Au pays des fossiles...

J'avais pas fait gaffe.
On nous parle tant finalement de ce 21 avril. 2002. Que j'avais pas percuté qu'on est précisément aujourd'hui le 21 avril. 2012.
Y'a juste un détail qui me chiffonne...
C'est ce 1 entre le 0 et le 2.
Ce 1 qui dit la dizaine. Ce 1 qui dit qu'on est en plein dans un choc post traumatique, finalement. Ce 1 qui change tout en ce qu'il ramène dix ans en arrière alors là-même qu'il serait bon d'être plutôt branchés sur les dix ans à venir.
Enfin, c'est mon avis ;-)
Ce 1 qui me dit qu'en 2022, dans dix ans, mes gamins auront 19 et 24 ans... Je ne me vois pas leur dire alors qu'il y a dix ans, c'était comme il y a vingt ans. Et ainsi de suite. Non, je ne me sens pas à leur dire cela. Je ne me sens pas à leur expliquer que pour conduire, il faut délaisser le pare-brise et braquer ses yeux sur le rétroviseur.

Je suis allé lire pas mal de trucs autour des présidentielles, aujourd'hui. Je dis autour parce que c'est pas sur. Et rien n'est sûr.
Marrant, enfin, marrant, c'est façon de parler, curieux, disons, comme ça suinte la trouille et le négatif, tout ça.
J'ai lu des articles et des billets, et des commentaires, qui nous disent de partout qu'il faut voter, et comment il faut voter. Qui disent toi t'es un con si tu votes comme ceci, ou si tu ne votes pas comme cela. Qui disent tu as des oeillères, vieux. Faut voter, pour éviter ceci. Pour éviter de cela.
Cela me rappelle la vitupérance du référendum européen.
Putain, les gens, prenez des risques ! Car en attendant, tout cela, ce n'est plus de la démocratie, c'est du slalom.
Dans une équipe de foot, ils seraient tous défenseurs. Milieux défensifs. J'ai beau me dire que la France a gagné la coupe du Monde comme ça en 1998, je n'oublie pas qu'il y avait un Zidane...
Au pays des fossiles, on se cherche un Zidane, finalement.
En sachant qu'on ne l'a pas sous la main.
Alors choisissons la couleur de la main.
Bleu ? Rose ? Rouge ? Orange ?
Pour moi, ce sera la main verte. Ce sera cultiver le jardin. Ce  sera montrer au monde qu'il faut panser caillou bleu, penser la banquise.Se mettre à l'heure d'été. En se sachant en plein hiver. En guignant le printemps. Faut que ça bourgeonne. Pas qu'on coupe en permanence les branches.
Lisant, je me disais que tout cela me faisait bigrement penser à une chanson naguère censurée de JL Murat, Suicidez-vous, le peuple est mort.
Je ne pense pas que le peuple soit mort, je pense qu'il est paumé. ET que ce sont ses "guides" qui l'ont déboussolé.
Je pense qu'en réalité, ce sont certaines de ses élites, à ce peuple, qui sont mortes et qui brandissent l'énergie du désespoir. Et si elles ne sont pas, mortes, si elles ne le sont pas encore, elles sont mortes de trouilles. Vert encore. Mais pas le même. Elles sont bouffées par leurs logiciels. Mangées par leur passé dont elles ne savent pas se défaire. Faute de créativité. Papons en puissance.
Effrayés par la limace et par l'éléphant.
Qu'est-ce que ça cache ? En attendant, ça tache. Et les taches nous tuent à la tâche.
Lisant, je me disais que nos enfants n'ont pas besoin, décidément, de cette ambiance anxiogène, que c'est déjà bien assez comme ça. Je me disais, putain, ils cuisent tous leur jus, les uns, les autres, et personnellement, ras-le-bol de ce jus.
Alors je tremperai mon bulletin dans un vert, demain. Car j'ai lu les professions de foi aussi. Et lisant, me branchant sur le contenu, sur la manière dont les choses sont écrites, lisant l'ordre dans lesquelles les choses me sont dites, j'ai eu comme une bouffée d'oxygène. J'ai senti une énergie propre.
Ceci m'expliquant cela, valse des sondages compris.
Ces propos-là n'ont pas droit de cité, évidemment, au pays des fossiles. Inventer demain, c'est autre chose que protéger hier. S'inspirer de demain, c'est plus bandant, non ?