Partager une liste plutôt qu'une démonstration est assez peu ambitieux. On se dit que l'Autre mérite mieux. Puis, on s'arrange avec l'idée que cela activera sa machine à réfléchir et que ce sera toujours mieux que de lui servir du pré-digéré. On s'en remet une couche sur les scrupules en se convainquant que si certains peuvent lire des recettes de cuisine ou des programmes télé, ils peuvent bien survoler une série d'idées même non abouties.
Produits du jour :
- Pourquoi faut-il faire du spectacle avec la misère ? Moi ça me donne envie de gueuler que je suis pour la faim dans le monde, pour les violences conjugales, pour que les gens meurent de faim et de froid en hiver et pour les maladies qui ne guérissent pas. Les bons sentiments étalés, ça donne envie de gerber.
- Quand cessera la dictature du concret ? On ne peut plus rien dire d'abstrait, de théorique ou spirituel sans qu'on vous renvoie à l'efficacité, au palpable, à la réalisation. Même pour la foi, il faut des lieux de culte, et pour l'Amour des cœurs en plastique, et pour la générosité des chèques en euros, et pour la poésie des éditeurs. Alors qu'une idée, un sentiment, une réflexion, ça tient tout seul, ça prend pas de place et c'est le meilleur compagnon de voyage dans la vie.
- Il y a des moments où l'excès d'indulgence fricote avec la lâcheté. Et ce n'est pas si rare.
- Même ceux qui se plaignent du travail le mettent au centre de leur vie. D'ailleurs les politiques n'ont que le mot "salarié" à la bouche. Décliné parfois en Travailleur, Ouvrier, Employé... c'est toujours la catégorie qu'on flatte. Et pourtant chacun sait que les jours des salariés sont comptés. Que vienne vite la fin du salariat et du travail. Qu'on soit enfin en activité et en liberté toute sa vie.