lundi 21 novembre 2011

Ma dame

Elle restait assise derrière sa fenêtre, délaissant les pas lents, au pays des gestes tranquilles.
En ce temps-là, la télévision ne tournait pas à vide. La vieille radio ne crapotait pas grand chose. On mangeait des petits beurres. Des sardines sur des tranches de pain beurré. C'était ainsi. Le long couloir était un magnifique terrain de foot.
Elle regardait l'animation de la rue. Quand il y en avait. Elle en prenait des bribes. Ses doigts courraient parfois entre deux aiguilles. Lui somnolait sur son fauteuil.
Une image vraie qu'on pourrait pourtant croire tirée des Vieux, de Jacques Brel.
La fameuse pendule, qui fait tic tac.
Les vieux meubles, qui semblent assoupis.
Le temps qui dirait-on s'est suspendu.
J'aimais me trouver là, près d'eux, dans ce silence rempli de tant de choses. Dans cet appartement auquel j'accédais par un escalier de bois, que je dévalais en partant, que j'avalais en arrivant.
Je n'étais pas chez moi chez eux, j'étais chez eux, et j'aimais cela.
Il en valait bien d'autres, ce silence, y compris des plus sonores. Des plus tonitruants. Des plus lustrés.
Ils parlaient peu et leur économie n'était ni de façade, ni reflet d'un manque.
Des gens de peu, immenses dans leur chaumière.
Grands de ce qu'ils taisaient, le regard bienveillant finalement, l'air de ne pas y toucher, de n'en penser rien, l'expérience au diapason.
Tout à l'heure, elle irait faire quelques ménages, elle préparerait le repas, rapporterait du pain.
Il irait à la pêche. Ou faire une pétanque. Il aurait été quelques temps dans le jardin. Ou bricoler une planche.
Elle marcherait à pied. Il se baladerait en mobylette. Je reprendrais mon vélo.

Source d'inspiration

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