jeudi 19 janvier 2012

Le (beau) travail d'une vie

Etre Fils de ou fille de, pour avancer dans la vie peut être un avantage ou un désavantage (cf Jean ou Marine). Mais j'e conviens, les exemples sont mauvais.
Les parents ont tendance à dire qu'ils sont fiers de leur progéniture mais on peut être fiers de nos parents ceux à qui l'on doit (normalement), ce que l'on est.
Dans mon cas, le mélange a été assez détonant… ceux qui me connaissent peuvent le certifier. Un mélange de chaud et froid, de doux et d'amer. Une espèce de concentration explosive…
M'enfin, là est un autre sujet.
je disais donc qu'il y a des jours où l'on peut être fier de ses parents, des jours où juste quelques mots nous rappellent qu'ils sont extraordinaires, et le terme n'est pas exagéré puisqu'il peut être scindé en 2 : "Extra ordinaire".
Lorsque j'entends les parents d'élèves taper sur les profs, je ne peux pas m'empêcher de penser à lui, cet instit qui durant plus de 40 ans s'est dévoué à ses élèves et avec une préférence pour les cas, ceux que les autres ne supportaient pas, ceux que l'on enfermait dans un coin, entre 2 bibliothèques, une année entière parce qu'ils étaient turbulents, perturbateurs, et sans la moindre envie de travailler, ceux qui arrivaient dans son bureau de Directeur pour un sérieux savon, un secouage par les oreilles, par les épaules, ou une gifle quand ils dépassaient les bornes (les quelles? les leurs? celles de l'instit? du Dirlo? des parents?) .
je le revois remonter à la maison après son travail administratif, dîner à la maison, puis redescendre dans sa classe jusqu'à point d'heure pour corriger les cahiers.

Je sais que sur son dos a lui aussi, on a cassé du sucre, on a tenu des propos loin de l'éloge (on l'a fait devant moi, ne sachant pas qui j'étais. Imaginez mon mépris envers mon interlocuteur!).
Mais je les laisse dire car je sais moi, ce qu'ils ne savent pas.
Son truc à lui c'était prendre à l'envers des autres. Ne pas aller à l'affrontement et provoquer ainsi le blocage, non lui c'était tout le contraire. D'abord expliquer les règles, puis la hiérarchie, les devoirs de chacun envers les autres, le respect, mais surtout, il savait débusquer le détail positif qui pouvait faire de ce cancre, un élève capable, volontaire et fier.
Forcément cette méthode ne pouvait pas s'adapter à tout le monde car c'était une méthode plutôt psychologique et l'élève enfance devait avoir une psychologie compatible, mais ça, il avait du flaire et savait avec qui il devait l'employer.
Bon sang, ce qu'il était fort pour ça! Encore aujourd'hui il exerce sur ma fille et toute personne en manque de confiance.. et ça marche.
Imaginez : plus de 40 ans de carrière, ça en fait des gamins. Un beau panel de caractères avec lesquels il fallait composer.
Parfois c'était facile, parfois, épuisant. Mais les épuisants ne sont pas ceux que l'on croit.
Des cas passionnants, d'une intelligence particulière, d'ailleurs, celle qu'il fallait aller chercher mais qui ne sautait pas aux yeux à l'évidence. Je vous dis, le nez pour ça cet instit là.
Si je vous raconte tout ça, c'est qu'aujourd'hui je suis heureuse d'avoir le père que j'ai, celui que je souhaite à tout le monde, ce père au caractère de cochon, soupe au lait, tout ce que l'on veut, mais à l'humanité débordante.
Il a gardé contact avec certains élèves (et pas les meilleurs, vous vous en douterez). Toutes les années, il y a échange de vœux. Cette année encore, il envoya ses vœux à Cédric et voici la lettre qu'il reçu.
Je vous la livre telle qu'elle. C'est intime, j'en conviens et ne suis pas certaine que le père serait franchement d'accord avec moi, mais je voulais partager ces quelques lignes qui m'ont émues. Le contenu et la forme en disent long sur ces deux personnages. Il n'y a pas de moqueries, que de la tendresse pour ce gamins qui, je vous l'assure était très mal parti dans la vie. Parfois il y a des rencontres qui font que rien ne sera plus comme avant :

Jai lu votre mot qui ma beaucoup toucher je me rappelle très bien de se furoncle*
mais aussi d'une lettre adresser a la juge pour enfant ou vous disiez que si
vous deviez être naufragé sur une ile avec une seul personne bas que sa soit
moi.
aujour d'huit je ne pourrait jamais être assai reconnaissent de tous se que vous
avez fait pour moi, et je vous en remercie car sens vous dans ma vie je nen
serrai pas la.
portait vous bien et j'espère a bientôt.

biz.
bien a vous cedric


Comme dit mon père, il n'y a pas plus beau cadeau.... se dire que dans sa vie on a pu, à un moment donné, faire basculer les choses et redonner de l'espoir à quelqu'un....


* le furoncle : Un jour le gamin est arrivé dans sa classe, il avait un furoncle infecté sur le bras dont personne ne se souciait. Mon père l'a pris dans son bureau, lui a vidé, désinfecté. Aucune larme, ni cri. Le gosse a serré les dents mais n'a pas bronché. Il l'a ramené dans sa classe et l'a félicité devant la maitresse qui ne pouvait pas le supporter, vantant son courage et son stoïcisme.


Ps: Si quelqu'un a une image pour illustrer.... LP?

2 commentaires:

  1. Voilà un instit comme j'aurais aimé avoir Barbara, même si je suis conscient qu'il aurait eu aussi du mal avec moi.
    Et ce billet n'a pas besoin d'être illusté, tes mots (et ceux de Cedric) sont le plus beau des clichés. (Pardon pour le "jeu de mots").

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  2. Je suis désolé, pas d'image de furoncle de mon côté ;-)
    Et puis il y a tellement d'images véhiculées par ce billet.
    J'espère que le susdit le lira, d'ailleurs :-)

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