dimanche 4 juillet 2010

Le Care, ou le syndrome du composteur

J'aime bien l'idée du Care telle que déposée il y a quelques temps par le parti socialiste. C'est le Care qui m'intéresse. Un même concept proposé par une autre formation m'aurait tout autant séduit, précisons-le (en même temps je ne vois pas trop qui d'autre aurait pu le faire). J'aime bien la philosophie du truc, disons. Elle me transporte. Je crois aussi que le constat est juste. Notre société a besoin de trouver des solutions pour réinjecter de l'humanité dans ses rouages. Elle a trop dispersé ses forces. J'appelle cela le syndrome du composteur.
Le syndrome du composteur ? C'est un vécu tout personnel qui, à l'époque, m'avait beaucoup marqué. Je ne pensais pas que ce serait à ce point éveil politique !
J'étais jeune, et déjà des pressentiments me tombaient dessus.
Ô rien de très important en apparence : la SNCF supprimait des postes de travail et installait des machines à composter dans les gares.
La machine de préférence à l'homme.
30 ans après (environ), voilà le care. Une savoureuse ironie phonétique, le care comme réponse trois ans après au train, ça le fait !
Le care, c'est beaucoup de choses. Un mot anglophone, qui n'a pas franchement son équivalent en français. On parle de bienveillance, de compassion. Ce genre de choses.
Le care peut donc aussi être un argument électoral.Je n'évoquerai pas ce point-là. Qu'il y ait un accent de démagogie dans la rose proposition ne me surprend pas plus que ça. Mais on peut penser bien et faire pas bien, on en a la preuve assez souvent avec nos gouvernements successifs. Bons constats, mauvaises actions. Mais passons.
Sur le Care, pas mal s'est écrit . Je retiens pour ma part ce qu'en explique la revue Sciences Humaines (cliquer ici).
Et je rejoins une chronique parue dans un grand quotidien national, dans laquelle un opposant aux socialos se "moquait" un peu de la proposition, évoquant un téléthon permanent. C'est vrai qu'il y a risque, comme un relent de "catho" qui ne dirait pas son nom.
Quelque chose qui pourrait facilement être dégoulinant, entretenant bien sagement la frontière entre l'assistant et l'assisté.Le riche et le pauvre. Le bien portant et le malade. C'est le risque, oui. Moi, ce n'est pas cet aspect qui me séduit dans le Care.
C'est plutôt son air humain, qui me parle.
Cette idée qu'on se remet à voir l'autre dans ce monde de lunettes noires et d'oreillettes.
Cette idée qu'on se soucie de l'autre, non en terme d'inquiétude, mais en terme de respect et de dignité. De responsabilité.
Cette idée qu'on prend en compte ce que vivent et ce que sont les jeunes, les anciens, les personnes handicapées, les travailleurs, les pas travailleurs. Le respect des femmes, des hommes, des vies. En lieu et place de la défiance. Ce pourrait avoir une bonne gueule, non ? En étant clair : ce serait bien sûr travail de longue haleine, de patience, car ça demande de la construction et de la suite dans les idées. Mais ce serait un joli projet de société. Pour peu qu'il soit partagé. Un peu plus d'un français sur deux au départ, cela pourrait suffire...

17 commentaires:

  1. Toi mon ami, mon frère, toi qui a depuis toujours le "Care" intégré, tu aimerais le généraliser et c'est un désir louable et généreux.
    Mais le Care ne se décrète pas, ne s'impose pas, ne se constitutionnalise pas.
    Le Care ne peut pas être une idée sociale et politique.
    Le Care, c'est de l'Évangile du quotidien. On l'applique et on la ferme. L'appliquant on pourra faire le l'émule par mimétisme et ce sera déjà beaucoup.
    Le Care, c'est de l'Humain réinventé pour lui donner mot, lui donner forme, car les gens ont besoin de voir, de sentir, d'acheter du palpable.
    Le Care, c'est du cœur déguisé en Père Noël pour attirer le chaland. On a sorti l'idée du grenier, on lui a fait un lifting, on l'a rebaptisée et hop on l'a poussée sur la scène. Trois projos et un discours de pacotille et le gogo est censé plonger.
    Le Care n'existe pas, c'est un comédien de seconde zone, un figurant grimé sans génie.
    L'amour de l'autre existe. Il est là à portée de moi, de toi. Y'a qu'à s'en servir, chacun à sa place et pas besoin de passer à la télé pour ça.
    Mais, toi, mon ami, mon frère, toi qui as l'amour intégré, tu restes à l'affût du moindre espoir pour diffuser l'idée et après tout pourquoi ne pas mettre la mercatique au service de l'Humain, te dis-tu ? Oui pourquoi pas ? Mais faut bien vérifier la qualité du produit et se méfier des vernis.

    RépondreSupprimer
  2. Tu as raison Claudio, c'est ainsi que cela se fait. Alors oui, vérifier la qualité et dénoncer les vernis. Ceux qui ont cette capacité, qu'ils ne restent pas observateurs à attendre ce qu'ils perçoivent comme une suite déjà écrite et prévisible parce que c'est ainsi que ça c'est toujours fait.
    Changer le cours des choses, c'est s'en mêler, être au milieu du plus grand nombre, infléchir un groupe d'humains à devenir plus fraternels. Je pense que c'est possible, pourquoi ne le fait on pas ? Parce que notre vie est trop confortable ? Attend-on qu'on nous demande ? On s'est construit un nid où on est trop bien ? On pousse les autres à faire à notre place ? ...
    Je me pose ces questions et culpabilise à ne pas faire plus, pas faire mieux, agir en dilettante.

    Et si une bande de copains se réunissaient pour agir ensemble, sur le terrain ... politique ?
    Sûr, qu'ils emmerderaient, à plusieurs avec des idées, sans dévier, on pourrait rentrer en Résistance.

    RépondreSupprimer
  3. Pour ma part je suis en résistance depuis toujours... et je fais.
    Pourquoi je ne fais pas sur le terrain dont tu parles, Christian ("infléchir un groupe d'humains") ? Parce que ça ne marche pas ou alors un temps seulement. Je préfère les solutions structurelles. Plus longues à mettre en place, elles tiennent et n'ayant de pouvoir QUE sur moi, je m'applique à FAIRE. Que d'autres s'en inspirent et j'en serai plus heureux, mais qui suis-je pour imposer ?
    Cette Résistance me va très bien. Je la trouve bien plus authentique que celle des sunlights et des postures.

    RépondreSupprimer
  4. Je n'arrive pas à saisir ce "care". Je ne vois pas la différence avec le social d'aujourd'hui, les services à la personne, etc.

    Il y a sans doute à faire évoluer qq chose concernant les parents au foyer ou les aidants familiaux qui travaillent dans l'intimité et ne reçoivent pour cela aucune reconnaissance.

    RépondreSupprimer
  5. Hum, je vous reconnais bien là Didier et Claudio, et je pense que cela ne devrait pas vous étonner je me retrouve dans vos deux manières de penser. la première fois que j'ai lu un article sur le Care, c'est au détour d'un blog, celui d'un biologiste qui m'a renvoyé sur une étude approfondie que faisais des chercheurs suisses sur ce thème du Care dans le cadre des professions médicales, comme toi Didier j'avais été enthousiasmée par la démarche et le sens qu'elle pouvait promulguée alentour, je crois que pas mal de gens ont besoin qu'on leur donne du sens qu'on mette un mot et sans doute un nouveau mot sur des valeurs et là je rejoins complètement Claudio qui ne se décrètent pas mais qui se vivent, des valeurs humaines. J'ai lu cet article dans sciences humaines, première fois d'ailleurs que j'appréhendais cette revue étant plutôt plus attirée jusqu'alors par Psychologies et Philosophies magazines... On ne peut qu'y adhérer, il me semble que tout cela n'est que du bon sens! Un joli projet de société, qui forcément va être récupéré politiquement, démagogie oblige...
    Pour ma part je pense plus spécifiquement que si chacun d'entre nous le vit le crée le transmet le met en actes dans son quotidien il y a des chances que cela aboutisse, on ne peut faire du Care un porte drapeau mais un art de vivre. ceci étant que cela soit véhiculé par les médias et mis en avant dans les programmes politiques sans qu'on se fasse trop d'illusions sur la finalité les concernant cela peut permettre à certains, et ils sont je crois plus nombreux qu'on ne le pense, de se sentir compris et valorisé dans leur démarche et dans leur façon de vivre à l'autre.
    Bon , une fois de plus je ne sais pas si tout ce que je dis parait bien clair!
    "Take care" mes amis et bon Dimanche.
    Helena

    RépondreSupprimer
  6. Je crois comprendre pourquoi je ne comprends pas le "care". A force de vous lire et de lire des articles sur le sujet ça s'éclaircit. Ce que je ne comprends pas avec le "care" c'est qu'on nous le présente comme un truc tout nouveau. Mais ça ne l'est pas. Bienveillance, Amour, compassion, ... qu'est ce que ça à de nouveau.
    Ou alors j'ai tjs pas compris ce que c'est et j'aimerais bcp que vous m'expliquiez. JE me heurte vraiment à un truc en dehors de am comprenotte. Je cherche peut-être du complexe là où il n'y en a pas.

    RépondreSupprimer
  7. C'est tout à fait ça Ludivine, ce n'est pas un truc nouveau dans le fond mais une tentative de lui donner une nouvelle forme pour lui donner un nouveau souffle peut-être, les valeurs du care sont tout simplement des valeurs humaines mais comment dire, la compassion par exemple est très souvent rattache dans l'esprit des gens à le religion catholique; probable qu'il y a au travers de la mise en place de ce nouveau concept une volonté de laïciser en quelque sorte mais aussi de rendre ces valeurs , hum, modernes branchées, bon, ça peut paraître tout à fait déplacé de dire ça mais au fond pourquoi pas si cela peut permettre à certains individus de se déculpabiliser d'être ainsi humain par essence , à d'autres de s'ouvrir plus à ces valeurs et à d'autres enfin de s'exprimer, ça n'a que du bon...
    Disons que c'est le nouvel habillage, la nouvelle mouture...
    Understand?

    RépondreSupprimer
  8. Je n'aimerais pas le généraliser, Claudio. Enfin, je veux dire, ce n'est pas mon propos. Sur le fond, je suis évidemment d'accord avec toi. Ca ne se décréte pas, la voix du coeur, etc.
    Mais je pense que les défis de maintenant et des amis à venir imposent qu'on réfléchisse autrement qu'avec des pichenettes.
    Si je suis favorable à cette philosophie, c'est parce que je vois que des liens "naturels" naguère ne le sont plus et que la société doit aujourd'hui faire face à des situations qu'elle n'avait pas à assumer en d'autres temps.
    Ceci demande du coup d'autres manière d'organiser et de penser la solidarité.
    Je prends juste un exemple.
    Celui de personnes âgées (on va dire 75 ans et plus).
    Beaucoup sont seules aujourd'hui, parce que les familles se sont dispatchées.
    Beaucoup ont besoin d'aide, aujourd'hui, parce qu'elles ne peuvent plus assumer seules leur quotidien.
    L'idée du "Care" que je promeus, au-delà du slogan, du clinquant, du récupéré, n'est pas un concept qui a une bonne gueule d'atmosphère mais une vision de la société qui intègre ses responsabilités et s'organise en fonction.
    Deux visions ici :
    - une "de droite", chacun se démerde. Les qui ont de la thune (riches ou qui ont prévu) ça ira, les autres tant pis. Comment on gère ce tant pis ?
    - une "de gauche", c'est l'état qui organise la solidarité de la nation, au nom de la constitution. Ou s'il ne l'organise pas, il créé les conditions de son organisation.
    Un cas concret : Madame X à 82 ans. Elle est seule. Ses enfants sont loin. Ses petits enfants aussi. Elle a Alzheimer. Elle vit comment ?

    RépondreSupprimer
  9. @ Christian : les copains se feraient plaisir un bon coup. ET puis voilà. Enfin, je parle d'expérience ! ;-) Ceci dit, c'est déjà pas mal !
    @ Helena : oui, si chacun le vit. Mais nos temps modernes enfantent beaucoup d'isolement, de solitudes. Et si ce que tu dis vaut pour celles et ceux qui sont entourés, quid des autres ? Là aussi je pense qu'il y en a beaucoup, plus qu'on ne le pense.
    @ Ludivine : le Care est un peu à la solidarité ce que le développement durable est à l'écologie. Quelque chose au fond d'évident, formulé différemment, un peu plus "élargi" dans ses attendus.

    RépondreSupprimer
  10. C'est bien cela, Didier, on ne se ferait plaisir qu'un bon coup. C'est déjà répondre à la question, pourquoi on ne le fait pas. Car après ce bon coup, il n'y aurait plus de plaisir, que des ennuis, lassitude, déception ...
    C'est bien le problème de notre société, tant qu'on n'est pas au pied du mur ou contraint par la catastrophe, on laisse faire les autres.

    RépondreSupprimer
  11. Tu ne veux pas généraliser alors tu caricatures Didier. C'est quoi cette vision de droite et de gauche de la solidarité ?
    Je ne vois que les choses aient tellement changé d'alternance en alternance. Et c'est plutôt pas si mal.

    Ce que tu dis des liens naturels qui n'existent plus me font penser aux guides positifs qui n'existent plus et là les coachs de vie sont la solution ;-) Ils remplacent les curés, les blouses grises et les grands-pères absents.
    Cela me fait penser aussi à l'ouvrier charriant sa brouette qui me voit faire mon jogging et me lance avec un accent portugais : "Viens porter la brouette tu vas voir si t'auras besoin de faire du sport".
    Faut évoluer et trouver des palliatifs, c'est normal.

    Le côté famille élargie où tout le monde vit ensemble (même à distance) m'horripile.
    Les parents ça s'occupe des enfants. Pas l'inverse. Les maisons de retraite c'est pas fait pour les chiens. Sinon ça bousille toutes les générations.

    RépondreSupprimer
  12. Bien sûr que je caricature, c'est des fois bien pratique pour (essayer) de se faire comprendre :-) Je crains malheureusement que ma caricature ne soit pas si loin que cela de la réalité (je veux bien toutefois qu'on trouve d'autres termes que gauche et droite, si quelqu'un a des idées...).
    Puisque je suis d'accord avec l'essentiel (les guides positifs notamment, mais aussi le fait que les enfants n'ont pas à s'occuper des parents plus tard, parlons des maisons de retraite :
    1. Il n'y en pas assez (dans mon secteur, il faudrait par exemple "théoriquement" créer 10 000 places de plus par exemple, imaginez à l'échelle de la France et des zones urbaines...)
    2. Si on en fait plus, des maisons de retraites, ça coûte cher en investissement et très cher en fonctionnement puisqu'il faut construire (y'a-t-il des terrains partout ?) et ensuite que ça fonctionne (ou alors on invente la maison de retraite qui fonctionne toute seule ?).
    3. L'état et les collectivités n'ont pas les moyens actuellement de faire face et le gouvernement actuel n'est pas particulièrement moteur en terme d'investissements "sociaux" et de crédits de fonctionnement pour la solidarité.
    4. Je trouve humain qu'une personne essaie de vivre le plus longtemps possible chez elle.
    PS : Pour ce qui est des familles, où tout le monde vivrait ensemble même à distance, je me permets de signaler que j'ai précisément exprimé l'inverse ;-) Je vois plus de familles éclatées que de familles rassemblées et je ne milite pas vraiment pour le rassemblé :-)

    RépondreSupprimer
  13. @ Christian : ou alors si on se sent bien avec les copains, après le plaisir un bon coup, on s'engage dans quelque chose à échelle locale. Mais ça demande de la rigueur, car faut être sûr que les intentions sont partagées, que l'objectif poursuivi est le même, et là, ça se complique ! Je ne sais combien de fois je me suis retrouvé dans ce type de soirées et d'échanges, pour au final découvrir que quelques uns avaient de beaux discours collectifs uniquement pour servir leurs desseins personnels. Et là, ça le fait pas !

    RépondreSupprimer
  14. Lorsque j'écrivais, ailleurs, "Portez-vous bien... les uns les autres", c'était du care.

    Et lorsque j'écrivais, ailleurs, "Confiotte de Didier le matin et courgettes de Christian le midi, ici c'est le resto du cœur", j'aurais pu aussi écrire le resto du care.

    RépondreSupprimer
  15. Lecture : http://fr.news.yahoo.com/blogs/politicia/lecareun-petit-tour-et-puis-sen-va--p495.html

    RépondreSupprimer

Related Posts with Thumbnails