lundi 27 février 2012

Deux ou trois cents ans plus tard


L'étrange sensation alors que je déambule dans le château comme si j'étais chez moi.
Le souvenir.
J'avais deux ou trois cents ans de moins.
A l'époque, le château n'était l'apanage que de quelques uns, nantis, autorisés.
Il était ce lieu secret et immense, source de rumeurs et de mystères, où quelques uns venaient se pavaner.
C'était un endroit que l'on observait, que l'on contournait, que l'on redoutait parfois, mais dans lequel on n'entrait pas. Il n'était pas pour nous. Nous n'étions pas de ce monde. Ducs et autres aristocrates s'y retrouvaient, eux. Ils y avaient table. Ils y avaient chambre. Ils se promenaient dans les jardins. Jouissaient des cascades et des bassins. Quelques uns et quelques unes des nous autres y travaillaient.
Jamais je n'aurais pensé que deux ou trois cents ans plus tard, j'y serais un invité, un convié, un possible.
Jamais je n'aurais pensé que deux ou trois cents ans plus tard, chaque pierre me sourirait comme si elle était à moi, que gravissant les marches, que me mesurant aux murs, je tendrais le cou pour déguster les hauteurs et admirer les plafond.
Dans la grande bascule des temps, ce lieu commun avait fini par intégrer le giron des affaires communes.
Deux ou trois cents ans plus tard, ce patrimoine était mon présent et mes enfants pouvaient s'y dégourdir les jambes en poussant des grands cris.
Bel exemple de démocratisation, me disais-je.
Espérant que de bals en conférence et de concerts en évènements, d'autres que moi pourraient en clignant les yeux ressentir cette étrange sensation. Se tailler sa part du château.

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