mercredi 19 octobre 2011

Impressions Tunisiennes 1/6

Ambiance
Octobre 2011. Je reviens dans une Tunisie post-révolution et à deux semaines de nouvelles élections.
A la descente de l'avion rien n'a vraiment changé. Tout au plus une tension palpable, mais peut-être n'est ce que mon appréhension ou mon besoin de constater du changement.
Des regards un peu plus appuyés et plus scrutateurs sur l'occidental mais rien de sûr. De nombreux jeunes hommes semblent errer dans l'aérogare, quelques pièces de monnaie dans la paume gauche, main ouverte vers le ciel, ils les font teinter en les tirant vers le haut, comme ils étireraient un minuscule bandonéon. Ils semblent en quête, à l'affût. Lorsque la pyramide de pièces prend de la hauteur, ils s'approchent du stand d'un opérateur de téléphonie mobile et, je suppose, achètent une recharge.
Dehors, à la station de taxis, c'est le même spectacle qu'auparavant. Rien d'inquiétant. Le folklore habituel, teinté d'un appétit plus vif. Des organisations parallèles bien rôdées traficotent pour happer les meilleurs clients supposés. Ce business semble tout à fait disproportionné. Nous voilà, en cinq secondes, encerclés par une dizaine d'individus. Certains s'emparent de nos bagages, d'autres les suivent, le chef parlemente et un autre en a mandaté deux autres pour aller chercher le taxi idéal pour notre destination. Difficile de s'en dépêtrer. Mais comment cette ruche va-t-elle tirer avantage du prix de la course (environ 6 €) pourtant très exagéré comparé à la norme ? Je n'ose pas leur proposer un devis pour une meilleur Gestion des Ressources Humaines.
La circulation et le sens civique n'ont pas subi de révolution. C'est la même anarchie. Les conversations non plus : Le voisin est toujours mauvais et si l'Autre était meilleur tout irait bien. Comme partout, les chauffeurs de taxi ont des conversations de coiffeurs et le double langage commun. Aucune allusion à la politique pour l'instant et je suis déjà impatient.

Chez les commerçants, il ne manque rien. Tout est bien achalandé. Rien de nouveau. On apprend que le lait pourrait manquer. Quelques petits malins auraient commencé, par opportunisme à stocker afin de revendre si les résultats des élections créaient de l'inquiétude donc de la pénurie. Des traders de supérette, quoi !
Dans la rue, les femmes voilées se sont multipliées considérablement. Sentiraient-elles le vent tourner ? Tout pousse, les voiles, les barbes, les enfants et la taille des écrans plats. Beaucoup d'hommes jeunes et souvent seuls grouillent parmi la foule ; ils semblent marcher sans but et pourtant d'un pas décidé.
Bref, je retrouve une Tunisie plus stressée, plus stressante mais pas chamboulée. Elle retient sa respiration.
(à suivre)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts with Thumbnails