Ô que je m'en souviens, de ce petit ruisseau. Que je l'aimais, quelles que soient les saisons.
Comme on s'y glaçait les os, et les mains, et les pieds, à mesure qu'on s'acharnait à le faire chemin, où a en détourner le cours, avec de frêles constructions de bois, quelques branches, un peu de mousse, quelques cailloux.
Ô oui, comme il faisait froid les pieds dans l'eau, et que nous cheminions, aventuriers arrachant tant bien que mal feuillages et ronces, à l'abri des poissons et des limaces, nous écorchant la peau, gouttes de sang qui suintaient et que nous ramenions trophées.
C'était derrière le champ qui était de l'autre côté de la route qui était devant la maison.
Nous n'avions pas encore toutes ces années derrière nous, pas encore ces cicatrices à venir.
Un dimanche après-midi suffisait, c'était tout l'univers, qu'il fasse soleil d'été ou ciel bas d'automne.
Les champs riaient. Ils étaient remplis de rigoles dans lesquelles parfois nos chevilles vrillaient au détour d'un match de foot qui n'avait de foot que le ballon, tant il fallait dompter les éléments, herbes folles, boues tactiles, poteaux carrés et pieds hésitants.
La terre était rouge quand elle n'était pas boue. Il y avait de la mousse le long des arbres.
Source d'inspiration
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dimanche 4 mars 2012
vendredi 3 février 2012
Le ruisseau
Ô que je m'en souviens, de ce petit ruisseau. Que je l'aimais, quelles que soient les saisons.
Comme on s'y glaçait les os, et les mains, et les pieds, à mesure qu'on s'acharnait à le faire chemin, où a en détourner le cours, avec de frêles constructions de bois, quelques branches, un peu de mousse, quelques cailloux.
Ô oui, comme il faisait froid les pieds dans l'eau, et que nous cheminions, aventuriers arrachant tant bien que mal feuillages et ronces, à l'abri des poissons et des limaces, nous écorchant la peau, gouttes de sang qui suintaient et que nous ramenions trophées.
C'était derrière le champ qui était de l'autre côté de la route qui était devant la maison.
Nous n'avions pas encore toutes ces années derrière nous, pas encore ces cicatrices à venir.
Un dimanche après-midi suffisait, c'était tout l'univers, qu'il fasse soleil d'été ou ciel bas d'automne.
Les champs riaient. Ils étaient remplis de rigoles dans lesquelles parfois nos chevilles vrillaient au détour d'un match de foot qui n'avait de foot que le ballon, tant il fallait dompter les éléments, herbes folles, boues tactiles, poteaux carrés et pieds hésitants.
La terre était rouge quand elle n'était pas boue. Il y avait de la mousse le long des arbres.
Source d'inspiration
Comme on s'y glaçait les os, et les mains, et les pieds, à mesure qu'on s'acharnait à le faire chemin, où a en détourner le cours, avec de frêles constructions de bois, quelques branches, un peu de mousse, quelques cailloux.
Ô oui, comme il faisait froid les pieds dans l'eau, et que nous cheminions, aventuriers arrachant tant bien que mal feuillages et ronces, à l'abri des poissons et des limaces, nous écorchant la peau, gouttes de sang qui suintaient et que nous ramenions trophées.
C'était derrière le champ qui était de l'autre côté de la route qui était devant la maison.
Nous n'avions pas encore toutes ces années derrière nous, pas encore ces cicatrices à venir.
Un dimanche après-midi suffisait, c'était tout l'univers, qu'il fasse soleil d'été ou ciel bas d'automne.
Les champs riaient. Ils étaient remplis de rigoles dans lesquelles parfois nos chevilles vrillaient au détour d'un match de foot qui n'avait de foot que le ballon, tant il fallait dompter les éléments, herbes folles, boues tactiles, poteaux carrés et pieds hésitants.
La terre était rouge quand elle n'était pas boue. Il y avait de la mousse le long des arbres.
Source d'inspiration
dimanche 11 décembre 2011
Errer Humanum Est*
Il n'a pas titubé jusqu'au lit mais il s'y est effondré. Face contre oreiller. Il s'est réveillé comme ça quelques heures plus tard. Mal au dos. Froid. Vague démangeaison dans un orteil. Un moustique, peut-être.
Il s'est levé. Il a allumé l'ordinateur. Il s'est promené ça et là. Il a bu un café. Il s'est allumé une cigarette. Un autre café. Une autre cigarette. D'autres pages sur le net. Et puis il se lève. Met un blouson. Il part.
Il est monté dans sa voiture. Il l'a démarrée. Ils ont roulé.Contrarié.Surtout lui.
Il n'aime pas ne pas savoir où il va. Il n'aime pas n'avoir aucune raison de tourner là, de se rendre ici.
Alors il décide de faire un jeu.Voir où cela le conduit. Laisser les pensées choisir le chemin. Partir, revenir.Aller, venir. Il verra bien. Il verra surtout ce qui se niche entre les deux.
Maintenant Il roule.
Il se retrouve au Luxembourg, il y achète des cigarettes. Et des gâteaux. Chocolat fraise. Pas de mangue. Il n'est pas encore l'heure pour autre chose. Il a regardé quelques journaux, quelques revues. RAS. Des gens partout, qui se croisent, qui attendent, qui repartent, qui se lavent, qui pissent, qui se regardent, qui se heurtent. Un chien dehors. Se frotte les pattes dans la pelouse humide. Regard fatigué de qui le tient en laisse.
Vaguement, il pense se prendre un café et s'asseoir, regarder cette société. Il se contente d'une pièce d'un euro vingt et d'un gobelet. A défaut, c'est une boisson chaude.
Ca s'anime ensuite.
Au lieu d'aller tout droit à la bretelle de Bettencourt, il prend à droite.Ses yeux n'en finissent pas de se poser sur des endroits où il ne s'est jamais rendu. Il longe. Il note que le soleil s'éveille. Un peu. Il pleuvait tout à l'heure. C'est mieux. Il trouve que ça lui fait bien, l'air de la découverte. Il a presque envie de mettre cap au nord et d'aller voir la mer.L'idée lui suffit. Il reste sur sa route cependant. Il s'est vu débouler sur une immense plage, avec mer et dunes. Il n'aime pas les stations balnéaires. Surtout en cette saison.
Il se dirige vers l'Allemagne, lui dit un panneau, alors il bifurque et se retrouve devant les énormes cheminées de la centrale nucléaire. Cela ne lui inspire pas grand chose. Il s'en fout. Il sent juste la commune fortunée. Le revêtement des trottoirs, ici, ne sont pas comme ailleurs. Il espère que les pauvres ont droit à plus d'aides qu'ailleurs et espère mieux encore, qu'il n'y ait pas de pauvres. Se dit que s'il y en avait, sûrement qu'on les aurait aidé à partir ailleurs. Des immeubles, là-bas. C'est sûrement ça.
Il est maintenant près de midi. Il trouve un Super U à la sortie de la ville, il a suivi les panneaux, il s'est trompé, il a tourné dans le rond-point, il a trouvé. Il apprécie d'y trouver une boulangerie, boulangère lourdement maquillée, il s'achète un sandwich bourré de mayonnaise, enfin ça il le saura après, pour le mayonnaise, il prend aussi un chausson aux pommes et une boite de jus de pomme. Elle lui glace les doigts.Il n'a pas encore mis de musique et ça l'étonne. Encore moins la radio. Trop de mots. Trop peu de silence.
Il s'arrête finalement non loin de là. Dans un champ. Pas envie, pas besoin mais la mayonnaise dégouline. Il ne peut pas conduire. Manger ou conduire, il choisit de manger.Il tente une sieste à suivre mais l'endroit ne l'inspire pas. Les pensées s'éparpillent dans sa tête. Il fait froid. Il reprend la route. La nuit menace. Elle rôde, en tout cas.
Un panneau indique une cité thermale, un nom se terminant par « les eaux ». Il décide de s'y rendre. Qui sait, il y aura un casino, il fera fortune. Mais il n'a pas d'argent sur lui. Il ne jouera pas. N'ira pas au Casino. N'y va plus. Passons. Il traverse des routes vides et des villages éteints. Puis il arrive dans la cité toute grimée. C'est tout du moins l'impression qu'elle lui donne. Partout des lampadaires colorés et des massifs fleuris. Du pavé. Du granit scintillant. Centre-ville est interdit aux voitures. Il contourne. Pas un fil, tout est enterré. On dirait une ville qui se cache. Mais ce ne sont que trois rues. Des vitrines clignotent. C'est un peu ridicule. Elles clignotent pour qui ? Pourquoi ?Il ne s'arrête pas.
Il longe les terrains de sport en surplomb de la cité et plonge vers la suite.C'est le début du massif des Vosges. Il se sent chez lui. Faut sombre, pourtant. Les routes sont sinueuses. Les forêts de sapins s'étalent. La roche est rouge. Il se sent chez lui et c'est la première information de cette journée. Il rentrera, se dit-il. Il n'en était pas sûr.
Il est surpris, longeant un ruisseau, de découvrir au beau milieu de nulle part une riche demeure estampillée restaurant avec étoiles. Plusieurs voitures haut de gamme sont garées. De l'autre côté de la route, un hôtel high tech a été construit. Il lui semble apercevoir des silhouettes. Il se demande s'il va s'arrêter, se dit que s'il avait joué au casino peut-être pourquoi pas, se souvient qu'il a décidé de rentrer chez lui. Il se promet juste, passant, d'aller jeter un œil sur le net plus tard, pour voir les prix, pour renifler les menus.
Il décide de suivre le ruisseau. Il prend à droite, et se demande dans quelle rivière il va se jeter. Le ruisseau.
Il traverse des villages. Et encore des villages. Ils semblent endormis. Pas éteints.
Un panneau station verte de vacances l'a prévenu. Ces maisons vides sont sans doute des maisons de vacances. Il essaie d'imaginer les vacanciers qui arrivent, ce qui s'installe, des pêcheurs sûrement, des repas arrosés, des éclats de voix, et s'en repart.La nuit approche. Il suit un chemin qui file dans la montagne. Il décide la sieste, là, maintenant. S'endort en se demandant où il se réveillera.
* Titre emprunté à HF Théifaine. Paroles ici.
Il s'est levé. Il a allumé l'ordinateur. Il s'est promené ça et là. Il a bu un café. Il s'est allumé une cigarette. Un autre café. Une autre cigarette. D'autres pages sur le net. Et puis il se lève. Met un blouson. Il part.
Il est monté dans sa voiture. Il l'a démarrée. Ils ont roulé.Contrarié.Surtout lui.
Il n'aime pas ne pas savoir où il va. Il n'aime pas n'avoir aucune raison de tourner là, de se rendre ici.
Alors il décide de faire un jeu.Voir où cela le conduit. Laisser les pensées choisir le chemin. Partir, revenir.Aller, venir. Il verra bien. Il verra surtout ce qui se niche entre les deux.
Maintenant Il roule.
Il se retrouve au Luxembourg, il y achète des cigarettes. Et des gâteaux. Chocolat fraise. Pas de mangue. Il n'est pas encore l'heure pour autre chose. Il a regardé quelques journaux, quelques revues. RAS. Des gens partout, qui se croisent, qui attendent, qui repartent, qui se lavent, qui pissent, qui se regardent, qui se heurtent. Un chien dehors. Se frotte les pattes dans la pelouse humide. Regard fatigué de qui le tient en laisse.
Vaguement, il pense se prendre un café et s'asseoir, regarder cette société. Il se contente d'une pièce d'un euro vingt et d'un gobelet. A défaut, c'est une boisson chaude.
Ca s'anime ensuite.
Au lieu d'aller tout droit à la bretelle de Bettencourt, il prend à droite.Ses yeux n'en finissent pas de se poser sur des endroits où il ne s'est jamais rendu. Il longe. Il note que le soleil s'éveille. Un peu. Il pleuvait tout à l'heure. C'est mieux. Il trouve que ça lui fait bien, l'air de la découverte. Il a presque envie de mettre cap au nord et d'aller voir la mer.L'idée lui suffit. Il reste sur sa route cependant. Il s'est vu débouler sur une immense plage, avec mer et dunes. Il n'aime pas les stations balnéaires. Surtout en cette saison.
Il se dirige vers l'Allemagne, lui dit un panneau, alors il bifurque et se retrouve devant les énormes cheminées de la centrale nucléaire. Cela ne lui inspire pas grand chose. Il s'en fout. Il sent juste la commune fortunée. Le revêtement des trottoirs, ici, ne sont pas comme ailleurs. Il espère que les pauvres ont droit à plus d'aides qu'ailleurs et espère mieux encore, qu'il n'y ait pas de pauvres. Se dit que s'il y en avait, sûrement qu'on les aurait aidé à partir ailleurs. Des immeubles, là-bas. C'est sûrement ça.
Il est maintenant près de midi. Il trouve un Super U à la sortie de la ville, il a suivi les panneaux, il s'est trompé, il a tourné dans le rond-point, il a trouvé. Il apprécie d'y trouver une boulangerie, boulangère lourdement maquillée, il s'achète un sandwich bourré de mayonnaise, enfin ça il le saura après, pour le mayonnaise, il prend aussi un chausson aux pommes et une boite de jus de pomme. Elle lui glace les doigts.Il n'a pas encore mis de musique et ça l'étonne. Encore moins la radio. Trop de mots. Trop peu de silence.
Il s'arrête finalement non loin de là. Dans un champ. Pas envie, pas besoin mais la mayonnaise dégouline. Il ne peut pas conduire. Manger ou conduire, il choisit de manger.Il tente une sieste à suivre mais l'endroit ne l'inspire pas. Les pensées s'éparpillent dans sa tête. Il fait froid. Il reprend la route. La nuit menace. Elle rôde, en tout cas.
Un panneau indique une cité thermale, un nom se terminant par « les eaux ». Il décide de s'y rendre. Qui sait, il y aura un casino, il fera fortune. Mais il n'a pas d'argent sur lui. Il ne jouera pas. N'ira pas au Casino. N'y va plus. Passons. Il traverse des routes vides et des villages éteints. Puis il arrive dans la cité toute grimée. C'est tout du moins l'impression qu'elle lui donne. Partout des lampadaires colorés et des massifs fleuris. Du pavé. Du granit scintillant. Centre-ville est interdit aux voitures. Il contourne. Pas un fil, tout est enterré. On dirait une ville qui se cache. Mais ce ne sont que trois rues. Des vitrines clignotent. C'est un peu ridicule. Elles clignotent pour qui ? Pourquoi ?Il ne s'arrête pas.
Il longe les terrains de sport en surplomb de la cité et plonge vers la suite.C'est le début du massif des Vosges. Il se sent chez lui. Faut sombre, pourtant. Les routes sont sinueuses. Les forêts de sapins s'étalent. La roche est rouge. Il se sent chez lui et c'est la première information de cette journée. Il rentrera, se dit-il. Il n'en était pas sûr.
Il est surpris, longeant un ruisseau, de découvrir au beau milieu de nulle part une riche demeure estampillée restaurant avec étoiles. Plusieurs voitures haut de gamme sont garées. De l'autre côté de la route, un hôtel high tech a été construit. Il lui semble apercevoir des silhouettes. Il se demande s'il va s'arrêter, se dit que s'il avait joué au casino peut-être pourquoi pas, se souvient qu'il a décidé de rentrer chez lui. Il se promet juste, passant, d'aller jeter un œil sur le net plus tard, pour voir les prix, pour renifler les menus.
Il décide de suivre le ruisseau. Il prend à droite, et se demande dans quelle rivière il va se jeter. Le ruisseau.
Il traverse des villages. Et encore des villages. Ils semblent endormis. Pas éteints.
Un panneau station verte de vacances l'a prévenu. Ces maisons vides sont sans doute des maisons de vacances. Il essaie d'imaginer les vacanciers qui arrivent, ce qui s'installe, des pêcheurs sûrement, des repas arrosés, des éclats de voix, et s'en repart.La nuit approche. Il suit un chemin qui file dans la montagne. Il décide la sieste, là, maintenant. S'endort en se demandant où il se réveillera.
* Titre emprunté à HF Théifaine. Paroles ici.
Errer Humanum Est*
Il n'a pas titubé jusqu'au lit mais il s'y est effondré. Face contre oreiller. Il s'est réveillé comme ça quelques heures plus tard. Mal au dos. Froid. Vague démangeaison dans un orteil. Un moustique, peut-être.
Il s'est levé. Il a allumé l'ordinateur. Il s'est promené ça et là. Il a bu un café. Il s'est allumé une cigarette. Un autre café. Une autre cigarette. D'autres pages sur le net. Et puis il se lève. Met un blouson. Il part.
Il est monté dans sa voiture. Il l'a démarrée. Ils ont roulé.Contrarié.Surtout lui.
Il n'aime pas ne pas savoir où il va. Il n'aime pas n'avoir aucune raison de tourner là, de se rendre ici.
Alors il décide de faire un jeu.Voir où cela le conduit. Laisser les pensées choisir le chemin. Partir, revenir.Aller, venir. Il verra bien. Il verra surtout ce qui se niche entre les deux.
Maintenant Il roule.
Il se retrouve au Luxembourg, il y achète des cigarettes. Et des gâteaux. Chocolat fraise. Pas de mangue. Il n'est pas encore l'heure pour autre chose. Il a regardé quelques journaux, quelques revues. RAS. Des gens partout, qui se croisent, qui attendent, qui repartent, qui se lavent, qui pissent, qui se regardent, qui se heurtent. Un chien dehors. Se frotte les pattes dans la pelouse humide. Regard fatigué de qui le tient en laisse.
Vaguement, il pense se prendre un café et s'asseoir, regarder cette société. Il se contente d'une pièce d'un euro vingt et d'un gobelet. A défaut, c'est une boisson chaude.
Ca s'anime ensuite.
Au lieu d'aller tout droit à la bretelle de Bettencourt, il prend à droite.Ses yeux n'en finissent pas de se poser sur des endroits où il ne s'est jamais rendu. Il longe. Il note que le soleil s'éveille. Un peu. Il pleuvait tout à l'heure. C'est mieux. Il trouve que ça lui fait bien, l'air de la découverte. Il a presque envie de mettre cap au nord et d'aller voir la mer.L'idée lui suffit. Il reste sur sa route cependant. Il s'est vu débouler sur une immense plage, avec mer et dunes. Il n'aime pas les stations balnéaires. Surtout en cette saison.
Il se dirige vers l'Allemagne, lui dit un panneau, alors il bifurque et se retrouve devant les énormes cheminées de la centrale nucléaire. Cela ne lui inspire pas grand chose. Il s'en fout. Il sent juste la commune fortunée. Le revêtement des trottoirs, ici, ne sont pas comme ailleurs. Il espère que les pauvres ont droit à plus d'aides qu'ailleurs et espère mieux encore, qu'il n'y ait pas de pauvres. Se dit que s'il y en avait, sûrement qu'on les aurait aidé à partir ailleurs. Des immeubles, là-bas. C'est sûrement ça.
Il est maintenant près de midi. Il trouve un Super U à la sortie de la ville, il a suivi les panneaux, il s'est trompé, il a tourné dans le rond-point, il a trouvé. Il apprécie d'y trouver une boulangerie, boulangère lourdement maquillée, il s'achète un sandwich bourré de mayonnaise, enfin ça il le saura après, pour le mayonnaise, il prend aussi un chausson aux pommes et une boite de jus de pomme. Elle lui glace les doigts.Il n'a pas encore mis de musique et ça l'étonne. Encore moins la radio. Trop de mots. Trop peu de silence.
Il s'arrête finalement non loin de là. Dans un champ. Pas envie, pas besoin mais la mayonnaise dégouline. Il ne peut pas conduire. Manger ou conduire, il choisit de manger.Il tente une sieste à suivre mais l'endroit ne l'inspire pas. Les pensées s'éparpillent dans sa tête. Il fait froid. Il reprend la route. La nuit menace. Elle rôde, en tout cas.
Un panneau indique une cité thermale, un nom se terminant par « les eaux ». Il décide de s'y rendre. Qui sait, il y aura un casino, il fera fortune. Mais il n'a pas d'argent sur lui. Il ne jouera pas. N'ira pas au Casino. N'y va plus. Passons. Il traverse des routes vides et des villages éteints. Puis il arrive dans la cité toute grimée. C'est tout du moins l'impression qu'elle lui donne. Partout des lampadaires colorés et des massifs fleuris. Du pavé. Du granit scintillant. Centre-ville est interdit aux voitures. Il contourne. Pas un fil, tout est enterré. On dirait une ville qui se cache. Mais ce ne sont que trois rues. Des vitrines clignotent. C'est un peu ridicule. Elles clignotent pour qui ? Pourquoi ?Il ne s'arrête pas.
Il longe les terrains de sport en surplomb de la cité et plonge vers la suite.C'est le début du massif des Vosges. Il se sent chez lui. Faut sombre, pourtant. Les routes sont sinueuses. Les forêts de sapins s'étalent. La roche est rouge. Il se sent chez lui et c'est la première information de cette journée. Il rentrera, se dit-il. Il n'en était pas sûr.
Il est surpris, longeant un ruisseau, de découvrir au beau milieu de nulle part une riche demeure estampillée restaurant avec étoiles. Plusieurs voitures haut de gamme sont garées. De l'autre côté de la route, un hôtel high tech a été construit. Il lui semble apercevoir des silhouettes. Il se demande s'il va s'arrêter, se dit que s'il avait joué au casino peut-être pourquoi pas, se souvient qu'il a décidé de rentrer chez lui. Il se promet juste, passant, d'aller jeter un œil sur le net plus tard, pour voir les prix, pour renifler les menus.
Il décide de suivre le ruisseau. Il prend à droite, et se demande dans quelle rivière il va se jeter. Le ruisseau.
Il traverse des villages. Et encore des villages. Ils semblent endormis. Pas éteints.
Un panneau station verte de vacances l'a prévenu. Ces maisons vides sont sans doute des maisons de vacances. Il essaie d'imaginer les vacanciers qui arrivent, ce qui s'installe, des pêcheurs sûrement, des repas arrosés, des éclats de voix, et s'en repart.La nuit approche. Il suit un chemin qui file dans la montagne. Il décide la sieste, là, maintenant. S'endort en se demandant où il se réveillera.
* Titre emprunté à HF Théifaine. Paroles ici.
Il s'est levé. Il a allumé l'ordinateur. Il s'est promené ça et là. Il a bu un café. Il s'est allumé une cigarette. Un autre café. Une autre cigarette. D'autres pages sur le net. Et puis il se lève. Met un blouson. Il part.
Il est monté dans sa voiture. Il l'a démarrée. Ils ont roulé.Contrarié.Surtout lui.
Il n'aime pas ne pas savoir où il va. Il n'aime pas n'avoir aucune raison de tourner là, de se rendre ici.
Alors il décide de faire un jeu.Voir où cela le conduit. Laisser les pensées choisir le chemin. Partir, revenir.Aller, venir. Il verra bien. Il verra surtout ce qui se niche entre les deux.
Maintenant Il roule.
Il se retrouve au Luxembourg, il y achète des cigarettes. Et des gâteaux. Chocolat fraise. Pas de mangue. Il n'est pas encore l'heure pour autre chose. Il a regardé quelques journaux, quelques revues. RAS. Des gens partout, qui se croisent, qui attendent, qui repartent, qui se lavent, qui pissent, qui se regardent, qui se heurtent. Un chien dehors. Se frotte les pattes dans la pelouse humide. Regard fatigué de qui le tient en laisse.
Vaguement, il pense se prendre un café et s'asseoir, regarder cette société. Il se contente d'une pièce d'un euro vingt et d'un gobelet. A défaut, c'est une boisson chaude.
Ca s'anime ensuite.
Au lieu d'aller tout droit à la bretelle de Bettencourt, il prend à droite.Ses yeux n'en finissent pas de se poser sur des endroits où il ne s'est jamais rendu. Il longe. Il note que le soleil s'éveille. Un peu. Il pleuvait tout à l'heure. C'est mieux. Il trouve que ça lui fait bien, l'air de la découverte. Il a presque envie de mettre cap au nord et d'aller voir la mer.L'idée lui suffit. Il reste sur sa route cependant. Il s'est vu débouler sur une immense plage, avec mer et dunes. Il n'aime pas les stations balnéaires. Surtout en cette saison.
Il se dirige vers l'Allemagne, lui dit un panneau, alors il bifurque et se retrouve devant les énormes cheminées de la centrale nucléaire. Cela ne lui inspire pas grand chose. Il s'en fout. Il sent juste la commune fortunée. Le revêtement des trottoirs, ici, ne sont pas comme ailleurs. Il espère que les pauvres ont droit à plus d'aides qu'ailleurs et espère mieux encore, qu'il n'y ait pas de pauvres. Se dit que s'il y en avait, sûrement qu'on les aurait aidé à partir ailleurs. Des immeubles, là-bas. C'est sûrement ça.
Il est maintenant près de midi. Il trouve un Super U à la sortie de la ville, il a suivi les panneaux, il s'est trompé, il a tourné dans le rond-point, il a trouvé. Il apprécie d'y trouver une boulangerie, boulangère lourdement maquillée, il s'achète un sandwich bourré de mayonnaise, enfin ça il le saura après, pour le mayonnaise, il prend aussi un chausson aux pommes et une boite de jus de pomme. Elle lui glace les doigts.Il n'a pas encore mis de musique et ça l'étonne. Encore moins la radio. Trop de mots. Trop peu de silence.
Il s'arrête finalement non loin de là. Dans un champ. Pas envie, pas besoin mais la mayonnaise dégouline. Il ne peut pas conduire. Manger ou conduire, il choisit de manger.Il tente une sieste à suivre mais l'endroit ne l'inspire pas. Les pensées s'éparpillent dans sa tête. Il fait froid. Il reprend la route. La nuit menace. Elle rôde, en tout cas.
Un panneau indique une cité thermale, un nom se terminant par « les eaux ». Il décide de s'y rendre. Qui sait, il y aura un casino, il fera fortune. Mais il n'a pas d'argent sur lui. Il ne jouera pas. N'ira pas au Casino. N'y va plus. Passons. Il traverse des routes vides et des villages éteints. Puis il arrive dans la cité toute grimée. C'est tout du moins l'impression qu'elle lui donne. Partout des lampadaires colorés et des massifs fleuris. Du pavé. Du granit scintillant. Centre-ville est interdit aux voitures. Il contourne. Pas un fil, tout est enterré. On dirait une ville qui se cache. Mais ce ne sont que trois rues. Des vitrines clignotent. C'est un peu ridicule. Elles clignotent pour qui ? Pourquoi ?Il ne s'arrête pas.
Il longe les terrains de sport en surplomb de la cité et plonge vers la suite.C'est le début du massif des Vosges. Il se sent chez lui. Faut sombre, pourtant. Les routes sont sinueuses. Les forêts de sapins s'étalent. La roche est rouge. Il se sent chez lui et c'est la première information de cette journée. Il rentrera, se dit-il. Il n'en était pas sûr.
Il est surpris, longeant un ruisseau, de découvrir au beau milieu de nulle part une riche demeure estampillée restaurant avec étoiles. Plusieurs voitures haut de gamme sont garées. De l'autre côté de la route, un hôtel high tech a été construit. Il lui semble apercevoir des silhouettes. Il se demande s'il va s'arrêter, se dit que s'il avait joué au casino peut-être pourquoi pas, se souvient qu'il a décidé de rentrer chez lui. Il se promet juste, passant, d'aller jeter un œil sur le net plus tard, pour voir les prix, pour renifler les menus.
Il décide de suivre le ruisseau. Il prend à droite, et se demande dans quelle rivière il va se jeter. Le ruisseau.
Il traverse des villages. Et encore des villages. Ils semblent endormis. Pas éteints.
Un panneau station verte de vacances l'a prévenu. Ces maisons vides sont sans doute des maisons de vacances. Il essaie d'imaginer les vacanciers qui arrivent, ce qui s'installe, des pêcheurs sûrement, des repas arrosés, des éclats de voix, et s'en repart.La nuit approche. Il suit un chemin qui file dans la montagne. Il décide la sieste, là, maintenant. S'endort en se demandant où il se réveillera.
* Titre emprunté à HF Théifaine. Paroles ici.
samedi 3 décembre 2011
Midi à quatorze heures
![]() |
Photo Louis-Paul Fallot |
Gamin, on me disait souvent d'arrêter de chercher midi à quatorze heures. Je n'ai eu de cesse, je crois, de continuer. J'ai cherché, cherché, cherché ce midi à quatorze heures et aujourd'hui, je me sens à l'heure. J'esquisse même un sourire. De ces sourires dont je ne sais jamais si c'est le corps qui s'amuse ou si c'est la grimace qui s'installe. Si c'est l'air qui sort ou l'acide qui rentre. De ces sourires dont on se demande s'ils remontent ou s'ils amorcent une descente.
En vérité, sûrement que ce n'est ni l'un ni l'autre.
Je suis juste suspendu. Comme en apesanteur. Comme face à une fenêtre dont la poignée serait rouillée et en parfait état de marche.
Face à un carreau brisé dont les lames pointeraient vers un endroit qu'on imaginerait déserté et qui serait passé, disant comme par défaut que l'avenir, c'est là-bas, en face, vers cet espace sombre où clignote si l'on regarde bien un petit trait de lumière.
Midi à quatorze heures, comme ce jour où pour la première fois de ma vie et de sa mort, je me suis retrouvé face à un défunt.
Un homme, allongé, mains jointes posées sur son coeur éteint, enfin, que j'imaginais éteint alors que je sortais juste de l'adolescence, alors que la mort ressemble à rien dans ces années-là, ne vaut guère plus qu'un interrupteur qui s'était refermé sur cet homme-là.
Je me souviens très précisément de la scène.
Je revois cette pièce sombre, ces rideaux tirés, le silence épais comme un désert la nuit, cette pièce sombrement habitée par cet homme. Je me revois être près de lui, ne le connaissant pas plus que cela, m'apprêtant à ne jamais le connaître. Guettant je ne sais quoi.
J'étais là et je me disais que ce devait être ça, midi à quatorze heures.Le temps s'était arrêté pendant que les minutes continuaient de tourner et de tourner encore. Il y avait quelque chose de fascinant. Cet homme était là. Et n'était plus là. Il était parti et sa présence était immense.
Je lui enjoignais le pas, si je puis dire. J'étais là, moi aussi, mais je n'étais pas là, moi non plus. Parti dans cet interstice invisible du temps qui s'écoule hors le sablier, ce trou d'air entre les vitres.
Je m'y suis installé, n'y trouvant ni paix ni guerre, ni rires ni larmes, ni peurs ni vaillance.
Je m'y suis installé comme un ordre me serait tombé dessus, me disant de ne bouger pas, de ne bouger plus. D'arrêter de chercher midi à quatorze heures. D'arrêter parce que j'avais trouvé. Mais je ne le savais pas, alors. Que j'avais trouvé. J'ai continué à chercher. J'ai éviter de trouver. C'est le meilleur moyen, souvent, de se perdre. D'arpenter d'autres ordres. Se noyer. S'ébrouer.
J'épousai alors l'expression no man's land, comprenant pour la première fois qu'il était des pays invisibles et des espaces immenses que l'on peut habiter et qui n'appartenaient qu'à nous, qu'on pourrait tenir entre ses mains sans que personne ne s'en aperçoive. De ces endroits dont on peut partir comme on peut s'y enfermer. S'y trouver comme s'y perdre.
Nez à nez avec sa fenêtre amochée et pourtant source de lumière. Avec cette étrange certitude que le carreau brisé et la poignée rouillées sont les fidèles témoins non de notre quête mais de notre chemin. De notre humanité. Un genou à terre.
Musique inspirante
Midi à quatorze heures
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Photo Louis-Paul Fallot |
Gamin, on me disait souvent d'arrêter de chercher midi à quatorze heures. Je n'ai eu de cesse, je crois, de continuer. J'ai cherché, cherché, cherché ce midi à quatorze heures et aujourd'hui, je me sens à l'heure. J'esquisse même un sourire. De ces sourires dont je ne sais jamais si c'est le corps qui s'amuse ou si c'est la grimace qui s'installe. Si c'est l'air qui sort ou l'acide qui rentre. De ces sourires dont on se demande s'ils remontent ou s'ils amorcent une descente.
En vérité, sûrement que ce n'est ni l'un ni l'autre.
Je suis juste suspendu. Comme en apesanteur. Comme face à une fenêtre dont la poignée serait rouillée et en parfait état de marche.
Face à un carreau brisé dont les lames pointeraient vers un endroit qu'on imaginerait déserté et qui serait passé, disant comme par défaut que l'avenir, c'est là-bas, en face, vers cet espace sombre où clignote si l'on regarde bien un petit trait de lumière.
Midi à quatorze heures, comme ce jour où pour la première fois de ma vie et de sa mort, je me suis retrouvé face à un défunt.
Un homme, allongé, mains jointes posées sur son coeur éteint, enfin, que j'imaginais éteint alors que je sortais juste de l'adolescence, alors que la mort ressemble à rien dans ces années-là, ne vaut guère plus qu'un interrupteur qui s'était refermé sur cet homme-là.
Je me souviens très précisément de la scène.
Je revois cette pièce sombre, ces rideaux tirés, le silence épais comme un désert la nuit, cette pièce sombrement habitée par cet homme. Je me revois être près de lui, ne le connaissant pas plus que cela, m'apprêtant à ne jamais le connaître. Guettant je ne sais quoi.
J'étais là et je me disais que ce devait être ça, midi à quatorze heures.Le temps s'était arrêté pendant que les minutes continuaient de tourner et de tourner encore. Il y avait quelque chose de fascinant. Cet homme était là. Et n'était plus là. Il était parti et sa présence était immense.
Je lui enjoignais le pas, si je puis dire. J'étais là, moi aussi, mais je n'étais pas là, moi non plus. Parti dans cet interstice invisible du temps qui s'écoule hors le sablier, ce trou d'air entre les vitres.
Je m'y suis installé, n'y trouvant ni paix ni guerre, ni rires ni larmes, ni peurs ni vaillance.
Je m'y suis installé comme un ordre me serait tombé dessus, me disant de ne bouger pas, de ne bouger plus. D'arrêter de chercher midi à quatorze heures. D'arrêter parce que j'avais trouvé. Mais je ne le savais pas, alors. Que j'avais trouvé. J'ai continué à chercher. J'ai éviter de trouver. C'est le meilleur moyen, souvent, de se perdre. D'arpenter d'autres ordres. Se noyer. S'ébrouer.
J'épousai alors l'expression no man's land, comprenant pour la première fois qu'il était des pays invisibles et des espaces immenses que l'on peut habiter et qui n'appartenaient qu'à nous, qu'on pourrait tenir entre ses mains sans que personne ne s'en aperçoive. De ces endroits dont on peut partir comme on peut s'y enfermer. S'y trouver comme s'y perdre.
Nez à nez avec sa fenêtre amochée et pourtant source de lumière. Avec cette étrange certitude que le carreau brisé et la poignée rouillées sont les fidèles témoins non de notre quête mais de notre chemin. De notre humanité. Un genou à terre.
Musique inspirante
lundi 28 novembre 2011
Nous marchions sur la route déserte en tendant parfois le pouce lorsqu'une voiture passait à proximité mais on s'en fichait qu'elle s'arrête ou pas.
Les jours filaient et nous rions, parfois aux éclats, tout nous faisait rire en vérité.
Un crapaud. Un brin d'herbe. Du vent sous une jupe.
Nous avions la vie devant nous, tout simplement. Elle prenait la forme de cette route départementale durant cet été-là.
Nous avions décidé de partir tous les trois à l'aventure. Nous avions convoyé la soeur de Vincent dans une colo de vacances et pris ensuite la route pour rejoindre des amis quelque part près du Puy-en-Velay. Nous avions opté pour le stop et décidé de prendre le temps.
Nous allions droit devant.
Nous évoquions les filles et regardions le vent souffler dans les arbres.
Source d'inspiration
Les jours filaient et nous rions, parfois aux éclats, tout nous faisait rire en vérité.
Un crapaud. Un brin d'herbe. Du vent sous une jupe.
Nous avions la vie devant nous, tout simplement. Elle prenait la forme de cette route départementale durant cet été-là.
Nous avions décidé de partir tous les trois à l'aventure. Nous avions convoyé la soeur de Vincent dans une colo de vacances et pris ensuite la route pour rejoindre des amis quelque part près du Puy-en-Velay. Nous avions opté pour le stop et décidé de prendre le temps.
Nous allions droit devant.
Nous évoquions les filles et regardions le vent souffler dans les arbres.
Source d'inspiration
lundi 21 novembre 2011
Ma dame
Elle restait assise derrière sa fenêtre, délaissant les pas lents, au pays des gestes tranquilles.
En ce temps-là, la télévision ne tournait pas à vide. La vieille radio ne crapotait pas grand chose. On mangeait des petits beurres. Des sardines sur des tranches de pain beurré. C'était ainsi. Le long couloir était un magnifique terrain de foot.
Elle regardait l'animation de la rue. Quand il y en avait. Elle en prenait des bribes. Ses doigts courraient parfois entre deux aiguilles. Lui somnolait sur son fauteuil.
Une image vraie qu'on pourrait pourtant croire tirée des Vieux, de Jacques Brel.
La fameuse pendule, qui fait tic tac.
Les vieux meubles, qui semblent assoupis.
Le temps qui dirait-on s'est suspendu.
J'aimais me trouver là, près d'eux, dans ce silence rempli de tant de choses. Dans cet appartement auquel j'accédais par un escalier de bois, que je dévalais en partant, que j'avalais en arrivant.
Je n'étais pas chez moi chez eux, j'étais chez eux, et j'aimais cela.
Il en valait bien d'autres, ce silence, y compris des plus sonores. Des plus tonitruants. Des plus lustrés.
Ils parlaient peu et leur économie n'était ni de façade, ni reflet d'un manque.
Des gens de peu, immenses dans leur chaumière.
Grands de ce qu'ils taisaient, le regard bienveillant finalement, l'air de ne pas y toucher, de n'en penser rien, l'expérience au diapason.
Tout à l'heure, elle irait faire quelques ménages, elle préparerait le repas, rapporterait du pain.
Il irait à la pêche. Ou faire une pétanque. Il aurait été quelques temps dans le jardin. Ou bricoler une planche.
Elle marcherait à pied. Il se baladerait en mobylette. Je reprendrais mon vélo.
Source d'inspiration
En ce temps-là, la télévision ne tournait pas à vide. La vieille radio ne crapotait pas grand chose. On mangeait des petits beurres. Des sardines sur des tranches de pain beurré. C'était ainsi. Le long couloir était un magnifique terrain de foot.
Elle regardait l'animation de la rue. Quand il y en avait. Elle en prenait des bribes. Ses doigts courraient parfois entre deux aiguilles. Lui somnolait sur son fauteuil.
Une image vraie qu'on pourrait pourtant croire tirée des Vieux, de Jacques Brel.
La fameuse pendule, qui fait tic tac.
Les vieux meubles, qui semblent assoupis.
Le temps qui dirait-on s'est suspendu.
J'aimais me trouver là, près d'eux, dans ce silence rempli de tant de choses. Dans cet appartement auquel j'accédais par un escalier de bois, que je dévalais en partant, que j'avalais en arrivant.
Je n'étais pas chez moi chez eux, j'étais chez eux, et j'aimais cela.
Il en valait bien d'autres, ce silence, y compris des plus sonores. Des plus tonitruants. Des plus lustrés.
Ils parlaient peu et leur économie n'était ni de façade, ni reflet d'un manque.
Des gens de peu, immenses dans leur chaumière.
Grands de ce qu'ils taisaient, le regard bienveillant finalement, l'air de ne pas y toucher, de n'en penser rien, l'expérience au diapason.
Tout à l'heure, elle irait faire quelques ménages, elle préparerait le repas, rapporterait du pain.
Il irait à la pêche. Ou faire une pétanque. Il aurait été quelques temps dans le jardin. Ou bricoler une planche.
Elle marcherait à pied. Il se baladerait en mobylette. Je reprendrais mon vélo.
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L'énergie
Je me suis toujours demandé si en fait, tu n'avais pas choisi. Au fond. Tout au fond. Très au fond. Dans ces interstices de soi que nul ne connaît et qui parfois nous sont inconnus y compris à nous-même. Enfin, je parle de celles et ceux qui... écopent...
Tu n'as pas choisi cette chute, cet accident, ces souffrances alentour, bien sûr. Mais peut-être que finalement, à un moment, tu as décide de ne pas rester. De ne pas rester parmi nous. Tu t'évadais parfois, inutile se se le cacher.
Comme si toute cette énergie... Que sait-on finalement des souffles de vie ?
Souvent j'ai cette impression en fait : ceux qui s'en vont, peut-être sont-ils plus heureux maintenant. Je ne m'étais jamais fait la réflexion que peut-être, ils n'étaient pas heureux avant. Et que l'accident, la maladie... Peuvent-elles êtres des libérations ?
C'est assez idiot, comme pensée, peut-être.
C'est sûrement là pour conjurer quelque chose. Peut-être une rassurance, pour un type qui reste sur terre et qui trouve de bonnes raisons de pleurer l'âme tranquille. Au frais. Ou de bonnes raisons pour avancer, et avancer encore.
Qui sait ?
Quelques uns de mes disparus ont été victimes d'accidents.
J'ai pensé, c'est mieux comme ça. Autant de ne pas trop souffrir, finalement. Autant ne pas s'épargner trop de déchéance, trop de handicaps, trop de je ne sais quoi. A moins que ce ne soit cet air de vie brisée que pour certains, l'accident aurait déclenché. Et les regards alentours ?
D'autres ont été terrassés par des maladies, et j'ai pensé, voilà, il (elle) ne souffre plus. C'est peut-être mieux comme ça. Tellement vu de masques, d'interrogations dans les yeux.
Que sait-on finalement des souffles de vie ? Et comme je suis admiratif de celles et ceux qui se battent, au-delà parfois de l'entendement.
Vous êtes magnifiques.
Source d'inspiration
Tu n'as pas choisi cette chute, cet accident, ces souffrances alentour, bien sûr. Mais peut-être que finalement, à un moment, tu as décide de ne pas rester. De ne pas rester parmi nous. Tu t'évadais parfois, inutile se se le cacher.
Comme si toute cette énergie... Que sait-on finalement des souffles de vie ?
Souvent j'ai cette impression en fait : ceux qui s'en vont, peut-être sont-ils plus heureux maintenant. Je ne m'étais jamais fait la réflexion que peut-être, ils n'étaient pas heureux avant. Et que l'accident, la maladie... Peuvent-elles êtres des libérations ?
C'est assez idiot, comme pensée, peut-être.
C'est sûrement là pour conjurer quelque chose. Peut-être une rassurance, pour un type qui reste sur terre et qui trouve de bonnes raisons de pleurer l'âme tranquille. Au frais. Ou de bonnes raisons pour avancer, et avancer encore.
Qui sait ?
Quelques uns de mes disparus ont été victimes d'accidents.
J'ai pensé, c'est mieux comme ça. Autant de ne pas trop souffrir, finalement. Autant ne pas s'épargner trop de déchéance, trop de handicaps, trop de je ne sais quoi. A moins que ce ne soit cet air de vie brisée que pour certains, l'accident aurait déclenché. Et les regards alentours ?
D'autres ont été terrassés par des maladies, et j'ai pensé, voilà, il (elle) ne souffre plus. C'est peut-être mieux comme ça. Tellement vu de masques, d'interrogations dans les yeux.
Que sait-on finalement des souffles de vie ? Et comme je suis admiratif de celles et ceux qui se battent, au-delà parfois de l'entendement.
Vous êtes magnifiques.
Source d'inspiration
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