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jeudi 3 novembre 2011

Aujourd'hui jour de Jupiter, si tu es né le 3ème jour du 11ème mois calendaire (peu importe la phase lunaire), ceci est pour toi


Il y a des personnes pour qui l'on ne ressent pas grand chose et que l'on voit tout le temps. Au boulot, par exemple, ou dans la cage d'escaliers, ou bien encore à la caisse du supermarché du quartier. Des gens à qui l'on dit poliment bonjour, bon appétit, mais je vous en prie, au revoir, bonne soirée, etc...

C'est très faux-jeton, finalement, parce que l'on ne pense pas un seul mot de ce que l'on souhaite à toutes ces personnes mais on le dit quand même car cela nous a été inculqué, rabâché, seriné... et c'est bien imprimé, maintenant ! Oh oui ! C'est de la bonne et gentille politesse qui nous permet de bien vivre notre quotidien en société.
Et, dans un sens, c'est tant mieux.

Mais ce qui m'ennuie un peu, dans tout ça, c'est qu'autour de nous (mais là, on élargit "l'autour"), il y a nos amis, nos familles (de sang ou de coeur). Ces personnes-là ne vivent pas dans notre périmètre proche. Elles vivent dans une autre région, voire à l'étranger. Aucun risque de les croiser dans les escaliers ou dans l'ascenseur. Alors le supermarché du coin, pensez donc !!! Et le plus ennuyeux, dans tout cela, c'est qu'à elles, on aimerait dire bonjour tous les matins. On adorerait leur souhaiter un bon appétit, les prier d'accepter qu'on leur cède le passage, qu'on leur tienne la porte. Au revoir prendrait tout son sens parce qu'on saurait qu'on les reverrait très vite. Celles-là, sont loin. Ah bien-sûr, elles ne sont pas toujours au bout du monde, évidemment ! Mais lorsqu'un week-end est bien trop court pour pouvoir allez embrasser celles et ceux à qui l'on tient, c'est que la distance est déjà bien conséquente. Alors, il reste le téléphone (et là, on n'est pas à l'abri de déranger un peu...), la Poste (et ses aléas dans la distribution du courrier) et Internet (qui reste relativement fiable tant que les box ou le Câble n'ont pas subi la foudre). C'est mieux que rien, hein !

Alors, pour nos amis qui sont loin de nous, à qui l'on tient et à qui l'on ne peut pas souhaiter un bon anniversaire par exemple, quand on veut et comme on veut, je joins les paroles d'une chanson d'Alain Barrière et j'embrasse bien fort mon ami né un trois novembre (il se reconnaitra) :

Puisque le temps nous est donné
Ce jour de boire à ta santé
A tes amours, à l'amitié
Ami pour toi, je viens chanter

Jour attendu et redouté
Mais vrai bonheur de partager
Ce bon moment d'intimité
Alors laissons le coeur chanter

Bon anniversaire
C'est le temps venu
De lever nos verres
A ce temps que tu n'auras plus
Bon anniversaire
Sois le bienvenu
Lève aussi ton verre
Tu prendras bien un an de plus
Une année de plus

(Refrain)
Ahahahah le temps qui vient, le temps qui va
Ahahahah ce temps n'a pas prise sur toi
Ahahahah le temps qui vient, le temps qui va
Ahahahah ce temps n'a pas prise sur toi

Que l'on soit pauvre ou fortuné
C'est le jour de tout oublier
Vivre un moment privilégié
A graver dans l'éternité

Salut à toi sérénité
Faut laisser place à la gaieté
Chaque fois c'est un an d'gagné
Alors laissons le coeur chanter

Bon anniversaire
C'est le temps venu
De lever nos verres
A ces douze mois révolus
Bon anniversaire
Sois le bienvenu
Lève aussi ton verre
Tu prendras bien un an de plus
Une année de plus

(Au Refrain)

Puisque le temps nous est donné
Ce jour de boire à ta santé
A tes amours, à l'amitié
Ami pour toi je viens chanter

Jour attendu et redouté
Mais vrai bonheur de partager
Ce bon moment d'intimité
Alors laissons le coeur chanter

Bon anniversaire
C'est le temps venu
De lever nos verres
A ce temps que tu n'auras plus
Bon anniversaire
Sois le bienvenu
Lève aussi ton verre
Tu prendras bien un an de plus
Une année de plus

(Au Refrain)

Alors à toi !
Bon anniversaire !

mercredi 19 octobre 2011

Impressions Tunisiennes 5/6


La Tunisie prend l'eau
Tiens ! La pluie ! Comme un rideau. Un éteignoir, peut-être. Elle semble s'installer. A la voir, on ne l'imagine pas s'arrêter un jour. On a tiré la couverture sur un pays, comme un signe prémonitoire. On a voilé la vie. La barbe !
La Tunisie prend l'eau. Comme avant, les routes s'inondent en très peu de temps. Les égouts n'évacuent pas les fortes pluies. Ce qui était défectueux est devenu catastrophique faute d'entretien et de rigueur. Les bras étaient lents, ils sont désormais las.
Les rues sont presque canaux sans profondeur. Quelques aménagements individuels permettent de passer une porte cochère ou d'entrer dans un commerce. Des pointillés de pavés me transforment en acrobate danseur, une planche me salue en basculant. C'est Venise dans la boue.
Rien d'apocalyptique, mais le sentiment d'un pays qui va à vau l'eau. Le ciel gris redouble de larmes comme pour bien justifier le chagrin.

Une radio, dite ouverte, diffuse une interview de Leïla Toubel que je ne connais pas (j'apprendrai plus tard qu'il s'agit d'une comédienne). Son discours accroche mon oreille, puis mon bras, puis mes jambes qui s'approchent de l'appareil. Se servant d'un sujet culturel, elle transforme son propos en coup de gueule politique. Militante de la démocratie sans concessions, sa parole forte et limpide, le fond structuré et argumenté, font plaisir à entendre. Une passionaria qui fait venir le soleil à la fenêtre. Quelle puissance ! Quelle force de conviction. Leïla a arrêté la pluie.
(à suivre)

Impressions Tunisiennes 4/6


Nervosité ambiante
L'OMS aurait constaté qu'un Tunisien sur deux avait des troubles pathologiques liés à la dépression et à l'angoisse. Je veux bien le croire. Rien ne semble posé. Même pas ceux qui le dénoncent. La critique du voisin est systématique et les mouvements sont hachés, pressés, pulsionnels. Une forte dispute entre boulanger et boulangère dès 8 heures du matin m'a confirmé le niveau de nervosité ambiant. J'ai pu acheter mon pain, payer, partir, saluer, sans que l'altercation ne perde de son intensité. Ma présence n'avait rien changé.
Je constate que le nombre d'appels à la prière émanant de la mosquée a augmenté. Auparavant, on se contentait de deux appels par jour. Désormais, les cinq prières sont appelées. Sauf erreur, j'ai l'impression qu'il ne s'agit plus seulement d'appel, mais de prière entière qui arrose la ville. Un signal ?

Voilà c'est fait. J'ai fini par tomber pendant une course. Le trottoir semblait pourtant plus propre que les autres. J'ai évité la grosse branche mais j'ai buté sur une autre, plus sournoise. J'ai roulé sur la route. Coude, genou et mollet droits ont goûté du goudron. Le bitume tunisien fait mal. Le gros camion de chantier n'a pas eu à m'éviter, mais ce n'était pas loin.

Sidi Bou Saïd chasse les mouches, désertée par les touristes. Puis, retour à Tunis où, vu le nombre de militaires et de policiers, il se passe quelque chose. Nous apprendrons plus tard qu'il s'agit d'une réplique des incidents du début de la semaine suite à la programmation du film "Persepolis" jugé blasphématoire par les salafistes.
(à suivre)

Impressions Tunisiennes 2/6

De la vie en attente
Pour ceux qui me connaissent, ils savent que je ne passe pas mes vacances tunisiennes dans les hôtels ou sur les plages. Je vis au coeur de la population, même s'il s'agit de la banlieue de la capitale et pas de la Tunisie profonde, l'expérience est enrichissante.
Pendant ce séjour, je me dois de continuer ma préparation à mon prochain marathon. Aussi j'ai un programme d'entrainements très précis à effectuer. Nous sommes ici dans un pays ou les joggers sont rares. J'ai pris soin de ne pas porter mes habituels collants de course trop moulants et j'ai fait l'acquisition d'un short ample afin de ne pas provoquer (enfin, c'est ce qu'on m'a recommandé). J'ai pris quelques renseignements et rien ne m'a vraiment permis d'appréhender avec certitude et sérénité mes sorties. Seule l'expérience me renseignera.
Nous sommes donc au premier jour. Je dois courir une heure : J'ai pris soin de m'habiller en orange fluo pour que les Fangio du coin aient une chance de m'éviter. Me voilà parti, les plus vieilles de mes chaussures aux pieds (la suite me confirmera cet excellent choix) un téléphone portable au cas où, une bouteille d'eau et la copie de mon passeport que j'ai glissé sous ma casquette. J'ai décidé d'ignorer les regards pour avancer plus vite. Et je cours avec la plus grande prudence.
C'est dès la cinquième minute que je comprends à quel point j'ai sous-estimé le risque de me faire écraser. Je cours sur le bord de la route face à la circulation comme il se doit. "Ainsi je ferai face au danger" pensé-je. Erreur. La logique varie suivant les latitudes et je n'ai pas mis mon GPS interne à l'heure. Mon bras droit a senti un mouvement soudain. C'est à moins de cinq centimètres qu'est passée une voiture venant de derrière moi. Dieu a envoyé un taré pour me délivrer un message sans doute. "Tu doubleras à vive allure en prenant le plus grand écart et en mordant sur le bas-côté opposé" lui a-t-il ordonné. Je continue avec une vigilance redoublée ; je cours désormais sur des oeufs. Puis, je slalome entre des trous, des détritus en tous genre, des écoliers, des ouvrières sur le chemin de l'usine, des véhicules stoppés au gré des envies n'importe où, des chaises entre route et trottoirs, entre trottoirs et terrasses, entre terrasses et terrains vagues.
Plus j'avance, plus ça devient glauque. Les déchets augmentent et transforment le bord de la route en véritable décharge. Je ne peux plus slalomer, je cours dessus. C'est un parcours du combattant plus qu'une sortie de jogging. Toutes les pollutions se sont donné rendez-vous. La pire est la poussière. Le tableau est tellement surréaliste que cela me fait rire, j'en profite à fond. Encore un peu et je tomberais dans une bouche d'égout ouverte comme un cliché de dessin animé. Cent mètres plus loin, comme une réponse, le trou béant me donne raison. La plaque est à côté, dangereuse et imposante. Dix minutes plus tard, rebelote, une plaque cousine m'invite à plonger sous terre.
Une heure de course pendant laquelle mon esprit aurait dû être une caméra tant j'ai vu de choses extravagantes. Extravagantes mais vivantes. Tellement vivantes. Y'a de la vie... qui semble en attente. Comme si elle grouillait sur place. De la vie en attente dans des starting-blocks et plombée par du fatalisme. La vie retient son souffle.
En enlevant ma casquette j'ai constaté que la photocopie du passeport était trempée. J'ai imaginé mon identité tatouée sur le sommet de mon crâne.
Paradoxe visuel : ça bâtit à tout va, du grand, du beau, du luxueux. Et ça se dégrade à tout va. Dans le même espace, la déconfiture côtoie la construction. Il semble que personne n'y trouve à redire. Cela ressemble à du mouvement sans conviction, du mouvement pour du mouvement.
Dans le passé on pouvait dire que l'anarchie avait trouvé son organisation, son équilibre ou alors que le Tout-Puissant savait ce qu'il faisait. Aujourd'hui, le ressort semble détendu et le désordre s'alimente lui-même, la pente est descendante et seules des échéances dépendant des autres ressemblent à des planches de salut.
(à suivre)

mardi 2 août 2011

Une gare est le plus bel endroit pour des retrouvailles, parce que c'est normalement le lieu des séparations.


Sauf que ce matin-là, c'est un inconnu qui est venu me chercher à la descente de mon train. Et il ne m'a pas fallu plus d'une seconde pour le reconnaître. Je dois avouer que cela ne fut pas très difficile, nous étions quatre personnes à descendre et, sur le quai, une femme d'une soixantaine d'année et un homme quadragénaire accompagné d'un petit garçon attendaient.

Lure. 8H20. 12°. Vendredi 22 avril 2011. Jour férié en Alsace-Lorraine.

Je traduis :

Un trou paumé.

Je suis réveillée depuis 5H30 pour prendre mon train à 6H32.

Je gèle parce que je suis crevée et parce qu'il gèle.

Week-end prolongé pour moi : Vendredi Saint-Samedi-Dimanche-Lundi de Pâques.

Il est sympa ce gars. Il m'offre un large sourire, me prend dans les bras, m'embrasse sur les joues comme si nous nous connaissions depuis toujours. Il me demande si mon voyage s'est bien passé, si je ne suis pas trop fatiguée. Il me dit qu'il est content de me voir, de mettre un visage sur mon prénom. Il me présente son fils, un blondinet réservé de neuf ans.

Jusque là, on pourrait croire que je fais la connaissance d'un homme rencontré via un site de petites annonces ou internet. Tout concorde. Sauf que ce n'est pas lui que je viens voir, mais sa femme. Mais Internet y est effectivement pour quelque chose. Et je me sens dans le même état que lors d'un premier rendez-vous amoureux avec, justement, un inconnu familier (mais oui, le genre de personne avec qui on tchat, on dialogue au téléphone mais que l'on n'a jamais vu).

Nous montons dans la voiture, sortons rapidement de la ville, traversons une campagne verdoyante pleine de vaches, de moutons, de corbeaux... et de mouches (il faut bien que la queue des vaches leur serve à quelque chose). C'est joli même si je ne me verrai jamais y habiter. Il m'explique qu'il me dépose et part travailler. Nous nous reverrons dans l'après-midi. Le soleil commence à réchauffer ce camaïeu de verts, c'est calme, c'est odorant, cela semble hors du temps. Et je n'aurai aucune réaction de surprise si une carriole tirée par des chevaux ou des bœufs surgissait devant nous...

Au bout d'une quinzaine de minutes de trajet, mon chauffeur se gare devant une maison. Et là... Et à ce moment...

Chabadabada, chabadabada, hmmhmmhmmm, chabadabada, chabadabada...

ELLE sort. Elle. Mon double. Mon complément. Ma siamoise. Ma jumelle. La seule qui... Celle avec qui... Ma Meilleure Amie. Celle qui ne fut jamais remplacée dans mon cœur. Ma sœur de galère. Ma compagne de passage dans l'âge adulte. Celle avec qui les mots étaient inutiles, un regard suffisait à nous comprendre. Elle me sourit. Elle me tend les bras, m'embrasse. Je me sens un peu gauche, pas à l'aise dans mon corps, dans mes gestes. Je me sens gênée d'être gênée. Elle, elle n'a pas changé. C'est dingue ! Dix-sept ans que nous ne nous sommes pas vues et elle n'a pas changé ! A part la voix. Une voix que la cigarette a éraillé et à qui la Haute-Saône a dédié un accent à couper au couteau.

Si je ferme les yeux, mes oreilles ne la reconnaissent pas. Si je les rouvre, je me retrouve projetée dans les années 80. Le foyer de jeunes travailleurs où nous avons fait connaissance. Le premier appartement dans lequel nous avons habité. Les boites de nuit. Les garçons. Le frigo vide et les plats de pâtes à la sauce à base de concentré de tomate (beurk !), manque de fric oblige. Les conversations dans le même lit jusqu'à point d'heure. Les fou-rires. Les chagrins. Les colères. Les accolades. Les embrassades. Les moqueries. Les séchages de larmes. Les plans machiavéliques fomentés jusque très tard dans la nuit, parfois. Les échanges de fringues. Les séances de maquillage, de coiffage qui duraient des heures avant nos rendez-vous avec les copains.

En quelques secondes, je suis attirée à l'intérieur. Douze yeux m'observent. Ça, c'est impressionnant ! Le temps de me retourner dix-sept petites années de rien du tout et ma meilleure amie met cinq enfants au monde. Deux adolescentes et trois petits garçons blonds comme les blés. La sixième paire d'yeux appartient à la voisine qui n'a pas pu s'empêcher de venir voir « l'amie » (pour une fois qu'il se passe quelque chose dans ce patelin de trois cents âmes...). On me présente, on s'embrasse. Les enfants sont mignons et bien élevés. Mon amie m'épate : elle a, certes, légèrement vieilli (j'insiste sur le légèrement) mais elle n'a pas changé. Cinq grossesses ne l'ont pas rendu difforme, à peine plus ronde. Elle a toujours ce même sourire, cette blondeur, ce regard gris et doux aux paupières légèrement tombantes. Elle fume toujours, elle boit toujours autant de café et c'est devant un mug de ce breuvage toujours autant trop léger à mon goût que nous nous observons, en souriant, sans mot dire sous le regard dérouté de ses enfants. Je ne sais pas combien de temps cela dure. Une micro-seconde, quelques minutes ? Impossible à dire. Elle me dit que je n'ai pas vraiment changé.

Plus tard, dans la journée, elle m'avouera me trouver plus calme, plus posée mais toujours aussi vive dans mes réparties, avec le même humour. On se rappellera plein de choses. Elle rira beaucoup. Sa fille ainée sera étonnée de notre complicité. Il est vrai qu'en quelques minutes, cette dernière s'est réinstallée entre nous. On dira les mêmes phrases en même temps, comme avant. On pensera aux mêmes choses en même temps, comme avant. On se remémorera certains souvenirs en même temps.

Et c'est lorsque sa fille me demandera : « Comment était maman, quand elle était jeune ? » que je me rappellerai que dix-sept années se sont écoulées entre ce vendredi-là et la dernière fois que nous nous étions vues. Elle venait d'ailleurs de rencontrer le père de son ainée, était très amoureuse. Rien ne laissait présager qu'elle fuirait sa région natale, enceinte de quelques semaines, pour se protéger d'un homme devenu dangereux et violent. Rien ne laissait présager qu'elle vivrait des moments très durs, trop durs, seule avec son bébé. Rien ne laissait présager qu'elle referait sa vie avec un homme formidable qui l'épouserait au bout de six mois, lui ferait quatre enfants mais serait le papa des cinq. Rien ne laissait présager, d'ailleurs, qu'un jour nous nous reverrions...

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