Léon, ça le fatigue toutes ces boites qu'on lui brandit sous les yeux à chaque consultation.
On dirait l'annexe de représentants en pompes funèbres.
Mines déconfites qui s'affichent. On dirait que je te sourirais et que je te dirais ce que tu aimerais entendre, et alors tu voterais pour moi. Après, je t'oublierais mais je te promets que toi, tu ne m'oublieras pas.
Léon aime la démocratie, la République. Il n'aime pas ça.
Donc, des mots surgissent et Léon a l'impression que personne ne les relie. N'en fait société. On patauge allègrement dans les causes, les conséquences, ça fait comme une semoule, une choucroute, comme des liquides dans un verre à cocktail, on secoue, on remue, on mélange, on triture, parfois ça fume, et ceux qui disent sont peut-être bien les premiers surpris de découvrir la couleur que ça quand ça sort.
Léon, on lui dit donc depuis des lustres crise, emploi, sécurité, économie, pouvoir d'achat, éducation, etc. Il y a de plus en plus de syllabes dans ces mots, ça fait penser à un noeud qui s'épaissit.
Vie, joie, vent, air... Les grands mots sont des petits mots.
Léon a l'impression d'être chez le boucher-charcutier, toutes ces viandes étalées les unes à côté des autres. Chez le primeur. Tous ces fruits et légumes.
Pas l'once d'une recette, ne serait-ce qu'une bribe, qu'un esquisse. Léon se dit qu'à tout saucissonner comme ça, forcément, on démantibule. Ceci explique cela.
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