jeudi 5 janvier 2012

Présidentielle 2012 : lettre ouverte aux médias


Mesdames et messieurs les journalistes

Cette lettre est quasiment une prière.

Tout d'abord, je me présente rapidement.
Je fais partie de ce qu'on peut appelle les assis devant.
Assis devant mon ordinateur, ma télévision, des journaux.
Je fais partie de cette race étrange qu'est le peuple. Qu'est le citoyen. J'ai la quarantaine, un boulot, deux enfants. Je vis en Province.
Je sais que pour certains, cette entité est curiosité. Et justement.
Cette entité s'apprête, comme vous, comme les politiques, à "entrer dans la présidentielle" et à zller voter au printemps prochain.
Cette entité se rend compte que le ras du caniveau menace.
Elle n'en a ni envie, ni besoin.
Cette lettre, cette prière, c'est donc pour vous demander ceci : De grâce, s'il vous plaît, mesdames et messieurs des médias, faites en sorte de ne pas tomber dans les panneaux qui ne vont pas manquer de se poser voire d'être organisés. Soyez plus responsables. Car je me doute que vous n'êtes pas dupes.
Je vous le dit sans ambage : vous avez mal commencé l'année avec l'histoire du sale mec. Retenez la leçon s'il vous plaît. Mettez un peu d'éthique et de moral dans vos cafés et dans l'encre de vos plumes numériques.
Car voyez ce que cela donne.
C'est à qui commente.
C'est à qui ironise.
Etc... Etc...
L'assis devant voit cela, lit cela, entend cela. Et déjà il en a marre. Et surtout il mérite mieux, vraiment.
Il a bien compris que tous, vous aviez des impératifs économiques et d'audience qui vous demandent (commandent ?) de faire du buzz, comme on dit.
Mais à force, il me semble que vous confondez buzz et information. Débat et débat. C'est fâcheux. Qu'allez-vous faire ? Commenter le taux d'abstention en disant c'est la faute au politique ?
Car quoi ?
Pendant que dans la foulée du sale mec, les pitbuls divers et variés s'excitent les naseaux avec vous qui leur emboitez le pas au point qu'on ne sait plus qui est la poule, qui est l'oeuf, pendant ce temps-là donc, l'espace est occupé, les messages brouillés et finalement, on ne parle de rien. On occulte tous les sujets.
L'assis devant voit cela, lit cela, entend cela. Il a bien compris que c'était pour partie voulu. Que pendant qu'on parle du doigt qui montre la poutre du voisin, on évite les vrais discussions, on saccage les vrais débats, on occulte les expressions de projets. Et l'assis devant s'agace. On lui fout dans la tronche des histoires de rigueur, de crise, de se serrer la ceinture. On lui rogne son pouvoir d'achat (quand il en a). On lui ceci. On lui cela.
L'assis devant attend autre chose de vous, mesdames et messieurs les journalistes. Il attend autre chose des politiques, bien sûr, mais entendent-ils ? Ecoutent-ils autre chose que leurs propres partitions ?
C'est pour cela que l'assis devant vous parle à vous.
Vous demande un peu de distance, de profesionnalisme, un peu de profondeur.
C'est la période des voeux, c'est la période des souhaits.
Je formule celui de vous voir poser dans vos colonnes, vos reportages, vos photos autre chose que l'écume des choses et la bave aux lèvres.
Participez à l'élan citoyen.
Posez les débats au lieu de créer le mouvement superficiel qu'ensuite vous nous direz devoir suivre.
Allez chercher la confiance que nous aimerions vous témoigner.
Je vous embrasse.
Je vous souhaite une bonne année.
Je vous remercie de prêter attention à ma requête.
Bien à vous.

2 commentaires:

  1. Ca se croise, on dirait ! :-)
    http://merome.net/blog/index.php?post/2012/01/07/Lettre-ouverte-aux-m%C3%A9dias-de-masse

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  2. Bien vu. Tu saisis bien tes contemporains.
    (Je n'avais jamais vu l'image du tracteur de journalistes)

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