samedi 26 mars 2011

De l'indignation à la stigmatisation

Les "bons esprits" guidés par leurs "bons sentiments", bataillons de la pensée unique, nous ont squatté les unes pendant plusieurs semaines avec "l'indignation", aidés en cela par un vieux monsieur et son bouquin à trois balles.

Oser écrire la phrase précédente, c'est déjà "péché" dans une société figée qui a troqué la pensée et le débat contre l'émotion et le ressenti. Il y a des totalitarismes qui ne disent pas leur nom.

L'encre avait à peine séché, que les mêmes, nous servent "la stigmatisation" comme nouvel os à ronger. Et, bien sûr, ça ne se discute pas. Stigmatiser c'est mal et l'Autre stigmatise.

Il ne stigmatise pas sciemment, il stigmatise parce qu'un autre se sent stigmatisé. Pire, souvent on anticipe, et on dit qu'un autre peut se sentir stigmatisé. C'est donc celui qui interprète qui aurait tous les droits. Plus de débat, plus d'explication, plus d'intellectuels. Du ressenti à tous les étages et quelques verseurs d'huile sur le feu et le tour est joué. Au bûcher celui qui a osé sortir des sentiers battus, de la langue de bois et de la pensée unique dictée par le plus petit niveau commun.

Il fût un temps où on analysait, on développait des arguments, on avançait des idées contraires, on débattait. Bref, on se respectait. On distinguait les faits des sentiments et les mots de leurs effets. On était ouverts et rationnels. C'est fini. Les comptoirs sont entrés dans les lucarnes et on flatte les pores au lieu des neurones comme on suscite la réaction ou la chair de poule plutôt qu'inciter à la construction et à l'idée lumineuse.


Alors, s'indigner pour s'indigner, c'est inutile. Et si on ne s'indigne pas, surtout sous les projecteurs, on n'en est pas moins sensible.

Et, n'est stigmatisé que celui qui veut bien se sentir stigmatisé. Il est des moyens de l'éviter.


Personnellement, si j'avais dû me sentir stigmatisé à chaque critique d'immigré, que je suis, d'étranger (italien), que j'ai été, de conjoint de musulmane, que je suis, de parent de "pâtes au beur", que je suis, de défavorisé, de non-diplômé, de petit, de gueule de métèque, de statut précaire etc. etc. je n'aurais pas avancé beaucoup.


Comme dans tous les domaines, le problème n'est pas dans l'effet déclencheur (une petite phrase par exemple) mais dans la gestion qu'on en fait (l'indifférence est plus efficace que la réaction). Alors si certains se jouent de vous, ne donnez pas prise à leurs stratégies ; pour eux c'est pain bénit.

1 commentaire:

  1. Les "mauvais esprits" guidés par leurs "mauvais sentiments", bataillons de la pensée unique, nous ont squatté les unes pendant plusieurs semaines avec "l'indignation", aidés en cela par un vieux monsieur et son bouquin à trois balles.
    Oser écrire la phrase précédente, c'est déjà "péché" dans une société figée qui a troqué la pensée et le débat contre l'émotion et le ressenti. Il y a des totalitarismes qui ne disent pas leur nom.
    L'encre avait à peine séché, que les mêmes, nous servent "la stigmatisation" comme nouvel os à ronger. Et, bien sûr, ça ne se discute pas. Stigmatiser c'est mal et l'Autre stigmatise.
    Il ne stigmatise pas sciemment, il stigmatise parce qu'un autre se sent stigmatisé. Pire, souvent on anticipe, et on dit qu'un autre peut se sentir stigmatisé. C'est donc celui qui interprète qui aurait tous les droits. Plus de débat, plus d'explication, plus d'intellectuels. Du ressenti à tous les étages et quelques verseurs d'huile sur le feu et le tour est joué. Au bûcher celui qui a osé sortir des sentiers battus, de la langue de bois et de la pensée unique dictée par le plus petit niveau commun.
    Il fût un temps où on analysait, on développait des arguments, on avançait des idées contraires, on débattait. Bref, on se respectait. On distinguait les faits des sentiments et les mots de leurs effets. On était ouverts et rationnels. C'est fini. Les comptoirs sont entrés dans les lucarnes et on flatte les pores au lieu des neurones comme on suscite la réaction ou la chair de poule plutôt qu'inciter à la construction et à l'idée lumineuse.
    Alors, s'indigner pour s'indigner, c'est inutile. Et si on ne s'indigne pas, surtout sous les projecteurs, on n'en est pas moins sensible.
    (...) Comme dans tous les domaines, le problème n'est pas dans l'effet déclencheur (une petite phrase par exemple) mais dans la gestion qu'on en fait. Alors si certains se jouent de vous, ne donnez pas prise à leurs stratégies ; pour eux c'est pain bénit.

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