Il est temps, à quelques encablures du vote terminal, tout du moins pour ceux qui vont voter dimanche, de noter quelques points qui font qu'au-delà des chiffres et des votes, ces primaires sont appelées à faire date. Telles un curseur à positionner sur la frise de nos chronologies.
La première, c'est qu'on a revu et réentendu la gauche et que cela n'a pas fait de mal dans un paysage citoyen au débat confisqué depuis de (trop) longues années par la droite, les joutes politiciennes et les médias connivents. Là, le politique, et avec lui le journaliste, ont laissé les idées filer jusqu'aux gens et ne sont pas seulement contentés de se parler entre eux, de se couper la parole, de balancer du slogan.
Ca a fait du bien. J'espère que ça a rappelé à certains habitants que tout cela nous concerne réellement et que ce n'est pas leur problème dont il s'agit. Mais bien des nôtres. Surtout, mieux que les problèmes, il a été question de solutions. De possibles. De autrement. Faut bien ! Soudain, la primaire n'est plus devenue confidentielle. Elle a pris ses aises. Et des airs d'affaire d'état au sens noble du terme. La politique s'est rappelée en quelque sorte à notre bon souvenir en évoquant les affaires de la cité. La mayonnaise a pris. Je salue cette fraîchitude démocratique.
La seconde, c'est que les idées de gauche ont pu s'exprimer et se poser dans nos chaumières. Une gauche qui a eu l'occasion, et elle ne s'est pas gênée pour le faire, d'amener des débats, de poser des idées et de nous les servir sans constamment être sur la réaction ou la défensive.
Cela n'a pas fait de mal non plus.
Les gens ont maintenant de quoi choisir. Ils ont aussi, peut-être, pour celles et ceux bien sûr qui ne sont pas totalement coupés de ce monde-là, de quoi faire des choix en leur âme et conscience.
La troisième, c'est que quelque chose est prêt à changer dans notre monde et dans notre pays. Chacun essaie de se repérer dans ce qui est devenu un vaste dédale.
Les primaires ont obligé les impétrants comme on dit désormais à sortir des discours systématiquement sombres et opposants pour nous proposer des alternatives. J'ai moins entendu de slogans. J'ai senti que quelques éléphants changeaient de logiciels. Cela invite aussi à de l'indulgence. C'est le début de quelque chose. Et de moins futile qu'il n'y paraît. Le jeu citoyen se pose là : on est plus dans la nécessité d'une alternative que dans un simple coup d'urnes dont l'objectif serait de mettre en place une alternance.
La quatrième, c'est qu'il faut maintenant du temps pour que les graines semées germent et donnent des fruits. C'est l'occasion de se dire que dimanche soir ne marquera que le début d'une aventure. Le commencement de quelque chose. Un quelque chose qui, et c'est peut-être ça qui est nouveau, ne part pas de zéro. Cette évolution ne tombe pas du ciel. Elle n'a pas déboulé en cet automne 2011. Le 21 avril 2002, puis le vote européen ont posé des jalons. Ils furent des temps forts. L'avènement des nouvelles technologies, les crises à répétition, l'effondrement d'un système qui s'écrase de l'intérieur (la bulle financière) et les impératifs climatiques et énergétiques complètent la panoplie.
Cet été, je me disais que ça sentait la fin du monde. Cet automne, je me dis toujours ça. Mais avec la sensation que moins d'impuissance est possible.
Ce n'est pas déplaisant. Et le bénéfice du doute est ma foi sensation agréable, par les temps qui courent.
M'a bien plus moi, cette nouvelle série tv "Plus rose la vie"...
RépondreSupprimerJ-1.
RépondreSupprimerIl me souvient le premier tour de la dernière présidentielle.
Jusqu'au dernier moment de la dernière minute, je ne savais pas qui voter.
Là, itou.
Demain, dans l'isoloir...
Je ne suis pas seul.
http://www.liberation.fr/politiques/01012365648-des-electeurs-en-plein-casse-tete