mardi 13 juillet 2010

La tempérance

S'emballer au moindre rayon de soleil, c'est comme s'écrouler au premier cumulus.
Le yoyo du moral est sport apprécié et sa fédération la plus riche en licenciés. Montagnes russes subies seront objet de plainte et souvent, excuse à l'inertie. Quand ce ne sera pas confort à ressasser, pédalage immobile, effort justification.

Les occasions extérieures grossissent le trait, invitent à la répétition. Qu'elles soient Fêtes de fin d'années ou vacances estivales, amoureux de bancs publics ou loterie généreuse, elles poussent à l'excitation, à la croyance temporaire en un changement soudain et définitif, à un appel divin, à une Vierge salvatrice.
Pure puérilité. Plus l'euphorie a l'érection rapide et culminante et plus la chute sera terrible et abyssale.

Résister est un devoir, car l'illusion est ennemie de l'Être.
Accepter l'alternance passions/dépressions, c'est démissionner, se livrer tout entier, proie facile, à un extérieur cyclothymique et vainqueur.
Apprendre la tempérance, vertu cardinale, en contrôlant et le haut et le bas, relativiser les faits et leurs effets, c'est prendre le chemin de la sagesse. Ce beau chemin de la Sagesse réservé à... tous.

12 commentaires:

  1. Oui, c'est vrai la tempérance est le chemin de la sagesse, elle est pourtant parfois difficile à mettre en place quand on a un tempérament passionné, non?

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  2. Plus que résister, accepter pour pouvoir avancer.

    Accepter ce n'est pas démissionner, c'est ne pas culpabiliser. Et c'est à partir de là que tu peux cheminer, tendre vers mieux, plus.

    Relativiser c'est faire appel à la raison, à l'intellect quand les émotions sont -trop- envahissantes, c'est risquer de nier sa réalité et donc ne pas avancer.

    Accepter, pour ne pas nier, pour avancer. C'est ici, à partir de là, que la tempérance pourrait avoir sa place.

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  3. Quel bonheur pour un "tempérament passionné" de juguler ses pulsions ! Outre le cadeau de ne pas "payer" l'excès, il reçoit celui de l'estime de soi d'être parvenu à cela.
    car la tempérance n'est pas l'absence de passion, c'est juste la régulation. et les plaisirs qui s'en suivent sont d'une nature supérieure. Ils sont appréciés en même temps que le libre arbitre, l'autonomie et la liberté. En un mot on décide, on ne subit pas. Maître et pas esclave.
    Spinoza : "La tempérance est une régulation volontaire de la pulsion de vie, une saine affirmation de notre puissance d'exister et spécialement de la puissance de notre âme sur les impulsions irraisonnées de nos affects et de nos appétits"

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  4. Ouais, après se réjouir ou se plaindre du temps qu'il fait, ca permet de discuter. C'est pas bien de discuter ? Attends, hé, "discuter".

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  5. Repensant à cette discussion je me disais que j'aurais besoin d'avoir un éclairage sur ce que tu entends par résister.

    Les rythmes chronobiologiques existent et la lumière, par exemple, impacte sur l'humeur et le moral. En dehors de cela, il y a des tempérament cyclothymiques et des personnes souffrant de cyclothymie.

    Moi j'ai cette tendance. Lorsque je lutte contre par diverses techniques telles que faire des to do list, me dire "il faut que..." ou "bouge toi ma poule !" le résultat est pire que mieux. Pire car comme je ne parviens pas à réagir, je culpabilise.

    Je le sais pour l'avoir expérimenté quand j'accepte la phase basse, elle dure moins longtemps, nettement moins. Si je ne culpabilise pas par des "j'aurais dû" en vivant le bas comme qq chose qui peut aussi nourrir qq chose chez moi ou chez les autres, j'en sors bcp bcp plus vite.

    C'est pourquoi résister ou lutter ne me semble pas le meilleur chemin. Et c'est pourquoi j'aimerais que tu précises ce que tu mets derrière.

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  6. Résister c'est contrôler. Et contrôler c'est faire appel à sa tête plutôt qu'à ses émotions et ses variantes, pulsions, excitation etc. etc.
    En un mot... rationaliser.
    Si je sais par expérience que tel état risque de me coûter cher, j'essaie de ne pas le renouveler. Facile à dire...
    La lumière impacte sur l'humeur ? Puisque je le sais, je redouble de prudence, c'est-à-dire que je recherche encore plus de concentration que d'habitude.
    J'ai mes règles ? ça me rend ceci ou cela ? J'en fais moins pour éviter les dérapages.
    L'expérience, la connaissance, la concentration et l'anticipation. Si avec tous ces alliés, on n'avance pas, c'est qu'on croit au déterminisme. Dans ce cas, autant dormir ;-)

    La culpabilisation c'est l'autre face de la responsabilisation. Changeons d'angle.
    Je n'ai pas fait ce qu'il fallait. Au lieu de me dire que j'ai été nul (comme la dernière fois) je me dis que regarder les choses en face (les nommer) c'est prendre conscience d'un comportement et c'est le meilleur point de départ pour un changement. Cette situation ne me plait pas, je m'engage à la changer. Le décider, c'est déjà en être capable. Et j'en suis capable, la preuve, mon voisin l'a fait.
    On ne se ulpabilise donc pas en prenant conscience, on se responsabilise.

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  7. Trop raisonnable, trop conscient, trop contrôlé, trop maitrisé, ..., trop pensé tout ça !
    Est-ce que je le veux ?

    Comme mon ânesse qui détale à la moindre surprise, ... je veux rester un peu comme elle encore.
    Conserver l'instinct, laisser mon corps agir, trembler quand j'ai peur, rougir parce qu'intimidé, avoir envie parce que je suis gourmand ... c'est vivre aussi.

    Etre toujours raisonnable ? Toujours contrôler ?

    Non, je ne veux pas.

    Culpabiliser ? Parce que je n'aurai pas dû ? C'est être responsable aussi.

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  8. Mais le contrôle et la maitrise Christian, ne sont pas un poids à porter, mais une libération, une légèreté nouvelle.
    Et c'est seulement là qu'on peut être vraiment généreux. Suivre ses instincts et ses envies c'est être égoïste.
    "Le plaisir est égoïste, il relève de la consommation compulsive de biens, d'objets, de personnes, de moments. C'est le règne de l'éphémère et du jetable. Ce plaisir-là est difficilement compatible avec la sérénité, il enferme dans la répétition, il est mécanique.
    La joie, au contraire, exige un effort, un acte créateur, altruiste. Elle est un élan vital, qui se communique, se propage, il est généreux. Chacun de nous peut éprouver de la joie à la condition expresse d'être dans un processus de création et de partage"
    Brigitte Sitbon-Peillon

    La culpabilisation n'est une responsabilisation que si elle déclenche quelque chose derrière. Sinon elle est une prise de conscience stérile et malheureusement plus handicapante qu'un déni.

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  9. J'essaie de comprendre comment appliquer résistance, rationalisation, anticipation, etc à la cyclothymie. Je ne vois pas encore.

    Je me demande si autant de contrôle, de maîtrise de soi ne crée pas des tensions. Je m'imagine en état permanent de maîtrise et je me sens tendue, crispée, raide, rigide. Alors que je cherche fluidité, harmonie, douceur,souplesse et rigueur à la fois.

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  10. Tout est dans l'état d'esprit. Je disais que le contrôle pouvait être légèreté. Nous sommes encore dans le cercle vertueux commençant par l'estime de soi. Quand on s'aperçoit que ses efforts donnent des résultats l'étape suivante est plus facile.
    La cyclothymie est subie, il suffit de ne pas y croire. De savoir que c'est notre tête qui décide.
    Je peux dire cela car je ne crois pas aux différences "génétiques" je ne crois qu'à l'apprentissage et au possible.

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  11. Je crois qu'il est possible de marier sans probléme lacher prise et contrôle, l'idée c'est en fait, Claudio me dira si je me trompe, d'avoir conscience ou plutôt d'être en conscience à ce que l'on est ce que l'on fait ce que l'on ressent, ne pas être dépendant de ses émotions mais plutôt s'en servir comme carburant et être acteur de sa vie.
    Je crois à l'apprentissage également, et je crois à notre capacité à prendre en mains, je nous crois tout à fait capable de nous accepter tels que l'on est et d'en faire source d'énergie.
    Ce n'est pas prce qu'on a des hauts et des bas qu'on est malade ou faible, quoi de plus naturel au fond, c'est de les subir qui est source d'angoisse, et la tempérance est cette indulgence envers soi que d'accepter ses états d'âme quels qu'ils soient en toute liberté et légèreté, oui, s'accepter tel que l'on est fort et vulnérable et s'aimer, et se faire fort d'être.

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  12. Claudio ne délivre pas les bons points Helena, il ne dit que ce qu'il croit ;-)
    Je trouve ta position plus périlleuse mais plus méritante que la mienne. Elle demande encore plus de maitrise. puisqu'il faut avoir cette maitrise tout en sachant qu'on perd de l'énergie et qu'en plus on doit en faire source d'énergie.
    Pour moi c'est plus facile. Non pas que je n'ai pas de creux de vague mais ils sont peu sensibles et ils l'ont toujours été. C'est la désespérance je crois qui m'est inconnue. Et c'est sacrément important. alors finalement je n'ai peut-être pas trop de mérite à penser ce que je pense.
    L'important c'est que nous répandions l'idée que Tout est possible. Et quand on a l'argument de l'expérience, c'est plus fort. Merci Helena.

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