Episode 1 là.
Episode 2 ici.
Episode 3 ici.
Plusieurs semaines s’étaient écoulées. Un dépannage changea tout. Accéléra les choses, plutôt. Généra son lot de relances et de vapeurs.
Il avait rendez-vous avec une Audrey.
Elle travaillait au service des ressources humaines. Elle est chez nous depuis quelques mois, lui avait-on indiqué, comme si cela était d'une quelconque importance.
Elle conduisait une mission sur la gestion des compétences avec logiciel et tout et tout. Le logiciel merdait. Ce n'était pas Eric qui devait intervenir mais son collègue était malade. Il le remplaça au pied levé et sentit une sueur électrique gicler dans son dos lorsqu’il entra dans le bureau. Comme une griffure, faisant tache d'huile. Un point et aussitôt une inondation. C'était elle.
Audrey pas mieux fut comme pétrifiée lorsqu’elle le vit, lui, qui entra ce matin-là dans son bureau à elle.
Elle ne s'y attendait pas. De mauvaise grâce, son chef ne lui avait pas donné le choix, elle avait accepté de rencontrer un type de l'informatique et elle l'attendait. Il venait pour le logiciel. Elle avait préparé son affaire. Parler n’était pas son exercice préféré, elle qui optait facilement, souvent et simplement pour le hochement de tête et la compréhension encourageante. Cela suffisait la plupart du temps, tellement les gens ont juste besoin qu'on appuie sur un bouton, celui du je te comprends, tu es unique, je te le promets. Ils démarrent alors facilement, il n'est qu'à relancer de temps à autres, ils s'épanchent, hors sentiers balisés bien souvent. Son chef lui avait dit que c'était important, que le service avait à y gagner, une rallonge budgétaire peut-être, c'était son travail et elle allait en causer.
Le papier glissé sous ses yeux dans l'impeccable bureau n’avait pas pour objectif de la rassurer. Elle n’était pas inquiète. Il avait pour but de l’aider à trouver des choses à dire au cas où. Pas une seule seconde elle ne pensa se retrouver face à Eric. Pas une seule seconde elle n'avait imaginé qu'il puisse frapper, ouvrir la porte et entrer. Il entra.
Elle le connaissait un peu mieux, désormais. Ils n'avaient fait que se croiser ces derniers mois, ne s'adressant jamais véritablement la parole, du bonjour, après vous, ce genre de choses. Elle savait juste qu'il ne prenait jamais ses repas au restaurant de l'entreprise. Le coup de poignard jaillissant à chaque fois qu'elle le voyait et c'était suffisant pour arrimer sa patience.
Elle avait juste mené sa petite enquête. Discrètement. Profitant de sa place à la direction des ressources humaines, se renseignant de ci, de là. Sans en faire trop. Elle savait l'essentiel de toutes façons. Même si un soir, elle céda à la tentation d'internet. C'était chez elle, et elle osa plonger dans les moteurs de recherche. Etonnée par son audace, culpabilisant tout de même un peu en même temps, elle était limite à se retourner pour s'assurer que personne ne la voyait, prête à sursauter, un chat sur ses gardes.
Elle avait pianoté sur son clavier. Elle découvrit ainsi qu'il avait un profil facebook, et un site internet, il était également présent sur quelques réseaux sociaux. Plusieurs fois, elle alla de l'un à l'autre, se nourrissant de lui, des bribes qu'il laissait sur la toile. Confuse et attirée. Elle en savait donc un peu plus quand il ouvrit la porte.
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