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mercredi 19 octobre 2011

Impressions Tunisiennes 6/6


"A vous donner des ailes"
J'ai couru 1h 50 sur un parcours calme et agréable un dimanche matin. La montée solitaire devant l'interminable façade du Palais Présidentiel avait de l'allure. Quelques policiers, des militaires et des gardiens en civil me regardent curieux mais sans insistance. Tout va bien. Je pense à la copie de mon passeport qui transpire sous ma casquette.

J'ai assisté à un meeting politique, celui du Pôle Démocratique Moderniste (PDM). Beaucoup de monde. Une moyenne d'âge à vous donner des ailes, de l'espoir et de l'énergie. Des styles très européannisés, des looks d'artistes et d'étudiants. L'ambiance chaleureuse, fraternelle et enthousiaste est au rendez-vous. Je n'ai rien compris aux discours et pas seulement à cause de mon ignorance de la langue mais aussi parce que la sono est déplorable. Le sens de l'organisation m'a fait dire moqueur que révolution ou pas, démocratique ou pas, moderne ou pas, l'organisation reste "à la tunisienne". Le reste est sympathique : Musique, hymne, hommage aux morts de la Révolution, slogans, tee-shirts et drapeaux. Du classique pour les habitués de la démocratie. Un vrai changement pour les néo-démocrates. L'expérience est très rafraichissante.

Dans moins d'une semaine les élections auront lieu. On sent l'effervescence et l'incertitude. On capte une conversation qui nous fait croire au grand soir et à la maturité politique. Puis une autre, qui nous prévoit le chaos et met au clair l'ignorance et les freins culturels. On balance au gré des discours entre espoir et effroi. On découvre des nuances, des surprises et des anachronismes. Une famille entière de religieux très fervents combat les thèses du parti islamique. Certains n'ont pas encore choisi entre deux extrêmes pourtant opposées. D'autres savent qu'ils vont aller voter et rien de plus. Quelques uns redoutent des affrontements dans les bureaux de vote.
L'impression d'attente des premiers jours fait place à une pression et à une impatience.
L'arc est bandé. On lâchera la corde d'un coup, dimanche. Mais vers quelle cible enverra-t-il la Tunisie ?

Impressions Tunisiennes 5/6


La Tunisie prend l'eau
Tiens ! La pluie ! Comme un rideau. Un éteignoir, peut-être. Elle semble s'installer. A la voir, on ne l'imagine pas s'arrêter un jour. On a tiré la couverture sur un pays, comme un signe prémonitoire. On a voilé la vie. La barbe !
La Tunisie prend l'eau. Comme avant, les routes s'inondent en très peu de temps. Les égouts n'évacuent pas les fortes pluies. Ce qui était défectueux est devenu catastrophique faute d'entretien et de rigueur. Les bras étaient lents, ils sont désormais las.
Les rues sont presque canaux sans profondeur. Quelques aménagements individuels permettent de passer une porte cochère ou d'entrer dans un commerce. Des pointillés de pavés me transforment en acrobate danseur, une planche me salue en basculant. C'est Venise dans la boue.
Rien d'apocalyptique, mais le sentiment d'un pays qui va à vau l'eau. Le ciel gris redouble de larmes comme pour bien justifier le chagrin.

Une radio, dite ouverte, diffuse une interview de Leïla Toubel que je ne connais pas (j'apprendrai plus tard qu'il s'agit d'une comédienne). Son discours accroche mon oreille, puis mon bras, puis mes jambes qui s'approchent de l'appareil. Se servant d'un sujet culturel, elle transforme son propos en coup de gueule politique. Militante de la démocratie sans concessions, sa parole forte et limpide, le fond structuré et argumenté, font plaisir à entendre. Une passionaria qui fait venir le soleil à la fenêtre. Quelle puissance ! Quelle force de conviction. Leïla a arrêté la pluie.
(à suivre)

Impressions Tunisiennes 4/6


Nervosité ambiante
L'OMS aurait constaté qu'un Tunisien sur deux avait des troubles pathologiques liés à la dépression et à l'angoisse. Je veux bien le croire. Rien ne semble posé. Même pas ceux qui le dénoncent. La critique du voisin est systématique et les mouvements sont hachés, pressés, pulsionnels. Une forte dispute entre boulanger et boulangère dès 8 heures du matin m'a confirmé le niveau de nervosité ambiant. J'ai pu acheter mon pain, payer, partir, saluer, sans que l'altercation ne perde de son intensité. Ma présence n'avait rien changé.
Je constate que le nombre d'appels à la prière émanant de la mosquée a augmenté. Auparavant, on se contentait de deux appels par jour. Désormais, les cinq prières sont appelées. Sauf erreur, j'ai l'impression qu'il ne s'agit plus seulement d'appel, mais de prière entière qui arrose la ville. Un signal ?

Voilà c'est fait. J'ai fini par tomber pendant une course. Le trottoir semblait pourtant plus propre que les autres. J'ai évité la grosse branche mais j'ai buté sur une autre, plus sournoise. J'ai roulé sur la route. Coude, genou et mollet droits ont goûté du goudron. Le bitume tunisien fait mal. Le gros camion de chantier n'a pas eu à m'éviter, mais ce n'était pas loin.

Sidi Bou Saïd chasse les mouches, désertée par les touristes. Puis, retour à Tunis où, vu le nombre de militaires et de policiers, il se passe quelque chose. Nous apprendrons plus tard qu'il s'agit d'une réplique des incidents du début de la semaine suite à la programmation du film "Persepolis" jugé blasphématoire par les salafistes.
(à suivre)

Impressions Tunisiennes 3/6


"C'est la démocratie !"
45 minutes de course ce matin et j'ai changé de parcours. J'ai grandement bien fait. J'ai bien croisé quelques trous d'égouts mais rien de bien méchant. On les avait sans doute placés là pour tester mon attention. La plus grande partie du parcours était parfaitement sécurisée car j'ai couru le long de routes en travaux. Les flèches automobiles sur la nouvelle route et la cible coureur sur l'ancienne. Chacun à sa place.

La traversée de la ville de Tunis offre peu de changements. Des touristes rares, des commerçants résignés qui hèlent le chaland plus par réflexe que par conviction et quelques véhicules blindés encerclés par des centaines de mètres de rouleaux de fil barbelé. Rien de plus. Tunis, dans la photographie qu'elle m'offre à cet instant, est quasiment la même. La place du 7 novembre s'est transformée en place du 14 janvier. C'est peut-être symbolique, mais c'est sans importance. En vérité, cela m'apparait même ridicule. Les artisans continuent à travailler. Leurs ateliers grouillent de mouvement, l'accueil légendaire n'a pas subi de révolution et c'est tant mieux. La seule différence est qu'il nous faut faire le premier pas quand l'hôte le faisait spontanément avant.
Pour se frotter un peu plus à la réalité, "la vraie vie" disent certains, nous décidons de prendre le train plutôt que le taxi, afin de rejoindre La Marsa, ville balnéaire dans la banlieue nord de la capitale, considérée plus huppée. Les wagons dignes des pays les plus sous-développés entassent des résignés dignes des métros les plus occidentalisés. Le laisser-aller est visible, flagrant. Fenêtres bancales, rouille, morceaux de ferraille saillants, tension. L'atmosphère colorée et conviviale que j'ai connu jadis a laissé place à la crasse au sens sale comme au sens figuré. Des dizaines de jeunes gens, censés être sur le chemin du lycée, bravent la vie sur le chemin de la mort : portières ouvertes, ils défient les lois de la physique, se penchant, se lâchant, sortant, criant. Certains s'installent entre les wagons, d'autres s'accrochent aux fenêtres. L'ambiance est tendue. Il y a peu, l'autorité d'un adulte aurait remis de l'ordre en cinq secondes. Aujourd'hui, les rares qui osent intervenir se font rabrouer avec agressivité par des gamins de quinze ans semblant sous emprise. Ils sont nerveux, leurs mains tapent, bougent, frappent sur tout et n'importe quoi. C'est la débandade ! Aucune autorité officielle (contrôleur, policier...) ne fera d'apparition pendant le voyage. Le plus costaud des excités ira jusqu'à asséner un puissant coup de poing sur la porte séparant deux wagons. Il la fracassa et en profita pour fracasser sa main. Il repartit fier de lui, main en sang et laissa sur la porte une cassure ressemblant au logo de la Compagnie locale de gaz et d'électricité. J'en souris...
On m'expliquera plus tard que leur compréhension du mot "démocratie" avait quelques ratés au démarrage. Car leur réponse est toute faite aux reproches d'incivisme qu'on leur fait : "C'est la démocratie !"
Une inquiétude flotte dans l'air.
(à suivre)

Impressions Tunisiennes 2/6

De la vie en attente
Pour ceux qui me connaissent, ils savent que je ne passe pas mes vacances tunisiennes dans les hôtels ou sur les plages. Je vis au coeur de la population, même s'il s'agit de la banlieue de la capitale et pas de la Tunisie profonde, l'expérience est enrichissante.
Pendant ce séjour, je me dois de continuer ma préparation à mon prochain marathon. Aussi j'ai un programme d'entrainements très précis à effectuer. Nous sommes ici dans un pays ou les joggers sont rares. J'ai pris soin de ne pas porter mes habituels collants de course trop moulants et j'ai fait l'acquisition d'un short ample afin de ne pas provoquer (enfin, c'est ce qu'on m'a recommandé). J'ai pris quelques renseignements et rien ne m'a vraiment permis d'appréhender avec certitude et sérénité mes sorties. Seule l'expérience me renseignera.
Nous sommes donc au premier jour. Je dois courir une heure : J'ai pris soin de m'habiller en orange fluo pour que les Fangio du coin aient une chance de m'éviter. Me voilà parti, les plus vieilles de mes chaussures aux pieds (la suite me confirmera cet excellent choix) un téléphone portable au cas où, une bouteille d'eau et la copie de mon passeport que j'ai glissé sous ma casquette. J'ai décidé d'ignorer les regards pour avancer plus vite. Et je cours avec la plus grande prudence.
C'est dès la cinquième minute que je comprends à quel point j'ai sous-estimé le risque de me faire écraser. Je cours sur le bord de la route face à la circulation comme il se doit. "Ainsi je ferai face au danger" pensé-je. Erreur. La logique varie suivant les latitudes et je n'ai pas mis mon GPS interne à l'heure. Mon bras droit a senti un mouvement soudain. C'est à moins de cinq centimètres qu'est passée une voiture venant de derrière moi. Dieu a envoyé un taré pour me délivrer un message sans doute. "Tu doubleras à vive allure en prenant le plus grand écart et en mordant sur le bas-côté opposé" lui a-t-il ordonné. Je continue avec une vigilance redoublée ; je cours désormais sur des oeufs. Puis, je slalome entre des trous, des détritus en tous genre, des écoliers, des ouvrières sur le chemin de l'usine, des véhicules stoppés au gré des envies n'importe où, des chaises entre route et trottoirs, entre trottoirs et terrasses, entre terrasses et terrains vagues.
Plus j'avance, plus ça devient glauque. Les déchets augmentent et transforment le bord de la route en véritable décharge. Je ne peux plus slalomer, je cours dessus. C'est un parcours du combattant plus qu'une sortie de jogging. Toutes les pollutions se sont donné rendez-vous. La pire est la poussière. Le tableau est tellement surréaliste que cela me fait rire, j'en profite à fond. Encore un peu et je tomberais dans une bouche d'égout ouverte comme un cliché de dessin animé. Cent mètres plus loin, comme une réponse, le trou béant me donne raison. La plaque est à côté, dangereuse et imposante. Dix minutes plus tard, rebelote, une plaque cousine m'invite à plonger sous terre.
Une heure de course pendant laquelle mon esprit aurait dû être une caméra tant j'ai vu de choses extravagantes. Extravagantes mais vivantes. Tellement vivantes. Y'a de la vie... qui semble en attente. Comme si elle grouillait sur place. De la vie en attente dans des starting-blocks et plombée par du fatalisme. La vie retient son souffle.
En enlevant ma casquette j'ai constaté que la photocopie du passeport était trempée. J'ai imaginé mon identité tatouée sur le sommet de mon crâne.
Paradoxe visuel : ça bâtit à tout va, du grand, du beau, du luxueux. Et ça se dégrade à tout va. Dans le même espace, la déconfiture côtoie la construction. Il semble que personne n'y trouve à redire. Cela ressemble à du mouvement sans conviction, du mouvement pour du mouvement.
Dans le passé on pouvait dire que l'anarchie avait trouvé son organisation, son équilibre ou alors que le Tout-Puissant savait ce qu'il faisait. Aujourd'hui, le ressort semble détendu et le désordre s'alimente lui-même, la pente est descendante et seules des échéances dépendant des autres ressemblent à des planches de salut.
(à suivre)

Impressions Tunisiennes 1/6

Ambiance
Octobre 2011. Je reviens dans une Tunisie post-révolution et à deux semaines de nouvelles élections.
A la descente de l'avion rien n'a vraiment changé. Tout au plus une tension palpable, mais peut-être n'est ce que mon appréhension ou mon besoin de constater du changement.
Des regards un peu plus appuyés et plus scrutateurs sur l'occidental mais rien de sûr. De nombreux jeunes hommes semblent errer dans l'aérogare, quelques pièces de monnaie dans la paume gauche, main ouverte vers le ciel, ils les font teinter en les tirant vers le haut, comme ils étireraient un minuscule bandonéon. Ils semblent en quête, à l'affût. Lorsque la pyramide de pièces prend de la hauteur, ils s'approchent du stand d'un opérateur de téléphonie mobile et, je suppose, achètent une recharge.
Dehors, à la station de taxis, c'est le même spectacle qu'auparavant. Rien d'inquiétant. Le folklore habituel, teinté d'un appétit plus vif. Des organisations parallèles bien rôdées traficotent pour happer les meilleurs clients supposés. Ce business semble tout à fait disproportionné. Nous voilà, en cinq secondes, encerclés par une dizaine d'individus. Certains s'emparent de nos bagages, d'autres les suivent, le chef parlemente et un autre en a mandaté deux autres pour aller chercher le taxi idéal pour notre destination. Difficile de s'en dépêtrer. Mais comment cette ruche va-t-elle tirer avantage du prix de la course (environ 6 €) pourtant très exagéré comparé à la norme ? Je n'ose pas leur proposer un devis pour une meilleur Gestion des Ressources Humaines.
La circulation et le sens civique n'ont pas subi de révolution. C'est la même anarchie. Les conversations non plus : Le voisin est toujours mauvais et si l'Autre était meilleur tout irait bien. Comme partout, les chauffeurs de taxi ont des conversations de coiffeurs et le double langage commun. Aucune allusion à la politique pour l'instant et je suis déjà impatient.

Chez les commerçants, il ne manque rien. Tout est bien achalandé. Rien de nouveau. On apprend que le lait pourrait manquer. Quelques petits malins auraient commencé, par opportunisme à stocker afin de revendre si les résultats des élections créaient de l'inquiétude donc de la pénurie. Des traders de supérette, quoi !
Dans la rue, les femmes voilées se sont multipliées considérablement. Sentiraient-elles le vent tourner ? Tout pousse, les voiles, les barbes, les enfants et la taille des écrans plats. Beaucoup d'hommes jeunes et souvent seuls grouillent parmi la foule ; ils semblent marcher sans but et pourtant d'un pas décidé.
Bref, je retrouve une Tunisie plus stressée, plus stressante mais pas chamboulée. Elle retient sa respiration.
(à suivre)

vendredi 30 septembre 2011

Herbe verte

Je ne l'aime souvent pas, cette ambiance fin de règne qui flotte sur la France. Et sans doute au-delà.
Je me disais, hier, occident oxydé excédé excessif.
Bref, les  pays qui s'autoproclament riches.
Par contre, j'aime les saveurs qui se nichent derrière cette fin de parcours. Parmi elles, cette énergie renouvelable qu'est l'espoir.
Je ne cesse d'être esbaudi par sa densité. Par sa capacité à revenir, et revenir encore.
A faire de nous, finalement, des citoyens patients.
Au fond, on se dit que l'herbe est verte. Toujours.
C'est ce qui nous perd. Et, sûrement, nous sauve, aussi.

jeudi 24 mars 2011

Quelques coups de griffe à Gauche

J'ai toujours été partisan de balayer devant sa porte plutôt que déblatérer sur le voisin, de se remettre en question plutôt que critiquer l'extérieur et de construire plutôt que tenter de détruire celui d'en face.

Aussi, en politique, je suis devenu, avec satisfaction, un spécialiste de la critique de la Gauche et de l'indulgence, parfois de la défense et souvent de l'indifférence vis-à-vis de la Droite. (Si un gamin chaparde un bonbon ou un vélo, je lui trouverais facilement quelques circonstances atténuantes. Si c'est mon fils qui le fait, il y a peu de chances pour que cela arrive puisque je ne les chercherais même pas ; l'intransigeance remplacerait illico l'exigeance habituelle)

Humainement, cette attitude me semble être plus objective, plus honnête et plus à même de créer du meilleur pour tous.


En ces temps qui apparaissent plus troubles que les autres, mais c'est souvent le cas du temps présent, ma besace est pleine de critiques de ma propre famille :

Il est de bon ton d'attribuer à la Droite de gouvernement, la montée du Front National et de l'abstentionnisme. Ah bon ? Et la Gauche n'y serait pour rien ? En délaissant la défense des petites gens pour soutenir systématiquement les classes moyennes et les corporatismes de la Fonction Publique, en faisant élire une dirigeante de parti parce qu'elle avait triché un peu plus que sa concurrente, en présentant des unions de façade et, nouveauté, en l'avouant, en étant opposants primaires, en s'attaquant aux personnes, en cherchant la petite faille chez l'adversaire plutôt que construire et aider la France et les Français en évitant bisbilles et débats stériles, en niant les réalités de terrain, en s'attribuant à tort des sentiments humanistes, en jouant sur l'affectif pour mieux manipuler etc.etc. la Gauche a fait plus que participer au phénomène, elle en est largement co-auteure.

Que ne nous demandent-ils pas notre avis à nous les humbles et les précaires ?

Car chers dirigeants de Gauche, vous êtes loin des réalités, très loin. Vous croyez encore qu'en larmoyant sur notre sort vous aurez nos voix. Vous croyez encore qu'on croit encore en vous.

Les moins regardants d'entre nous s'en vont vers les extrêmes et les autres vers leur grotte ou leur jardin. Cessez de défendre les bien-assis, ceux qui ont tout. Vous parlez de partage et d'égalité et acceptez que certains aient des emplois garantis à vie pendant que d'autres galèrent tous les jours et certains connaissent une vraie misère. Vous ne dites pas la vérité à vos électeurs potentiels, vous flattez vos troupes plus par réflexe que par méchanceté. En un mot, vous fonctionnez comme si le monde n'avait pas changé. Nous, tout en bas, nous le savons bien, nous le voyons bien qu'il a changé le monde. Nous avons besoin de solutions nouvelles pour des problèmes nouveaux.

Vous préférez critiquer le pouvoir du matin au soir. Et parfois, petits malins que vous êtes, vous trouvez des vertus à des Borloo, des Juppé et des Fillon. Nous ne sommes pas dupes, c'est seulement pour les opposer aux yeux de l'opinion à votre adversaire le plus coriace.

Arrêtez votre cinéma, devenez responsables !


En cet entre deux tours de cantonales, vous avez fait de grands discours sur la division qui faisait perdre. Ah c'est joli !

Dans ma ville, certains, dans d'autres cantonales, avaient présenté un candidat contre le PS, il y a quelques années. Aujourd'hui, de nouveau copains avec le PS, qui les avait exclus, ils se plaignent de la présentation d'autres candidats de Gauche. Mais, ou je suis bête ou je ne vois pas la différence ?

Dans ma ville toujours, un responsable local de parti, se plaint de la même division des forces de Gauche. C'est pourtant son parti qui avait présenté Madame Taubira en 2002, candidature qui avait empêché Jospin d'être au second tour.

Et les double-langages comme ceux-là sont légion.

Le pire c'est que j'ai de l'amitié et beaucoup d'affection pour les personnes dont je parle. C'est comme ça, il faut être sévères avec les siens.


Alors Amis de Gauche, ou vous arrêtez de vous plaindre de la dérive des opinions vers des partis peu fréquentables et vous baissez les bras, ou vous vous reprenez en mains, vous dénoncez les injustices, notamment celles liés aux statuts scandaleux de certains et faites ce qui devrait être votre boulot, à savoir, vous occuper de la dignité des plus démunis ! Je suis disponible, si vous souhaitez vraiment savoir ce qu'il se passe dans la tête des petites gens.


Pour que les choses soient claires : J'ai voté Blanc au premier tour de ces cantonales et je voterai pour le Communiste opposé au Front National au second tour dimanche.


jeudi 24 février 2011

DSK pas plus que les autres

Elle me demande : Qu'est-ce que tu penses de DSK ?
Je prends mon temps pour répondre. De prime abord, en effet, je suis tenté de répondre : rien, je n'en pense rien de DSK. Je m'en fous.
Mais ce n'est pas la vérité.
La vérité, c'est déjà que ces gens-là, on en pense ce que nous en disent les médias. Et encore : les médias qu'on fréquente. Les autres on ne sait pas. L'autre vérité, c'est que ces médias qui parlent de ces gens-là me fatiguent. Et que du coup, ces gens-là m'agacent.
Alors je lui réponds : DSK, je n'y crois pas plus que d'autres.
Aussi sec j'ajoute : En fait, ils me fatiguent avec leurs peut-être, peut-être pas. Ils sont tous dans une bulle, ils entretiennent la bulle, et je crois foncièrement que la vérité est ailleurs. On est trop sur l'idée d'une France issue de De Gaulle. Les temps ont changé. On est au bout d'un système. On n'évoque pas la suite, on parle de l'Europe et du Monde qu'en terme de frais, de problèmes. Nos démocraties sont pauvres. Moi, je pense que la démocratie, c'est comme un jardin : si on fait que récolter, à un moment, la terre s'est appauvrie.
Elle dit : ben oui, mais entre lui et d'autres en 2012 ?
Je lui réponds : mais moi je ne suis pas en 2012. C'est loin, 2012. Regarde : qui aurait dit la Tunisie, l'Egypte en quelques semaines ? Regarde : tout ce qu'il y a à faire aujourd'hui et qu'on ne fait pas ! Regarde : tous ces gens qui sont pas bien. Tu crois que c'est leur problème, qui en 2012 ?
A force de transformer la politique en annexe du PMU, on finit par passer son temps à savoir qui sera partant et non partant. On oublie le reste.

jeudi 18 novembre 2010

Idées de droite

Je lisais sur un blog made in Québec que les idées de droite sont en train de monter dans les têtes des habitants. On peut lire le texte ici.
Cela fait écho avec une discussion que j'ai eu dernièrement, avec une personne qui bosse en périphérie d'une mairie naguère tenue par une alliance autour du parti socialiste et désormais pilotée par un député UMP et ses amis. Cette personne racontait comme la gouvernance locale avait beaucoup changé. Logique. Et comme cette gouvernance au local avait tendance à bouter hors la mairie les publics sociaux. Qui se retrouvait dans le giron du centre communal d'action sociale. Qui dans celui de la politique de la ville (état).
En faisant le (dé)compte, cette personne montrait que finalement, la mairie ne finissait par gérer que les "bons" dossiers.
Cette causerie + cette lecture m'amènent à poser cette question : mais c'est quoi, au juste, des idées de droite ?

lundi 15 novembre 2010

Défaut de confiance

On lira, entendra, notera plein de choses à propos de ce gouvernement et de ce remaniement.
Je ne vais pas commenter cela. Parmi la flopée de trucs sur le sujet, Causeur est pas mal...
Personnellement, je me suis juste fait cette remarque :
Ce gouvernement, ce président, cet "état", et bien, plus ça va plus ils me donnent l'impression d'avoir peur des gens. Font en catimini, lorsqu'il n'y a personne en face, jouent sur les week-ends, les vacances, les saisons. Affichent pire qu'un mépris, finalement : une indifférence feinte, un déni. Pas bon. Pas bon du tout.
Par gens, je veux dire vous, moi, nous.
Ils affichent le contraire, bien sûr. Ils usent et abusent de leurs "pouvoirs" ou plutôt des leviers qui sont à leur disposition. Mais ils ne m'ont pas l'air serein dans leur manière de faire. Pas "francs du collier".
Je dis souvent en déconnant, le problème de nos politiques en France, c'est le peuple.
Nous sommes chiants, nous autres. Vraiment. Cela me paraît être bon signe...
La confiance, nonobstant, ce n'est pas rien.

dimanche 14 novembre 2010

J'ai voté dans un bureau vide

Ce matin, je suis allé dans mon bureau de vote habituel.
Nous étions bien dimanche.
Pourtant, il était fermé.
J'étais seul, avec pour compagnie des feuilles mortes d'arbres voisins tombées.
Une étrange armée.
Je venais d'apprendre quelques heures plus tôt que le président de la République avait accepté la démission du gouvernement. J'en étais heureux. L'heure du renouvellement avait donc sonné. Je tenais évidemment à en être. Je me suis précipité pour donner ma voix. Evidemment.
Il n'y avait personne dans mon bureau de vote habituel. On ne m'avait rien demandé.
La démocratie, à moins que ce ne soit la République, sonnait le creux, et il me fallait m'y résoudre : assurément, je m'étais juste apprêter à causer dans le vide.
J'ai hésité à mettre un bulletin dans la boite aux lettres. Peut-être les gardiens de la démocratie, à moins que ce ne soit la République, font la tournée des popotes et ramassent les voix qui ici viennent se déposer.
J'ai regardé les feuilles mortes qu'un soupçon de vent faisait voltiger, sans queue ni tête, au petit bonheur la chance.
Il y avait plein de feuilles mortes, finalement, à bien y regarder, pendant que le bureau de vote affichait son air absent.

mardi 12 octobre 2010

Peur jeune

Tiens, la France se souvient qu'elle a des jeunes...
Je veux dire, elle se rend compte que ça bouge, que ça respire, que même ça peut penser et vivre, un jeune.
D'habitude, elle les broie. Chiquenaude. Là, elle les voit. Un progrès ? Pas sûr. Elle flippe, la France.
Je lisais ça tout à l'heure. Et j'ai noté que par ailleurs, la... ministre des sports (et de la jeunesse) sort un bouquin en forme de lettre à la jeunesse. Faut-il être vieux, même jeune ministre, pour ainsi intituler un bouquin. Mais passons.
La France, donc, se souvient qu'elle a des jeunes et je ne saurais y voir malice à quoi ? Un an et demi des présidentielles, c'est ça ? 
A "gauche", on croise les doigts pour qu'ils se mobilisent, les jeunes. Qu'on les voit dans la rue, tout ça. A "droite", on crispe les doigts pour qu'ils ne soient pas trop instrumentalisés, les jeunes. Les retraites, disent-ils, ça ne devrait pas les mobiliser, les jeunes. Parce que ?
Je suis toujours étonné par cette "surdité" du "pouvoir", sa capacité à mettre ici un problème qui est là, et à voir là un problème qui est ici. Peut-être que ce ne sont pas les retraites, qui mobiliseront les jeunes. Plus globalement un climat social délétère et des perspectives pas très réjouissantes.

mardi 5 octobre 2010

Chère France

Polémique sur les chiffres de manifestants,
Menaces terroristes "confirmées" par les américains,
Remaniement ministériel aux airs d'Arlésienne,
Réforme des collèges oui, non, peut-être, peut-être pas,
Grenelle de l'environnement, de ceci, de cela...
Affaires financières, emplois fictifs, impunités, lapsus...
Pas de doute, pendant que les lois sont votées à la vitesse du métronome, pendant que le gouvernement suit le cap qu'il s'est fixé, pendant que les lois s'ajoutent aux lois au moindre fait divers, les sujets d'agitations tous plus importants les uns que les autres ne manquent pas. Les détournements d'attention sont légion. Trous d'airs pour bulle d'ivoire.
Regardez ici, les gogos, pendant ce temps, nous, on sera là, semblent-ils penser en se gaussant.
 Et ça continue de fonctionner, encore et encore.
La rue plonge. Le pays avec.
C'est peut-être ça qui me stupéfie le plus et m'effraie parfois.
On va le retrouver dans quel état, au juste, notre beau pays ?

samedi 18 septembre 2010

De bonne constitution

Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République.

Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.

Le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le réglementent.

La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.

Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence.

La Nation proclame la solidarité et l’égalité de tous les Français devant les charges qui résultent des calamités nationales.

La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État.

[Extraits du PRÉAMBULE DE LA CONSTITUTION DU 27 OCTOBRE 1946]

jeudi 16 septembre 2010

Digne, c'est trop haut ?

Le "passage en force" institutionnel de la réforme sur les retraites, de même que le "passage en force" de la réforme territoriale me font furieusement penser au "passage en force" du traité européen.
Ce ne sont pas des accidents. C'est une manière de faire. 
J'y lis une fois de plus un mépris du peuple. Et un aveu de faiblesse.
Si on est fort dans sa tête, si on pense être dans le vrai, on n'a pas besoin d'ainsi procéder. On est capable de dialoguer, d'expliquer si besoin. On ne prend pas l'autre de haut, on ne se prend pas pour ce qu'on est pas. On avance, on bosse, on prend le temps si nécessaire.
Si on est faible, on fait le roquet, on accélère, on mord les badauds.
On se trompe dans ses calculs. On divise au lieu d'additionner, on soustrait au lieu de multiplier.
Peut-être que le problème de ce gouvernement, c'est cette faiblesse transformée en arrogance, cette arrogance transformée en mépris, ce mépris transformé en violence.
Il paraît que ces gens là, le coeur sur la main, ou plutôt la main sur le coeur, veulent moderniser la France.
Je crois plutôt qu'ils la détruisent, cette France. A coup de pelle sur la gueule. Même pas mal !
J'espère que la gauche ne louchera pas trop sur le pouvoir, entendra cette France qui grince, l'aidera à tenir bon puisqu'on en a encore pour un an et demi à ce rythme là, lui proposera des alternatives, construira avec elle un pays digne.
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