vendredi 25 juin 2010

Découragement(s)

Le truc qui ne va pas, c'est le défaut de perspectives. On veut bien faire plein d'efforts. Mais pour quoi ? Pour aller vers où ? Zoom espérant sur une société française en pleine désespérance. Pays cherche créativité. Prière de lui donner notice.

Je ne suis pas idiot. Je sens bien ma société française au bout du rouleau. Un petit pays dans un vaste monde qui, lui, bouge et bouge encore. Tant mieux !
J'entends bien qu'il n'y a pas assez de sous pour continuer d'entretenir cette vieille rombière qu'est devenue la République. Je vois bien qu'ici nous vivons au-dessus de nos moyens, que là ça ressemble au Musée Grévin, que plus loin de nouveaux défis nous attendent.
Comme on dit, la cause est entendue.
Ce qui coince, c'est qu'aussi bien à gauche qu'à droite, je ne crois ni à l'un ni à l'autre mais parlons comme cela, on se fait comprendre, nos gouvernants ne savent pas par quel bout prendre la chose. Ils donnent en tout cas cette impression. Du coup, ils ne fixent pas de cap ou n'en fixent plus, car ceux qu'ils ont proposé ont soit atteint leurs limites, soit révélé leur vide, soit encore montré leur hypocrisie pour ne pas dire cynisme pour ne pas dire perversité.
Les seules perspectives qu'ils donnent sont sombres.
Je m'explique : pour que des idées se mettent en mouvement, pour qu'un dessein se dessine, pour atteindre un cap, c'est mieux d'indiquer la direction, c'est plus impulsant et plus inspirant de dire voilà la société que nous voulons, voilà la France que nous voulons, voilà vers quoi nous allons aller.
Cherchez bien : il n'y a pas cela. On ne peut pas se sentir portés. Circulez il n'y a rien à croire.
C'est un peu comme l'équipe de France de foot. Elle a tenu un discours qui a volé en éclat sur le pré. A la longue, les comportements individuels ont pris le pas sur la démarche collective. A la fin, c'est devenu insupportable. Et soyons simples dans le vocabulaire. Ce qui est insupportable n'est pas supportable.
Alentour, je vois autour de moi des gens soucieux. Tout le monde selon ses grades et qualités. Les anciens, les plus jeunes, les jeunes adultes, les quinquas, les quadras. L'avenir, l'avenir collectif je veux dire, ils ne le voient pas, ils ne le sentent pas. Les idées sont bouffées par des tonnes de discours et de phrases qui ne génèrent pas de dynamisme.
Devant ma lucarne ou dans les gazettes, je vois des gens qui expriment des choses pour faire bien et qui se vautrent sur le pré parce que ça ne tient pas la route, ou pas longtemps. Chaque matin je crois, j'espère qu'un "personnage" surgira et donnera envie qu'on le suive.  Les "personnages" que je vois et qui se prennent pour des caïds n'arrêtent pas de nous dire non ce qu'il faut faire, non ce qu'il faudrait faire, non ce vers quoi il conviendrait d'aller et pourquoi, mais toujours ce qu'il ne faut pas faire, ce qu'il ne faut plus faire, ce vers quoi on ne peut plus aller. Ils parlent argent, dépenses, suppressions, réformes, rigueur. Franchement, c'est désespérant. On dirait un catalogue des impossibles. Bossez les gars. Dites les possibles. Dites comment on va y aller. C'est désespéré, leur truc. C'est pas inspirant. Pas créatif. Pas moderne pour deux sous.
On ne peut pas, dans ce contexte, penser autre chose que puisque c'est ainsi, puisque je ne peux rien attendre de la collectivité, puisque ces gens et ces structures évoluent dans des tour d'ivoire, eh bien je vais me concentrer sur mes valeurs, mes convictions, développer à mon échelle mes idées et mes projets, me donner comme je pourrai les moyens de mes ambitions.
Forcément, ceux qui ne pensent pas ou qui ne peuvent se le permettre sont dans la panade. Réduits à se coltiner cet insupportable. Finissent par ne plus rien attendre et par défendre le peu qu'il leur reste. A défaut. Faute de mieux. Et dire que gamin, on me serinait le impossible n'est pas français...

23 commentaires:

  1. Ce que tu écris ici ou Claudio chez lui ce matin me fait penser à la décadence de l'empire romain.
    http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Decadence
    Je pense souvent à ce parallèle. Il me semble malheureusement assez juste.

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  2. Alors je vais vite aller lire mes livres d'histoire pour voir comment ça a continué de se construire après cette décadence :-) C'est au fond cela qui m'intéresse !

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  3. Chaque empire a son heure de gloire et sa décadence. C'est une question de cycles. On ne l'arrête pas. Je me souviens d'un bouquin d'Attali là-dessus mais j'en ai oublié le titre.
    il me semble que la lucidité permettrai d'appréhender le problème en limitant les dégâts.
    Pour cela il faut parler vrai et malheureusement c'est impossible de le faire auprès de certains, ils ont gardé leurs cadres de pensée figés.
    Un exemple : Près de Naples, une usine FIAT a des problèmes financiers. Ses dirigeants sentent bien qu'ils vont à la chute. Ils font un sondage pour voir si les employés veulent prendre leurs responsabilités en renonçant à certains avantages, peut-être en diminuant les salaires, en se serrant la ceinture quoi. Bien entendu, sans cela c'est la fermeture de l'usine. Résultat du sondage 60% sont d'accord. Pourquoi seulement 60% ? Ils sont suicidaires, imbéciles, sourds, aveugles les autres 40%. Aucune jugeote. Ils vont préféré tout perdre (en Italie les allocations chômage sont dérisoires) au moins ils seraient les victimes, plutôt qu'être les acteurs d'un renouveau. Voilà comment on pense dans la vieille Europe.
    D'ailleurs même avec les sacrifices ça ne suffira peut-être pas. Tant pis, faut le savoir et essayer. Plutôt que nous la jouer lutte des classes du XXème siècle.

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  4. Je te rassure, Claudio, il y a bien sûr des contre exemples.
    Ce qui me taraude, ici, c'est de brandir en permanence cette idée de "sacrifice".
    Je ne parle pas que du mot. Je parle aussi de l'idéologie qu'il y a derrière.
    Tant qu'on demandera ça aux gens, sacrifiez vous, comment veux-tu qu'ils adhèrent à quelque chose, comment croire qu'ils vont dire ok pas de problème.
    Bordel de merde, on n'en est pas forcément là non plus.
    Vivre avec moins, c'est aussi militer pour vivre mieux, faire autrement, etc. Redécouvrir le temps, par exemple. Remettre en avant la main, le geste, l'effort.
    Ces "discours" là aussi peuvent porter, non ?
    Plein de gens ont moins de thunes et se mettent au système D, au jardin, réparent, etc. Tout le monde vit en ayant l'impression de survivre. En est convaincu. C'est dingue, ça !
    Je le pense profondément : cette situation est une chance.
    Dans ma ville, il y a une entreprise. Pendant 1900 ans, elle n'a pas existé. Pendant 50 ans, elle a fait tourner une partie de la cité. Petit à petit, elle a disparu. Bien sûr, c'est dramatique. Mais à un moment donné, on se dit : construisons autre chose, c'est ça la vie, faire, défaire, refaire, construire. Or quoi ? On a l'impression que tout s'arrête, que tout est mort, alors que la vie continue.

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  5. C'est juste Didier.

    Claudio, au risque de paraître gauchiste à la masse, pourquoi ce serait toujours les déjà pas bien riche qui devraient se sacrifier encore un peu. Pendant que les riches, très riches ou immensément riches ne sacrifient rien de leur privilèges. Je ne comprends pas ton discours sur ce point. Et l'un n'empêche pas l'autre. Tous peuvent faire un effort proportionnel à leur privilèges.

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  6. Je pense que des riches font des efforts et sont conscients. Ils évoluent aussi.
    Et que des pauvres n'en font pas, des efforts. N'évoluent pas.
    Je ne crois pas que ce soit quelque chose de cet ordre-là. Plutôt un état d'esprit, une "conscience". L'espoir, le mien en tout cas, est qu'il soit progressivement majoritaire :-)

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  7. Je crois que c'est aussi de cet ordre là. Mais pas seulement en effet.

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  8. Et moi je ne comprends pas pourquoi vous attendez qu'on dise aux gens de penser autrement, de vivre autrement. Que chacun réfléchisse et fasse ce qu'il a à faire.
    Bien sûr que les efforts doivent être proportionnels, mais c'est l'idée de regarder dans la gamelle du voisin qui est détestable. Fais ce que tu dois sans t'occuper si l'autre le fait ou pas. Sois heureux pour ton voisin et tu seras heureux. Se comparer c'est déjà commencer à couler.
    Les lépreux du Caire sont heureux, ils n'ont pas de comparaison.
    L'expo de Barbara est riche d'enseignements. On pourrait en faire un bouquin. La juxtaposition des photos de New-York avec celles de l'Inde, injustement selon moi, intitulé "de l'inutile à l'essentiel" permet de réfléchir.
    1. Nous, occidentaux, avons tendance à juger que "l'essentiel" c'est mieux et le photographié d'Inde lui, ça lui plairait bien l'inutile.
    Notree cohérence à nous serait de dire : si je préfère l'essentiel, je m'en vas dans la mesure du possible, m'en approcher. Sinon les discours c'est bien mignon mais ça devient hypocrite.
    Quelles que soient les décisions des uns et des autres, prends ton chemin et avance.
    Vous visiteurs habituels de ce blog, savez comment je vis. C'est exactement le contraire que ce que vous croyez que je défends. Donc, même si une politique macroéconomique doit se faire dans un sens contraire au mien, je peux la comprendre. Ce n'est pas mon chemin, mais je ne la critique pas. Et je ne vais pas faire de prosélytisme de ma vie simple (sauf là ;-)
    Critiquer les autres c'est s'empêcher d'avancer.
    Et en plus s'en donner des raisons.
    Les discours soi-disants humanistes qu'on entend partout ne sont pas appliqués aux riches aux patrons, au pouvoir. Pourquoi ? Parce que finalement la valeur Argent qu'on dénigre est peut-être finalement celle à laquelle on est attaché.
    Le rapport de force est destructeur.
    Que mon voisin est une plus belle maison ou une plus grosse voiture ne doit pas m'empêcher de faire ma part pour le bien collectif.
    N'attendons rien des autres, donnons et avançons.

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  9. Claudio tu as raison. Sauf que ce que tu dis, ce que Didier dit, ce que Christian dit, ce que je dis, et d'autres encore, concorde plus ou moins. Et ce qu'on dit on ne le sort pas de nul part. Ex nihilo. On l'a lu, entendu, réfléchit, mûrit,... Donc qq'un au départ nous l'a dit ou l'a dit à la cantonade.
    Donc pour ceux qui n'ont pas encore lu, entendu, mûrit et réfléchit il est bon qu'on le leur dise encore, encore,...
    Je fais référence à ceci "Et moi je ne comprends pas pourquoi vous attendez qu'on dise aux gens de penser autrement, de vivre autrement. Que chacun réfléchisse et fasse ce qu'il a à faire."

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  10. Je ne sais pas si je suis claire.

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  11. Tu oublies juste de citer qu'on peut aussi penser des choses sans qu'on nous les ait dites, sans qu'on les ait lues et faire des choses de nous même :-)
    Dire et redire, oui. Très important. Pourvu qu'on n'essaie pas de convaincre. Car ça c'est chiant.

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  12. Ca vient toujours de qq part. Après oui on fait nos assemblages. Rien ne se perd tout se transforme.

    Hier j'ai écrit un billet (non publié). Et à la fin du billet en allant surfer je me suis rendue compte que ça existait déjà.

    Et je suis d'accord. C'est chiant quand on essaie de convaincre. Moi ce qui me plaît c'est de discuter, échanger, et faire circuler de l'info. Après que chacun prenne ce qui lui convient et laisse le reste.

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  13. Ludivine, je répondais à Didier et le "on" c'était les dirigeants. Donc n'attendons pas d'eux de nous guider etc. Eux ils gèrent et c'est pas facile.

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  14. J'avais compris Claudio.

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  15. On ne nous dit pas tout.
    Plus particulièrement à ceux qui travaillent au plus bas, on leur demande qu'ils améliorent leur productivité, puis serrent leur ceinture, ...

    "Pourquoi seulement 60% ? Ils sont suicidaires, imbéciles, sourds, aveugles les autres 40%. Aucune jugeote. Ils vont préféré tout perdre (en Italie les allocations chômage sont dérisoires) au moins ils seraient les victimes, plutôt qu'être les acteurs d'un renouveau. Voilà comment on pense dans la vieille Europe."

    Quelle analyse ! Mais aujourd'hui, par avance, on sait que ce sera fermé.

    Je l'ai un peu expliqué là :
    http://senioractif.over-blog.com/article-27184183.html
    A lire dans l'exemple du chapitre "Où cela aura-t-il conduit ?"
    Je comprends encore mieux à présent parce que la finance c'est le coeur du capitalisme. Ce laboratoire pharmaceutique "Welcomme", plus de 600 personnes sur le site, n'existe plus, pffutt ... Nous savons que ces entreprises en France engrangent de faramineux bénéfices, ponctionnés hors de chez nous par quelques uns (Suisses, Angleterre, paradis fiscaux), qui renaissent avec d'autres noms.

    La vieille Europe sait tout cela, au moins quelques uns. Que ceux qui savent; expliquent, informent, éduquent les "petits" plutôt que les culpabiliser.

    Si vous saviez à quel point ils sont surveillés ! C'est du souffre dit on dans le milieu des R.G.

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  16. Dans une société capitaliste, les sociétés sont là pour produire des biens et des services.. et des bénéfices, pas pour occuper des salariés.
    Et sans bénéfices potentiels pour les investisseurs, pas de salariés.
    C'est pas nouveau.
    Je trouve assez extraordinaire qu'à l'occasion de cette crise, à tous les niveaux, chacun découvre le fonctionnement du système et s'en étonne.
    C'est ce qu'a choisi notre société au moment où le choix c'était ça ou l'union soviétique... où là on occupait les gens.
    Je ne défends pas le capitalisme, toute mon attitude au quotidien le prouve, mais c'est ce qu'on me propose et je m'adapte en tentant de préserver mes valeurs.
    Tant que les gens se laisseront dépendre du travail et de l'argent, ils pourrons continuer à se plaindre de "ce qu'on leur fait".

    J'ai lu l'autre jour qu'on découvrait qu'on pouvait vendre des actions qu'on n'avait pas. Grand branle-bas ! Mais ils étaient où tous ces gens-là avant.Depuis des décennies on peut vendre des actions qu'on n'a pas. Moi même je l'ai fait (pour de toutes petites sommes rassurons-nous)

    Je crois surtout qu'on aurait jamais dû accepter de formater des cerveaux "hors-réalité" car il est plus difficile pour eux de découvrir la vraie vie après.
    Je connais une famille de profs de père en fils depuis des lustres. Je vous promets que je me demande d'où ils sortent. Indécrottables dans leurs schémas de pensée et je n'ai pas peur de le dire complètement incultes en ce qui concerne la vie. C'est désolant !

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  17. " Et sans bénéfices potentiels pour les investisseurs, pas de salariés.
    C'est pas nouveau. "

    Ce qui est nouveau, c'est que sans travail et sans salariés, des bénéfices, non pas autour de 5%, mais 15 à 20%. Elle est là la bulle.

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  18. C'est pas nouveau non plus Christian. Vraiment pas nouveau.

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  19. Après un bon moment passé sur le lien de Berrybelle chez Blues.
    A présent, au jardin.

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  20. "Cultiver son jardin quand on en a la possibilité, c'est donc un acte politique, un acte de résistance".
    http://www.cultivetonjardin.eu.org/post/2010/06/10/Coucou%2C-me-revoil%C3%A0!

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  21. Moi j'aimerais mais je suis feignant.
    Et je me demande si mon dos n'est pas en train de me lâcher.
    Et si des crampes...
    Et si...
    :-)

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  22. A chacun son jardin, cette Terra Philia me semble bien labourée.

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