologue doit inviter chacun à se réaliser et à constituer une société favorable à cet épanouissement, une société " eupsychique ".
C'est engageant, n'est-ce-pas ? Et bien, à la lecture c'est... exaltant et encore, je fais sobre.
J'y reviendrai peut-être avec des extraits, mais je voulais juste partager une réflexion :
Réduire Maslow à sa pyramide, c'est comme réduire Coué à sa méthode ou Épicure aux épicuriens. Si on devait me réduire à ce qui brille le plus chez moi, on me réduirait à ma femme. Mais ce n'est qu'un bon mot. Pas plus.

mercredi 20 avril 2011

La dame aux Haribo

Elle s'est assise là, au milieu du passage, au soleil. Les ombres de la structure moderne du musée lui font une cage ouverte. Elle ne peut pas être mieux.
De loin, je suis le manège. Elle parcourt la brochure de l'exposition en cours et, dès qu'un visiteur approche, elle replie ses jambes pour les étirer aussitôt. Elle est passage à niveau automatisé et vérin électrique plutôt raffiné.
Ma position d'observateur ne dure pas. Je m'approche et hop, c'est marée basse, les genoux remontent au menton et c'est tapis rouge pour mon passage. Je suis Charlton Heston ouvrant les eaux de la Mer Rouge.
- Vous êtes bien, là.
- On ne peut pas être mieux, répond le sourire.
Le regard fixe et assuré ne me quitte plus. Et c'est sans un mot, qu'elle me tend un sachet de bonbons Haribo. Je ne suis pas très sucre, mais le geste a du charme et il convient de récompenser l'audace.
- Partageons.
Et la voilà qui découpe un bâton de réglisse fourré d'une chimie jaune vif, de ses longs doigts avec une délicatesse envoûtante.
- Je viens ici toutes les semaines. Mais parfois je me mets en face.
- Je n'aurai donc pas d'excuses si je ne vous retrouve pas.
- Aucune.
Elle ne lit pas la brochure du musée. Cette dernière sert de couverture, dans les deux sens du terme, à une lecture plus intéressante et plus suggestive. Elle lit "L'art de jouir". L'art dans un musée, c'est cohérent. Jouir, c'est engageant.
- De Michel Onfray ? demandé-je.
Elle ne connait pas Onfray. Mauvais point pour la dame.
Elle lit "L'art de jouir" de La Mettrie. Ça fera l'affaire.
C'est le moment que choisit l'employé du musée pour signifier virilement aux derniers visiteurs que l'heure de la fermeture a sonné.
Nous prenons congé, certains que la providence et les informations adroitement distillées, permettront de faire se chevaucher de nouveau nos cheminements personnels.
Je la croise encore sur l'esplanade, plantée au milieu d'autres statues, épaules et jambes ouvertes, accueillant le soleil et posant pour les passants. Mon sourire lointain ne lui suffit pas. C'est au passage piétons suivant qu'elle s'approche de nouveau.
- Vous prenez le tram ? Moi aussi.
- Non, non, je rentre à pied, dis-je.
Le volte-face est si rapide que le déplacement d'air me décoiffe. Sans doute est-elle vexée de ne pas avoir mis en pratique sur le champ les théories de l'Art de jouir, malgré la grosse cavalerie lancée à l'assaut du promeneur solitaire.
Il faudra sans doute que je retourne voir cette expo.

mercredi 30 mars 2011

Journée mondiale du livre.

(vu et fait sur Facebook. Je répercute ici)
Aujourd'hui, journée mondiale du livre.
Règle du jeu : attrapez le livre le plus proche de vous et allez à la page 56. Notez la 5e phrase.Postez la dans votre statut et copiez les règles en tant que commentaire. Ne choisissez pas le livre et ne dites pas de quel livre il s'agit.

samedi 19 mars 2011

page 101

Le prêtre à la chaire se livrait à son sermon de remontrance devant une foule attentive, âmes simples qui buvaient leur rhétorique dominicale.
- Craignez Dieu, tonnait le prêtre, vous êtes noirs, vous êtes sales, le vice pourrit votre peau, les miasmes putrides de votre concupiscence montent jusqu'à moi, de vos mains coule le stupre.
Les braves pères et mères de famille, épuisés par le travail de toute une semaine, propres et endimanchés, raffolaient de la violence du prône ; eux par ailleurs si sages et laborieux, se réjouissaient de penser, une fois par semaine, qu'ils pouvaient être coupables, ou plutôt capables, d'un tel dévergondage. Au fond, ce n'était que dans le temps de la messe qu'ils commettaient le péché de chair, du moins en esprit. Vraiment, c'était là leur homélie préférée.
- Vos yeux sont gonflés de désirs, vos vices y font des poches, et vos peaux sont rougies, tuméfiées, brûlées à force de se frotter les unes contre les autres. Vos intestins saignent. Votre queue brûle. Priez, mes frères, priez et confessez-vous. Il n'y aura de salut que par le repentir. Si votre remords est sincère, peut-être Dieu vous pardonnera-t-il.

"La secte des égoïstes" Eric-Emmanuel Schmitt

Georges

Une chanson inédite de Georges

(La chanson n’a pas de titre… )
Extrait :

Elle entra dans ma vie en patins à roulettes
Elle était verdelette elle était bachelette
L'amour comme toujours marchait à l'aveuglette
J'ai pas su m'écarter j'ai fait une boulette
La publique rumeur m'a mis sur la sellette
La chair fut un peu triste elle était pucelette
Et moi je n'étais pas un véritable athlète
La fringale la prit j'avais pas de galette
Elle quitta ma vie en patins à roulettes (…)


Cette chanson est publiée dans «Brassens, homme libre» le nouveau livre de Jacques Vassal aux éditions Le Cherche Midi qui avaient déjà publié les Oeuvres complètes de Brassens en 2007
(Source :
biblio.nouvelobs.com)

Et aussi à lire ce week-end l’excellent « papier » de Valérie LEHOUX
Derrière la moustache dans le numéro 3192 de Télérama. ( Je vous conseille la version papier)
A l’occasion de l’expo à la Cité de la Musique à Paris.



Illustration: Brassens chez lui à Paris en 1947 - Roger Viollet

mercredi 9 mars 2011

Du bon usage du développement personnel

Je souris en regardant une Note caracoler en tête du « best off » de Terra Philia.

Et cela depuis des semaines ! C’est le Top des clics de l’hiver ici !
L’auteur du billet - un homme qui nous a habitué à de longs billets passionnés et qui sait écrire- nous parle (brièvement) d’un bouquin certes à la très agréable lecture qui conforte mais pour ajouter aussitôt que l’on n’apprend pas grand-chose, voir qu’il y a relevé quelques lieux communs et des évidences qui peuvent apparaitre comme des banalités !

Je me suis donc posé la question de tant de clics :

-Le titre qui est bien dans l’air du temps ? Ce temps de mal être dans beaucoup de têtes. Un titre remède en somme.
-Les nombreuses citations extraites du bouquin ? C’est vrai que voilà de quoi méditer à moindre frais chaque matin.
-Le buzz ? La tête de liste incite au clic sur la Toile.
-Où bien autre chose, un de ces mystère de la blogosphère?

Vous l’aurez compris, je traite tout cela avec humour mais nous en avons parlé, -l’auteur du billet et moi- sérieusement, l’autre jour sur les bords de la méditerranée.

Les rayons « développement personnel » qui prennent de plus en plus de place dans les rayons librairie des magasins. Ces auteurs qui racontent –avec plus ou moins de talent - les mêmes choses et développent des recettes qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne datent pas d’hier.
Ces revues aux unes "programme" et slogans qui en font le succès.
Ces Notes sur les blogues (Et je ne suis pas en reste sur mon « carnet »…) qui créent de la visite et du commentaire, c’est une évidence. Comme l’est et c’est une très bonne chose, (un acte déjà), l’écriture thérapie.
Mais alors pourquoi les « gens » ne vont pas mieux, après cette (presque) overdose de bons conseils ici et là, en rayons ou sur la Toile ? Et si la vraie question était que les mots ne suffisent pas à soigner les maux ! Que rien ne remplace la pratique, le jogging mental et surtout, l’effort- soutenu- d’un "penser autrement".
Que rien n’est mieux que de poser des actes.
Les choses que je peux changer dit La prière de la sérénité. Où encore la force de réaliser ce que je peux faire dans une autre version citée par sœur Emmanuelle dans un livre passionnant « Vivre à quoi çà sert ? »

Que rien non plus ne remplace l’aide que l’on pourra trouver chez ceux qui par leur vécu et leur expérience ne demande qu’à partager un peu de leur parcours. Va du côté des gagnants, me disait-on le mercredi dans les premiers pas de mon rétablissement. Gagnant au sens d’engagé dans une vraie démarche de travail sur soi.

Ces réflexions déposées, reste que je le lirais sans doute ce Petit traité de vie intérieure, ne serait-ce que parce que j’aime lire cet auteur.
Et puis, c’est bien de cliquer sur le lien d’un bouquin où sur un bandeau rouge est écrit Vivre est un art.

mercredi 2 mars 2011

"Apostille au crépuscule" Michel Onfray

On me l'a offert. Je n'aurais pas pensé à l'acheter. Je l'ai lu comme on grimpe une montagne sans l'entrainement, ni l'équipement adaptés à la difficulté.
Je n'avais pas lu le bouquin (Crépuscule d'une idole) dont celui-ci était la réponse. Je n'ai pas de connaissance du sujet (pour une psychanalyse non-freudienne) assez technique. Et enfin, pas le niveau intellectuel et culturel pour choisir mon camp dans le débat.
Néanmoins, j'ai grimpé la montagne avec courage et détermination. Et c'est seulement dans les derniers pas, à l'attaque du dernier chapitre, que le ciel du sommet m'a éclairé tout entier et, comme souvent, récompensé des efforts entrepris.

Le livre d'Onfray, est une mise au point suite aux nombreuses critiques, "pitoyable réception" dit-il, que l'auteur a dû subir après la publication de son "Crépuscule d'une idole" où il réglait son compte à la psychanalyse freudienne et surtout à Freud lui-même.
Plutôt enthousiaste dès qu'il s'agit de lire Onfray, ou de toucher aux intouchables ou à la pensée unique, je le suis beaucoup moins à l'approche de lectures qui sont "contre" qu'elles soient attaques ou défenses. Soit.
On a ici un philosophe énervé, qui enfonce le clou concernant le sujet et il n'y va pas de main morte : "Freud semble selon la légende dorée le seul à avoir trouvé ce que les autres cherchaient. En fait, la seule invention à mettre à son crédit, c'est la construction d'une infrastructure de guerre redoutable afin d'assurer le leadership viennois, puis autrichien, puis européen, puis mondial, d'un homme qui confisque à son seul profit le travail d'une multitude de tâcherons envoyés dans les culs-de-basse-fosse de l'histoire"... "...l'inconscient freudien, c'est l'inconscient de Freud".
Bref, après un bouquin règlement de comptes, cette apostille passait la deuxième couche recouvrant les ennemis de la première.

Puis vint le sommet. "Pour une thérapie existentielle - Où l'on apprend ce que pourrait être une psychanalyse non-freudienne"
où l'on parle d'un inconscient matériel : "On peut de façon concrète, pénétrer cet inconscient et y modifier les agencements atomiques au profit de formules nouvelles susceptibles de remplacer une souffrance par une paix, un trouble par une sérénité, un déplaisir par un plaisir, une négativité par une positivité, un traumatisme par une résilience, une inquiétude par une quiétude"
où l'on parle d'Antiphon, sophiste grec : "La pensée gouverne le corps, la santé, la maladie et tout le reste"
où l'on parle du pouvoir de la parole : "la narration claire d'un inconscient matériel génère de l'ordre mental là où règne le désordre. Je crois également que cet ordre formulé, formalisé, conduit à une certaine paix de l'âme" - "Cette narration peut se faire entre soi et soi, sur le principe de la méditation païenne antique, avec une pratique d'exercices spirituels. La construction de soi comme une identité solide dispense de ressentir un jour le besoin d'une thérapie" - "l'évitement du divan passe par une philosophie de la prévention de l'âme en désordre. Tout renoncement à construire ici se paie d'une certitude de détruire là"
où l'on parle de Montaigne : "Les essais de Montaigne incarnent à merveille cette narration de soi à soi qui permet la lecture, donc la compréhension, de son inconscient matériel"
où l'on parle d'or : "La pénétration de son inconscient matériel peut se faire de cette façon : par une volonté chère aux philosophes antiques de pratiquer une sagesse existentielle, de partir à la connaissance de soi-même" - "Clairvoyant sur l'organisation de son inconscient matériel, on saura, on pourra envisager un trajet existentiel rectiligne" - "Cette narration peut donc procéder de soi, par un genre d'auto-analyse socratique"
où l'on parle de Sartre : "Cette psychanalyse (existentielle) n'a pas encore trouvé son Freud... il nous importe peu ici, qu'elle existe : l'important pour nous c'est qu'elle soit possible" - "Les Mots montrent un Sarte brillantissime dans l'exercice d'auto-analyse existentielle" - "...sa croyance, très tôt que l'idée est plus vraie que la réalité" - "l'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous"

mardi 22 février 2011

La main de la page 123

« Une autre expérience a été effectuée avec des bibliothécaires auxquels on demandait d’effleurer la main des lecteurs en leur remettant un livre. On interrogeait ensuite les clients qui sortaient de la bibliothèque sur la qualité des services offerts par la bibliothèque. Ceux dont on avait touché la main donnaient des réponses plus favorables que les autres, et se souvenaient mieux du nom du bibliothécaire. »
(...)

samedi 29 janvier 2011

Le ciel est d'un bleu résolu

Un extrait d'un texte de Shoshana Rappaport-Jaccottet (je suis fan), déniché sur l'excellent site Remue.net. L'ensemble est à lire ici, sous le titre Milonga.
(...) Et ensuite ? Maintenant que le tumulte a cessé, il faut prendre son temps. Et s’astreindre à la lucidité. Rude exercice qui défie l’allégresse. Les mots reviennent avec plus d’éclat. Je les regarde, les déplace, les reprends. Ils sont insouciants, comme un enfant protégé. Ils se pressent, s’élèvent, s’amplifient. Ils miroitent. Ils s‘ébattent joyeusement. Ils s’élancent.
On respire un peu. (Un peu mieux.) On avance mine de rien. Sans coup férir. Ça n’a l’air de rien une avancée tempérée. Et pourtant. Prendre le taureau par les cornes. Il faudra s’y résoudre. (Comme cela vient.)
Le ciel est d’un bleu résolu. Vaillant programme.
Lente progression.
Durer, voilà le mot.
Opiniâtre fébrilité, ou l’impassible revers de la lassitude sourcilleuse.
Nécessité d’ajouter ici l’arythmie délibérée, concertée du dialogue en train de se nouer. (Des effets de la bonne propension à cerner l’efficacité des choses dites, ou celles entrevues.) Tout reste à faire. C’est vite dit. Tenez par exemple, comment définir telle sensation qui me tenaille ? Est-ce une minuscule énigme formelle que je vous tends ? Ce serait simplement cela. (Il pleut à verse maintenant.) Ça tombe bien. (Ne pas chercher à articuler le haïku et La Recherche du temps perdu. C’est un transfert de compétences, quel que soit l’objectif.)
Prendre la lumière autrement. Donner à voir, à entendre. L’idée me plaît. Je vous saisis par le collet. Lisez-moi, voici l’injonction première. Mais à force d’aller dans un sens, et dans l’autre, je risque de vous égarer. « Je prépare un engin », disait Ponge. Vous ne suivez pas ? Je milite ingénument pour le doute, le scepticisme, la curiosité.
(Que doit-on divulguer ?)
Gagner en densité élaborée. Être celui qui parle contre le vide. À portée du regard, pouvoir délicatement s’ancrer dans le réel. Discerner les infimes variations du courant, tels mouvements subtils, à peine perceptibles, ou les ébauches tremblantes dont le jeu constitue la trame invisible de chaque rapport humain.(...)

mercredi 12 janvier 2011

Un roman "fleuve"

Il arrive qu'on rencontre un écrivain et alors c'est magnifique.
A mesure que passent les années, et au sortir des Clavel, Zola et autres Djian, Bukowski, Vargas, Mankell, la magie continue d'opérer.
Dernièrement, il y a eu Régis Jauffret.
Un écrivain, c'est une langue, c'est un pays, c'est un univers.
En voici un nouveau, une nouvelle plutôt : Maylis de Kerangal.
Son ouvrage, c'est Naissance d'un Pont.
Je viens de terminer la lecture et je me sens abandonné tellement la langue m'a promené dans des pays et des univers.
Naissance d'un Pont, c'est une étrange aventure. Qui s'appuie sur un chantier de béton pour nous narrer des femmes, des hommes, des villes, des civilisations, des accidents, des rencontres, des violences, des rêves, des échecs. Narrer l'importance de l'eau, aussi. Du fleuve, en l'occurrence.
Et puis le pont, bien sûr. Qui se construit sur l'air de l'exploit technologique. Avec des hommes qui gesticulent et qui unissent leurs talents et leurs colères. Le pont qui relie, autant qu'il clivage.
Foisonnant.
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