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vendredi 2 mars 2012

En forme d'aumônière.

Cela fait déjà longtemps que je la croise. Souvent. Toujours au même endroit.
C'est à l'heure où j'ai terminé mon jogging, que je m'accroche aux grilles du parc voisin pour faire mes étirements, qu'elle promène son chien.
C'est une jolie cinquantenaire fraiche et à l'allure soignée. Nos regards se croisent sans se toiser, se frôlent sans se poser. Nous partageons la même discrétion et sans doute les mêmes interrogations. Deux beaux yeux intelligents scrutent et pensent de façon évidente. Pour faire vite, disons qu'il y a du niveau derrière le front.
Si dans sa tête c'est comme dans la mienne, elle doit me fabriquer un statut, une histoire, des goûts et des tranches de vie. Elle n'est pas belle, mais on pourrait dire que c'est une belle femme, comme on dit parfois de celles qui l'ont été. J'ai souvent, pendant que, transpirant, je tirais sur mes muscles, avoué une pointe de jalousie envers ces messieurs d'un autre âge, qui, profitant d'un compérage de maitres de chien, lui adressaient la parole sans retenue et sans préliminaires. En trois phrases, ces gens-là se connaissent, se reconnaissent et se trouvent des complicités, des ressemblances, des expériences communes de croquettes, de nonosses et de vétérinaires. Cela me rappelle le temps où, aux sorties d'école, j'avais plaisir à échanger, d'un faux air détaché, avec les jolies mamans des autres enfants. C'était facile. Les parents parlent aux parents. Et les propriétaires de clébards parlent aux propriétaires de cleps. En bout de laisse. Mais les joggeurs et les maîtresses, fussent-elles jolies et distinguées, ne s'adressent pas la parole spontanément.
Mon imagination a eu le temps de faire des siennes et de se persuader que la dame était une divorcée de longue date, un divorce décidé par elle-même. Sa première déception amoureuse fut la dernière et plus jamais elle ne fit confiance. Alors, elle se vengea sur la carrière professionnelle. Intraitable et insatiable, elle monta les marches à la vitesse d'une descente de toboggan, sans difficultés et sans jamais jeter le moindre regard, ni derrière, ni sur les côtés. Elle reporta son affection sur un chien, qui n'était certainement pas le premier, ersatz de mari, d'enfants et d'idéal. Les prétendants étaient nombreux mais les élus n'étaient autorisés qu'à consommer et se faire consommer, jamais à aimer ou à l'être. Je les imagine, promeneurs de canidés à la séduction, sinon facile, au moins facilitée.

J'ai revu la dame aujourd'hui. Mais le contexte était très différent.
J'étais en civil et la rencontre a eu lieu dans un autre quartier. Un échange de regards qui disait : "Je t'ai reconnu, je sais que tu m'as reconnu aussi". Nous nous sommes reconnus et avons failli nous saluer comme si nous nous connaissions. Nous freinâmes à temps. Je quittai les yeux d'azur et les miens, de cochon, filèrent vers la main droite de ma semi-connaissance. Elle pinçait, entre pouce et index, auriculaire en l'air, avec une distinction proprement éblouissante, un petit paquet en forme d'aumonière. Que contient donc le paquet ? J'imagine des dragées, des macarons colorés, des chocolats haut de gamme... Le temps de me poser la question que je comprends la réponse. Je relève les yeux vers les yeux. La promeneuse a compris que j'ai compris. Le rose aux joues jaillit et le charme construit par des mois d'imagination, s'évanouit immédiatement.
La si-raffinée-belle-femme, la si-distinguée-jolie-dame, la si-impressionnante-voisine-de-parc, tenait dans sa main droite, un mouchoir en papier contenant les excréments de son chien. De la merde dans un kleenex en forme d’aumônière ! C'est dégueulasse !

mardi 13 décembre 2011

Triste ambition

Il est de ceux qui ne voient que ce qui se voit et pensent qu'il faut être très tordu pour inventer ce genre de phrases. Il prend sa pensée primaire pour de la simplicité et sa spontanéité pour de la sincérité.
D'aucuns diraient qu'il est idiot, mais ils se tromperaient. Il est seulement ce qu'il est. C'est du moins ce qu'il dit. Cherchez à mieux le comprendre et il vous trouvera compliqué, lorsque vous n'êtes que salutairement complexe. Vous fonctionnez dans le mouvement, vers un but, recherchant des solutions pour rendre la vie belle et simple. Il vous voit comme un coupeur de cheveux en quatre qui retourne les cerveaux.
Vous finissez vous-même par dire qu'il est idiot. Et vous vous trompez. Rangez vos références, son monde est statique, construit de certitudes saines et rassurantes et pourtant sectaires et individualistes. A toute tentative de remise en question, d'appel à l'ouverture, il sort l'arme fatale, celle qui est censée vous faire taire sur le champ : Tout est goûts et couleurs, ce que vous dites n'est bon que pour vous et chacun est différent. Vous aviez pourtant pris la précaution de n'avancer que ce qui est partageable, compréhensible par tous, validé par des éminences, objectivement démontrable. Cela n'a pas suffi. Ne lui enlevez pas ses tuteurs, il s'étiolerait. Si, couche supplémentaire, vous lui expliquez son mécanisme de défense, sa vulnérabilité démasquée sort l'artillerie lourde et le primaire explose comme pour mieux vous donner raison.
Vous tempérez votre jugement et le pensez basique. Soit, il est basique. Mais taisez-le que diable ! Sa réaction risquerait de vous le confirmer par décibels et agressivité interposés.
Sa culture se résume aux aphorismes-vérités interprétés à sa propre sauce ; rassurants et encourageants, ils peuvent accompagner une vie comme les proverbes, dits de bon sens, accompagnèrent celle de ses aïeux. Voilà, c'est son bagage, il fait avec et ça lui suffit. Comme l'homme des bois vit d'instinct, d'une bite et d'un couteau, lui, vit de réactions, de trois croyances et mille certitudes.
Osez lui dire que la plaine est morne, que gravir la montagne renforce, qu'au-delà des sommets le soleil éclaire, que la curiosité construit, que la culture affirme et que le risque récompense, et vous lui faites plus de mal que de bien. Ajoutez que se laisser vivre, c'est se laisser mourir et votre compte est bon, vous n'aimez que les mots, pas les gens.
Alors, pissez dans d'autres violons, celui-là n'émet aucun son. Bois mort, il ne vibre pas. Il n'est qu'instrument, pas musique.

vendredi 2 décembre 2011

Solange

Solange avait, depuis peu, la soixantaine adolescente. Pas de ces retours de jeunesse assumés. Non. Plutôt une excitation inconsciente et effrénée vers des limites toujours repoussées.
Exprimé comme un rattrapage de temps perdu, sans doute alimenté par une mode du "s'occuper de soi" déclinée sur papier glacé ou écrans de télé-raccoleuse, le changement de vie de Solange dépassait le ridicule.
Récupérer un deuxième prénom jadis haï, le placer devant le sien, écraser le tout, pour présenter une Marisol toute neuve, prouve la créativité dont on est capable lorsqu'on veut faire table rase du passé.
La répprobation de ses proches, amis, voisins et enfants même, n'eût jamais aucun effet sur les divagations de Marisol. Aucune menace sous-jacente, chantage explicite ou affrontement direct n'ont pu arrêter la tornade grisonnante. Il fallait faire avec. Pas par respect des choix des autres, mais par impossibilité à expliquer rationnellement des comportements irrationnels. Deux plans aussi parallèles ne se rencontreront jamais.
Mais, c'est la morale qui parle et la morale est, non seulement subjective, mais emmerdeuse et castratrice. Exit la morale ! Marisol s'en tape. Marisol n'est plus Solange et ses valeurs ont changé de bord.

Quelqu'un qui manquerait d'informations verrait dans le personnage une cougar dévoreuse, une ogresse épicurienne ou une pétasse extravagante. Pas du tout ! Marisol se libère et pète les plombs dans "l'air de son temps". Adepte des camps de naturisme et des chemins de grande randonnée, elle s'éclate Bio griffée Vieux-Campeur, elle s'envoie en l'air aux antipodes dès qu'un forfait tout compris attire sa souris d'ordinateur, elle se goinfre au guide Michelin et se ruine en chevaux de course ou sous le capot en exprimant sa simplicité. Son compte en banque de baby-boomeuse lui permet ses excès et son troisième veuvage nous permet nos suspicions.
Poussée par la peur de manquer de temps pour tout claquer, elle vit à cent à l'heure et n'oublie jamais de prouver son affection par des cadeaux hors de prix.
Ses choix humanitaires et autres convictions tiermondistes ont vécu. C'était la vie d'une autre. Ne lui en parlez pas, son ardoise magique a tout effacé un matin d'hiver, au retour d'un cimetière.
Elle venait d'enterrer sa dernière chaîne, sa dernière attache : Une mère adorée partie à son heure. Plus rien ne retenait Solange d'exploser sans scrupules. Le passé passé, la ligne d'arrivée inconnue, son destin en mains, elle décida ce matin-là du sprint final. Elle y mit, sans le savoir, quelques formes et qualifia sa fuite en avant d'hédonisme responsable.
Le tour était joué. Les jugements seraient jalousie et les critiques mesquinerie.
Marisol vit la vie de Marisol plus courte que celle Solange et elle le sait. Alors, jugeons, moralisons, agaçons-nous, fuyons même, elle s'en fout comme de sa première Solange, demain elle a rendez-vous avec son chirurgien esthétique, celui qu'elle a rencontré dans un trek en Tanzanie l'été dernier.

samedi 22 octobre 2011

Brefitude


Le grand succès médiatique et télévisuel de cet automne 2011, c'est donc Bref. Ca se trouve ici.
Tout le monde en parle. Tout le monde aime. Tout le monde trouve cela frais, génial, etc.
Une claque en passant au plus c'est long plus c'est bon.
Je regarde de temps à autres ces petits objets. Je les trouve rudement bien faits. Au départ, c'est le côté prouesse technique qui m'a épaté. Dingue ce qu'en peu de temps, ces types arrivaient à mettre, à dire, à montrer. Et puis il y a un ton. Une manière singulière de dire. Et d'être efficace dans le minimalisme apparent. D'ailleurs, c'est le côté sociétal qui m'a ensuite étonné. Petites pépites qui, à raison de trois salves par semaine, expriment nos vies d'aujourd'hui, une certaine distance avec des situations quotidiennes, un côté loose qui ne cherche rien finalement si ce n'est peut-être dire cette loose, la montrer, histoire de pointer du doigt une certaine absurdie que nous pourrions vite perdre de vue.
Un côté trentenaires d'aujourd'hui, ajoutent  les inrocks. Avec sondage direction 2012. Alors que Paris-Match dit que c'est du durable.
On assiste donc à l'invention de la brévitude, art de vie si j'en crois l'adhésion, mode d'expression qui confirme que nos cerveaux deviennent des logiciels et nos pendules des zappettes.
S'il vaut mieux en rire, peut-être devrions nous aussi en pleurer ?
Je vous laisse juges :-)

mardi 18 octobre 2011

De la bouse sur le téléphone

Source image ici.
Pour ceux qui râlent après les téléphones portables, et trouvent que c'est de la m..., cette info est pour vous !
Une étude anglaise vient en effet de révéler que 92% des mobiles sont recouverts de bactéries, dont 16% de bactéries fécales de type... E. coli. Ce sont les Londoniens qui sont « pris » avec la plus grande proportion de bactéries E. coli sur les mains (28%).
Cette étude la The London School of Hygiene & Tropical Medicine a été publiée en amont de la Journée mondiale du lavage des mains. Les experts pensent que la présence de ces bactéries est liée à l'oubli du lavage des mains, avec du savon, après être allé aux toilettes.
En savoir plus ? Cliquez ici !

vendredi 14 octobre 2011

Quatre leçons primaires et bénéfice du doute

Il est temps, à quelques encablures du vote terminal, tout du moins pour ceux qui vont voter dimanche, de noter quelques points qui font qu'au-delà des chiffres et des votes, ces primaires sont appelées à faire date. Telles un curseur à positionner sur la frise de nos chronologies.
La première, c'est qu'on a revu et réentendu la gauche et que cela n'a pas fait de mal dans un paysage citoyen au débat confisqué depuis de (trop) longues années par la droite, les joutes politiciennes et les médias connivents. Là, le politique, et avec lui le journaliste, ont laissé les idées filer jusqu'aux gens et ne sont pas seulement contentés de se parler entre eux, de se couper la parole, de balancer du slogan.
Ca a fait du bien. J'espère que ça a rappelé à certains habitants que tout cela nous concerne réellement et que ce n'est pas leur problème dont il s'agit. Mais bien des nôtres. Surtout, mieux que les problèmes, il a été question de solutions. De possibles. De autrement. Faut bien ! Soudain, la primaire n'est plus devenue confidentielle. Elle a pris ses aises. Et des airs d'affaire d'état au sens noble du terme. La politique s'est rappelée en quelque sorte à notre bon souvenir en évoquant les affaires de la cité. La mayonnaise a pris. Je salue cette fraîchitude démocratique.
La seconde, c'est que les idées de gauche ont pu s'exprimer et se poser dans nos chaumières. Une gauche qui a eu l'occasion, et elle ne s'est pas gênée pour le faire, d'amener des débats, de poser des idées et de nous les servir sans constamment être sur la réaction ou la défensive.
Cela n'a pas fait de mal non plus.
Les gens ont maintenant de quoi choisir. Ils ont aussi, peut-être, pour celles et ceux bien sûr qui ne sont pas totalement coupés de ce monde-là, de quoi faire des choix en leur âme et conscience.
La troisième, c'est que quelque chose est prêt à changer dans notre monde et dans notre pays. Chacun essaie de se repérer dans ce qui est devenu un vaste dédale.
Les primaires ont obligé les impétrants comme on dit désormais à sortir des discours systématiquement sombres et opposants pour nous proposer des alternatives. J'ai moins entendu de slogans. J'ai senti que quelques éléphants changeaient de logiciels. Cela invite aussi à de l'indulgence. C'est le début de quelque chose. Et de moins futile qu'il n'y paraît. Le jeu citoyen se pose là : on est plus dans la nécessité d'une alternative que dans un simple coup d'urnes dont l'objectif serait de mettre en place une alternance.
La quatrième, c'est qu'il faut maintenant du temps pour que les graines semées germent et donnent des fruits. C'est l'occasion de se dire que dimanche soir ne marquera que le début d'une aventure. Le commencement de quelque chose. Un quelque chose qui, et c'est peut-être ça qui est nouveau, ne part pas de zéro. Cette évolution ne tombe pas du ciel. Elle n'a pas déboulé en cet automne 2011. Le 21 avril 2002, puis le vote européen ont posé des jalons. Ils furent des temps forts. L'avènement des nouvelles technologies, les crises à répétition, l'effondrement d'un système qui s'écrase de l'intérieur (la bulle financière) et les impératifs climatiques et énergétiques complètent la panoplie.
Cet été, je me disais que ça sentait la fin du monde. Cet automne, je me dis toujours ça. Mais avec la sensation que moins d'impuissance est possible.
Ce n'est pas déplaisant. Et le bénéfice du doute est ma foi sensation agréable, par les temps qui courent.





samedi 8 octobre 2011

Primaires : l'équipe et le candidat

Finalement, j'irai voter demain à l'occasion des primaires socialistes.
Ce n'était pas couru d'avance. Je n'aimais pas notamment cette idée de payer.
Aller finalement voter, c'est pour moi reconnaître ce dispositif, dont j'ai apprécié qu'il ait finalement lieu, moi qui au lendemain de l'affaire DSK pensait qu'ils feraient mieux de laisser tomber, de choisir leur candidat, de ne pas demander aux français de faire le choix à leur place.
C'est aussi saluer l'implication de toutes celles et ceux qui, demain, passeront un dimanche pour s'occuper de ces primaires.
Et puis personnellement, j'ai cheminé. Ce n'est pas leur candidat que je vais aller choisir mais le mien. Celui qui m'a le plus parlé.
Car j'ai apprécié les débats conduits dans le cadre de ces primaires.
J'ai apprécié le fait qu'ils aient lieux, déjà. Ca m'a fait du bien pendant quelques semaines,de moins voir les gouvernants,  malgré leurs efforts désespérés parfois, de voir d'autres visages, d'entendre d'autres discours, d'autres mots. De sentir qu'on parlait d'autres choses, autrement. L'exercice a eu aussi ceci de bien qu'on évoquait enfin aujourd'hui, demain, des perspectives. Ca change de la grisaille entretenue.
Et s'il faut choisir un candidat, je n'oublie pas m'être dit lors du second débat, et avoir ressenti, que c'est leur force collective, en fait, qui m'intéresse le plus. Je me suis dit à plusieurs reprises que quoi qu'on nous dise, s'il faut un chef, il faut aussi une équipe. Et cette équipe, avec ses diversités, ses points communs, m'a convaincue. J'aurais d'ailleurs aimé que les écolos et le front de gauche jouent le jeu, histoire que les primaires socialistes soient réellement des primaires citoyennes.
Quelque chose est enclenché. Tant mieux.

jeudi 8 septembre 2011

Le caddie sélectif

C'est le caddie à roulettes qui apparait le premier. De ceux qu'on ne fait plus. Un écossais bordeaux, un bordeaux mal vieilli, sale peut-être.
Sa propriétaire suit. De celles qu'on ne fait plus. Elle ne tire pas l'engin, elle le pousse. Allez savoir pourquoi ! Une nostalgie du temps passé, celui des landaux et poussettes ? Nous ne saurons pas.
Jupe plissée mi-mollets, écossais vert, avec la grosse épingle, pour faire joli et distingué. Jupe verte et pourrie à la fois. Au-dessus, le chemisier nylon, écossais rose. Un peu moins passé que le reste mais pas moins dépassé. Le tableau mériterait une photo : Les trois écossais chevauchés attaquent les yeux. Goût de chiottes et vie de merde !
Je lève la tête, je m'attends à des bigoudis, à un foulard à carreaux ou des cheveux teints en bleu. Non, rien de tout ça. Une bonne bouille de mémé sage, calme, tranquille. Une qu'on voudrait de sa famille. Elle a le regard vif et sélectif. Elle ne balaie pas des yeux, elle est à son affaire.
Son affaire, c'est de sortir de son caddie, le verre usagé pour le mettre dans le container approprié. Elle le fait, posément, tranquillement, précautionneusement. Une bouteille de champagne. Une bouteille de sauce tomate. Une bouteille de champagne. Une autre. Une de sauce tomates. Une de champagne. Encore deux sauces...
Joli ! Le spectacle vaut le coup d'oeil.
Je n'ai pas le coeur à lui faire remarquer qu'elle aurait dû ôter les bouchons des sauces tomates.
Je conclue vite que la dame se nourrit exclusivement de pâtes au champagne. C'est attendrissant. J'imagine un hommage au mari parti le premier, une façon de dépenser sa retraite à du plaisir gustatif plutôt qu'à une garde-robe sans intérêt. Du champagne et des pâtes en sauce ! Je m'inviterais bien moi.
Mais...
Mais, tout au fond, après la dernière bouteille, notre "écossaise" sort, surprise, un sachet de fromage râpé tout aplati. Elle le tourne dans tous les sens, puis, comprend qu'elle l'a oublié à son dernier retour de courses. Elle le glisse dans son sac à main et pose délicatement ce dernier dans le caddie. Elle repart, fière sans doute d'avoir fait son devoir de citoyenne éclairée. Peut-être va-t-elle faire le plein de bouteilles au supermarché ? Balles neuves !
Elle ne m'a pas remarqué et ne m'invitera pas. Et c'est tant mieux. Car, mon oeil averti a bien vu que le fromage était un vulgaire gruyère râpé. Manger des pâtes à la sauce tomate avec du champagne, pourquoi pas ! Mais sans Parmigiano, c'est hors de question !

jeudi 14 juillet 2011

Elles étaient de ces femmes...

Elle était de ces femmes, rares, dont les yeux et le regard sont de la même trempe. S'ils ne trichent pas, elle ne triche pas. Qu'ils vous déshabillent et elle vous déshabille. Vous avez rendu les armes avant même de vous rendre compte que le combat avait commencé. Victime consentante, vous êtes pétrifié. Qu'elle vous aime ou qu'elle vous tue, vous l'acceptez. Mais le plus probable est qu'elle vous aime puis qu'elle vous tue. Rien à faire. Passif, c'est déjà un rôle trop téméraire pour vous. Ne faites rien, ne dites rien et surtout ne vous en rendez pas compte.

Elle était de ces femmes, pas si rares, qui font dix ans de moins que leur âge. Et qui le revendiquent silencieusement. C'est la poitrine qui pose la question, le menton qui défie, l'épaule qui harponne le compliment. Compliment qui ne pourra pas vous échapper, il est téléguidé, aspiré, réclamé, exigé avant toute chose. Grand seigneur vous le lâchez. Mais grand observateur, vous savez. Vous savez que si elle fait dix ans de moins, c'est bien qu'elle en a dix de plus. Vous prenez de la marge et en ôtez encore trois. L'honnêteté devrait vous obliger à dire "Madame, vous faites 35 ans et vous en avez donc 48". Mais si toutes les vérités sont bonnes à dire, elles ne sont pas toutes bonnes à entendre.

Elle était de ces femmes, rares, qui n'ont pas à apprendre le sérieux. C'est ancré. C'est acquis. Pas par je ne sais quel bourrage de crâne ou morale frustrante. Pas plus par un travail en amont long et pénible de marche dans les clous. Non, c'est ainsi. Si l'estime de soi se cherche et se construit, le respect de soi est, pour elles, constituant. C'est un domaine où aucun effort n'est nécessaire pour faire coller comportements et valeurs, même dans un accès de folie.

Elle était de ces femmes, pas si rares, qui savent où elles vont mais n'en sont pas conscientes. Leurs doutes les envahissent au présent mais les construisent au fond. Plus tard, on dira d'elles, qu'elles savent mener leur barque. Laissant sa chance à la chance à laquelle elles ne croient pas, elles finissent par tirer le bon numéro. Patience et confiance n'ont pas suffi mais leur étaient indispensables.

mardi 12 juillet 2011

VAKO part en week-end

En matière de communication chacun de nous a une approche de représentation mentale dominante. Les "PNListes" appellent ces perceptions le VAKO : pour Visuel, Auditif, Kinesthésique et Olfactif auquel on associe le Gustatif. Voici une façon ludique de les représenter par le récit d'un même évènement privilégiant tour à tour les formes différentes de perception. On peut s'amuser à rechercher les mots et expressions choisies pour forcer le trait.

Texte Visuel :

Pour préparer notre dernier week-end, j'ai jeté un coup d'oeil sur le Guide du Routard qui donne assez clairement un panorama des activités proposées par notre lumineuse région.
Après une entrevue avec ma famille, nous avons envisagé de découvrir l'île Sainte Marguerite.
Du port, nous apercevons déjà l'île à l'horizon. La mer et le soleil nous permettent de contempler un spectacle fascinant : les reflets de cette éclatante matinée nous déroulent un tapis de lumière aveuglant qui semble être un miroir où se reflète le bateau qui nous présente notre première vision de l'îlot.
Arrivée : Une oeillade à gauche, un regard à droite. Nous envisageons une échappée à l'ouest pour observer les diverses espèces d'oiseaux présentes.
Apparemment, il semble que Sainte Marguerite soit restée à distance de l'urbanisation et plus nous découvrons le littoral, plus nous constatons que nous avons eu une idée lumineuse en venant ici pour en prendre plein les yeux et pouvoir indiquer cette destination à d'autres.
De mon point de vue, je constate que nous avons passé une excellente journée.
- C'est clair, me répond mon fils.

Texte Auditif :

J'avais entendu parler des îles de Lérins, et je m'étais laissé dire qu'il y régnait un calme absolu.
Bien entendu, je me devais de dialoguer avec ma famille afin d'accorder nos violons sur l'idée de passer une journée à l'île Sainte Marguerite.
Cela disait quelque chose à ma femme et nous ne fûmes pas longs à nous entendre.

Mis à part le bruit assourdissant du bateau, tout était harmonieux.
Entre le clapotis des vagues, les cris des mouettes et quelques rires d'enfants, nous entendions bien faire le tour de l'île à un rythme de randonneur, plutôt que de mettre l'accent sur la baignade.

En fin de journée, nous avions tenu parole. La boucle bouclée, nous entendons bien faire écho sur tous les tons à d'autres personnes de notre journée à l'écoute d'une nature sans fausse note. Nous nous empresserons d'amplifier la rumeur qui était venue chatouiller nos oreilles sur la beauté du lieu.

La prochaine fois, nous écouterons l'appel de l'île voisine, Saint Honorat dit-on le silence est roi.


Texte Kinesthésique :

Le week-end dernier, j'éprouvais une certaine fatigue et ressentais le besoin de bouger et de me relaxer dans un lieu calme et apaisant.
Aussi, sans faire pression sur mon entourage, j'ai saisi l'occasion pour proposer une journée à l'île Sainte Marguerite.
J'avais touché juste, ma femme attrapa l'idée au vol et mon fils ne résista pas longtemps. La tension des derniers jours pesait sur nos organismes et chacun caressait l'envie de décompresser.

Tout commençait bien : nous étions sereins sur le bateau solide, résistant et confortable qui nous menait en toute sécurité sur une mer calme et lisse vers un îlot qui sentait déjà la pinède.

Dès les premiers pas, nous étions très à l'aise sur cette île et une sensation de bien-être nous envahissait. Ce contact direct avec la nature était émouvant.
Après une baignade pendant laquelle la chaleur du soleil et la fraîcheur de l'eau se disputaient la sensibilité de nos peaux, nous décidâmes, de pied ferme, de faire le tour de l'île.

Ce fut un choc : les émotions se succédaient et nous avions à coeur de tout saisir, d'embrasser chaleureusement l'instant présent.

Fin de journée : mon fils en avait plein le dos. Nous, nous pensions avoir eu du flair en choisissant de venir prendre notre pied sur ce doux paradis.

Frappés par tant de sensations, nous sommes excités à l'idée de sensibiliser d'autres personnes à cette excursion.


Texte Olfactif (ou gustatif) : (écrit par notre amie Béa)

Le week-end dernier, j'éprouvais une âpre lassitude et aspirais à goûter aux plaisirs du soleil dans un lieu calme et apaisant.
Aussi, sans faire pression sur mon entourage, j'ai saisi l'occasion pour proposer une journée à l'île Sainte Marguerite.
Mon offre les allécha, ma femme approuva d’un œil pétillant et mon fils aussi se laissa tenter. La tension des derniers jours grignotait nos organismes et chacun désirait avaler quelques goulées d’air pur.
Tout commençait bien : nous étions sereins sur le bateau rouge framboise et nos langues se délectaient avec gourmandise du sel sur nos lèvres, traces piquantes laissées par les embruns.
Dès les premiers pas, nous étions très à l'aise sur cette île et une sensation de bien-être nous envahissait. Ce contact direct avec la nature était émouvant. Des fruits gorgés de sucre et de soleil appelaient nos mains.
Après une baignade agréablement rafraîchissante, nous décidâmes, de pique-niquer, la faim nous tenaillant tous les trois.
Le jambon de pays savoureux, les crudités juteuses et colorées, le pain encore chaud et croustillant passaient de main en main. Nous débouchâmes un excellent rosé bien frais aux arômes de fruits rouges et terminâmes ce délicieux repas avec un melon mûr et sirupeux à souhait et des pêches parfumées et sucrées.
Une promenade digestive nous permit de visiter ce site magnifique. Nous étions friands de ces paysages protégés, nous nous délections de ce calme, de ce silence.
Fin de journée : mon fils en avait plein la bouche, touché au plus profond de son être par toute cette beauté offerte. Ma femme, elle, me regardait avec des yeux gourmands. Nous étions repus, notre faim de sérénité assouvie par cette délicieuse journée sur ce doux paradis.

jeudi 10 mars 2011

A vos ordres ! La dictature de l'excellence.

Elle est plutôt belle. Brune, les cheveux longs, le port altier, le regard condescendant. Un quelque chose d'effrayant et de sadique aussi. Elle est intelligente. Disons au minimum, qu'elle est cultivée et qu'elle a beaucoup travaillé (et c'est peu dire) pour en arriver là. Professeure dans une prestigieuse université des Etats-Unis ! C'est pas le roupie de sansonnet, ça !

Elle a épousé un américain. Un gentil américain. Le genre attentif, à l'écoute des autres, sensible. Elle a deux enfants. Deux filles.

Comme souvent, Madame a eu le dernier mot. C'est bien connu et mal admis par la gente masculine. Dans son fort intérieur l'homme sait que Madame dispose, décide, choisit et oriente la vie de la maisonnée. Mais attention entre mâles, on n'en pipe mot. Faut pas déconner quand même ! Combien d'hommes ayant épousé une autre femme que la leur, auraient eue une vie radicalement différente de leur vie actuelle. Combien auraient été bourreaux de travail et sont fonctionnaires pépères, combien auraient eu un chien et ont 4 enfants, combien iraient aux sports d'hiver et vont à la mer, combien auraient une grosse Mercedes et ont un monospace, combien ne prendraient pas de vacances et y sont contraints, combien se la joueraient routards et baroudent dans leur salon.

Elle est professeure à l'Université. Pas petit prof de collège de quartier. C'est un bourreau de travail. Elle a soutenu sa thèse après des années de travail acharné entre recherche, rédaction de sa thèse et maternités.

Ne lui parlait pas d'Amour maternelle, de douceur, de présence douce et aimante, ne lui parlait pas de dormir avec son petit qui pleure la nuit, ne lui dites pas de consoler un enfant triste ou d'écouter sa frustration. Balivernes, fumisteries, racontars de hippies attardés. N'allait pas lui parler d'estime de soi, de confiance, d'encouragement, de communication, d'écoute, de bienveillance. Mièvrerie que tout cela.

Elle a pour habitude de tout mener de main de maître. Elle ne s'autorise aucune faille, aucune défaillance, aucun repos. Elle doit exceller. Elle est l'élite. Son peuple, dit-elle, est l'élite.

Pour être le meilleur, pour être compétitif, il ne faut pas faire dans le sentiment. Pas question de s'écouter. Il faut avancer, toujours, droit devant. Écraser quelques pieds fait partie du jeu. Alors écrasons ! Elle rouleau compresse tout sur son passage. Tout sans aucune exception. La chair de sa chair en premier lieu.

Pour les éduquer, elle abaisse, insulte, menace, punit, dresse, juge, écrase, vocifère, terrorise. Elle choisit, régente, ordonne, impose, décide, dictature.

Sa méthode d'éducation vise la perfection absolue. Être « the best » dans cette jungle qu'est notre monde. Dieu n'a qu'à bien se tenir. Pour que le peuple américain, ce peuple médiocre et décadent, reprenne le droit chemin, Madame a écrit un livre de conseils éducatifs.


vendredi 25 février 2011

Identité numérique

Je ne sais pas vous, mais moi, en fait, je m'y perds un peu. Je parle ici d'identité numérique. De sa propre identité numérique. Je veux dire, car je ne me sens pas très clair sur ce coup-là, la personne que l'on est sur le net, et la personne que l'on est dans la vie.
Je pratique les blogs et les courriels depuis maintenant de longues années. Je commence à en mesurer les effets. Tous ne me plaisent pas. Parfois ça colle, parfois ça ne colle pas.
Cette question de l'identité numérique, qui est l'air de rien une nouvelle identité que l'on endosse dans nos existences, un nouveau "truc" que l'on met dans nos vies et qui n'existait pas avant, qui prends du temps, qui demande de l'énergie, je ne cesse en fait de me la poser.
C'est pas tellement le qui suis-je sur le net qui me taraude. C'est le qui je suis sur le net et que je ne suis pas dans la vie. C'est le qui je suis dans la vie que je ne suis pas sur le net. Il y a du singulier qui finit pluriel. Pourtant, je fais partie de ceux qui essaient de ne faire qu'un. Je n'ai jamais souhaité que le net me serve de cachette où je serais différent de ce que je suis. Mon ambition est de réussir à être une seule et même personne. Par moments, j'ai l'impression d'y parvenir. A d'autres moments de m'y perdre. Cette ambition est parfois terriblement ambitieuse car il y a une sorte de schizophrénie qui me dérange aux entournures dans tout ça. Et de ce point de vue, je trouve que Facebook est un accélérateur de particules. Ce que l'on met en ligne, ce que l'on ne met pas, ce à quoi on réagit, ce à quoi on ne réagit pas.
C'est  fascinant à observer, tout cela. Et un peu flippant, à la fois. Le net grouille de vie. Mais d'une vie comme à côté de la vie, même si des fois, on se rend compte à quel point cette vie à côté de la vie peut changer la vie.

mercredi 16 février 2011

Mexique aïe aïe äie !

On parle moins voire plus de l'identité nationale, ces temps-ci. Encore un sujet pschitt, qui s'enflamme, qui retombe, tout de suite la suite. A défaut, on connaît la chanson.
Pourtant, en essayant d'y comprendre quelque chose à l'affaire de Florence Cassez, cette française condamnée puis incarcérée au Mexique et qui devient le terrain d'une guerre diplomatique entre les deux pays, je me suis fait la remarque suivante : je n'aime vraiment pas l'image de la France que donne dans le monde le président de notre république. Vraiment pas.
Drôle d'identité nationale.
Bien sûr, on ne sait pas tout.
Mais visiblement, parce qu'il a transformé une promesse hâtive en un combat personnel qui est en train de prendre tout le monde en otage, notre douce France semble se comporter comme un enfant gâté, pour ne pas dire mal élevé. J'ai encore une fois le terme d'indécence au bord des lèvres. Parce que je pense à la jeune femme, à qui son pays promet des choses, et qui, en attendant, etc.
Ce qui me chagrine, c'est qu'à mesure que la liste de ce genre de situations s'allonge, je me dis : mais combien de temps il va falloir pour sortir de cette spirale du passage en force à tous les étages ? A quoi ça rime ? Où ça mène ? Je pense nulle part. Je pense à rien de bon. Et dire que dans peu de temps, Ségolène Royal va demander pardon au Peuple Mexicain... :-)

samedi 12 février 2011

Enfants d'Afrique

Ce qui se passe en Afrique du Nord m'interpelle, forcément. Même si je me sens très, très humble sur ce coup-là : je suis incapable de comprendre ce que peuvent ressentir des gens qui ont vécu 30, 40 ans sous le joug de dictatures.
Je fais juste un voeu en passant pour ces populations : gardez votre âme ! Ne tombez pas dans le panneau dans lequel nous, il semblerait que nous soyons tombés. Double voeu, même : puissiez-vous nous inspirer !
Dans ma vie, j'ai juste passé une semaine dans un pays d'Afrique du Nord. La Mauritanie.
Ca m'a laissé un souvenir indélébile.
Parce que là-bas, les relations humaines étaient au coeur de la vie.
Depuis, je ne cesse de penser que tous nos progrès ne sont rien face à cette perte immense que nous avons engendrée dans le même temps : la perte du sens de l'autre, la perte du sens collectif.
Pour parfois ne pas faire un geste par rapport à certaines injustices, croyez bien que je n'en suis pas spécialement fier.
En tout cas, pour souvent penser que la France file un bien mauvais coton, je ne peux m'empêcher de noter qu'une proximité s'installe entre ces peuples qui se soulèvent et nos peuples qui ont un genou à terre.
Est-ce que cela fera tâche d'huile ?
Est-ce que telle une vague, la poussée populaire atteindra nos côtes ?  Ou sommes-nous, comme je le crains un peu, bien malades, bien la tête dans l'étau ?
Je pense aussi à l'Italie, à la Belgique, à l'Espagne, je connais moins l'Angleterre, encore moins les pays de l'ex Europe de l'Est.
Je crois qu'au fond de moi, même si la violence me terrifie, j'ai confiance.
Et tout à l'heure, alors que je bisais mes enfants qui se levaient, alors que nos regards se croisaient, je me disais que j'avais besoin de cette confiance. Pas si simple !

vendredi 11 février 2011

Causons collectivités locales

Bientôt, des élections cantonales. 20 et 27 mars. Pour une partie du pays (les départements renouvellent leurs élus tous les trois ans par moitié). Ces élections seront les dernières du genre.
En 2014, réforme des collectivités explique, on change la formule.
Cette fois, tout le monde votera.
Il se pourrait même qu'il y ait une nouveauté puisque seraient créés à cet horizon un nouveau statut d'élu local : le conseiller territorial. Il siégerait à la fois à la Région au Département. Pour l'occasion, nos actuels cantons seraient redessinés.
L'idée gouvernante est celle-ci : en réduisant le nombre d'élus, on va réduire les dépenses des collectivités locales. Pas du tout avéré dans les faits, mais passons. Il y a trop de niveaux de collectivités, de toutes façons, a pensé le législateur. Qui, regardant en dessous, n'a pas tout vu visiblement.
Car il n'a supprimé aucun un niveau, il en même un créé un nouveau et décidé "d'organiser" le qui s'occupe de quoi. Pas idiot. Mais à force de reculer, il a fait une soupe où on ne s'y retrouvera pas plus et surtout pris le risque d'être anticonstitutionnel : le principe de libre administration des collectivités n'est plus assuré.
Et puis notons-le : il (le législateur) ne s'est attaqué qu'à un échelon de collectivités : le couple région - département. Pour le reste, on ne touche pas. Pas vraiment. Ca fait penser au bordel dans une classe. On pointe du doigt le méchant. Et on pense qu'ainsi, on a réglé le truc.
Communes, communautés de communes, syndicats de communes, services d'état, état, Europe : tout cela continue son bonhomme de chemin. Structures associées itou.
Du coup cette question : imaginons que cette logique soit la bonne, imaginons :-)
Pourquoi dans ce cas ne pas avoir décidé la même fusion pour les communes et les communautés de communes ? Et pourquoi ne pas avoir décidé la même fusion pour l'assemblée nationale et le Sénat ?
Mais suis-je bête. Départements et Région sont pour une large part à gauche.
On nous vend des réformes, mais on ne pousse pas les logiques, ou alors on pousse celles qui se ne disent pas. Bref, on fait du deux poids deux mesures. Les constats sont bons. Les solutions mauvaises. Et à la longue, c'est pénible...
PS : les départements et les régions sont majoritairement "tenus" par des élus de gauche. Suffisant pour expliquer qu'il n'y ait que ça qu'on flingue ? Je n'ose le croire...
PS 2 : comme les régions vont avoir plus d'élus, presque tous les "hôtels de Région" vont devoir investir dans de nouveaux locaux ou réaménager les leurs. Sûr que ça va pas occasionner de dépenses supplémentaires, de frais nouveaux, etc...

jeudi 10 février 2011

Faisons compliqué, ça sera plus simple

Il y a des gens, ils adoptent toujours un positionnement si particulier, si étonnant, si déroutant même que je me demande ce qu'ils ont au juste dans la caboche. Je me faisais la remarque l'autre jour au boulot, au sortir d'une réunion. Assez spéciale, finalement, la réunion
L'ordre du jour était relativement simple, pourtant, mais l'ambiance de l'échange fut très, très particulier. Quelques années en arrière j'en aurais même été assez dérouté, me demandant où diantre j'avais posé les pieds. Mais à la longue, on se fait à certains codes internes. Et s'ils continuent à vous interpeller, ils sont dans le paysage.
En fait, c'est comme si le sujet de la réunion ne servait en réalité que de décor, de prétexte à d'autres choses qui se jouent, de manière subliminale. Une comédie des apparences, pour certains de soi à soi (je suis beau, c'est super ce que je dis), pour d'autres de soi vers tel ou telle (deux options : qu'est-ce que tu en dis connard, tu ne serais pas d'accord avec moi ?), pour d'autres encore à l'adresse du monde entier (regardez comme je vous emmerde, regardez comme je suis costaud dans ma partie, etc).
Il y eut du coup de la nervosité, beaucoup, de l'agressivité, parfois, et toute une palette d'échanges surprenants, de hors sujets divers et variés, le tout gratiné par les effets du monde moderne : téléphones, ordinateurs, gens qui se lèvent, qui partent, qui reviennent.
Oui, curieux ballet !
Comme j'étais invité à surtout tendre l'oreille, je ne suis guère intervenu dans ce sport bizarre mais je n'en ai pas loupé une miette. C'était ethnologie, pour moi. Et aussi un peu désarroi. Le faisons compliqué sinon ça serait simple a de beaux jours devant lui !

mardi 8 février 2011

Mon pays se shoote au délétère

Je ne sais pas si c'est une tendance, une accumulation de "hasards", le fruit de savantes organisations ou autre mais je me faisais la remarque l'autre matin, pendant qu'en Belgique on pleure un gouvernement et que dans le Maghreb on les dégage ces gouvernements : en France, depuis six bons mois maintenant, l'écume de l'info nous ramène de drôles de bois flottants.
A vrai dire, si ça ne coule pas, ça tangue. Mais de ces mouvements qui frappent différemment selon que l'on rame dans les cales ou que l'on scrute l'horizon en haut du mat.
Une chose est sûre : je ne me retrouve guère dans ce qu'il convient d'appeler une ambiance de merde.
Curieuses similitudes de déroulés en tout cas. L'été dernier, au sortir d'une bagarre sociale qui n'a pas eu lieu autour des retraites, avec mouvements de masse aussi vite nés que vite tués dans l'oeuf, nous étions dans les affres de l'affaire Bettencourt, elle-même source de l'affaire Woerth.
Alors que l'hiver s'en va, un remaniement et des fêtes plus tard, nous voilà au pied d'une nouvelle vague de courroux sociaux (enseignants et magistrats) et pif paf poum voilà que surgit ce que l'on peut appeler l'affaire Alliot-Marie.
Oui, elles sont troublantes ces similitudes.
Comme si des feux s'allumaient là pour détourner ceux qui brûlent ici.
C'est assez désobligeant. Pour ne pas dire écœurant.
Mon pays file un mauvais coton et se shoote au délétère.

vendredi 28 janvier 2011

2012 dès 2011

Les périodes électorales me passionnent. Alors quand 2012 s'invite dès 2011, je suis le plus heureux des hommes.
Quand, en plus, le calendrier nous offre des cantonales pour s'échauffer, se mettre un peu en jambes avant des Présidentielles qui seront, sans aucun doute, passionnantes, je grimpe aux rideaux. Mieux encore, le PS nous fait cadeau de Primaires que j'imagine, bien plus que délicieuses, jouissives.
Tout cela me va, comme un gant. Je suis un coq en pâte.
Les sondages, les débats, les statistiques, les petites phrases, les argumentaires, les postures, les gaffes, les techniques de com, les mauvaises fois et les émotions calculées... tout, vous dis-je, je prends tout. Avec délectation.
Même si je connais le scénario d'avance ( c'est là ) ça m'excite.
Observateur passionné, c'est un beau métier !

jeudi 27 janvier 2011

Histoires de couples

C'est une conversation de bureau. Le collègue a dans les soixante ans, et je ne sais plus trop le pourquoi du comment, toujours est-il qu'on se met à évoquer le mariage, les couples, tout ça. En papotant, je prends conscience que madame et moi, qui sommes ensemble depuis deux décennies maintenant, sommes d'une certaine manière des brontosaures.
De fait, je me rends compte en faisant un bond de quelques années en arrière que pas mal de couples amis ne sont aujourd'hui plus les mêmes qu'à l'époque.
Je ne suis pas épaté par le phénomène, de fait, on le vit, mais par son importance : c'est assez impressionnant le nombre de potes qui sont aujourd'hui seuls ou qui ne sont plus avec les mêmes conjoints.
L'air de rien, ça en fait des chocs de vie, des adaptations, des changements.
Une nouvelle donne dans le quotidien.
Pour les personnes concernées, en premier lieu. Pour leurs enfants s'ils en ont. Pour leurs entourages. Des visages à oublier ou à voir autrement. Des personnes à découvrir et avec lesquelles construire des liens. Des mômes qui mettent du pluriel dans leurs vies, leurs maisons, leurs vacances. Des courses pour s'organiser. Des tensions parfois à gérer. Des bonheurs à espérer, à trouver, à construire.

vendredi 3 décembre 2010

Écouter la mer

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Écouter la mer : c’est bien le but que se sont fixés les membres d’Esonet, le réseau européen d’observatoires marins (European Seas Observatory NETwork).
C’est vers cette mission aussi que tend la plateforme LIDO (Listening to the Deep Ocean) créée par ce même réseau. En partageant les informations des différents postes observatoires, la plateforme LIDO a vocation à rendre audible, en direct et en permanence, ce qui se passe dans les différentes mers du monde.
Qu’est-ce qui fait du bruit sous l’eau ? Les baleines, les dauphins, les bateaux-cargos ou de pêche, l’activité de la planète elle-même. Indécelables à l’oreille humaine, ces sons sont traqués à l’aide de télescopes-radio, similaires à ceux qui écoutent les étoiles.

Chacune et chacun peut déjà se rendre sur le site pour écouter ce qui se passe sous l’eau et traquer les dauphins. Choisissez votre station (toutes ne sont pas toujours disponibles), puis écoutez ce qu’elle entend. Un menu déroulant à droite vous permet d’identifier l’origine des sons perçus. Parfois, l’humain fait beaucoup de bruit. Parfois, (oui oui on en a entendu !) des baleines passent… En croisant toutes leurs données, les scientifiques espèrent bien sûr affiner leurs recherches, dans le but ultime de connaître mieux l’environnement afin d’en prévoir les événements massifs tels que les tsunamis. En attendant, c’est un peu comme si les fonds sous-marins étaient disponibles en peer-to-peer. Merci au blog de Dominique Desaunay qui nous a appris cette bonne nouvelle.
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